L'auteur : Mame
La course : La Transmontagne - 25 km
Date : 21/3/2010
Lieu : Chenove (Côte-d'Or)
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Distance : 27km
Objectif : Pas d'objectif
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Voilà, c'était annoncé dans ce post :
Voilà, c’est malin : rentrer en transe sur la ligne d’arrivée après à peine 3H00 d’effort… le challenge est fixé.
Un dimanche pluvieux avait été prévu : finalement, la perturbation est passée cette nuit et des éclaircies semblent s’amorcer pour la matinée : les augures sont-ils avec moi ? Je n’ai pas pu lire l’avenir dans les entrailles d’un poulet aux pattes bleues fraichement sacrifié, vu qu’aucun kikou du 01 n’est inscrit ; l’écrabouillage d’escargot n’offre pas les mêmes garanties. Bon, j’ai répété toute la semaine : « la trans, c’est facile, y a des bouts de plat… », je suis prêt…
Je retrouve Fulgurex et le Petit Prince sur le parking du gymnase du chapitre à Chenove, juste avant de s’engouffrer dans la première navette pour Pont de Pany. Pas de Patcap en vue ? Pas de cap pour lui avec sa cheville en délicatesse ou pas cap de relever le défi de la Transmontagne ???? Des trailers emmitouflés dans des sacs poubelle montent dans le bus et se font un peu charriés ; leur chance : pas de camions benne le dimanche matin. Un ancien collègue des pelotons cyclistes vient s’asseoir auprès de moi, nous taillons la bavette tout le long du parcours.
8H20 arrivée à la salle des fêtes de Pont de Pany. Le départ est repoussé à 9H45 !!! La salle n’est pas accessible en raison de la préparation d’un spectacle. Avec un petit groupe, nous nous réfugions dans une remise en sous-sol où nous trouvons des chaises… bla bla bla bla
9H10 : nous quittons notre tanière. Ah, voici Patcap qui apparait : en fait, il a pris la deuxième navette. L’échauffement est réduit au minimum : de la salle des fêtes à la ligne de départ au milieu d’un pré en dévers.
9h45, le starter libère la meute : grâce à mon anti-patinage monté de série, j’accélère un peu pour gagner des places avant le premier virage, qui marque la fin du pré (et l’entonnoir annonciateur de la première côte). Il faudrait songer à commuter sur le régulateur de vitesse. Nous abordons un monotrace caillouteux au milieu des buis qui va se rapprocher du surplomb de la combe d’Arcey, le soleil nous éclaire franchement : ma deuxième couche de couleur noire sera certainement de trop ; j’ai épinglé mon dossard dessus donc pas de possibilité de l’enlever et de la ranger dans le sac. Les traditionnels ralentissements aux abords des petits abrupts me permettent d’évaluer la situation : vu les traces (de bavouille brillante au soleil), Fulgurex est juste devant, tout va bien, juste se méfier des rochers trempés hyper glissants. Au bord d’une combe transversale, nous apercevons la longue file des coureurs : les premiers ont déjà basculé sur le plateau, versant opposé !!! Paf, un posé assez soigné sur mon arrière train (d’atterrissage) me rappelle subitement que la dureté des pneumatiques de mes Queshua 700 me procure qu’une accroche très limitée sur les roches mouillées. Avec le contre coup du départ, la bosse suivante est un peu plus dure : je marche un peu. Fulgurex m’attend au dessus, au carrefour avant de basculer sur un chemin assez boueux ; il m’invite à passer devant et remarque tout de suite la lithographie de mon erreur technique, imprimée sur l’arrière de mon cuissard, je ne m’étends pas sur le sujet… Assez rapidement, nous arrivons en vue du premier ravito sous la Roche d’Anse où je salue mes parents : 2 minutes de moins qu’en 2009 au 5ème km, tout va bien ; pas question de s’arrêter. La descente qui suit confirme que les pluies de la nuit ont rendu le terrain plus difficile que prévu. Un ptit coup de blanc (chemin) à plat puis remontée directe vers la rente de Charmoy puis le plain de Suzâne : bizarrement, je n’arrive pas à imprimer un bon rythme de marche dans ces modestes 260m de dénivelée positive (enfin, pas si modestes que cela pour la région…). Fulgurex occupe le temps entre conversation, réparation d’une mini guêtre récalcitrante ou enfin l’élimination d’une couche trempée (non, mais ! Fulgurex n’a pas de problème d’incontinence, çà ne va pas ??? Il a une ceinture porte dossard lui !) Enfin, nous basculons sur la crête en direction de la roche Pompon : juste en surplomb, sur un chemin piégeux, accidenté rendu glissant par les affleurements calcaires, je manque en deux ou trois occasions de me vautrer : je me sors de ces situations difficiles par quelques figures de style, qui ont au moins le mérite d’impressionner mon fidèle compagnon de route. J’ai quand même la sensation d’être plus rapide que l’année dernière et entretient une allure raisonnable jusqu’au col de la Mialle. Fulgu m’indique la présence d’une source pétrifiante, je suis inquiet, pas pétrifié, seulement inquiet… Nous longeons le flanc est du Plain de la Fiat : non, pas de station service en vue, juste un chemin boueux à souhait avec d’interminables faux plats ; quelques coureurs nous doublent « pas de soucis, ils sont en train de se cramer, nous les rattraperons plus tard… ». Le doute subsiste, je suis en surrégime depuis un moment et je dois marcher quelques minutes histoire de refroidir dans les durites, j’incite Fulgurex à poursuivre seul sur un rythme acceptable… Je commence à trouver le temps long, le mental vacille… Un petit réconfort, nous laissons les dernières rampes du col de la Toppe sur notre droite (où j’ai butté l’année dernière) pour filer directement sur la rente de Chamerey et son deuxième ravito : J’y retrouvre Fulgu en pleine conversation avec une connaissance commune : « je ne comprends pas pourquoi ils ont éteint la lumière… » ; j’en profite pour me baffrer de bananes, pain d’épices, orange et chocolats et repars laissant Fulgurex dans ses palabres interminables ; il me rejoindra très vite à l’occasion du premier dénivelé positif. Cette partie de parcours est toute en plats et faux plats mais n’en reste pas moins usante : je me rappelle le fameux Mantra de Lama Fulgurimpoche (Fulgur in the pocket version U.S;) : « la transmontagne, c’est facile, y a des bouts de plat, HoooMMmm ».
