Récit de la course : La Montagn'Hard - 120 km 2010, par LudoH

L'auteur : LudoH

La course : La Montagn'Hard - 120 km

Date : 3/7/2010

Lieu : St Nicolas De Veroce (Haute-Savoie)

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Distance : 120km

Objectif : Pas d'objectif

6 commentaires

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Une Montagne dans le dur

Bien sur on stresse avant la Montagn'hard, pourtant je gère bien, je suis pas trop stressé, pas trop excité, mon objectif est de finir le 120km de cette course de fous, qui me fait rêver depuis 18 mois et que j'ai déjà échouée. Bien sûr, mon abandon de l'année passée pour cause de malaise vagal me hante, mais je relativise, j'ai essayé de soigner ces problèmes, pas très fructueusement, mais les symptômes ont beaucoup changés, ça peut passer, ça doit passer, d'ailleurs a Tiranges, j'ai su faire passer une crise, ça m'a bien réussi! Mais ça fait une semaine que j'ai le dos un peu douloureux, avec quelques noeuds, mais ça a l'air de passer ... a suivre.

Enfin bref, nous voilà au départ Virgile, Nico et moi, juste derrière un groupe d'UFOs et un groupe de kikourou, bonjour tout le monde! Virgile et Nico sont tout excités ... Et c'est parti, on restera ensemble avec Nico jusqu'au Signal, sans lui je n'aurais jamais fini ... pas trop fort pour l'instant, on gère la montée, petit plaisirs dans la première descente où on alterne course rapide et trotinage, pour se faire plaisir sans se griller (ça marche!) Puis arrive la première grosse montée, il faut encore gérer surtout que je sens déjà le cardio qui fait un peu n'importe quoi ... toujours ces débuts de troubles vagaux ... mais je respire fort, je me détends et ça passe. On arrive en haut pas trop vite mais bien, on redescend en courant et rattrappe Virgile au ravito des Toilles, et Oliv'BCA qui abandonne, c'est dommage pour luimais il essaye de préserver son genou c'est bien! Une bonne pause et on repart pépère (marche/course) sur la piste puis dans la montée au Prarion ou je suis toujours occupé a gérer mes soucis de rythme cardiaque et de tensions, mais ça passe bien. On a un bon rythme avec Nico, on double un peu de monde et redescend a Bionassay d'un bon rythme sans s'exploser.  Très grosse pause au ravito ou Oliv'BCA est la pour les encouragements, ça qui me donne le temps de m'étirer le dos (ça fait du bien). J'ai peur du départ ici, l'année dernière j'étais déjà très mal au niveau cardio à ce point ... là ça va: faut gérer mais ça va. On montera avec Nico au Tricot à un rythme plus que satisfaisant ... j'ai même pu attaquer la fin de la montée sans me faire trop mal, ça fait plaisir. On débaroule jusqu'aux chalets de Miage, enfin bon on marche, mais bien vite, on est dans le rythme de nos voisins, j'enchaine mieux que Nico mais il me suit de près. Je mange bien aux ravitos (Nico moins). Toujours en gestioin des problèmes vagaux mais me permettant de relatives accélérations, nous montons au Truc sous une chaleur étouffante, faut serrer les dents et Nico il aime pas la chaleur, puis nous enchaînons sur le vallon de l'Armancette, plusieurs coureurs commencent a flancher, je tiens bien, Nico freine un peu mais ne coince pas, il encaisse; on rattrape un petit groupe de coureurs, mais la descente aux contas est longue et il fait chaud ... à l'arrivée aux contas je commence à bien trinquer, mais tout le monde a l'air mal en point. C'est fou, on a ps fait la moitié et déjà les visages sont marqués et fatigués, la chaleur a fait très mal cette année. Heureusement on mange bien et se repose un moment (20 bonnes minutes).

