L'auteur : grand'ouest
La course : 24 heures de Séné
Date : 22/5/2010
Lieu : Sene (Morbihan)
Affichage : 878 vues
Distance : 0km
Objectif : Pas d'objectif
Partager : Tweet
C.R. des 24 heures de Séné : 22 et 23 mai 2010.
Prélude.
Je souhaite d’abord rassurer tous mes « supporters », ceux qui se faisaient du soucis de voir que je « n’y arrivais » plus, que la TransEurope avait cassé le ressort, celui qui me permettait d’avancer, de voir que j’étais rentré dans un cycle de blessure et de doute. Je ressors de ce week-end en Bretagne régénéré mentalement, regonflé à bloc pour filer vers ma cinquième étoile et toute cette période difficile, même si au niveau des blessures elle n’est pas totalement terminée, semble en bonne voie pour redevenir plaisante. Ma trilogie de mai (Marathon/100km/24h) s’est achevée plus que correctement par rapport à ce que j’avais imaginé.
Intro.
Séné, c’est pour moi un symbole dans mon passage sur le double tour d’horloge. Et cette épreuve de longue haleine s’est une nouvelle fois avérée être une course pleine de satisfactions à défaut de m’avoir permis d’approcher mon record qui date de … Séné 2008 (191,015km).
Je ne suis pas déçu par mon résultat (157,315km) compte tenu de la météo (soleil, chaleur...) et de l'état de fraîcheur du bonhomme (100km de Chavagnes le week-end dernier, le marathon de Nantes en début de mois, tendinite tenace d'Achille agrémenté d'une petite bursite, baisse flagrante des performances...), de mon manque évident de sommeil (coucher 23h, sommeil en pointillés, réveil à 5h, chargement de la voiture, 1h20 de route puis installation sous le chapiteau réservé aux coureurs…) : mais j'ai retrouvé mon fighting spirit pour me dépasser et arracher ces « 4 marathons moins 11km », performance somme toute assez inespérée au vu de ma drôle de gestion de ces 24h.
L’avant-course.
Comme d’habitude, et je ne suis pas le seul, j’avais prévu trop d’aliments dans mon ravitaillement personnel et même avec l’expérience qui montre qu’après 10 ou 12 heures on ne peut plus avaler ce qui nous faisait encore envie en début de course, je suis reparti chez moi avec des stocks qui seront longs à écouler.
Pour une fois, pas de soucis quant au choix de la tenue : déjà 20° au départ, plein soleil, donc le short, le t-shirt orange fluo « 100km de Chavagnes » (acheté le week-end dernier comme souvenir, car je n’allais quand même pas courir avec le beautiful sac à dos beige et la belle ardoise peinte, à l’intérieur, gagnés pour avoir été au bout de moi-même et des 100km vendéens), la casquette, le mouchoir et le bandeau porte bouteille (25cl de jus de citron), la paire de running Mizuno Alchemy 9, une taille et demie plus grande que ma pointure habituelle et mon chrono, sans la ceinture cardio cette fois-ci.
J’avais pris le temps et le soin de me badigeonner les pieds de crème anti frottements (on dit aussi se « noker » les pieds), de positionner de petits pansements sur les tétons et de m’enduire les zones potentielles de brûlures de vaseline ce qui évite une après course douloureuse. Seul oubli, mais de taille : pas pris de crème solaire, ma fille étant partie en week-end au bord de la mer en emportant le tube familial.
Mais le parcours étant relativement ombragé, je savais que je pourrais courir assez souvent à l’abri du soleil.
La course.
9h30, les organisateurs nous invitent à nous rendre sur le site du départ, dans le bourg de Séné situé à 1300m et qui servira de « premier tour ». C’était agréable de cheminer sur les sentiers qui accueillent le raid du Golfe de début juillet et de profiter du paysage tranquille d’un petit matin printanier breton.
Après un briefing et le mot du maire, coureur lui aussi qui était en train de faire son footing matinal, nous sommes partis à 10h précises.
Mon départ fut prudent, 9 à 9,5 km/h, et je conservais cette allure pendant les trois premières heures. J’avais prévu d’enregistrer mes temps de passage tous les 3 tours, soit tous les 4km environ, une boucle mesurant 1342m à quelque chose près.
