L'auteur : aragorn23
La course : Le Grand Raid de la Réunion : La Diagonale des Fous
Date : 23/10/2009
Lieu : ST PHILIPPE (Réunion)
Affichage : 5590 vues
Distance : 150.1km
Matos : Un bâton en bois, un sac Raidlight avec une poche de 2L.
Objectif : Terminer
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La Diagonale des fous, un projet vieux de 2 ans, à l'initiative de Gilles, qui a réussi à motiver trois autres membres de notre association de course à pied : Bon Pied Bon Oeil (Pascal, Patrick et moi-même).
Avec Gilles et Pascal nous visons un objectif d'environ 60 heures, soit une fin de course pour le dimanche 25 Octobre vers 12H00, en essayant de rester le plus longtemps possible ensemble.L’été a vu en plus chacun effectuer de nombreuses sorties en montagne dans les Pyrénées (Mont Valier, Crabère, Cagire etc..).
Arrivée à la Réunion le mardi 20 octobre soit trois jours avant : c’est un minimum, le temps de récupérer
du voyage de nuit et de s’acclimater.
La difficulté, une fois arrivée à la Réunion est de résister au Rhum arrangé, aux plats épicés et de se rabattre sur le poisson et le riz.
Le mercredi récupération des dossards au stade de la redoute à Saint-Denis. Organisation au top, en 20 minutes on est paré d’un tee-shirt, d’un débardeur, d'une casquette Saharienne et de notre dossard.
On espère y être dimanche.
Récupération des dossards au stade de la redoute : de gauche à droite votre serviteur, Pascal et Gilles.
Jeudi on retrouve, pour le repas de midi, au bord de la plage à l'Hermitage trois coureurs Toulousains habitués du Grand Raid avec qui nous avions passés une soirée pour nous tuyauter sur la course: Patrick, son frère Pascal et Jean.
Après le repas une dernière petite sieste sous les arbres au bord de la plage avant un départ pour le cap méchant.
Dernier repas à la plage avec Pascal, Patrick et Jean.
Une dernière sieste avant le départ
Les prévisions météo ne sont pas bonnes pour la montée du volcan et d’après le journal local les premiers seront épargnés pour le reste du parcours mais pas les coureurs lambda qui auront droit à des pluies soutenues.
Mauvaise nouvelle, la pluie commence à tomber sur la route et ne nous quittera pas avant Cap Méchant.
Avec Pascal on se dit que l’on a bien fait de participer aux Citadelles c’était une très bonne préparation.
Côté logistique je me suis posé longtemps la question de savoir si je devais courir avec un bâton. Le règlement n'autorisant qu'un seul bâton en bois sans bout pointu alors que j'ai pris l'habitude de courir avec deux bâtons en fibre de carbone télescopiques.
J'ai tout de même amené un bâton de bois de la métropole, que je me décide à accrocher à mon sac au dernier moment. Vu la météo il pourrait m'être d'une aide précieuse.
Dans le stade réservé uniquement aux coureurs contrôle des sacs avec comme matériel obligatoire :
On se met en queue de peloton en attendant le départ. Juste derrière nous une goélette avec un handicapé à bord. Au total 3 ont pris le départ avec 18 porteurs qui se relaient.
La pluie est de plus en plus violente.
Minuit : départ donné au son des percussions. On sort du stade pour attaquer la route où la pluie coule à torrents. Malgré le temps les spectateurs sont très nombreux à nous encourager.
Pluie diluvienne
Départ au sprint pour les prétendants à la victoire
Pascal
Je vois ma femme Sonia au bord du trottoir et m’arrête pour une photo. Le temps de la prendre et de me retourner Pascal et Gilles sont déjà plusieurs dizaines de mètres devant moi.
Pascal étant grand je le vois de loin. J’essaie de m’accrocher mais en regardant mon Garmin je m’aperçois que je suis déjà à plus de 8 km/h. Je décide donc de ne pas essayer de les rejoindre de suite. La route est encore longue.
La première barrière horaire est à 03H00 du matin au bout de 15,9 km.
On commence par 2,9 km de route avant d’attaquer la montée au milieu des champs de canne à sucre et enfin le GR du volcan toujours sous une pluie diluvienne. Je monte à un bon rythme en regardant les concurrents que je double ou qui s’arrêtent afin de voir si je ne retrouve pas Pascal et Gilles.
Le chemin n’est pas trop raide et la température est bonne.
La pluie nous accompagnera pendant 2 bonnes heures.
Arrivé au premier pointage, j’appelle Gilles pour savoir où il en est avec Pascal.
Il m’indique qu’il a passé le pointage une dizaine de minutes avant moi, mais qu’il est tout seul ayant perdu Pascal dans la montée. Je lui demande de m’attendre au premier ravitaillement afin que l'on puisse continuer ensemble.
J’arrive au ravitaillement quelques minutes plus tard où je retrouve Gilles en compagnie de Pascal.
Le ravitaillement a été pillé. Je récupère un morceau de banane et un verre de coca. Il en sera de même pour la majorité des ravitaillements. Il ne fait pas bon être dans les derniers. Je récupère Gilles et Pascal en pleine forme. Pascal est monté avec Patrick Bellon et Pascal alors que Patrick Nadrault est avec Jean Picault. Nous entamons donc la suite de la montée du volcan à trois comme prévu. Nous avons juste attendu 2H30 et 15,9 km avant de se retrouver.
