Récit de la course : Saintélyon 2009, par tidgi

L'auteur : tidgi

La course : Saintélyon

Date : 6/12/2009

Lieu : St étienne (Loire)

Affichage : 4220 vues

Distance : 69km

Objectif : Pas d'objectif

7 commentaires

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La SaintéLyon... ou l'autre Fête des Lumières !



Prologue et préparation
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La SaintéLyon. Un nom mythique mais en tout cas une course que je n'aurais jamais fait il y a encore 2 ans :  moi courir de nuit ? 69km ?  Cà ne va pas non !... Euh OK je veux bien une vingtaine de bornes car je me connais, les conditions de courses vont me "saouler"...

En fait l'étincelle est venu en fin d'année dernière, après l'édition 2008. Une majorité des coureurs du club, toutes catégories confondues, l'avait fait (solo ou relais). Ils étaient plutôt enthousiasmés lors du repas de fin d'année. C'était décidé, j'allais la faire en 2009, mais en relais dans un premier temps...
Puis ma "success story" sur le marathon de Genève (bien que ce ne soit pas le même type de course) allait définitivement me faire basculer du côté obscur, en partant solo pour toute la nuit...
Repousser les limites et s'attaquer un peu plus au trail, moi qui vient plutôt du bitume et avec peu d'expérience (en effet, j'ai plutôt à mon actif 3 marathons plats + quelques courses d'une vingtaine de km).

La préparation s'est fait à l'aide de quelques courses "locales" de toute nature - parfois en enchainant tous les 15 jours - et avec le plan à 3 jours/semaine proposé sur le site de la course.
Le moral était plutôt bon, et renforcé par un bon chrono sur le trail de Toussieux, malgré l'enchainement de quelques sorties libres les jours précédents.
Le physique était donc là, restait à avoir le mental car ce dernier me paraissait incourtournable sur cette longue distance.

Les jours précédents la course, toute information est bonne à prendre. Ben oui, il faut bien se rassurer. Partir comme çà dans l'inconnu, çà fait un peu peur quand même. De fait, on essaye de limiter les imprévus...
Alors je me promène entre autres sur Kikourou (ben oui quand même ! ), à la recherche de témoignages, de trucs et astuces. La dernière inquiétude en date étant "quelles chaussures je vais bien pouvoir mettre".
Moi, plutôt bitume, ne vaut-il pas mieux me préserver pour la fin, au risque de peiner au départ, mais avec - encore - de l'énergie ? Vous verrez plus loin ...
Sur dos, un "camel" avec 1 litre d'eau, histoire de ne pas trainer sur les premiers ravitos.

N'ayant aucun repère sur ce type de course, je vise surtout de terminer mais pour avoir quelques "croquettes" à me mettre sous la dent, je tente la Sainte de Bronze : 8h30 (çà fera toujours une médaille qui en fait n'est qu'une inscription sur le diplome...).
Du coup, j'ai mon petit papier avec les horaires de passage, histoire de se sentir moins seul ! Les répères sont là, le physique aussi, reste à voir comment se comporte le mental.


Le départ
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Départ en train depuis chez moi où je retrouve ChrisTof, rencontré sur Kikourou, après sa participation à la "Nuit des Cabornes" (je fais partie de l'orga). Ensemble, direction Saint Etienne où nous récupérons les dossards dans le Hall (pas trop de monde, c'est cool, pas de stress inutile).
Puis ensuite direction l'AAB, avec là plein de kikous (où comment mettre des visages sur des pseudos - bravo encore à Blob et Mamanpat !). Une ambiance "feutrée" qui permet de manger tranquillement, et puis se changer, sans être dans le bruit assourdissant - on m'avait prévenu - du Hall de ParcExpo.

23h : direction le Hall justement, histoire de s'en prendre pleins les oreilles. Tiens le speaker fait de la pub pour Kikourou, et présente ArthurBaldur et Biscotte, qui - eux - se sont échauffé avant de prendre le départ. Oh pas grand chose, à pied ils viennent juste de... Lyon.

23h30 : sur la ligne de départ, avec ChrisTof et un ami à lui. Nous ne sommes pas loin de l'arche. Ca va doubler de tout les côtés !! On déconne, faut bien çà avant de lacher les chevaux. Je me dis "çà y est, tu es là, çà va le faire". Le moral est bon (encore un dernier SMS de soutien et je range le portable). J'ai l'habitude d'écouter de la musique quand je cours (donc de m'isoler un peu), mais là, vu la distance, la batterie n'allait pas tenir - j'ai fais des tests quelques jours avant. Donc je serai de "tout corps" avec la masse des coureurs, je mettrai la musique vers la fin s'il le faut. J'active le GPS de ma montre, qui met du temps à capter, çà y est, c'est bon.

