L'auteur : the dude
La course : Trail du Brézème - 44 km
Date : 25/4/2010
Lieu : Allex (Drôme)
Affichage : 924 vues
Distance : 44km
Objectif : Pas d'objectif
Partager : Tweet
Panique dans la Drôme...
Dimanche 25 avril, 08h30, j’arrive à Allex, sympathique village de la Drôme, pas la moindre trace de traileur, ni de qui que soit d’ailleurs…glups ; pas la moindre indication non plus quant à l’organisation d’un trail aujourd’hui, reglups.
Après avoir un peu tourné dans le village je rencontre une dame qui n’a pas entendu parler d’une course ce dimanche, le stress monte, puis je croise le boucher qui lui est au courant puisqu’il a une belle affiche sur sa vitrine, ouf, par contre il ne sait où se font les inscriptions: « allez toujours voir au gymnase », j’y fonce !!!
Il est 08H45, je ne suis pas inscrit, pas changé et la course part à 09H00 de Grane (à 4km) où il faut se rendre en navette.Autant dire que je suis limite en mode panique !!!
Heureusement je finis par trouver le gymnase en question et la présence de qques individus en short me rassure un peu, je fonce m’inscrire, les bénévoles me chambrent (hin hin très drôle) et contactent le chauffeur de la navette pour qu’il vienne me chercher avec la poignée de retardataires qui poireautent à l’extérieur.
Je me change en 12secondes, saute dans la navette, arrive à Grane, arrose le mur du cimetière et fonce vers la ligne de départ, il est 08H59 environ.Moi qui voulais gérer sereinement l’affaire, c’est bien parti.
Oui, parce qu’il y a un truc que j’ai oublié de vous préciser, c’est qu’aujourd’hui est un grand jour puisque le Dude va rentrer de plein pied, mais pas trop vite quand même, dans la cours des presque grands : hé oui je participe à mon premier trail > 40 km ! tatatin !!!
Hé! ne rigolez pas! c’est un quart d’UTMB tout de même!!! Euh enfin sauf pour le D+ parce que là y a que 1150m, mais on ne va pas non plus placer la barre trop haut d’entrée de jeu.Ah pis aussi pour la participation : en effet sur le 41km nous sommes exactement …13 inscrits !!! Si on veut positiver on dira que l’an passé ils étaient 8, ce qui représente une progression de 60% du nombre d’inscrits, qui dit mieux ?
3-2-1 Feux !!!
La course part donc à 09H00, et comme les 8 premiers km sont communs au grand (41 km) et au petit parcours (24km) sur lequel les coureurs sont plus nombreux, c’est un peloton d’environ 80 coureurs qui s’élance. Ignorant les conseils du kéké qui m’avait enjoint de partir en sprintant (avec le recul je me demande s’il ne se serait pas un peu foutu de ma gueule), je démarre tranquille en gérant au cardio (# 85% Fcm) comme je l’avais décidé avant la course. Avec le coup de speed d’avant course le dit cardio est monté assez haut et je n’arrive pas à le faire redescendre, c’est donc sur un rythme de sénateur que j’effectue les premiers km, résistant à la folle envie d’aller chercher tous ceux qui se trouvent dans ma ligne de mire, quel mental ce Dude!
Au bout de 2km environ, la première montée arrive et je passe doucement qques coureurs, on progresse tranquilles jusqu’au premier ravito au km 8 et peu après les 2 parcours se séparent ; en fait TOUS les autres partent à droite et moi à gauche…
Poor lonesome trailer
Soyons positifs: au moins je ne serai pas perturbé dans mon allure par d’autres coureurs, en même temps la perspective de parcourir absolument seul les 33km qui restent ne me réjouit guère, en + si ça se trouve y a des loups dans cette région ou au moins des faisans adultes, c’est flippant quand même, j’espère au moins que le balisage est bien fait.
En attendant je déroule sur ces longues portions de faux plat, sur un large chemin forestier ; j’admire le paysage, je profite du soleil, me retourne de temps en temps pour constater qu’il n’y a pas âme qui vive derrière moi, d’ailleurs sur les 12 autres coureurs je me demande combien sont devant et combien derrière moi. Finalement après 6km j’arrive à un ravito sous les encouragements de 2 enfants euphoriques, ça fait du bien !
La baston
Le gentil bénévole m’annonce qu’il y en a déjà 8 qui sont passés! Pas de temps à perdre! Juste après le ravito, j’attaque un mûr en ligne droite, et là, OH miracle qu’est ce que je vois tout en haut là-bas, mais oui c’est bien ça je ne rêve pas : un coureur!!!