De suite après le ravitaillement la pente devient nettement plus raide, qui plus est en monotracer. Mon bâton accroché dans mon dos se prend assez régulièrement dans les branches. Devant la pente et vu le nombre de coureurs (environ 2500) il arrive assez fréquemment de se croire sur le périphérique à Paris aux heures de pointes alors que nous sommes en plein milieu de la nuit dans la montée du piton de la fournaise. Cela me rappelle étrangement la course des templiers avec son bouchon de 45 minutes dans la descente vers St Sulpice. Vont-ils en tenir compte au niveau des barrières horaires ?
Au cours de la montée on croise deux coureurs qui redescendent visiblement suite à une blessure : les premiers abandons.
On se suit à la trace Pascal devant, Gilles ensuite et moi fermant la marche.
Vers 5H00 du matin on commence à entendre les oiseaux c’est signe que le jour ne va pas tarder à se lever. Effectivement vers 05H30 le jour se lève, on se trouve au milieu d’une végétation assez dense.
Le paysage commence petit à petit à changer pour devenir volcanique. Le piton de la fournaise n’est pas très loin.
Le ciel se dégage et la température commence à monter. Changement de tenue. On range le vêtement de pluie et le tee-shirt long pour un tee-shirt à manches courtes plus le port de la casquette saharienne.
Chemin volcanique vers le piton de la Fournaise.
Végétation dense
Paysage lunaire
Au bout de ce paysage de plus en plus volcanique on arrive en face du piton de la fournaise au milieu d’un immense cratère avec des falaises tout autour. Un paysage à couper le souffle, j’ai rarement vu un aussi beau paysage si ce n’est le grand canyon.
Piton de la Fournaise et le cratère Dolomieu
L'enclos
Gilles et Patrick devant l'enclos.
Ravitaillement de Foc-Foc : deuxième barrière horaire
Un peu avant le ravitaillement du volcan, nous nous faisons doubler par Jean-François un copain avec qui j’ai fait le marathon de la Rochelle en 2002 et au cours de ce séjour nous avions regardé la cassette du Grand Raid de l’édition 2001. A l’époque nous nous disions que jamais on se lancerai dans de telles aventures. C’était certainement prémonitoire de nous inscrire la même année.
Gilles et Pascal sur le chemin en direction du volcan - plaine des sables.Arrivée au premier pointage visible sur Internet, au Volcan à la Plaine des Sables au km 30,9 à 08H38, pour une barrière horaire à 09H30 et une prévision d’arrivée à 08H56. Tout se passe à merveille. Il fait beau, on retrouve Patrick et Pascal Bellon qui quittent le ravitaillement et l’on mange copieusement : soupe, sandwitch au jambon et au pâté, coca cola, fruits (pomme, oranges, bananes) un des rares ravitaillements très copieux et non pillé.
Photo de groupe au volcan
9 km pour aller à la barrière suivante : le Piton Textor en moins d' 1H45. C’est largement jouable surtout que le terrain est plat jusqu’au pied de l’oratoire Sainte-Thérèse soit pendant 5 km avec une montée ensuite de 239 m sur 1 km.
Le paysage jusqu’au pied de la montée est époustouflant, une grande plaine aride entourée de pics et au bout la montée de l’oratoire. Dans la plaine Gilles même bon train devant et avec Pascal on s’accroche pour essayer de suivre son rythme.
Oratoire Sainte Thérèse
Gilles nous remercie Pascal et moi de l’avoir attendu et soutenu moralement. Il nous indique que c’est lui qui nous amènera au Stade de la Redoute. Il est certain que chacun notre tour nous connaîtrons des moments de faiblesse mais de le fait d’être à plusieurs et soudés nous permettra d’aller au bout.
Étape suivante Mare à Boue : 10 Km pratiquement que de la descente. Pascal part devant et je reste avec Gilles. Le temps se couvre. Beaucoup de concurrents dévalent le chemin en courant. Avec Gilles nous marchons d’un assez bon rythme.
Le paysage est complément différent. On se trouve au milieu des pâturages sur un chemin relativement roulant malgré quelques pierres avec des passages d’échelles pour enjamber les barbelés de séparation des champs.
Le piton des neiges : plus haut sommet de la Réunion à 3070m.
Je croise un joggeur qui m’indique qu’il reste une vingtaine de minutes avant Mare à Boue.
Peu de temps après une spectatrice m’indique 20 minutes avant l’arrivée et je vois ensuite au sol une indication : arrivée 3 Km. Toujours pas de Pascal en vue, il est en forme car j’avoue ne pas traîner. Pendant environ 1 km je marche avec un concurrent qui est à la Réunion depuis 2 ans et qui dispute le Grand Raid avec sa femme un peu en retrait. Il espère terminer la course avec elle. Tout à coup il place une accélération et je le revoie plus.
A environ 1 km de l’arrivée je me fais bousculer par un concurrent. Je me retourne et à ma grande surprise je tombe sur Gilles.
Il s’est donné à fond et m’a rattrapé. Entre temps il venait d’avoir des nouvelles de Patrick Nadrault et de Jean Picault.
Ils étaient tous les deux à Mare à Boue. Patrick en repartait et Jean se reposait une ½ heure.
On appelle Pascal au téléphone. Il nous indique qu’il a Mare à Boue en vue.
Le nom de Mare a boue est usurpé car nous n’avons pas eu la moindre trace de boue. Aucun regret de ce côté-là.
Gilles me donne le tempo, j’ai du mal à le suivre. Il a retrouvé un second souffle.