00h00 : c'est parti pour la folle aventure.


La course
Saint Etienne - Saint Christo en Jarez (arrivée 1h42)
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Départ tranquille, en effet çà double. Je ne m'emballe pas. Je pars pour l'inconnu, alors prudence (peut-être trop, nous verrons à la fin). Déroulé à 10-11 km/h. Cette partie bitumeuse ne présente pas trop d'intérêt sinon de s'échauffer (ben oui tiens, on ne s'est pas échauffés !).
Il fait bon, çà discute, au loin la nuit et le noir qui nous attend dans quelques dizaines de minutes. Un petit pipi et çà repart... Etrange sensation de partir pour toute une nuit, en courant... Je pense à mes proches.
9° km : première montée. Tout de suite on a chaud  (déjà que la nuit est particulièrement clémente). Et le premier sentier, donc sans bitume. Quelques ralentissements, çà se dépasse, çà se fait dépasser... Un petit regard en arrière au niveau de Sorbier pour découvrir ... le ballet de frontale... et Saint Etienne au loin : magnifique. Ca va être une belle nuit...

Petite contrariété : j'ai l'impression que mon "camel" fuit, c'est humide à la base de mon sac (çà m'est déjà arrivé une fois). Ah, çà part mal cette histoire...
Descente sur Saint Christo : curieux cette file de voiture. Ah oui, ce sont les relais ! Dans Saint Christo, il y a du monde pour nous encourager. Et au ravito, trop de coureurs, pas moyen d'atteindre le "bar". Un tuc attrapé sur la table et çà repart de suite. J'ai de quoi boire, çà fuiera moins longtemps.


Saint Christo en Jarez - Moreau (arrivée 2h28)
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Sur cette portion les premiers relayeurs nous rattrapent en criant "attention gauche" ou "relais". On les laisse bien passer mais et on se demande qui est prioritaire. Du coup, les dépassements sont plus hésitants (jusqu'à Saint Genoux) car je ne sais pas si un bolide va me foncer dessus lors de mon dépassement, ce dernier étant forcement moins rapide...
Arrivée à Moreau, petit ravito où il y a beaucoup moins de monde, un sourire échangé avec les bénévoles. Là je prends le temps de me restaurer : un thé chaud + du sucré. Et çà repart en vérifiant que le camel n'a pas l'air de fuir plus que çà.


Moreau - Sainte Catherine (arrivée 3h11)
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Une portion difficile, essentiellement sur chemins.
Le moral commence à en prendre un coup lorsque je vois "Arrivée 45 km" : pas l'habitude de voir ce genre de panneau. Même pour un marathon, ils ne mettent pas au départ "encore 42 km" !
La descente sur Sainte Catherine semble interminable. Puis arrivée au ravito où curieusement, je m'attendais à plus de coureurs. J'enlève mon camel pour récupérer le verre : mince, je l'ai perdu (polleur malgré moi ). J'attrape alors un double verre plastique (pour plus de résistance), ce sera mon verre pour toute la course. Un peu de coca et c'est reparti. Je croise Pascal (de mon club) qui attend son relayeur (Olivier). Il est 3h15, je continue ce que j'attend être un chemin de croix (en l'occurrence le bois d'Arfeuille).


Sainte Catherine - Saint Genoux (arrivée 4h24)
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D'après mon petit papier, il ne faut pas que je traine si je veux rester dans l'objectif initial.
Il s'avère que je me "traine" sur cette partie, malgré de bons moments de descentes dans le bois d'Arfeuille (finalement pas si dur que çà). Mais l'arrivée au ravito : que c'est long !   En plus je commence à avoir mal au bide...
Mon GPS m'indique déjà 35 km alors que le ravito est censé être à 34 km (çà je n'ai pas compris, surtout qu'en arrivant à Saint Genoux, c'est bien marqué 34 km ???).
Petit hangard sympa où çà se bouscule un peu, j'hésite à repartir de suite avant de finalement prendre un petit verre de coca (çà passe bien le coca).
A la sortie, étirement obligatoire car les jambes deviennent très lourdes. Le moral est moins bon car je me demande si je vais arriver à refaire la même distance qui me sépare de l'arrivée.  De plus, je suis plutôt sur une arrivée en 9h : çà va être dur pour la Sainté de Bronze...
Un sourire à quelques bénévoles qui ont moins chaud que moi et c'est reparti... Allez faut se remotiver