merci au berger landais pour la photo
Le ciel est bleu, il fait chaud ; dire que la semaine dernière en pleine reconnaissance, j’étais passé par le col de Leuzeu en neige !!! Bizarre, j’alterne des coups de bien et des coups de moins bien : peut-être de la semoule dans les injecteurs ? mais Fulgu est là, derrière qui veille au grain …Nous attaquons enfin le long faux plat descendant au flanc (où Mame innova…facile)de la Rente Neuve qui nous emmène sur le dessus de la combe Sémetrot : la foulée semble plus gaillarde ; les moins de trois heures sont encore envisageables… Hélas, le raidillon pour accéder à la crête suivante me rappelle à plus de lucidité (le fluide sacré me brulait les jambes)… Dans la descente, Fulgu lâche les chevaux, moi, je me lâche dans un style phacochère sur la caillasse… Dans le dénivelé qui emmène au troisième ravito sur la route de Marsannay à Corcelles les monts, là, il arrive du pudding dans les injecteurs, le joint de culasse en a pris un coup, je choppe même des crampes de l’arrière train dans la dernière rampe. Au ravito, je me rappelle juste que Fulgurex tente d’enterrer le plat d’oranges qui me tendait les bras : si on se met à saboter les ravitos, cela devient malsain ! Je repars en marchant, la messe semble dite, la cabane est sur le chien , je ne me roulerai pas par terre sur la ligne, ivre de bonheur…J’exhorte Fulgurex à continuer sur son rythme : un gastéropode coquillard ne peut rester éternellement avec une limace amorphe, cela ne se fait pas ; il me lance un dernier regard inquiet et je vois le colimaçon disparaître dans la descente sinueuse …Là, je réalise tout le bonheur de ne pas avoir eu Le maudit Lutin comme compagnon de route (cf commentaire sur le CR fulguresque, no comment…)
J’erre environ 2km et aborde le dernier dénivelé tout en pierriers, menant au plateau de Chenove : je suis rejoint par un coureur (enfin un marcheur) qui se trouve dans le même état que moi, puis une féminine : finalement, je reprends du poil de la bête (qui sommeillait en moi), les douleurs s’estompent comme par magie et nous reprenons tous les trois sur un rythme acceptable jusqu’à l’arrivée. Mdme Mame, les enfants et Fulgu sont sur la ligne ; Patcap arrive tout de suite derrière, c’est bien ainsi car il s’est chargé de préparer la boisson de récupération ...
Voilà, 3H14, bien loin des 3Hoo longtemps escomptés ; le bilan est mitigé : j’ai alterné les passages par les hauts tièdes, envoutants et les bas ; ni long , ni court, ce trail ne m’a pas permis d’atteindre l’état extatique espéré et m’a confirmé une fois de plus toute la difficulté de la gestion de course.
6 commentaires
Commentaire de intuitiv posté le 24-03-2010 à 17:49:00
excellent, ce CR.La topographie, le coté animal de la bestiole couplé à la mécanique auto, on s'y croit vraiment. merci Mame. pour le chrono , on s'en fout....
Commentaire de patcap21 posté le 24-03-2010 à 19:01:00
Patcap pas cap..c'est nouveau ça !!!
Les 3H, c'est que partie remise, un terrain un peu plus sec, un départ plus prudent, ça tiens souvent à pas grand chose d'une année sur l'autre.
Merci pour ton CR bien sympa à lire.
@++ Pat
Commentaire de MC 21 posté le 24-03-2010 à 19:44:00
Quel CR! Bravo. On s'y croirait presque.Ca, c'est du vécu.
Commentaire de fulgurex posté le 24-03-2010 à 20:47:00
Super CR plein de jeux de mots! J'adore et j'en redemande! A quand le prochain?
Commentaire de le Styx posté le 24-03-2010 à 22:49:00
Y a les extraterrestres de la CAP, ... et maintenant l'extraterrestre du CR... Le Mame sait y faire... bravo !
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 26-03-2010 à 08:04:00
Qu'est-ce que tu crois ? Le lutin, il adore les cochons ! Même sauvages ! Viens donc en Ecouves que je te coache ! Avec le Lutin à ton arrière-train, tu fais moins de trois heures !
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