Nous arrivons enfin à Mare à Boue à 12H58 à ma montre (13H00) heure officielle. A la minute prêt le temps que j’avais prévu sur mon tableau de route. Je n’en reviens pas. Prévoir à la minute un temps au bout de 50 km. Balaise.
Ravitaillement de Mare à Boue.
Le ravitaillement est tenu par les militaires, avec des lits de camp pour se reposer.
On peut prendre un repas complet avec des pâtes, de la soupe et des fruits.
L’accueil est chaleureux, les militaires dévoués, attentifs et aux petits soins pour les concurrents. Il en est de même à tous les postes de ravitaillement. Un grand chapeau et merci à tous les bénévoles.
On retrouve Pascal et nous nous ravitaillons. Gilles est fatigué. Il a besoin de se reposer avant de repartir.
Avec Pascal et avec son accord on décide de continuer et de laisser Gilles récupérer. Il est 13H30 la barrière d’entrée vient de se refermer.
La barrière suivante est fixée à 19h00 au gîte du piton des Neiges avec en perspective 1150 m de D+ pour uniquement 260 m de D- pour 12 km et tout cela pour atteindre le point culminant du parcours à 2484 m avec des conditions climatiques qui se dégradent : brouillard et pluie et la nuit qui tombe vers 18H30.
C’est donc la mort dans l’âme que nous laissons Gilles à Mare à Boue vers 13H45 en espérant bien qu’il puisse se refaire une santé d’ici 14H00 – 14H15 et que l'on puisse le récupérer ensuite au gîte du piton ou plus tard à Cilaos.Je lui laisse mon bâton que je n’ai pas utilisé pour l’instant et nous partons à l’ascension du piton des neiges.
Je téléphone à Sonia afin de lui demander de nous trouver deux bâtons pour Pascal et moi. Bâtons que l’on récupérera à Cilaos.
Le début est relativement roulant et nous montons à un bon rythme moi devant et Pascal derrière à quelques mètres.
La montée est agréable malgré la brume qui recouvre le paysage aux alentours.
Peu avant les premières descentes je reçois un coup de fil de Gilles qui est reparti vers 14H00 et qui a l’air en forme. Il trouve une aide précieuse dans le bâton. Je lui indique que la montée est relativement facile jusqu’à présent.
On arrive sur un passage en descente assez vertigineux avec le vide de chaque côté et des passages techniques et glissants.
Je me retourne assez régulièrement pour voir si Pascal suit. Il n'est pas très loin de moi.
Pour le moral : col du Taïbit 11H50
Sur ce le Réunionnais m’indique que je vais être surpris par le ravitaillement à Kervegen mais qu’il préfère ne rien me dire.
Effectivement à Kerveguen nous avons droit à un poste de la croix rouge avec un gobelet d’eau pour tout ravitaillement. La suite jusqu’au Gîte du Piton et la caverne Dufour est une très longue traversée sous la pluie avec de grosses pierres. Avant le Gîte j’entends un concurrent indiquer que beaucoup de personnes pensent à la barrière horaire d’entrée de Cilaos à 22H00 mais oublient celle du bloc à 21H00 et se font éliminer bêtement.
J’ai à priori encore de la marge. Une concurrente peste tout haut après le parcours : « J’en ai marre quand est-ce que cela va se terminer » crie t-elle à plusieurs reprises. Elle a pourtant l’air habitué au GRR vu les informations qu’elle donne à ses compagnons de route.
J'arrive enfin à une intersection où un bénévole nous indique de descendre vers la Gîte à 200m puis ensuite de remonter et de repasser de l’autre côté pour la descente sur Cilaos.
J’arrive enfin à 18H00 au Gîte avec une heure d’avance sur la barrière horaire. Niveau ravitaillement il ne reste qu’un peu de soupe et quelques malheureux morceaux de fruits.
Refuge du piton des neiges.
Une concurrente vide sa poche d’eau sur mes pieds. Comme si je n’étais pas assez trempé. Devant tant de haine je reprends le chemin vers Cilaos.
Je remonte jusqu’au croisement de Kerveguen et je m’apprête à attaquer la descente vers Cilaos qui est recouvert d’une mer de nuages.
Descente vers Cilaos
Je téléphone à ma femme, il est 18H15 en lui indiquant une arrivée prévisionnelle vers 20H30 voir 20H00. Elle m’indique que Patrick Nadrault vient d’arriver à Cilaos mais qu’elle ne l’avait pas vu.
Je repense à un de mes collègues de travail qui m’a indiqué que le début de la descente vers Cilaos n’était pas facile surtout si le sol était trempé. Non seulement il est bien trempé mais en plus la nuit tombe. Je descends à un rythme très peu soutenu avec quelques glissades à la clé sur les pierres ou sur les marches en bois. Les descentes techniques ce n’est vraiment pas ma tasse de thé. La descente est interminable et il y a vraiment très peu de passages avec des possibilités pour courir. Au bout d’un moment je rattrape un groupe et me colle à leur foulée. Au loin on aperçoit les lumières de Cilaos mais beaucoup de chemin encore à faire.A 20H35 enfin soit 25 minutes avant : le pointage. J’espère que Pascal aura le temps de passer avant 21H00.
La route nous amène maintenant à Cilaos. Je me mets à courir. On n’est pas très nombreux dans ce cas là. La route est dangereuse : pas de balisage, ni de bénévoles, une route non éclairée et des voitures qui circulent. On rentre dans Cilaos, un bénévole nous indique de tourner à gauche et là je vois Jean-François qui marche. Je m’arrête de courir et termine avec lui jusqu’à l’entrée du stade. Il est en forme et il prévoit de se reposer un peu à Cilaos avant de repartir avec ses copains.