Les temps de passage donnés en direct sur le site de la course ne considéraient que le kilométrage après un nombre de tours complets d’où certaines différences avec l’allure réelle.
A la fin de la 1ère heure de course, j’avais effectué 6 passages sur la ligne de pointage, soit 8,070km, mais en réalité, j’étais à 200 ou 300m d’un nouveau passage soit plus près des 9km/h. Ma 2ème heure m’indiqua 17,468km puis la 3ème heure 26,867km, donc je tournais sur la base de 7 tours à l’heure environ. Depuis le début, mes problèmes tendineux m’avaient laissé tranquille, ou tout au moins je n’y prêtais pas attention outre mesure d’autant plus qu’il y avait d’autres facteurs à gérer : il commençait à faire chaud, je devais penser à boire régulièrement, le parcours sur les deux tiers de sa longueur empruntait des chemins dont les graviers s’invitaient parfois dans les chaussures histoire de participer à la course et la poussière s’immisçait par la partie de la chaussure composée d’une toile aérée, sur le devant et le dessus. Aussi un léger faux plat commençait-il à devenir de plus en plus pentu, impression certainement amplifiée par son exposition totale au soleil. Beaucoup en profitaient pour marcher à cet endroit.
Les organisateurs et bénévoles aux petits soins pour leurs coureurs eurent la bonne idée de placer à plusieurs endroits du parcours des récipients d’eau afin qu’on puisse se mouiller et se rafraîchir.
Il fallait faire aussi attention aux juges arbitres qui veillaient à ce que la course se déroule dans des conditions d’équité parfaite pour tous les participants, donc il était interdit de se faire ravitailler en dehors de la zone destinée à cet effet et personne ne devait accompagner un coureur, que ce soit à pied, à cheval ou en voiture, même pour discuter de la pluie ou du beau temps. Un coup de sifflet et un avertissement verbal était alors adressé au contrevenant qui, en cas de récidive, recevrait bien vite un carton jaune puis un rouge s’il persévérait.
Début de la 4ème heure : il était temps de refaire le plein de mes petites bouteilles en sirop de citron dilué avec de l’eau de manière à ce que le sucre ne soit pas trop concentré. J’avais préparé 3 litres de boisson de réserve qui se trouvaient dans ma glacière et j’avais aussi apporté des panachés, des jus de raisin, de l’eau pétillante et de l’eau plate. Je remplissais donc 6 petites bouteilles qui allaient me faire tenir jusqu’en fin d’après-midi, sachant qu’il y avait aussi un poste de ravitaillement pour les coureurs un peu plus loin où je pouvais à tout moment boire un complément d’eau pétillante. J’avais aussi commencé à anticiper la fringale en m’arrêtant de temps en temps manger un peu de gâteau de riz ou un petit cake ou encore des chips et des noix de cajou.
4ème heure : 34,922km.
5ème heure : 42,978km (passage « officieux » du marathon en 4h53’34 » à la marque 750m après le début de ce 32ème tour).
6ème heure : 51,034km, passage aux 50 en 5h50’.
7ème heure : 57,747km.
Peu avant la 8ème heure, je me décidais à effectuer un premier véritable arrêt. Il était 18 heures, le soleil était encore féroce, les bras avaient bien rougi, je ne regrettais pas d’avoir baissé l’allure dès la 4ème heure. Il était temps de faire le point sur les pieds. Je retirais mes chaussettes, remettais une bonne couche de crème, vidais les chaussures de tous les petits cailloux et poussières, vérifiais qu’il n’y avait pas d’ampoule ou de risque d’en attraper. Je conservais ma tenue de départ et repartais pour atteindre le nouveau cap fixé : les 12h de course où j’avais prévu de refaire un check up complet et de changer de tenue.
Cette fin d’après-midi fut longue, le soleil déclinait et comme il avait tourné j’étais content de voir que de nouvelles zones d’ombre étaient apparues, en revanche d’autres portions du parcours étaient maintenant exposées mais plus pour très longtemps.
Mon arrêt me fit descendre sous les 8km/h de moyenne et à la 8ème heure j’avais 63,117km au compteur.
9ème heure : 69,830km.
10ème heure : 76,543km.
