Récit de la course : Le Grand Raid du Mercantour 2005, par Cyrille

L'auteur : Cyrille

La course : Le Grand Raid du Mercantour

Date : 18/6/2005

Lieu : St Martin- Vésubie (Alpes-Maritimes)

Affichage : 2772 vues

Distance : 102km

Objectif : Objectif majeur

4 commentaires

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Presque trop facile :lol:

J'ai réussi mes 2 objectifs, fixés avant course :
- Terminer.
- Finir avant la nuit.

J'ai fait une course très sage avec un départ au fond du peloton et une remontée progressive avec toujours un coup d'oeil au cardio.
130-140 en courant avec souplesse lors de la montée sur bitume pour aller à Venanson. Quand j'ai vu ça, j'ai su que j'étais bien et que le corps allait répondre présent aujourd'hui. Jusqu'au 1er ravito, je ne vais que très peu profiter du paysage, cherchant plus les sensations et surtout à ne pas me faire embrocher par les planteurs de bâtons.
Ce 1er ravito placé à 2040 m marque mon nouveau record d'altitude. Je suis dans les 100ers. Et on continue à monter pour aller jusqu'au col de Barn à 2457 m où j'arrive à 07 h 07.
Je suis 75ème au pointage*.




Aucun problème de manque d'oxygène ou autre, c'est déjà une bonne chose.

Je fais la descente tranquille me souvenant des conseils de Yoyo** avec qui j'ai partagé quelques séances d'entraînement. En l'abordant, je prends un gel. Splendide erreur que je ne renouvellerai pas par la suite. Trop difficile de manger quoique ce soit en descendant des pentes abruptes. Je me suis fait dépassé pendant cet épisode. Ce sera l'une des rares fois en course si l'on excepte les arrêts au ravitaillement où chacun aborde ces moments avec des stratégies différentes.
La descente, difficile au début, s'adoucit et permet de prendre beaucoup de plaisir. C'est beau.


On traverse et retraverse des cours d'eau. C'est très vert. La température est idéale. Bref le pied.
J'arrive au bas. Là des jeunes de 12-14 ans nous attendent et nous accompagnent sur 300 m et repartent en bas de ce faux-plat montant. Très sympa. Une petite anecdote : ils n'ont pas pu suivre en VTT les 1ers (Sherpa et Jacquerod). Moi, j'ai tout de suite préféré marcher, certes rapidement, ne voulant prendre aucun risque. Nous ne sommes qu'au 21ème km. Et je suis 73ème.
Arrivé au Boréon, 30ème km. Je suis bien, je me restaure et repars au bout de 6-7 mn.
Le paysage devient vraiment sublime, des cascades en veux-tu, en voilà, je fais quelques photos vite fait.




En fait, je ne veux pas perdre de vue un gars qui est devant moi, qui me paraît monter à la même allure que moi donc je ne m'attarde pas trop à poser et regarder. Et j'ai bien fait car nous avons vraiment la même vitesse de progression en montée. Nous nous dirigeons vers le Pas des Ladres et nous faisons un carnage, ramassant les concurrents essoufflés par la dureté de cette montée. J'ai toujours un oeil sur le cardio me fixant comme limite 160 p/mn. Les rares fois où je vais dépasser cette zone, ce sera pour doubler, exercice qui impose d'accélérer ou de passer où c'est le plus raide. Et à chaque fois, je laisserai redescendre le palpitant de 10-15 p pour repartir.


Le Pas des Ladres est enfin là, nous sommes accueillis au son d'une clarine par les pointeurs. J'adore. Je suis donc avec le gars cité ci-dessus, Alain, et je décide de faire course commune.

Je descends un peu plus vite que lui et arrive à la Madonne des Fenestres, quelques mn avant.
Il est 10 h 47 et je suis 48ème.

Il était tant pour moi d'arriver à ce ravito car je commençais à ressentir les prémices de la fringale. Nous sommes au 45ème km et déjà 3000 m+. Je mange goûlument 2 soupes aux pâtes + 1 assiette de...pâtes. Et mine de rien, je suis bien...assis. Comme quoi, la fatigue commence à s'installer.

Après 11 mn de repos, on repart direction le relais des merveilles, ravitaillement principal où sont disposés nos sacs. Je passe devant et donne le tempo. Purée que c'est dur ! Les pentes douces, ils ne connaissent pas dans le coin ? Je fais la descente toujours avec quelques mn d'avance sur Alain et nous nous retrouvons au Relais - 57ème km.
Il est 12 h 58 et je suis 47ème.
C'est à ce moment-là que je commets une erreur, je laisse partir Alain avant moi pensant le récupérer plus loin. Mais j'ai oublié de prendre mes ravitos personnels dans mon sac et voilà comment je perds quelques minutes qui me seront "fatales". Je ne reverrai Alain que de loin ou aux ravitaillements d'où il repart quand j'arrive ou presque. Dommage.