Il n’y a pas grand monde de présent. Je récupère mon sac de rechange, je ne voie pas Sonia. Je me dirige vers le repas où je retrouve Pascal Bellon. Il m’indique qu’il abandonne tout comme son frère et Jean.
Patrick Bellon m’indique que les météorologues prévoient une belle journée dans Mafate pour le lendemain mais que la nuit de Samedi à Dimanche serait arrosée.
Ils sont tous blessés. Je me joins à eux pour manger tout en évitant de trop traîner afin de ne pas recevoir d' ondes négatives.
Je réussi à avoir enfin Sonia qui me rejoint au stade dans les tribunes.
En fait c’est elle qui faisait la circulation dans Cilaos au croisement pour indiquer la direction aux coureurs. Elle ne m’avait pas vu passer et moi encore moins ne l’imaginant pas un seul instant dans ce rôle.
Je prends une douche bien méritée pendant qu’elle attend Pascal qui ne devrait pas tarder. Je retrouve effectivement quelques minutes plus tard.
Il est prêt à continuer tout comme moi.
On se change complètement : nouvelle paire de chaussures, de chaussettes, de tee-shirt.
Pascal doit prendre sa douche, manger et se faire masser
Pour ma part c’est visite chez le podologue car je sens que j’ai plusieurs ampoules aux pieds. Côté muscles aucun souci.
J’entends des personnes dire qu’il faut partir avant minuit alors que la limite est normalement fixée à 01H00. C’est minuit car les bénévoles doivent tout préparer pour le départ du semi-raid à 06H00. Il s’avère que c’est une fausse information. Il y a bien un pointage en sortie jusqu’à 01H00 du matin.
L’objectif pour nous deux étant de dormir un minimum on ne fait pas 24H00 d’efforts sans une minute de sommeil.
Avant de nous coucher je me fais soigner mes ampoules : 5 au total.
Je me trouve une tente avec un lit de camp. Impossible de m’endormir : un coureur reçoit un coup de téléphone et commence à raconter sa vie, puis deux autres se mettent à discuter devant la tente. Pascal arrive de ses soins chez le kiné. Il s’allonge, ma femme le borde et il se met de suite à ronfler.
Je me demande comment il peut faire. Pour ma part je dors environ dix minutes et me réveille. Il est 00H30. Je réveille Pascal et lui indique que c’est l’heure de s’attaquer au Col du Taïbit.
On s’habille, on récupère les deux bâtons en bambou que Sonia a trouvé au bord de la route et nous voilà partis pour notre deuxième nuit qui est déjà bien entamée. Pointage de sortie de Cilaos : 00H40. La pluie a cessé entre-temps et la température de l’air est des plus clémentes.
Départ de Cilaos.
Dès la sortie du stade avec un autre coureur qui en était à son 7ème raid on ne retrouve pas notre route. Avec l’aide d’un 4ème concurrent on y arrive tout de même pour prendre le mauvais chemin 200 m plus loin. Un coureur derrière nous nous aiguillant dans la bonne direction. Après quelques hésitations aux différentes intersections et avec l’aide des bénévoles on arrive enfin sur le chemin du col du Taïbit. L’accès jusqu’au début du chemin du col est long : 7km avec 400m de D+ et 500 m de D-.
On arrive enfin au ravitaillement du début du chemin du col du Taïbit. Plusieurs lits de camps sont alignés tous occupés par des coureurs en train de dormir. Ravitaillement à base de soupe.
Une affiche attire notre attention : col du broute minou un private joke allusion au col du Taïbit.
Taïbit vient du malgache dont la traduction en Français est crottes de lapin.
On prend plusieurs soupes et on attaque la montée du col : le juge de paix de la course toujours de nuit.
Au bout d’une demi-heure de montée le bruit d’un groupe électrogène nous parvient aux oreilles on n’est pas encore au sommet du col. C’est le célèbre ravitaillement de la tisane de l’ascenseur : tisane préparé par deux personnes à partir de plusieurs bouteilles et au son d’une musique reggae. On s’arrête bien évidemment pour la déguster car elle fait partie du folklore local et qui plus est permet de grimper au sommet du Taïbit. Après dégustation de cette excellente tisane, 1500 l de tisane ont été préparés, on repart. Les oiseaux commencent à chanter c’est signe de jour qui se lève.
Préparation de la tisane de l'ascenseur.
Pascal qui déguste la tisane de l'ascenseur.
Arrivée à une portion de plat un gros coup de fatigue m’envahie. Je voie deux coureurs allongés sous leur couverture de survie et je m’assoie à côté d’eux appuyé contre un arbre en espérant récupérer et en attendant Pascal. Jai le temps de m’assoupir deux à trois minutes. Pascal arrive il me demande si je veux dormir avant de repartir, je lui dis non en me levant l’objectif étant de se reposer à Marla de l’autre côté du Taïbit. Le sommet du col apparait sous le soleil avec une vue magnifique sur les 3 Salazes.
Mer de nuages sur Cilaos.
Les derniers mètres avant l'arrivée au sommet du col du Taïbit.
On vient de la caverne Mussard à côté du refuge du piton des neiges.
Pascal au Taïbit. Un peu de repos ne serait pas du luxe.