Arrive enfin le plat de résistance: la montée au Joli. La chaleur, notre fatigue et mes problèmes nous empêchent d'attaquer, mais on tient un rythme correct, on serait montés en moins de 2h15 au sommet si l'orage ne nous était pas tombés dessus juste avant la crête finale! Ca nous a permis de partager un autre moment de convivialité ... entassés à 5 autour d'une cabane fermée, nous avons "tranquillement" attendu (presque 1h30 quand même) la fin de l'orage en grelottant ...fait froid à cette altitude et avec ce vent, soit allongé dans les 30cm qui séparent la cabane du sol, soit accroupi contre un mur, je regrette ma polaire et sors la couverture de survie que je partage avec mon voisin. C'est ainsi que je reprends la montée au Joli a rythme d'enfer pour me réchauffer ... ça avoine! Dans la descente ça glisse mais pas trop et j'arrive à l'Etape 5 minutes avant Nico ... on fait une grosse pause, je repartirais bien mais Nico a besoin de temps, j'en profite donc pour m'allonger 10 minutes ça fait du bien aussi. La nuit va bientôt tomber et on attaque la montée après notre Dame de la gorge, très raide, mais moins que dans mes souvenirs! petite redescente, traversée de champ de vaches et remontée au col de la fenêtre, la nuit tombe des coureurs nous rattrapent, d'autres s'arrêtent fatigués. J'essaye de tenir bon malgré la fatigue; je titube mais continue, Nico me suit de près ... elle est longue et dure cette montée! Je commence à me sentir vraiment mal ... je demande a Nico de s'arrêter dans la descente, là je m'arrête prostré sur un caillou, j'ai le dos complètement coincé, je suis en plein frein vagal, j'en ai marre j'ai envie de pleurer. Ben sûr, j'ai passé ma journée à lutter contre cette tension qui signifie pour moi l'abandon, à souffler fort et me détendre, à essayer de baisser artificiellement mon rythme cardiaque ... et au bout d'un moment ça coûte, au bout de 20h de course, quand la nuit tombe, on aimerait se concentrer sur son effort ... et j'ai fait l'erreur de le faire, ça m'a bloqué! Quelle déception! J'espérais tellement que ces soucis disparaîtraient ... je craque! tout s'écroule je n'y crois plus. On a du temps, je vais finir le 90km, je rentre chez moi, j'arrête d'écrire des CRs où je me plains et j'étale ma douleur c'est fini tout ça, ras le bol! C'est dans cet état d'esprit que je me traîne jusqu'au Signal, j'envoie bouler Nico qui voudrait me laisser partir parce qu'il est crevé ... je ne veux pas penser "stratégie de course", en fait je ne veux pas penser!

Nico se fait quand même distancer malgré mon allure lente, j'aimerais qu'il colle car cette partie n'est pas agréable, mais il n'en peut plus et je ne peux plus attendre. J'arrive a signal en pestant, en disant aux bénévoles ultra-gentils du Signalque ça va pas que j'en ai marre (petit clin d'oeil a tous les benevoles de cette course: des perles!!!), que je veux dormir! Le médecin me reconnaît (de l'année dernière), il est super! me donne 2 dafalgans et je vais me coucher ... je dors pas trop mal même si je me réveille souvent, j'ai la flemme et pas de motivation, je décide d'attendre 2h30 pour me réveiller, repartir et finir le 90km. Avant 2h Nico me réveille en me disant que Jeanmimi est là et qu'ils vont tenter de passer avant les barrières horaires pour boucler le 120km. Je décide de partir avec eux et de voir, au moins je les accompagne au début puis bascule sur le 90, ça semble raisonnable pour le médecin. Jeanmimi a pas le moral au beau fixe, moi j'essaye d'imposer mon rythme, lent mais imperturbable, en plus la montée sur la crête de l'aiguille croche est interminable: que de détours, de redescentes, de virages ça n'avance pas, c'est déprimant, j'ai même cru à un moment qu'on avait pris le 90km sans s'en rendre compte et qu'on passait sous le Joli tellement c'était long. Jeanmimi veut s'arrêter, je le pousse à continuer ... finalement on atteint la bifurcation, ce n'est pas très clair on devrait être sur la crête on y est pas, donc on monte sur la crête voir .... personne nulle part, pourtant je pensais être hors délai vu qu'il nous reste 6h30 pour atteindre Megève qui est ma foi bien loin, Jeanmimi craque un peu, moi ça va, je suis un peu résigné et j'attends qu'on me déroute sur le 90km, mais ça va. .... J'appelle Olivier l'organisateur qui nous annonce que nous sommes encore dans les temps, avec 30 minutes de marge sur la barrière horaire! Notre petit groupe décide donc de continuer et de tenter sa chance sur le 120 ... A partir de là j'accélère: ça va être dur d'atteindre Megève à temps. Au lever du jour Jeanmimi retrouve le moral et après le ravito du monument, nous nous retrouvons a 3 Jeanmimi, un anglais et moi à mettre le paquet pour atteindre Megève dans les délais. Jeanmimi attaque, moi j'essaye d'être régulier et notre compagnon anglais reste plutot avec moi, il a l'air facile. Dans la boucle de 7km autour du ravito de bassecombe, on joue au yoyo avec Jeanmimi, il court dans les descentes, mais craque parfois dans les montées ... moi je marche vite! Jeanmimi prend alors un coup de mou et on le rattrappe, mais il s'accroche et notre groupe de 3 arrive en vue de l'alpette, depuis ce matin je me sens plutot bien: ce rythme de marche rapide me convient bien: ça avance, sans trop tirer mais l'heure tourne ... là il faut redescendre pour remonter 450m. Dans la descente le groupe explose un peu puis on arrive en bas et Jeanmimi me rattrappe en courant. Je me rappelle mal, je crois que c'est un gros 500m a monter au lieu de 450 il ne reste que 2h pour atteindre Megève selon les benevoles du dernier ravito ... ça va être dur j'ai le moral dans les chaussettes, je décide de marcher sans trop forcer on verra bien Jeanmimi me remotive un peu et part devant ... DUR DUR
Voila ce que j'aimerais raconter plus souvent dans mes CRs: Finalement la motivation remonte et je décide de passer la seconde et doubler Jeanmimi, nous menons tous les 2 un train d'enfer, on ne dirait pas qu'on a 100 bornes dans les pattes, on attaque comme si on était frais c'est splendide, j'aime: la montée est avalée en moins de 45 minutes. Jeanmimi faiblit une fois ou 2 mais relance, on arrive au Rochebrune dans de bons temps et le bagnard nous remotive encore un peu. La descente Jeanmimi court devant, moi j'alterne course et marche
Enfin arrivent les premières maisons, il est 11h10, j'ai 50 minutes pour trouver le ravito ça devrait le faire tranquille sauf si je me perds, je cours un peu sur le bitume .... tiens plus de balises ??? M%^$#& je me suis perdu, 500m pour rien et je repars j'arrive dans le centre ville vers 11h20 Virgile NicoM et LeleH m'attendent et m'annoncent que ... C'EST LA BOURRE! la barrière horaire n'a pas été repoussée, nous voilà donc en train de sprinter dans Megève pour essayer de passer à temps et d'arriver au ravito ... grace a NicoM qui m'ouvre la route (Merci), j'arrive à 11h28 pour 11h30! Une bénévole hyper gentille me fait un ravitaillement digne d'un circuit de formule 1 (ouverture des tucs à la demande, remplissage de camel bag, ... MERCI!) et me voilà reparti pour la remontée finale.