Saint Genoux - Soucieu en Jarrest (arrivée 5h21)
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La montée après Saint Genoux me parait moins difficile après ces étirements (à refaire à chaque ravito me dis-je). la portion bitume et chemins "plus faciles" me permettent de retrouver un rythme plus rapide. Je n'arrête pas de doubler, çà c'est bon pour le moral.  Malgré un mal de bide qui revient...
Dans un hameau juste avant Soucieu, je me retrouve un peu seul. Je manque un virage mal indiqué (ou que j'ai mal vu), en hésitant à tourner dans la bonne direction : gauche ou droite. Ce sera gauche, c'est bon, je vois du monde devant...
L'arrivée à Soucieu se fait dans la "foule", les derniers relais se préparent. Je prends un demi verre de coca pour faire passer ce mal de ventre qui s'efface au profit d'une remontée de moral : super ! Je reviens dans des temps qui me paraissent honorables.
Encore des étirements, et je repars en marchant, le temps de sortir 2 barres, de ranger mon gobelet de fortune, de mettre à présent la musique sur les oreilles. Et je repars en trotinant progressivement.


Soucieu en Jarrest - Beaunant (arrivée 6h41)
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En effet, je vois qu'il est 5h30, moins de 24 km à faire. Du coup je me dis que l'arrivée en 8h est jouable (ben oui pourquoi pas !).
Allez ! Une autre course commence pour moi (ok, j'ai déjà un marathon dans les jambes, mais je me dis qu'il ne faut pas y penser : arriver en 8h, voire juste un peu moins serait le top...). 24 km ! J'en ai déjà fait des courses de ce kilométrage, alors j'essaye de me mettre dans les mêmes dispositions mentales. On y croit !
Le passage du Garon, descente sans forcer et remontée en marchant, comme tous autour de moi. Je me dis que les 3 dernières côtes à faire en marchant vont me permettre de récupérer et de m'alimenter (une barre ou un gel).
Le passage à Chaponost se fait dans une sensation de froid (climat ou organisme qui ressent de la fatigue ?).
Une passerelle et çà remonte (ben je l'avais pas identifiée celle-là). Pas grave on récupère.
A nouveau les jambes qui tirent, les descentes sur bitume (même pour un "bitumeux") font mal : je me remets à douter sur l'accroche des 8h.
On approche des acqueducs et l'arrivée à Beaunant.
Pas grand monde au ravito (je dois être dans les 50 premiers : çà c'est pour la déconne à ce moment là ! ).
Re-coca, le mal de ventre a disparu mais je prends mes précautions. Une patte de fruit, des étirements encore, et çà repart en courant d'abord puis en marchant dans la fameuse côte - interminable - de Sainte Foy.


Beaunant - Lyon Saint Georges (arrivée 7h30)
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En marchant, mais vite quand même, je me sens bien et je sais maintenant que je vais terminer (sauf chute malencontreuse).
7h, je suis dans Sainte Foy.
7h15, je passe au panneau marquant Lyon : çà sent bon çà ! Allez ! Traversée de la montée de Chouland (sans voiture ???) et dernière côte (on se demande pourquoi elle est là celle-là) :  à nouveau marche pour tous...
Puis descente par la montée du Gourguillon (je la connais celle-là pour l'avoir montée plusieurs fois lors du Lyon Free VTT). Je passe un coureur qui descend l'escalier en marche arrière (ouille, quand çà fait mal !).
Puis déboulé - insconcient car il y a des pavés - sur la descente : je me lache, il me les faut ces 8h ! Arrivée au ravito ou finalement je m'arrête quand même pour prendre un sucre (alors que dès le départ je pensais zapper ce "check-point").


Lyon Saint Georges - Parc de Gerland (finish 7h58)
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Passage de la passerelle sur la Saône et entrée dans Ainay : un coureur trébuche juste devant moi.
Je lui demande si çà va : Ok rien de cassé, je repars !

Je passe le Rhône et atteins les quais : cette fois c'est la dernière ligne droite. En plus je connais ce coin pour y courir parfois entre 12h et 14h. "Tu es chez toi, tu connais, alors fonce !" Mentalement, çà parait, de fait, moins interminable.
J'accélère encore car je doute de passer sous les 8h : il n'y a plus que çà qui m'obsède maintenant, je n'ai plus mal.

Je double encore du monde, personne ne me double. Entrée dans le parc de Gerland : tiens les nattes de Mamampat (je ne suis pas sûr qu'elle ait entendu mon petit mot d'encouragement).
L'adrénaline est à son maximum : je fonce comme si je faisais un 10km, incroyable ! Je me surprends. Dernier virage, je vois l'arche noire, mais ce n'est pas là qu'est jugée l'arrivée... Allez encore 75m. Le public applaudit, crie, c'est génial (si en plus il y avait eu mes proches, ç'aurait été terrible) ! Je rentre dans le palais des sport : top chrono. J'arrête ma montre : 7h57 !!! 