Marla vu de la descente du Taïbit
On aperçoit du sommet du col Marla et le cirque de Mafate qui nous tend les bras. Descente tranquille jusqu’à Marla où on arrive à 06H59.
Ravitaillement et repos prévu pour un départ programmé 1H00 avant la barrière horaire soit 08H00. Des tentes se dressent pour accueillir les coureurs qui souhaitent se reposer. Evidement quand on est dans les derniers aucune place n’est disponible dans les tentes.
Patrick à Marla. Un peu de repos ne serait pas du luxe.
On récupère deux couvertures, deux sacs et on s’allonge dehors sur le sol pour essayer de s’endormir. Pascal bien évidemment se met à ronfler de suite et moi je m’endors pour environ 10 minutes réveillé par le jour, le bruit d’un hélicoptère et l’arrivée des premiers coureurs du semi raid acclamés par les spectateurs.
Je vois de mon lit de fortune les coureurs du semi raid, partis à 06H00 de Cilaos, défiler. Je regarde ma montre il est 08H00. Je réveille Pascal et nous voilà partis pour trois Roches sous un beau soleil.
Le parcours dans Mafate est magnifique et varié : traversée de forêts, chemin au bord d’une rivière et traversée de la plaine des sables. Je suis malgré tout inquiet par la barrière horaire qui est à 10H45 à trois Roches.
Passerelle au dessus de la rivière.
Les trois Salazes vues de Mafate.
La plaine des sables.
Pendant toute cette étape on se fait doubler par des groupes de coureurs du semi raid. Au bout d’un moment cela devient pénible : nous nous marchons et eux courent à fond, nous sommes obligés de nous écarter pour les laisser passer, et c’est même dangereux dans certains passages. Au bout d’un moment je m’énerve et bien entendu je me déconcentre et me tord la cheville droite comme assez souvent lorsque je descends.
Pascal a quelques difficultés à suivre le rythme. Je lui indique que je ne vais pas traîner à trois Roches à cause des barrières horaires, une pause très courte pour enchaîner vers Roche Plate.
On arrive enfin à trois Roches à 10H33 pour une barrière horaire à 10H45. Première chaude alerte.
C’est la bousculade au ravitaillement entre les coureurs du Grand Raid et ceux du semi Raid.
Pascal décide de se reposer. Pour ma part un ravitaillement éclair et direction Roche Plate pour une étape beaucoup plus vallonnée.
On se sépare donc malheureusement au bout de 90 km en se souhaitant bonne chance.
Départ de trois Roches avec la traversée d'une ravine.
L’étape est vraiment très vallonnée mais le paysage est splendide. C’est très différent des paysages proposés jusqu’à présent. En m’écartant toujours pour laisser passer les coureurs du semi raid je fais une partie de l’étape avec un Réunionnais qui à la même analyse que moi sur la présence simultanée des coureurs du Grand Raid et du Semi Raid.
Une des montées entre trois Roches et Roche Plate
Roche Plate
Arrivée à Roche Plate, à 12H09, un magnifique village colorée de quelques maisons. Roche Plate est un des neuf Ilets disposés sur des petits plateaux du Cirque. J'ai gagné 1H20 sur la barrière horaire.
Le ravitaillement est bondé de coureurs, il faut jouer des coudes pour remplir sa poche d’eau, s’alimenter et se nourrir.
Ravitaillement à Roche Plate.
Je repars après une pause d’un quart d’heure environ vers Grand Place à 12H30 soit une heure avant la barrière horaire.
Je dois arriver avant 16H00 à grand Place avec une descente très raide et surtout une montée de 650 m de dénivelle à la fin de l’étape.
J’attaque la descente faite de marches dans un paysage toujours aussi grandiose. En bas de la descente la rivière, on peut se rafraîchir et mouiller la casquette mais malheureusement pas le temps de se baigner.
Bifurcation pour monter vers Grand Place.
J’entends un coureur qui indique que pour le grand raid le pointage ne se fait pas à Grand Place mais en bas au niveau de la rivière. Arrivée au pied de la montée, un poste de secours, je leur demande où se trouve le pointage : ils m’indiquent qu’il est en haut. Je regarde ma montre : il me reste un peu plus d' une heure pour les 650 m de dénivellé de la Roche Ancrée. J’attaque la montée à bloc en me disant qu’il serait vraiment trop bête de se faire éliminer par une barrière horaire.
La montée est très raide et encombrée par les concurrents du semi et du grand raid. Je double le coureur Réunionnais au pied de la montée il est meilleur en descente qu’en montée comme il me dit.
J’entends des coureurs découragés qui se disent qu’ils n’arriveront pas à temps. Je ne dois pas me laisser déconcentrer pas ces pensées négatives et je me concentre sur ma montée.
Je double bon nombre de coureurs et monte à un bon rythme.
Je croise un bénévole qui descend et qui nous indique que le sommet n’est pas loin, qu’il y a des bouteilles pour les poches à eau et que le ravitaillement est juste après.
Arrivé enfin en haut je me mets à courir, j’aperçois les bouteilles mais toujours pas de ravitaillement. Je continue à courir en scrutant ma montre sur un terrain en légère descente. Je me tords la cheville gauche, continue sur ma lancée et arrive enfin à Grand Place à 15H45 soit 15 minutes avant la limite à bout de force. Avec une heure d’avance à l’étape précédente et sans traîner je suis vraiment juste à Grand Place.
J’indique aux bénévoles pointeurs que la barrière horaire est très mal calculée. Au ravitaillement c’est la pagaille : plus de coca. Il y a même une affiche : pas de coca dans les Camelback.