Mais j'ai trouvé un autre sparring-partner en la personne d'Hervé. Je suis apparemment un tout petit peu plus performant mais je préfère assurer, me rassurer par la présence de quelqu'un pour être sûr de ne pas flancher. Car rien n'est gagné à ce stade,

le Pas de l'Arpette m'a quand même vu m'employer pour en venir à bout. Une fois au refuge des Merveilles, je me fais chouchoutter par les bénévoles, avachi dans l'herbe. Que c'est bon de se reposer. Nous avons bien dû rester 15 mn ici. Je n'ai plus de chrono-cardio depuis 2h, il s'est bloqué et donc fini la prise des temps de pause et autres. Tant pis pour les stats.
En avant la Cime du Diable, point culminant du parcours - 2685 m. Lors de cette difficile ascension, je m'arrête souvent pour ne pas prendre trop d'avance sur Hervé et, là, je commets une nouvelle erreur : j'aurai dû prendre cette avance pour me soulager d'un besoin naturel. Et qu'ai-je fait : je l'ai attendu pour lui annoncer au sommet que je m'arrêtais et que je le rattrapperai plus bas.
Il est 16 h 06 et je suis 40ème.
Mais que fut long cet arrêt, les intestins jouant avec mes nerfs. Et voilà comment perdre au minimum 3 mn.
Je repars avec la ferme volonté de rejoindre Hervé au plus vite. Mais le début de cette descente est périlleux, des énormes pierres obstruent le passage. J'avoue que je n'aurais pas aimé passé de nuit ici, ma progression est quasi nulle tant je ne suis pas rassuré.
Mais une fois passé, je me suis régalé. Une longue descente avec une 1ére partie composée d'un petit chemin qui serpente dans la pente. Je suis certain que quelques uns, des bons descendeurs, ont dû couper méchant à cet endroit. Je préfère assurer sur le chemin principal . Arrive ensuite, une partie herbeuse : c'est à ce moment que j'ai pris le plus de plaisir, je ne sens absolument pas les 75 km de course, la foulée est souple, dynamique et ça va vite, très vite.
Passage au col de Raus à 16 h 46 - 39ème.
Puis vient une piste forestière très large et... chiante. Je cavale encore pas mal, double quelques concurrents lassés par cette partie mais je m'ennuie un peu. Heureusement qu'au loin, j'ai entraperçu Hervé ce qui continue à me motiver pour ne pas baisser l'allure. Une fois à sa hauteur, je relâche. Nous finirons ensemble les derniers interminables kms pour rejoindre Belvédère , le dernier ravitaillement.

Il est 18 h 03 - 35ème.
Je retrouve Alain qui est, lui aussi, très content d'être assis, il est arrivé il y a 4 mn mais lorsqu'il repart, j'opte pour finir avec Hervé. Je sais que de toute façon, j'irai au bout et qu'il y a beaucoup de chance que je finisse avant la nuit. Mes 2 objectifs d'avant-départ sont remplis.
Ce dernier arrêt va bien nous prendre 20 mn. Une fois assis, il est bien difficile de se relever.
Hervé est bien atteint et repart difficilement. Les jambes sont raides. Pour moi, c'est bon. C'est pas le top quand même, faut pas exagérer. Il est évident que j'aurai pu finir plus tôt mais je préfère rester en sa compagnie. Après tout, sa présence m'a bien motivé auparavant. Après 10 mn de marche, un concurrent nous dépasse et nous indique qu'il veut absolument finir avant la nuit. Du coup, je commence à douter sur mon 2ème objectif et décide d'embrayer derrière lui. Je regarde Hervé. C'est bon. Il s'est mis à courir. Et notre poisson-pilote, Jean-Michel, va nous faire la trace pendant 6 km.
Pour aborder la dernière difficulté, je me place en tête du trio. Mais quelle difficulté ! Les 1ers kms, ça va, ne sont pas trop pentus. Mais je sens bien mes collègues coincer un peu et suis obligé de ralentir la cadence et nous n'avons pas abordé le morceau de choix : 300 m+ avec 50 lacets.
Là avec plus de 90 bornes dans les jambes, ça tire la langue sévère. Je suis devant et je fais des pauses à la fois pour attendre mes compères mais aussi pour faire redescendre le palpitant. Je les attends 2 mn en haut, au pointage, une pause aussi pour eux et nous repartons. Il reste 9 km. Et ce sera super en étant parfois tous les 3 de front sur le large chemin final avec une motivation exemplaire pour ne pas lâcher. Il n'y aura bien que dans les 2 derniers kms où je vais coincer un peu par manque de carburant. Cela fait 1h30 que je n'ai rien mangé, plus de pâtes de fruits ou de gels.
L'arrivée dans St Martin-Vésubie se fait sous les applaudissements et nous franchissons main dans la main la ligne d'arrivée, un sourire coincé au travers du visage.

YES Nous arrivons vers 21 h 20. 17 h 19 mn 10 s pour faire les 102 km et 6200 m+ - 33ème .

*Données fournies par le Spiridon Côte d'Azur
http://perso.wanadoo.fr/apaches/Mercantour2005/resultats.htm

** http://yoyop.over-blog.com/

4 commentaires

Commentaire de Antoine GUILLON posté le 10-01-2006 à 14:28:00

Bravo Cyrille pour ta performance et cette belle gestion de l'effort.Merci aussi pour les photos qui font renaître des émotions passées.
Antoine Guillon

Commentaire de L'Dingo posté le 19-05-2006 à 21:20:00

Cyrille,

je me demande encore tu as pu faire 17h , en attendant un compagnon ET en prenant des superbes photos des paysages.

TROP FORT !!!

ça promet pour ton GTV .

Commentaire de akunamatata posté le 23-08-2006 à 00:02:00

super CR Cyrille!
j'ai mis le lien dans mon Blog (on a fait le mercantour en 2006 pour finir le circuit que Jacq n'a pas pu finir en 2005)

Akuna

Commentaire de rapace74 posté le 12-12-2006 à 18:31:00

merci pour ton CR et tes superbes photos!!!
je suis inscrit cette année et j'essayerais de tenir comme toi ces deux objectifs mais cela sera tres dur!! ce CR est tres motivant...encore bravo

rapca74

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