Retour sur la deuxième étape de ce off entre les refuges Remondino et de la Valmasque. Ma montre mesura ce jour-là 27.5km et 2455m+. J’effectuai quelques recalibrations de l’altimètre dans la journée. 20km et 1500m de D+ de moins par rapport à la veille, on pouvait se dire que ce serait une journée tranquille, « fingers in the nose ».
Excuse my French but… no f**cking way
Ce fut pour moi la journée la plus difficile, et pas seulement à cause des presque 50 bornes faites la veille. En fait le matin au réveil (à 3h30) et après une bonne nuit sans (trop de) ronflements de mes camarades
, mes jambes étaient plutôt bonnes et je n’avais pas l’impression d’avoir autant randonné le jour précédent. Mais le terrain fut difficile : Quasiment que du caillou et des pierriers du début à la fin… et pas rangés méticuleusement façon «chemin du Roi » comme la veille ; En fait, nous quittâmes l’Italie peu avant l’aube, ceci explique peut-être cela
. Les quelques sections roulantes se trouvèrent souvent à l’approche des refuges visités (refuge de la Madone de Fenestre, refuge de Nice et de la Valmasque). Mais à choisir entre les trois, ce fut sans doute pour moi l’étape la plus belle et spectaculaire. Faire l’aller-retour à la Cime Guillé (une pyramide de caillasses perché à 2999m, le point culminant de ce off) depuis le Col de Maute au lever du soleil fut mémorable : Pour moi, il y a peu de moments plus appréciables que d’être en haut d’une montagne à ces heures matinales
. La veille, cela avait été aussi le cas, dans un environnement bien différent, moins minéral mais tout aussi bien agréable. Après la Cime Guillé, ce fut une longue descente (1000m de dénivelé négatif sur environ 5km) sur terrain difficile, mais qui nous a offert de magnifiques paysages bien décrits par l’Ecureuil et de magnifiques lacs : Les deux lacs Besson et celui de Trécolpas avec son îlot.
Ce qui fut aussi top sur cette journée, c’est que nous restâmes le plus souvent en altitude au-dessus de 2000m. Seulement moins de 2km sous les 2000m. Donc malgré de belles descentes, on n’a jamais progressé sur de la montagne à vaches, mais plutôt sur de la montagne à chamois et bouquetins, non-stop.
Nous prîmes quelques libertés avec le parcours initialement prévu par l’Ecureuil. Nous aurions dû passer par le refuge de Cougourde, un petit détour rajoutant un chouia de dénivelé avant de rejoindre le lac de Trécolpas. De même, un peu plus loin, après le Pas de Ladres, nous aurions pu faire un détour par le col de Fenestre situé sur la frontière, mais je crois qu’à ce moment-là, l’envie de tous était de boire un coca et de rejoindre au plus vite le refuge de la Madone de Fenestre, le point le plus bas de l’étape à 1900m. Cette descente fut (au moins dans sa seconde partie) l’une des sections les plus roulantes de la journée : Arnaud et moi décidèrent de la descendre en trottinant, voire en courant en allongeant un peu la foulée de temps en temps, mais sans forcer ou en prenant des risques inutiles. Cela nous fit beaucoup de bien de dégourdir un peu les jambes sur ce beau sentier. Olivier nous quitta peu après le refuge de la Madone de Fenestre, craignant d’en faire un peu trop sur ces trois jours et voulant partir sur une bonne note, en ayant gardé du plaisir. Une route menant quasiment jusqu’à ce refuge, son épouse put le rejoindre facilement en voiture.