L'après course
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Je réalise ce que je fais. Mon collègue de travail, arrivé depuis près d'1 heure et demi est derrière la ligne. Mes premiers mots sont d'avoir réussi à décrocher ce temps en dessous de 8h (comme s'il eu été évident de terminer !!)...
Après avoir pris le "fameux" tee-shirt de finisher, je vais chercher mon sac, pensant prendre une bonne douche (en fait elle est trop froide, pas le courage, ce sera à la maison).
Je vois David, lui aussi arrivé depuis bien longtemps. Je me dirige vers le vestiaire.
Les SMS affluent (merci le suivi live)  : BRAVO ! BRAVO ! Finisher ! Je ne réalise pas bien encore... Mais... je l'ai fait... Séquence émotion...


Le bilan
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Pour une première distance aussi longue pour moi, je suis plutôt satisfait de mon résultat...
Etonnament (mais çà c'est l'expérience qui me le montrera), je n'ai jamais pensé que j'allais abandonner (même à Saint Genoux).

La 1° moitié de la course aura été difficile pour moi, peu à l'aise en chemin, surtout quand il y a du monde. Et qui plus est quand il faut se pousser pour laisser passer les relais. Le moral était au plus bas à Saint Genoux : encore la moitié de la course à faire, plus dans les temps espérés, panneau "arrivée 45km"  !

Ensuite, la "descente" sur Lyon, ponctuée de beaucoup plus de bitume, m'a fait reprendre confiance en moi. J'ai pu ainsi mieux me "lacher" en dépassant sans cesse (le physique était là, malgré le mal de jambes, et parfois de ventre). Merci à mes Nike Vomero : de vrais chaussons dans lesquels je me sentais bien déjà au marathon de Genève.

J'ai vraiment vécu une autre course sur les 25 derniers km, musique dans les oreilles et concentré sur cet objectif horaire (pour une première, quelle idée d'avoir un objectif horaire !). J'ai même doublé 60 personnes sur le dernier tronçon...

En tout cas une superbe expérience qui m'a permis, entre autres de voir :
- Que je suis capable de courir quasi 70km !
- Que je suis capable de courir au moins 5h30 sans musique dans les oreilles !
- Que je suis capable de passer une nuit blanche sans avoir l'envie de dormir !

Malgré le carton rouge à ceux qui sème des gels et autres emballages , bravo aux bénévoles et à l'orga, car il faut gérer une course comme çà : plus de 10000 participants, 69 km.
Je ne sais pas encore si je la referai l'année prochaine, mais un énorme souvenir gravé dans ma mémoire.

Et une envie de recommencer sur des distances similaires : me voilà avec un pied dans l'ultra ! 


 

7 commentaires

Commentaire de Mamanpat posté le 15-12-2009 à 11:43:00

Mais c'est donc toi qui a piqué un sprint comme si un animal sauvage te poursuivait ? Avec les pieds qui partaient dans tous les sens ?
J'en aurai bien ri mais à ce moment là... pas facile de désserer les dents !!!

Un grand bravo à toi pour cette belle première !

Commentaire de tidgi posté le 16-12-2009 à 09:38:00

On lache les chevaux et on ne contrôle plus ses pieds ;-))

Commentaire de maya posté le 16-12-2009 à 17:19:00

bien comme çz t'as qu'à plus qu'à m'accolpagner sur des longues distances on sera 2 à les découvrir !!!hi hi hi

Commentaire de jean-chris05 posté le 16-12-2009 à 23:02:00

J'ai suivi le déroulement de ton récit avec attention. Allais-je te rattrapper avant la fin? Je n'avais que 9min de retard à st Genoux. Allais-tu craquer sur le final?
Et bien non, tu t'es envolé pour finir loin devant.

Félicitations.

Commentaire de l'ourson posté le 21-12-2009 à 22:34:00

Bienvenue au club des finishers de la Sainté !

L'Ourson_merci_pour_ton_CR

Commentaire de thunder posté le 22-12-2009 à 10:11:00

félicitations pour tes premiers pas au delà du marathon, maintenant il va falloir voir les distances à 3 chiffres ;) bonne continuation

Commentaire de julsocks posté le 24-12-2009 à 00:18:00

Bravo, j'etais vraiment dedans la. J'ai vecu la meme experience chrono en essayant d'atteindre un objectif que je m'etais fixe en pleine course car je me sentais bien. Pal mal de frissons a l'arrivee, hein?

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