Pour nous changer les idées, on pouvait voir arriver sur le site les coureurs des 12 heures qui s’étaient garés le long du parcours et c’est ainsi que je vis Hervé Rozec (AirV) avec qui je m’attardais bavarder quelques secondes, sachant qu’on aurait le temps de se voir quand sa course aurait démarré. Il y avait eu toute la journée une bonne ambiance à chaque passage aux stands et on sentait une sorte d’effervescence monter par l’approche du départ des 12 heures, même si les participants n’étaient pas nombreux.
11ème heure : 81,914km.
12ème heure : 88,627km.
Les coureurs des 12 heures prirent le départ alors que j’étais au milieu de mon tour et je ne tardais pas à voir dans le tour suivant le premier me passer comme une fusée suivi d’autres bolides puis ce fut le tour d’AirV.
Des bolides, j’en avais quand même vu pas mal depuis le départ des 24 heures, me faisant prendre un tour assez régulièrement par Jean Marc Bordus le futur vainqueur et par plusieurs autres bien placés au classement. Je n’ai pas vu certains coureurs pendant de longues heures me demandant s’ils ne s’étaient pas arrêtés se reposer ou s’ils n’avaient pas abdiqué. Mais on devait courir à la même allure et nous trouver aux antipodes du parcours. Je continuais encore une petite heure, profitant de la relative fraîcheur de la nuit tombée, mais je me demandais comment j’allais pouvoir gérer les douleurs qui commençaient à influer sur mon optimisme : le ressenti du mal, je l’avais, je l’avais rangé dans un coin de ma tête pour ne plus avoir à m’apitoyer sur mon sort, et je me décidais quand même à effectuer une tentative de « recollage de morceaux » en allant voir les podologues et le médecin.
Ils me posèrent une bande protectrice pour soulager les frottements dus à ma bursite au talon droit, ils me badigeonnèrent d’abord l’endroit douloureux de crème anti inflammatoire avant de placer le strap protecteur. Je repris la course quelques tours puis je fus pris d’une énorme envie de dormir. Je payais là mon manque de sommeil de la semaine et surtout de la nuit précédente. Je me décidais à aller m’allonger quelques minutes sur un lit de camp, les jambes en l’air contre le mur du gymnase puis quand je me sentis bien je décidais de dormir un petit peu. Je verrais bien si j’allais dormir une heure ou plus.
Je suis resté à dormir/somnoler une petite heure et je décidais de reprendre la course.
13ème heure : 93,997km.
14ème heure : 96,682km.
Je pris un bon café et grignotais quelques biscuits avant de repartir, mais j’avais froid lors de ce premier tour de reprise de la course et j’enfilais donc un coupe-vent et un bonnet léger le temps de me réchauffer. Deux tours après, je m’en étais débarrassé car du coup j’avais trop chaud.
J’allais engranger les kilomètres pendant les quelques heures qui suivirent, même si le rythme n’était pas très élevé en raison des nombreuses pauses marchées. Je courais jusqu’à ce que je rattrape un petit groupe de marcheurs, voire un seul marcheur, avec qui je restais quelques centaines de mètres puis je me mettais à recourir jusqu’au suivant et ainsi de suite. A chaque passage sur le tapis de pointage, je constatais que « ça avançait » quand même. Je prenais aussi le temps de bien me ravitailler en consommant une soupe ou une assiettée de purée au gruyère et au jambon, en prenant de temps à autres un café pour me maintenir éveillé.
15ème heure : 102,053km.
16ème heure : 107,423km.
17ème heure : 112,794km.
18ème heure : 119,507km
19ème heure : 124,877km.
De nouveau je me mis à lutter contre une grosse envie de dormir et constatant qu’à plusieurs reprises je faillis finir dans le décor, je décidais de faire une nouvelle pause en passant par la case podologue une seconde fois.
Mon arrêt fut de l’ordre d’une heure, soins compris, pendant laquelle je réussis à dormir un peu non sans avoir surélevé mes jambes afin de les prélasser.
Quand je repris la course, une nouvelle fois j’eus froid et me recouvris avec mon coupe vent et mon bonnet…que je ne conservais que l’espace d’un tour ou deux ayant à nouveau chaud. J’enfilais néanmoins mes protège bras, ceux gagnés à Aulnat, pour couvrir mes avants bras exposés trop longuement au soleil de la veille.