Pour nous les six "rescapés", une difficile ascension du pas du Mont Colomb nous attendait (plus de 600m+ sur 3km) avec un tracé peu roulant (caillasse, pierriers et névés). Je fis une bonne partie de la descente avec Samuel, lâchés par Sonia et Arnaud (qui eurent le temps de se baigner dans le lac de la Fous à proximité du refuge de Nice) : Un super gars ce Samuel avec un parcours très intéressant. En discutant avec lui, il me lança : « Tu veux que je raconte ma vie, vite fait bien fait ? ». « Après un peu de rugby, je me suis mis au canoë, suis devenu vice-champion du monde dans ma catégorie. Ensuite, j’ai joué au water-polo et suis devenu entraineur. J’ai été entraineur de l’équipe de France, et entraine actuellement l’équipe masculine de Nice. ». J’appris ainsi qu’il avait échoué d’un rien à se qualifier aux JO d’Atlanta en 1996 contre un certain Patrice Estanguet
, mais qu’il avait accompagné l’équipe de France masculine de water-polo à Rio en 2016 (première qualification depuis les JO de Barcelone en 1992
) en tant qu’entraineur adjoint . Il s’était mis au trail depuis peu, avait comme nous le gout pour « l’effort long », et avait même participé au Tor (comme d’ailleurs Sonia, les deux David et votre serviteur). En discutant ainsi, on finit par arriver sans trop s’en rendre compte au refuge de Nice où nous avions prévu de déjeuner. Un lieu bien bucolique et agréable au bord du lac. Sonia et Olivier arrivèrent peu de temps après nous, après leur baignade. Nous attendîmes un peu plus longtemps les deux David. En arrivant, Dca nous expliqua qu’il avait en fait chuté – sans trop de gravité - sur un sentier a priori anodin et facile. Nous avions de quoi désinfecter la plaie et faire un bandage. Et nous avions Sonia parmi nous, infirmière de métier.
Comme L’Ecureuil l’a souligné plus haut, je n’avais pas beaucoup mangé ou bu la veille, mais là au refuge de Nice, j’avais vraiment faim : Je commandai un sandwich au jambon, des pâtes au pistou, et une Leffe 50cl
. En attendant la commande à l’intérieur, je discutais « trail et courses au Royaume Uni » avec une femme qui m’avait abordé en voyant le T-shirt du Centurion Thames Path 100 que je portais (mon premier 100 miles bouclé en 2016) : Une course à laquelle je suis inscrit cette année mais dont ma participation est compromise par la période de quarantaine qui sera effective à mon retour en Angleterre à la fin du mois. Je savais que je prenais un risque en prenant des vacances en France ce mois d’Août mais quoi qu’il arrive, cela ne me fera pas regretter d’être venu, pour ce off en plus.
Je ne sais pas si mon copieux déjeuner en fut la principale cause (faut dire qu’il faisait chaud ce Samedi après-midi), mais la dernière ascension (plus de 600m+) vers le Pas de la Fous (~2800m) fut compliquée pour ma pomme
. Je parvins à suivre un moment le rythme de Sonia et Arnaud, puis finis la montée quelque peu distancé. En haut, en attendant quelques instants Samuel puis les deux David, on aperçut un couple en train de tenter une descente assez périlleuse près d’une paroi rocheuse : La randonneuse était totalement scotchée sur place (genre 50m en un quart d’heure). Pour moi, clairement le moment le plus angoissant de tout le weekend
… J’imaginai assister à un drame en direct.
Pour rejoindre le refuge de la Valmasque, terme de notre deuxième étape, deux options s’offraient à nous. Soit, comme il était initialement prévu par l’Ecureuil, passer par le Collet de la Charnassère et effectuer une descente directe vers le refuge. Un peu plus court en distance mais a priori plus difficile. Mais avec l’avantage d’avoir à un moment donné durant la descente trois lacs dans le même alignement : le Lac Vert (à proximité du refuge), le Lac Noir et le Lac du Basto. Cela n’aurait pas été mal finalement. Nous prîmes l’autre option nous faisant passer entre les Lacs Vert et Noir. A ce moment, j’étais assez fatigué et fis la descente du Pas de La Fous en compagnie des deux David, laissant Sonia, Arnaud et Samuel loin devant. A chaque arrêt pour une pause photo, je baillais ce qui faisait sourire l’Ecureuil. Nous rejoignîmes les trois « vainqueurs du jour» bien sûr au bord du Lac Vert près du refuge : ils avaient eu le temps de se rebaigner
. L’Ecureuil en fit de même. Moins téméraire, je fis juste trempette de mes pieds
.
Au final, il nous fallut plus de 9h30 (et presque 13h en incluant les pauses) pour boucler ces 27km et des poussières. Pas très roulane donc, mais malgré le temps passé sur les sentiers, on ne s’est jamais ennuyé lors de cette journée
To be concluded...
Quelques photos de cette deuxième journée :
https://photos.app.goo.gl/RVUxn1T6XN8ujqVd9Ma trace GPX :
https://connect.garmin.com/modern/activity/5360888002