C'est avec un brin d'anxiété que je prends le départ. Le parc de la verrerie au Creusot. Bon sang de bon sang, je m'en souviens de ce parc où en janvier 2003, je m'écroulais à mi-course pour finir comme une larve les championnats départementaux. 

Pas mal de monde sur la ligne. Un joli peloton de vétérans. Hé oui, cette année, j'ai fait le grand saut dans le monde de l'érection déclinante. Sont mélangées, là, plusieurs générations et, moi, je fais partie des tout jeunes. Mais franchement, à part pour certains V2 et V3, je ne vois peu de différences entre les athlètes. Peu importe l'age des participants, les visages sont émaciés, les muscles bien dessinés, pas de soucis, nous sommes bien dans le monde de la compétition.

 Coup de pistolet

Il faut absolument que je reste sage sur le 1er tour pour ne pas rééditer ma contre-performance passée.

Je contrôle bien ce départ. Avec le regard porté à la fois devant moi pour ne pas marcher sur quelqu'un et sur mon cardio que j'ai décidé de porter aujourd'hui. Pas réellement dans un souci de gérer ma course avec mais plutôt pour voir les données plus tard.

La 1ère boucle n'est pas difficile, les petites côtes passent toutes seules avec la fraicheur. Je profite des passages plus larges pour doubler. Oui car je veux bien qu'il faut que je parte raisonnablement mais il faut quand même avancer. Mon objectif aujourd'hui est clair : la qualification pour les inter-régionaux. Et pour ça, il me faut finir dans les 30ers. Pour l'instant je dois être aux alentours de la 50ème mais je suis serein. A observer ceux avec qui je suis, je sais qu'ils sont déjà en souffrance. C'est bon pour moi.

Fin du 1er tour (petite boucle) et c'est parti pour le 2ème (moyenne boucle).

 

  Je continue ma remontée. Les pulsations sont maintenant aux alentours des 175. Bref, ça ne rigole plus. A un moment, je regarde ma montre et je vois un 12mn et quelques « putain c'est tout ! ».

Je reviens sur un gars du club d'Autun, Frédéric Janiszewski. Nous allons rester ensemble jusqu'à la fin à quelques mètres l'un de l'autre, soit devant, soit derrière au gré du profil. Lui plus à l'aise sur le plat, moi dans les bosses.

Passage sur la ligne et départ pour le 3ème tour (moyenne boucle). Je suis avec Fred. Pour les besoins du CR, je l'appelle Fred, car en vrai, je vous avoue que nous n'avons pas eu le temps de sympathiser.

 On grignote, on grignote patiemment mais sûrement des mètres sur ceux qui nous devancent. Le Fred, c'est pile poil la personne qu'il me fallait aujourd'hui, il ne lâche rien et m'oblige à me faire violence.

 

Et heureusement qu'il est là car nous attaquons la grande boucle avec sa montée au château. Nous avons récupéré un groupe dans le faux-plat montant. Il m'a fait mal celui-là. J'ai fait l'effort pour revenir. 181 au cardio, ça commence à chatouiller. Heureusement après ce faux-plat il y a un bout de plat qui permet de se refaire la cerise avant d'entamer la petite côte. Côte que je fais en-dedans. Je préfère rester coller à ceux que nous venons de rattraper.

 

 

En haut, ça relance fort. Pas le temps se reposer. Cette fois, nous avons un petit groupe de 4 coureurs devant. Je relâche un peu dans la partie facile du parcours, le cardio est redescendu à 175.

 

Nous sommes, Fred et moi, à quelques secondes, quelques mètres mais impossible de recoller. Les gars devant sont de notre niveau. Plus de marge sur d'éventuels concurrents à ce stade de la course. A ce moment je dois être 30ème ce qui me semble juste pour la qualif'. Va falloir se faire violence pour aller chercher la place.

 

 

C'est dans le dernier tour que nous allons faire la jonction, sur l'ignoble faux-plat montant. Je me donne à la façon « ça passe ou ça casse ». Faut que je revienne. Jonction faite, j'espère juste qu'ils sont tout aussi proches de la rupture que moi et ... ils le sont. Ouf. J'ai le temps de récupérer un peu dans le faux-plat descendant.

 

 Je fais la petite descente bien pentue qui suit à bloc. Remontée. On tourne autour d'un chêne. Ça a marché. Fred est avec moi. Les autres sont derrière. Plus moyen de penser à récupérer maintenant. Une partie plane, au jugé, à 3'35''/km puis c'est le virago sur l'herbe et les feuilles avec un rendement très faible. Fred accélère dans cette partie. J'ai très mal géré à ce moment. Je lui ai laissé prendre quelques mètres car je pensais que nous avions encore un S à aborder donc au moins 200-250m en plus. Mais, vache, je me rends compte de mon erreur alors que je vois un officiel nous diriger dans la ligne droite finale. Trop tard. Ça m'apprendra à ne pas avoir décoder le parcours correctement. Entrée sur la ligne droite pour le sprint final. Comme je ne me retourne pas en compétition, je ne sais pas où se trouvent mes adversaires et donne tout ce qu'il me reste de forces. Fred fait un joli sprint, je ne lui reprendrais rien.

 

 

 

Je passe la ligne au bord du vomissement. Je ne pouvais pas donner plus aujourd'hui. La course (que je juge) parfaite, si j'excepte l'erreur finale. Je finis à la 25éme place.

Qualifié pour les demi-finales du championnat de France où l'objectif sera d'être à la hauteur des gars qui m'ont mis 30'' aujourd'hui. Pas suffisant pour se qualifier pour la finale mais satisfaisant pour mon égo.

 

* Les photos sont de Robert Marchand, mon président de club.