Récit de la course : Ultra Tour du Beaufortain 2010, par toto38

L'auteur : toto38

La course : Ultra Tour du Beaufortain

Date : 17/7/2010

Lieu : Queige (Savoie)

Affichage : 1828 vues

Distance : 103km

Objectif : Pas d'objectif

9 commentaires

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CR d'un ratageannoncé

CR d'un ratage annoncé


Cela a commencé 3 mois plus tôt: j'avais envie de faire un trail long, la seule date dispo était le WE du 17 juillet. En regardant le calendrier, mon choix était fixé sur le Beaufortain, Krisproll étant de la fête. C'est vrai que cela faisait suite au grands ducs et au maratour...


Vendredi soir avant le départ: après une très grosse journée de travail où je ne me suis pas arrêté entre midi et 2 pour manger, j'avais rdv sur mon toit à 15h pour une formation sur la pose de panneaux photovoltaïque par ma société. On a travaillé en plein soleil, avec juste 2 saucisses dans le bide et on a beaucoup transpiré! Bref, à 17h, fin du chantier, tout est fini, remballé et l'équipe de pose quitte la maison.

Il est temps de préparer mes affaires. Je met tout dans mon sac de voyage et c'est parti avec ½ h de retard. Arrivé devant le supermarché, ca fait tilt, je n'ai rien pris à manger. Je m'arrête en vitesse, je prend de quoi faire mes jambons beurre et c'est parti. (2° départ...).

Arrivé à St Quentin (à 5km de la maison), ca fait tilt, j'ai oublié mes chaussures! ½ tour, j'appelle totote qui me les prépare , je les prend au dessus du portail et je repart (3° départ). J'ai déjà perdu plus d'1 h. Pour ne pas perdre de temps, je décide de prendre l'autoroute. Mais quelle erreur! Dès la barrière passé, je réalise que j'ai oublié mes bâtons!!! Et sur une autoroute pas possible de faire demi tour! Je suis obligé de faire 15 bornes pour revenir! Je commence à avoir la haine!! Arrivé à la maison totote me demande si je veux vraiment faire ce trail, que cela est tout de même assez révélateur. (ta gueule, ce n'est vraiment pas le moment!!)! Et je repars (4° départ). Ca à l'air bon!!

Passe Grenoble, tout va bien. Arrivé à Crolles (une cinquantaine de km de la maison) , tilt! J'ai oublié mon sac à dos!!! Mais c'est pas vrai ! Mais ce n'est pas possible!!! J'appelle totote, qui appelle l'organisation, et ils me trouvent un bénévole qui me prêtera son camelbag. Ouf!


Une fois arrivé finalement avec 1 bonne heure de retard sur mon timing, je retrouve les krisprolls et paspeur autour d'une table. Je découvre alors le profil (je ne l'avais que très superficiellement regardé), les infos . Bref je commence à m'intéresser à la course! Il n'est jamais trop tard!

Juste avant le départ, le gentil bénévole me donne son sac à dos. Oh surprise, quand il parlait de camelbag, il pensait à la poche à eau! Mais j'en ai déjà une. Ce qu'il me manque c'est le contenant!! Finalement, à 15mn du départ, il me passera son sac à dos, je le rempli en vitesse et je me rend au départ.


C'est donc dans cet état d'esprit que je me rend au départ samedi matin...


4h: le départ est donné. On part plutôt vite à mon goût avec Krisproll. Rapidement, je lui donne mes impression, cela va trop vite. Autant qu'il parte et fasse sa course tout seul. Si il tient ce rythme, je suis persuadé qu'il fera dans les 20au scratch! Pour ma pomme, je passe en 50° position, tout va bien dans les jambes, je gère tranquillou et je suis passé en mode diesel.


Ensuite durant toute la course, on maintiendra les 10mn d'intervalle.

Au 30°, je suis en manque de sucre. Je cherche dans mon sac, mais c'est idiot, j'ai oublié mon sachet de tagada... pour changer... Je fini sur le ravito du col du coin à me réalimenter, les jambes reviennent et même bien. Je remonte même à la 36° place lors du passage du col du grand fond mais depuis le début, je n'ai pas la tête à me battre. C'est la première fois que je suis comme ça: les jambes sont bonnes, je double, mais j'en ai rien à faire!. Je suis devenu une machine à mettre un pied devant l'autre, et la tête ne veut pas suivre! Je sens que je craque mentalement. Je me mets à pleurer en courant sans raison! Des randonneurs me regardent un peu tristes se disant que j'en chie. Mais non, c'est un terrain que j'aime bien , technique, des pierriers, peu de relance, des descentes qui succèdent aux montées. Tout ce que j'aime! C'est dans la tête!!!