J’ai laissé beaucoup de force dans cette étape.
J’aperçois mon copain Jean-François, je lui indique que je suis tout seul, il me propose de me joindre à lui et à un de ses copains. Je pars donc dans leur foulée. Très vite je me rends compte que je ne peux pas suivre leur rythme. Je lui dis de ne pas s’occuper de moi et que je vais essayer de rejoindre Aurère à ma vitesse.
Je suis épuisé et pour la première fois depuis le début de l’épreuve j’ai un gros doute sur la réussite de mon grand raid. Intérieurement je peste contre les organisateurs et sur leur façon de calculer la barrière horaire de Grand Place. Je reçois un coup de fil de ma femme, je lui explique dans quel état d’esprit je suis et elle m’indique surtout de rester zen. Elle m'apprends que Gilles s'est payé un tour dans l'hélicoptère de la gendarmerie pour rejoindre Saint-Denis depuis le gîte du piton des neiges.
Je pense à ceux qui me suivent sur Internet et que j'ai eu plusieurs fois au téléphone (Momo, Philippe et Maribel) et bizarrement je n’ai même pas envie de les appeler pour trouver un réconfort. Je dois arriver à Aurère avant 20H00. L’étape est moins difficile heureusement. J’avance comme je peux. On enchaîne les montées et les descentes, on passe même un par un sur une passerelle enjambant la rivière. C’est toujours aussi beau mais c’est interminable. On entend la musique au loin.On n’arrive enfin dans un village mais mauvaise nouvelle ce n’est pas Aurère. Un bénévole nous indique qu’il reste encore une montée à effectuer. On attaque cette montée, je commence à retrouver quelques ressources physiques au fond de moi. Aurère enfin, la nuit tombe : ma troisième nuit il est 18H57 j’ai récupéré mon retard sur les barrières horaires et repris des forces et le moral avec.
Je me ravitaille copieusement et me change avant d’attaquer ma troisième nuit.
Je retrouve Jean-François qui m’indique qu’il est fatigué et qu’il préfère se reposer un peu avant de repartir vers Deux-Bras. Je préfère continuer pour ma part et me reposer à Deux-Bras.
Un organisateur annonce 2H30 pour un bon descendeur, 3H00 pour un descendeur honnête et jusqu’à 4 H pour un randonneur fatigué et pas trop en forme.
Il est 20H00 avec une étape de nuit en forte descente, je ne suis pas très confiant vu mes qualités de descendeur et les 700m de D- qui m'attendent de nuit.
Juste avant de partir je donne de mes nouvelles à Sonia, elle m'indique que Pascal a du s'arrêter à Roche plate rattrapé par les barrières horaires et par une tendinite au genou. Il passe la nuit dans Mafate et doit rejoindre ensuite Saint-Denis par ses propres moyens.
Sonia m'apprendra par la suite que mon coup de téléphone l'inquiéta et que Gilles et elle passeront un repas en se demandant si je pourrai terminer.
Les premiers km se passent relativement bien. Je peux courir un peu et j'attaque ensuite la descente. Un coureur dort allongé sur une grosse pierre au milieu du chemin.
Malheureusement sur un mauvais appui je me tords une fois de plus la cheville gauche mais la douleur est plus violente. Je m'arrête pour me la strapper et je repars en m'aidant un peu plus de mon bâton.
Un groupe me dépasse, je m'accroche à lui pour le reste de la descente.
Nous arrivons enfin à la rivière des deux galets que nous traversons et bien entendu, comme à chaque fois je mets un pied dans l'eau.
Deux bras plage enfin. Il est 22H16. 2H16 pour l'étape je n'en reviens pas.
Ce deuxième gros ravitaillement est tenu par des militaires. Je récupère mon sac de rechange.
Commence par me ravitailler avec un repas complet : pâtes, chipolatas et poulet.
Ensuite direction la douche. Comme douche nous avons droit à un espèce d'abreuvoir à base d'eau froide.
Cela sera suffisant pour me laver les pieds avant le passage au podologue.
Deux podologues s'occupent de moi. Ils m'enlèvent les straps et rigolent en voyant mes pieds.
Moi je rigole nettement moins quand ils me percent mes ampoules.
Les pieds retapés je me dirige vers les lits de camp pour essayer de dormir au moins une heure. J'ai enfin de la marge sur la barrière horaire de sortie qui est à 03H00. Il est aux alentours de 00H00.
Mauvaise surprise : les lits de camp à l'intérieur des tentes sont tous pris et une dizaine de concurrents attendent que les places se libèrent.
J'essaie de trouver un endroit où dormir. Je commence par m'asseoir sur une chaise mais c'est loin d'être idéal.
Je décide donc de m'allonger sur le sol à côté d'un autre coureur en me recouvrant d'un sac poubelle que j'avais dans mon sac de rechange.
En voulant régler mon montre pour le réveil je me rends compte qu'elle avait pris l'eau. Je me rabats sur mon portable et là presque plus de batterie.
La technique m'abandonne. Je me dis que vu les conditions dans lesquelles je vais essayer de dormir, il y a peu de chance que je ne me réveille pas avant 3 heures du matin. Effectivement au bout d'une dizaine de minutes je suis éveillé. Je décide d'attaquer la montée de Dos d'Ane qui est annoncée comme le deuxième montée la plus dure après le volcan avec 735 m de D+.
Il faut dire qu'elle est imposante de nuit devant nous.