Evidement lorsque j’arrive en haut 1’10 plus tard il a disparu, mais l’idée de pouvoir le reprendre va maintenant pimenter ma course. (ouais là j’avais prévu un truc genre le grand fauve qui sommeille en moi a senti l’odeur du sang et la chasse est lancée, mais c’est peut-être un peu trop, non?). Le chemin est à nouveau très roulant, je croise pas mal de promeneurs qui y vont de leurs encouragements; ça fait toujours plaisir.
2km plus loin, alors que j’arrive au pied des grandes éoliennes, j’aperçois le maillot rouge du coureur entre les arbres, je prends un nouveau pointage: 50 secondes, c’est bon pour le moral je reviens doucement.
Encore 2 km, petit monotrace au milieu des buis et au détour d’un nouveau virage, surprise!!! il est là juste devant en train de marcher!?!
J’arrive à sa hauteur :
« Salut, ça va »
« ouais je viens de me gaufrer sur une racine, mais ça va ».
Nous repartons ensemble. Dans la descente qui suit il passe devant et quand ça remonte je suis dans sa foulée mais mon cardio se remet à s’affoler, on est à peine à mi-course, trop tôt pour s’enflammer, tant pis je le laisse partir. Et alors que je suis encore en train de m’auto congratuler pour cette très sage décision, je le vois qui se met à marcher…je le rejoins, le passe, le dépose.
Bien sûr maintenant que je suis devant, fini les virages dans les bois, y a plus que d’interminables lignes droites au milieu des prés, et comme en + ça redescend une nouvelle fois, il revient sur moi et me passe.
Avantage de la vue dégagée j’aperçois au loin un autre concurrent en maillot blanc, puis au détour d’un bosquet un nouveau ravito duquel repart juste un coureur en maillot noir.
Excellent, j’ai maintenant 3 camarades de jeu!!! Au ravito je rejoins le maillot rouge, prend le temps de retirer le fameux caillou qu’on a toujours au fond de la chaussure, bois un coca et repars.
Le très sympathique bénévole nous a annoncé qu’il y avait une grosse montée d’1.5km et après ça déroule. La stratégie est simple, s’il y a un endroit dans la course où je dois me faire mal c’est dans cette montée; objectif: prendre un max d’avance sur maillot rouge qui a de + en + de mal à monter et rejoindre maillot noir que je vois marcher un peu plus loin. J’ignore donc les bips incessants du Garmin, et fourni mon effort; nickel, non seulement tout se passe comme prévu mais, cerise sur le gâteau, je rejoins maillot blanc pile au sommet de la côte, alors que je l’avais pointé avec 3 minutes d’avance au bas de la montée.
Dès que ça redevient plat il relance, visiblement il n'a pas trop envie de m’emmener avec lui, mais je ne le lâche pas et me contente de le suivre sans chercher à attaquer, c’est qu’il reste encore 14km à courir et j’entre dans une zone que je ne connais pas puisque je n’ai jamais couru au delà de 25km. Après 2 nouveaux km, une petite montée qui semble inoffensive se présente et à ma grande surprise maillot blanc qui était jusqu’ici intraitable scotche complètement, je l’abandonne en gardant un œil dans le rétro car maillot noir a bien limité la casse et a stabilisé l’écart à une trentaine de mètres.
Poor lonesome trailer…once again
Je me retrouve donc en solo de nouveau et j’aborde une très longue portion de descente, environ 4km, le début est très raide et le petit monotrace en forme de V oblige à poser les pieds en canard sur les côtés, ma cheville gauche commence à me faire sérieusement souffrir (je sais aujourd’hui que c’est là que s’est déclaré ma tendinite du releveur). De temps à autre je jette un œil en arrière: personne. Après 2.5 km de route on replonge vers un chemin qui nous emmène au bord d’un plan d’eau, je résiste à une irrépressible envie de me jeter dedans car il est autour de midi et le soleil cogne fort. On fait quasiment le tour complet de ce petit lac et arrivé à la fin de la boucle j’aperçois maillot blanc, j’ai environ 1km d’avance sur lui, maillot noir doit être intercalé.
Je m’engage ensuite sur un petit sentier qui longe la Drôme, j’en suis à 33km et je commence à vraiment en baver, le fameux mûr des marathoniens ?
Peut-être, en tout cas je suis pressé d’en finir, le sentier me semble interminable, en devers, plein de pierres et de racines, je regarde le gps toutes les 30sec et les km ne défilent pas. Enfin après 2.5km qui m’ont semblé en faire 10, on rejoint une route, on passe un pont…et on se remet à longer la rivière dans l‘autre sens !!!