Au refuge du col du bonhomme au 60°, je décide d’arrêter. Je n'en peux plus. Je vois des bénévoles, je leur dit en pleurant que j'ai un problème et que je veux m’arrêter. Très sympa, une infirmière de l'organisation me prend en main me demandant de me poser et de réfléchir un peu. Elle me masse les jambes et le ventre, constate que tout va bien... On discute un peu, je reprend de l'énergie et je décide de repartir. Voilà mon théo qui se réveille! Le gars qui en veut se réveille, le winner! Je me dit que je ne peux pas me laisser bouffer la cervelle comme ça! Et c'est reparti! Pour seulement quelques kms... Et le calvaire recommence! Je n'ai plus envie de rien! J'en ai marre. A chaque pas, c'est trop dur malgré les coureurs que je continue de doubler! Arrivé 44° au 75°km  après 5500m de D+ (il n'en restait que 300!!!) je décide de m’arrêter, je ne me sens pas capable de faire les 30 derniers km en 4h alors que je suis à bout mentalement. Je craque. Je rends mon dossard en pleurs, j'ai honte, je suis trop triste. Je vois Krisproll en train de ce faire masser, il a mal aux jambes et il a des crampes. En me voyant, il me dit qu'à me voir, il n'est pas loin de s’arrêter aussi. Je m'éloigne donc pour ne pas l'influencer, je me pose sur un banc tout con tout seul... Mais LUI il repartira... et il finira!

Retour au camping.


J'ai digéré. En voiture avec krisprolette, on a parlé de plein de trucs, ca fait du bien de se changer les idées... Finalement, comme je suis revenu plus tôt que prévu, on en profite pour aller acheter des fromages...

Au camping je retrouve la bénévole qui m'a redonné de l'entrain. On discute un long moment, je promets de reprendre ma revanche l'année prochaine.

Bilan des courses: Comme toujours, un loupé est toujours formateur. Cela confirme ce que je pense des trails longs: la part du moral l'emporte à 70% sur le physique (70-30).
Je suis parti sur ce trail en pur touriste, fatigué mentalement ET physiquement par mon rythme pro d'avant course. Je n'était pas dedans, j’oubliai mes affaires... Bref, tout était fait pour que je le loupe...

Ce n'était pas mon jour, pas ma course (pour cette année)

Aujourd'hui, je me dit que ca peut arriver d’arrêter une course, que finalement j'ai bien fait car 30 bornes en 5 h dans mon état, c'était bien inutile. L'an prochain je connaitrai le parcours, cela m'aidera bien... L'avantage, c'est que ce matin, je n'ai pas mal aux jambes, je n'ai pas de courbatures, que tout va bien physiquement. J'apprends à l'instant que j'ai gagné un panier garni au tirage au sort! MDR! sur toutes les course que je fini et où je pars sans attendre la fin, j'ai jaais rien. Et comme par hasard, aujourd'hui je gagne un lot!!

UTB: à l'année prochaine!



9 commentaires

Commentaire de DROP posté le 18-07-2010 à 21:36:00

émouvant ce récit.
Comme tu le dis, on apprend bcp plus de ces erreurs.
ça ira mieux la prochaine fois !

Commentaire de Pat'jambes posté le 18-07-2010 à 21:46:00

Oulala! Quelle journée de dingue!

Je crois que Totote avait raison (et une sacré patience...): tu aurais dû rester tranquille chez toi ce matin là :^)

En tout cas, récit vraiment intéressant d'un trail qui part en quenouille. Merci et vivement l'année prochaine ;^)

Commentaire de krissprols posté le 18-07-2010 à 22:17:00

Toto le chemin parcouru ensemble fût vraiment sympa... A une prochaine pour qu'il soit plus long et nous mène au bout... tous les 2
Désolé de n'avoir pas réussi à te remotiver ma

Commentaire de krissprols posté le 18-07-2010 à 22:19:00

suite du commentaire précédent :
[...] mais j'étais dans le rouge complet à ce moment là...
A+

Commentaire de Davidou le minou posté le 19-07-2010 à 20:39:00

Belle humilité que de nous raconter tout ça... tu m'as ému également. Et surpris, aussi, car toi qui est toujours si "boutantrin" sur les courses, t'imaginer en train de pleurer, y a comme un paradoxe.

Merci en tout cas d'avoir partagé tout ça, et sûr, tu feras péter un classement l'année prochaine.

PS : tu sais que tu restes ma référence en marathon ??? Je me tâte à en faire un en novembre, et je rêve de rentrer dans les 3h (même si j'ai peur de pas avoir le mental pour m'imposer le régime alimentaire et l'entrainement pour réussir), bref, ta facilité à toujours passer sous cette barre à Annecy me pousse quand même au fond de moi a le tenter :-)

Commentaire de Lou Gouyat posté le 19-07-2010 à 22:35:00

Bravo Toto, pour avoir eu le courage d'écrire tout ça ... et de faire quand même 80 bornes avec de si mauvaises sensations !

Bonne récup !

Commentaire de sarajevo posté le 21-07-2010 à 17:57:00

et ben dis donc ... quel récit. Je pense être passsé par ce genre de sensation. Des nerfs a fleur de peau, des larmes au bord des yeux etc .... et un abandon sans trop savoir pourquoi ...
Cela fait partie de l'ultra ...en tout cas chouette récit et tu m'as donné envie de la faire l'an prochain.
a+ Pierre

Commentaire de pedro38 posté le 22-07-2010 à 21:48:00

j'avais laissé un commentaire mais il a disparu (ou j'ai oublié de valider!
Juste je te disais qu'enfin on peut croire que tu es humain! Plus sérieusement, très bien que t'essaies de positiver ce semi-échec. Tu vas en tirer profit (sauf si tu torches tous les mercredi comme hier soir! lol)
Toto, on t'aime!

Commentaire de paspeur posté le 18-08-2010 à 15:39:00

Tous ces allés et retours pour abandonner, pour la prochaine, demande à Mme qu'elle te prépare tes affaires!!!!!
A+ Denis

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