A la sortie de deux bras à 00H56 je préviens Sonia de mon départ.
Je me retrouve avec trois autres coureurs, on traverse la rivière et là pas moyen de trouver de la rubalise. On cherche chacun de notre côté et au bout de quelques minutes on retrouve enfin le chemin.
Le début de la montée est déjà très technique avec des blocs de pierre et une pente relativement raide. La suite est encore pire avec des câbles pour franchir les passages les plus délicats. Par endroits il n'y a pas de câble alors que leur présence n'aurait pas été du luxe.
Un Réunionnais, en me dépassant m'indique que le chemin s'est arrangé. Je me demande ce que cela devait être avant.
On fait même un peu d'escalade. Sur un de ces passages techniques je m'appuie sur mon pied gauche et là je ressens une violente douleur comme si on venait de m'enfoncer un couteau dans la cheville. Je m'allonge par terre. Des coureurs me doublent en me demandant si cela va bien. Je les rassure en leur disant que cela va aller. Je reste immobile quelques minutes et pensant que le Grand Raid risque de se terminer pour moi dans la montée de dos d'âne. Je me relève avec l'aide de mon bâton, la douleur est supportable. Je fais quelques pas pour constater que cela n'a pas l'air aussi grave qu'envisagé et je repars à l'attaque de cette montée. J'entends un coureur dire à un de ses copains "J'ai relevé son numéro de dossard". Ce n'est pas très encourageant.
Le reste de la montée est toujours aussi délicat avec des passages que je trouve dangereux. Il y a de quoi faire une belle chute.
A un moment je me cogne même ma frontale et mon nez à la paroi.
J'arrive enfin à l'église de Dos d'âne où je retrouve Sonia et Gilles. Je suis content de les retrouver tous les deux. Il est environ 4H00, la barrière horaire est à 06H30. J'ai enfin un bon matelas d'avance sur cette maudite barrière horaire. Je demande à Sonia de me strapper correctement la chevilles gauche, Gilles me propose deux chevillères que je m'empresse d'accepter. Je change aussi de chaussettes, je récupère mon bâton que j'avais donné à Gilles ainsi que sa montre. Je suis comme neuf. je peux repartir pour les 22 derniers kilomètres avec le strap et les chevillères.
Sonia m'accompagne jusqu'au stade de dos d'âne : 2,5 km sur la route. Gilles s'y rendant en voiture.
Pendant ce trajet elle me parle de la peur qu'elle a eu lors de mon coup de téléphone d'Aurère et du bazar qui régnait à dos d'âne dans l'après midi lors du passage des coureurs du semi raid.
Au stade je me ravitaille copieusement, prend un café et fait une bonne pause avant d'attaquer la dernière montée de 561 m de D+ vers le piton Bâtard. Pour moi s'est gagné sauf blessure dans la descente de Colorado que tout le monde décrit comme très technique et que je crains vu l'état de ma cheville gauche.
Départ du stade de dos d'âne.
Départ de dos d'âne au lever du jour, à la sortie du village je suis un coureur qui s'engage sur un chemin. Un autre coureur derrière moi me crie dessus pour m'indiquer que je me suis trompé. J'en fais de même avec celui que je suis. On se remet dans le droit chemin pour la dernière ligne droite.
La montée n'est pas très dure et on bénéficie d'une belle vue sur dos d'âne.
On arrive sur une crête avec sur la droite un à pic sur Mafate et de l'autre côté un autre à pic sur dos d'Ane.
Le chemin est étroit et vertigineux. Nous nous trouvons dans la réserve naturelle de la Roche Ecrite.
Roche Ecrite une montée redoutable que l'on devait emprunter à l'origine (1000m de D+ sur 3 km) mais à cause ou grâce à une race d'oiseux protégés les Tuit Tuit; le trajet a été modifié. Je rattrape un couple où l'homme a un gros coup de barre. Je lui demande s'il a dormi. Il me dit que non.
Je lui dis de se reposer quelques minutes avant de repartir. Le chemin est dangereux et avec la fatigue cela peut mal tourner.
Peu de temps après c'est à mon tour de sentir la fatigue me tomber dessus. Je m'allonge au bord du chemin en m'appuyant contre un arbre et me repose quelques minutes avant de repartir.
La ville de Possession
Saint-Denis au loin.
Arrivée à la Fenere où nous attendent les célèbres saucisses Rougail. J'en déguste deux en sandwich. Il ne manque que la bière.
Ensuite on attaque un chemin de terre rouge et ensuite la forêt vers Colorado. Pendant le trajet dans la forêt, je me fais doubler par Jean-François qui suit un autre coureur en courant. Il me dit qu'il a trouvé un bon lièvre. Il arrivera à Saint-Denis en 60H30M.
Suite à son passage je sens la fatigue qui me reprend. A plusieurs reprises, je m'appuie sur mon bâton en baillant puis je ne sais pas pourquoi je me mets à courir. Est-ce suite au passage de Jean-François, au terrain qui s'y prête, à l'envie de terminer ? Toujours est-il que la fatigue me quitte et que je rejoins ainsi Colorado.
Juste avant Colorado un photographe m'interpelle. Il m'indique qu'il est journaliste et me demande si je peux répondre à quelques questions.
J'accepte, réponds à ses quelques questions et me fais prendre en photo.
Arrivée à Colorado.
Cela sent bon l'arrivée.