Il fait chaud! J'ai des ampoules mais c'est pas grave, le problème c'est le cardio et le dos, ça se recoince, je repars en troubles vagaux, forcément les accélérations pour atteindre Megève je les paye! je suis tout seul je suis mal mais j'avance ... même au bout d'un moment je rattrape du monde et vois Jeanmimi au loin j'essaye de pousser un peu, il fait plus frais, je suis de plus en plus mal mais ça tient ça tient, le dos se bloque se bloque et la CRAC! le dos est vraiment bloqué, j'ai une immense douleur entre la hanche gauche et l'épaule gauche, le cardio est à la ramasse et comme c'est lié au nerf vagal j'ai ce sentiment de mal-être qui me pourrit la vie je ralentis je ralentis je m'arrête 5 minutes, je repars ... je vois les escargots me doubler autour de moi, le sommet doit être à 300m de D+ ... à cette vitesse il me faudra 1h30!!! je tiens mon sac à dos sur l'épaule droite et mes batons à la main droite pour soulager le coté gauche, ça va mieux mais ça avance pas très vite comme ça, mais petit à petit je retrouve un rythme et atteint le sommet. Enfin! la descente finale je la ferai en marchant d'un pas moyen, le sac à dos toujours bloqué sur l'épaule droite, Saint NIcolas se rapproche, j'entends enfin Olivier qui annonce la remise des prix ... attendez moi!!! Je vois Virgile et Nico qui m'attendent sur la fin, ça me libère je n'ai plus mal, je sais pas pourquoi mais je n'ai plus mal, je peux a nouveau courir et même vite c'est fou! je suis heureux d'arriver ... et de tout lâcher derrière la ligne pour aller m'affaler dans un coin, j'arriverai même pas à rester debout pour la remise des récompenses et la première place sur le podium senior de Virgile!

Il y a tant de monde à remercier, mais je pense d'abord a mes 2 compagnons de route: Nico et JeanMimi, mais aussi eux bénévoles et a l'organisation ...

6 commentaires

Commentaire de Tercan posté le 08-07-2010 à 10:52:00

Ben dis donc, quelle motivation.
Tu l'as bien meriter cette montagn'hard !!!
Repose bien ton dos maintenant, et en route pour de nouvelle aventure :)

Commentaire de Oliv'BCA posté le 08-07-2010 à 13:51:00

C'est clair, bravo!!! T'as bien su jouer le coup et laisser passer les moments difficiles. Virgile a cartonné encore cette année, il est costaud le lascard :)
Désolé de ne pas avoir été là à l'arrivée, j'était attendu le Samedi soir du côté des 2 Alpes.
A la prochaine!

Commentaire de Mustang posté le 08-07-2010 à 14:10:00

vraiment à l'arrache!! quelle détermination!! respect!!!

Commentaire de tounik posté le 08-07-2010 à 17:06:00

Magnifique ...
J'étais avec toi sous la cabane du Mont-Joly pendant l'orage et j'ai réussi à dormir un peu, se qui m'a complètement relancé dans la course.
Encore bravo pour ta détermination.

Commentaire de Olivier91 posté le 09-07-2010 à 11:05:00

Bravo à toi, réussir la Montagn'hard n'est déjà pas donné à tout le monde, mais en plus en luttant contre des difficultés supplémentaires comme tu l'as fait, c'est très fort. Belle leçon de mental! Quels beaux souvenirs tu vas te garder au chaud!

Commentaire de LudoH posté le 12-07-2010 à 16:57:00

Merci a tous pour vos commentaires, OUI, pendant c'etait dur, mais je garde plein de bons souvenirs quand meme, entre autre rochebrune avec Jeanmimi, la montee apres notre dame de la gorge avec Nico, et tant d'autres ...

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