20ème heure : 126,220km, soit 3 marathons.
C’est alors que, fidèle à mon habitude, j’entrepris de calculer ce qu’il était possible de faire si je courais un peu plus vite. A 6km/h ça me faisait atteindre les 150km, à 7, je pourrais presque faire 155km et si je réussissais à maintenir une cadence de 6 tours à l’heure (8km/h) je serais en mesure d’approcher les 160 si je n’avais pas de baisse de régime d’ici l’arrivée.
J’ai aussi profité de ma relative fraîcheur retrouvée pour encourager quelques concurrents qui semblaient avoir un peu relâché leur rythme et dont certains se seraient contentés de finir tranquillement : non mais, un 24h c’est pas des vacances !
21ème heure : 134,276km.
22ème heure : 140,989km.
23éme heure : 149,044km.
Comme je ne suis pas quelqu’un qui lâche prise facilement, même si ces derniers temps c’était devenu quelque chose d’habituel, j’ai pris sur moi pour continuer à gagner des kilomètres et des places.
Et puis l’ami Hervé qui ne trouvait plus la motivation pour aller chercher un kilométrage, j’espère avoir contribué un petit peu à la reprise de son allure le portant plus loin au-delà des 100km. Il finira sur le podium : je suis content pour lui.
Ainsi, au final, je fais 157,315km ce qui me satisfait pleinement compte tenu de ma santé des derniers mois, de mon enchaînement marathon/100km/24h en 3 semaines, du déroulement de la course avec sa chaleur diurne et nocturne ainsi que de mon envie trop forte de dormir.
Hier, dimanche, je n’avais qu’une hâte, dormir, dormir, dormir. La route en voiture après une petite période de repos à l’ombre juste après le repas fut assez pénible, je dus m’arrêter deux fois sur des aires de stationnement pour essayer de dormir. Arrivé à la maison, je vidais la voiture, effectuais un rapide rangement de mes affaires puis direction canapé où je comatais quelques heures. La nuit fut assez bonne, malgré la chaleur et les suées dues à la course au soleil.
Ce matin, au réveil, pas trop de bobos, les courbatures habituelles mais ne m’empêchant ni de monter ni de descendre les escaliers ni même d’aller chercher le pain à pied à la boulangerie située à un demi kilomètre de chez moi. Deux petites ampoules soignées juste au sortir de la douche d’après course continuent de sécher maintenant, ma bursite me laisse tranquille, on verra après la promenade de cet après midi si j’ai d’autres séquelles de cette nouvelle aventure dans l’ultra.
Maintenant, place à la récupération, à la guérison complète de mes petites douleurs et à une ébauche de réentraînement afin d’arriver sur la Transe Gaule en pleine possession de mes moyens.
A+G.O.****
4 commentaires
Commentaire de CROCS-MAN posté le 24-05-2010 à 21:50:00
Bravo et merci pour ton récit.
A quelques semaines des 24h d'Antibes, tout est bon à prendre. C'était pas trop dur de redémarrer avec ta tendinite après tes longues pauses?
Merci et bonne récup.
Commentaire de l'ourson posté le 26-05-2010 à 22:09:00
Bravo voisin !
Tu te rends compte que tu as couru près de 300kms en compét en 3 semaines !!! Petit joueur que je suis, je me suis contenté de 27kms de marathon de Nantes avant Chavagnes et préféré faire la fête tout ce w-e de la Pentecôte plutôt que d'aller courir ;-))
L'Ourson_ben_moi_je_dis_encore_Bravo_voisin_bonne-récup_et_au_plaisir_de_te_saluer_:-)
Commentaire de runner14 posté le 09-06-2010 à 23:17:00
Salut Grand'Ouest!
Je ne t'es pas reconnu sur cette épreuve,dommage nous avons peut-être du nous croiser sur celle-ci mais avec la chaleur de l'épreuve pas facile de faire attention à tout le monde sur ce 24H!
bravo pour ta performance Bretonne!
Commentaire de Pat'jambes posté le 04-05-2011 à 19:25:00
Merci pour ton CR, je glane des info en préparation de mon 1er 24h, et j'ai appris beaucoup en te lisant.
:-)
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.