Avant d'attaquer la descente vers Saint-Denis une Réunionnaise me demande si j'ai vu son mari : un coureur avec un bâton. Je lui réponds que non. Elle et m'indique qu'il a voulu qu'elle l'accompagne sur le grand raid depuis Mafate, qu'elle vient de le perdre de vue et qu'elle n'arrive pas à joindre par téléphone.
Attaque de la descente redoutée (Sans jeu de mots) de Colorado vers le stade de la redoute. Le début n'est pas trop difficile mais cela se gâte très rapidement. Descente raide avec beaucoup de grosses pierres. Je vois un concurrent assis au bord du chemin. je lui demande si cela va bien. Il me dit que oui mais qu'il savoure avant de terminer.
La descente est interminable. On a une belle vue sur Saint-Denis. Je fais très attention de ne pas me blesser. Je prends mon temps mais ne savoure pas la fin de course comme je l'aurai souhaité. Je distingue au loin le stade. Il se rapproche de plus en plus. Le chemin fait des allers retours. Vivement le bas de la descente.
Enfin en bas de la descente je retrouve Gilles et Pascal avec émotion pour une accolade.
La fin de la descente du Colorado.
Retrouvailles avec Gilles et Pascal.
J'entre dans le stade en compagnie de Gilles en courant et franchis la ligne en 60H21M55S en 1464ème position sur 1566 arrivants.
Dans mes prévisions je devais être au Stade de la Redoute en 60H12M. Bon pronostic.
Au total 37,5 % des coureurs ont abandonné soit environ 1000 concurrents.
Le premier Julien Chorier a mis 22H09M08S.
Après l'arrivée je reçois la médaille et le tee-shirt de finisher avec le célèbre "J'ai survécu".
Comme demandé je déguste une bonne bière locale, la "Dodo", en compagnie de Sonia, Gilles et Pascal que je remercie car sans eux je ne pense pas que j'y serai arrivé. Pascal et Gilles ont une analyse, nous formions une fusée à trois étages. Gilles étant le premier étage, Pascal le second et moi le dernier. Sonia en tant que logisticienne, assistante, accompagnatrice, soutien physique et moral a été remarquable comme d'habitude.
D'après ce qui se dit, la plupart des coureurs à l'arrivée disent : "plus jamais çà" puis après quelques jours de récupération ne pense qu'à revenir.
Pour ma part je n'ai pas pensé un seul instant à dire "plus jamais çà" par contre "j'y reviendrai certainement" vu la beauté, la variété des paysages, la gentillesse des bénévoles, malgré la difficulté du parcours et surtout pour pouvoir être finisher en compagnie de Gilles et de Pascal.
Après avoir quitté le stade direction l'hôtel à Saint-Denis pour un somme bien mérité de 16H00 à 07H00 le lendemain. Pendant les 5 jours qui ont suivi, récupération passive avec les deux pieds bien enflés et ensuite trois randonnées pour retourner au Volcan du piton de la fournaise, au col du Taïbit et une dernière à la Roche Ecrite.
La ligne d'arrivée.
La remise de la médaille.
Une Dodo bien méritée en compagnie de Sonia, Gilles et Pascal.
Bilan de ma course :
Côtés négatifs :
Côtés positifs :
7 commentaires
Commentaire de Sprolls posté le 12-11-2009 à 16:27:00
Merci pour ce beau récit et surtout bravo d'être allé chercher la dodo sur la ligne d'arrivée sans avoir flanché sous la pression des barrières horaires et de chevilles récalcitrantes. Merci aussi pour les chouettes photos. J'ai pu apprécier le paysage de coins magnifiques où je suis passé de nuit.
Commentaire de Pierre pfx posté le 12-11-2009 à 17:42:00
Une médaille bien méritée. Bravo pour ta volonté et merci pour le voyage au centre de cette belle île volcanique. Pierre F
Commentaire de yayoun posté le 14-11-2009 à 12:03:00
merci pour ce CR qui me permet vraiment d'imaginer et de me représenter ce que je vivrais si je faisais cette course: la peur des barrières horaires, les problèmes de descente, les coups d'accélération pour passer coûte que coûte mais arriver, arriver malgré tout, par dessus tout et connaître cette joie...Bravo d'avoir survécu...
Commentaire de Cantalou posté le 18-11-2009 à 21:06:00
J'ai suivi ton évolution sur Internet pendant l'épreuve et vu que tu avais terminé. Bravo car cela ne doit pas être évident d'évoluer avec la pression des barrières horaires.
jean-Pierre
Commentaire de mic31 posté le 22-11-2009 à 22:00:00
Salut,
Tu as bien fait de me parler de ton récit aujourd'hui, ça valait le coup de le lire. Une grande aventure, bien contée et bien illustrée. Bravo pour être allé au bout.
Par contre ça me dissuade un peu d y aller, je ne suis vraiment pas à l aise dans les passages aériens, surtout si ils ne sont pas sécurisés.
A bientot,
Michel
Commentaire de samontetro posté le 22-12-2009 à 10:49:00
Je suis venu voir ton CR suite à ton post sur l'UTMB. Quelques heures devant toi sur ce GRR, j'ai échappé à la pluie et à la descente de nuit sur Cilaos. Tu dis que tu as 4 points en poche pour l'UTMB, mais tu as beaucoup mieux: tu as un mental d'enfer!
Alors si la chance veut sourir avec le tirage au sort, RDV en aout en Haute Savoie ;-)
Commentaire de Lation posté le 22-02-2010 à 06:47:00
Magnifique recit: Merci
Une petite question, il y a des barrieres horaires a la diagonale? eliminatoires?
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