J’ai envie de pleurer.
Heureusement ce n’est pas trop long, au bout de 800mètres je quitte ce chemin, escalade un petit talus en marchant péniblement et me retrouve sur une petite route communale en plein cagnard. J’aperçois le village de l’autre côté de cette petite plaine, les 2 derniers km n’en finissent pas, j’ai beau me dire que je peux me lâcher, qu’il n’y a plus rien à gérer, impossible de dépasser le 10 km/h. Enfin je rejoins le village, un dernier coup de cul et un petit sprint à12km/h pour franchir la ligne en moins de 04H15.
L’after
La ligne passée, je marche 10 m jusqu’au ravito et m’allonge par terre totalement vidé, les jambes défoncées, mais satisfait : je l’ai fait, une nouvelle étape franchie, une expérience concluante.
Le chrono n’est pas fabuleux mais je suis à 82% de la vitesse du premier (03H28), ce qui est dans la lignée de mes résultats sur des distances plus courtes, je pense avoir assez bien géré la course, notamment en ayant fourni le bon effort au bon moment et suis satisfait d’avoir eu le mental sur la fin, à partir du km34 environ, quand ça devenait très dur.
Je ne me suis pas vraiment régalé sur cette partie-là, par contre j’ai vraiment pris du plaisir sur les 30 premiers km, bien sûr la petite bagarre avec les 3 autres coureurs était sympa mais les parties en solo m’ont bien plu aussi finalement.
J’ai même eu la bonne surprise d’être appelé pour monter sur la boîte, puisque je finis deuxième sénior ! Bon OK sur 13 concurrents y a pas de quoi se la péter mais c’est toujours rigolo.
Que dire de + si ce n’est que c’est vraiment une course agréable, conviviale, bien organisée, assez roulante donc idéale pour découvrir ce type distance ; juste dommage qu’il n’y ait pas un peu + de monde sur le grand parcours pour animer un peu la course…
7 commentaires
Commentaire de DROP posté le 29-04-2010 à 18:29:00
Une premiere barrière de franchie... Félicitations.
Commentaire de robin posté le 30-04-2010 à 10:13:00
Good job The Dude !
nous avons le même style de gestion de l'avant-course !
Bonne récup et merci pour le C.R.
Commentaire de filipe68 posté le 30-04-2010 à 10:29:00
récit tres sympa pour une course qui semble ne pas l'etre moins...et un chrono que je ne trouve pas si moyen que ca..bravo..
Commentaire de l ignoble posté le 30-04-2010 à 12:56:00
un joli récit lu jusqu'au bout,trés prenant,,bravo pour ta course,moi je n ai jamais dépassé 30 km....ah si juste un petit truc,de la part des loups tu ne risqueras jamais rien,mais mefies toi des hommes par contre......a plus
Commentaire de le_kéké posté le 30-04-2010 à 17:05:00
Excellent ça le dude, 13 coureurs, ça c'est une course intimiste.
Je vois que la forme est là, plus de 10 à l'heure en trail avec le D+ c'est quand même pas mal et c'est en tout cas rassurant.
Si dans la Chartreuse tu arrives aussi à tenir ce 10 à l'heure tu devrais encore monter sur la boite et surement tout en haut.
Bravo pour ce récit bien rigolo, sur une course qui devait être bien sympa.
Commentaire de shunga posté le 01-05-2010 à 09:58:00
Purée j'y croyais ! Tu m'as bien eu snif !
Quand t'es parti dans le troupeau et qu'ils t'ont tous planté à la bifurcation j'y ai cru.
Au ravito à l'annonce que t'étais huitième j'y ai cru que t'allais te faire rattraper.
Même quand t'as lutté avec les trois Vilains, j'ai cru qu'ils allaient se battre jusqu'à l'infini et au delà.
Mon dernier espoir, cette petite tendinite, était un fétu de paille pour se raccrocher au dessus du gouffre du désespoir naissant.
Puis voilà, j'ai dû me résoudre, The Dude a tout déchiré. 10km/h sur +40, podium... Et en plus il la joue modeste... Que dire... Une écriture très plaisante un lire et une belle course... Pfff... Bravo... La journée va être longue.
Commentaire de BOUK honte-du-sport posté le 01-05-2010 à 20:32:00
Quelle prose... C'est passionnant... Et dire que ça a duré 4h15...
En tout cas bien que vous n'étiez que 13 il y a bien eu bagarre !!
Enfin je ne pourrai résister à ton stress du départ... Trop fragile niveau cardiaque !
Et voilà t'es dans la division supérieure... Respect !
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.