Quand notre coach nous a parlé de ce triathlon il y a quelques mois, c'est vrai que du bout des lèvres j'avais émis le souhait d'y participer. Du coup nous voilà parti à 15, 9 en individuel et 2 équipes de 3 en format relais. Le coach m'a inscrit sans trop m'en reparler et il a bien fait.

Ca faisait un petit moment que passer à un format plus long me titillait. Pour voir. Pour voir ce que je vaux. Il faut dire que je suis en général dans les abysses des classements.....

En début de saison, j'avais pensé m'aligner sur celui de Monaco, mais je me suis dégonflée, et puis 400 € l'engagement, on y réfléchi à deux fois..

Bref me voilà donc inscrite sur ce longue distance de Port Barcarès.

 

Cette course, c'est ma course. Mon défi.

Je ne saurais expliquer pourquoi, mais je la sens bien. Je me suis préparée. L'entrainement tout d'abord. J'ai pas mal roulé comme mon point faible c'est le vélo. J'ai essayé d'en faire le plus possible en fonction de mes capacités (limitées...) et du temps dont je dispose (faut travailler un peu quand même). Pour la course à pied, j'ai fait des sorties plus longues, quelques enchainements etc. La natation, j'ai maintenu mes entrainements habituels.

Ce que j'ai beaucoup travaillé, c'est le mental. Sur des sorties longues et difficiles à vélo, mais aussi seule en préparation.

J'ai essayé d'imaginer et de visualiser la course. La natation, le vélo, la course à pied, l'alimentation, les transitions bref tout quoi, avec toutes les éventualités possibles (la pluie, la crevaison, le chaud, le froid, la douleur etc.)

Comme il y a un temps limite pour effectuer le vélo, je me suis préparée aussi à être hors délai, ou au mieux à rentrer avec la voiture balai. C'est dur psychologiquement, mais je suis prête pour ça. Prête aussi à terminer dernière.

Ce que je veux c'est terminer.

Mon état physique d'avant course n'est pas aussi bien que je le voudrais, j'ai du mal à dormir depuis quelques temps déjà et lors de tous mes entrainements j'ai des douleurs (l'épaule en natation, un fessier à vélo, le tendon d'Achille en course à pied). Mais je suis sereine.

En termes de temps, je pense mettre au moins 7 heures. J'ai compté 45 minutes de natation avec la transition, 4 heures de vélo (de toutes façons j'ai pas droit à plus) et 2h15 voire 2h30 pour le semi.

Je réussi à faire une bonne sieste la veille de la course. Le sommeil c'est mon médicament à moi, ma panacée. Du coup je me sens mieux.

Le soir notre coach nous a organisé une pasta party dans un restau à côté. Il s'est bien débrouillé, il nous a trouvé des hébergements pas chers et super confort.

Il y a une super ambiance ce soir là, on parle tous de la course de demain, on plaisante, on rit. J'ai la pression mais sans plus, j'ai hâte d'être à demain. Fabien me rassure et me dit que de toutes faons il y aura du monde pour me soutenir. C'est vrai qu'on est une véritable délégation !!!

La nuit se passe bien même si j'ai mis longtemps à m'endormir. Par contre je me suis endormie avec des douleurs abdominales et je me réveillerai avec.

Un sport dèj dans l'estomac puis je gagne le parc à vélo et prépare mes petites affaires. A part les relais qui sont un peu plus loin, tout le club est regroupé dans le parc à vélo.

J'ai tout minutieusement préparé.

J'ai décidé de ne pas mettre de trifonction, ben oui si j'ai une envie pressante, ça va pas être pratique et je vais me retrouver topless...Donc je nage avec mon cuissard et un soutien gorge de sport sous ma combi, comme ça je mettrai mon maillot de vélo qui sera sec par dessus pour partir.

J'ai préparé mon alimentation et je sais exactement quand je dois me ravitailler sur le vélo. J'ai de tout, du salé du sucré, peut être même un peu trop mais tant pis. 

Bon, ça y est faut mettre la combi. Je rejoins le point de départ natation.

Zut c'est déjà l'heure du briefing et je n'ai pas pu me mettre à l'eau avant pour faire quelques mouvements. C'est pas grave j'écoute le briefing, je suis bien.

Le départ est dans l'eau, on y rentre par la rampe à bateau. Ca glisse beaucoup (il faudra y penser en sortant) et la dernière marche fait bien 50 cm, elle est dans l'eau, je ne l'ai pas vu, je tombe. Mes pieds s'enfoncent dans 10 bons centimètres de vase, je sens que je me suis fait mal en tombant, d'ailleurs ça a du être spectaculaire car des triathlètes viennent voir si je vais bien. Je crois que oui. Je vois Fabienne près de la ligne avec Martine, ce sont les 2 nageuses des équipes je les rejoins. Je mets la tête dans l'eau pour voir, c'est tout noir et cette vase au fond ce n'est vraiment pas agréable.

Ca y est c'est parti. Pouah beurk !!! je fais un peu de crawl water pour voir ou aller et là je vois que l'eau que nous brassons est noire, un mélange de vase, de mazout et puis que sais-je...2^ème problème, nos bonnets sont jaunes, les bouées aussi. Ca c'est ballot...

Bon je suis le mouvement, je suis pas mal gênée et je me dis que je perds du temps. Je prends un coup de pied dans la tête et 1 litre d'eau dans chaque œil vu que mes lunettes ont été enlevées. Bon je m'arrête pour réajuster et comme c'est le début la horde sauvage me passe dessus, dont certains avec quelques coups de coudes supplémentaires, ça c'est gratuit...Je me dit que ça commence mal et que je suis en train de foirer ma natation. Les relais ont des bonnets rouges et j'en vois 2 au loin, ça doit être Fabienne et Martine. Je saurais après coup que non, car elles sortirons juste derrière moi.

Je ne me démonte pas je continue, je trouve mes appuis et mon rythme. Retour au port pour la fin de la première boucle. Re Pouah beurk !!! On a des algues en plus du reste !!! Ca freine vachement ce truc, quand je sort mon bras, j'ai en plein qui pendent en dessous. Pour un peu j'en aurais une sur la tête en sortant, ça va être sympa pour la photo. Je commence à avoir mal au niveau des aisselles, on dirait que la combi m'irrite, c'est bien la première fois...

J'accélère car il faut que je sorte de cet endroit, c'est vraiment immonde, l'odeur c'est encore pire. Je termine donc ma deuxième boucle. Par curiosité je regarde le chrono : 36min et quelque chose... quoi ???J'ai du oublier une boucle c'est pas possible, avec tous ces ralentissements je fais mieux que prévu. Du coup ça fait 5 minutes de plus pour faire le vélo chouette !!!

 

En arrivant au parc je vois quelques copains, Maxime qui va partir, Roland juste derrière moi et Nicolas je crois aussi. Je m'habille rapido pour le vélo, ben oui je suis quand même en cuissard/soutif dans le parc une fois la combi enlevée, je ne voudrais pas déconcentrer les autres concurrents hi hi hi... Et aller, Banzaï, c'est parti pour le vélo. Ca passe ou ça casse.

Comme prévu les 20 premiers kilomètres sont roulants et comme prévu je me fais pas mal doubler. Notamment par David mon chéri qui fait le vélo pour l'équipe des Nougats. Mais je suis préparée à ça. Je commence à m'alimenter par petites portions et je bois pas mal, finalement j'ai du laisser quelques plumes à la natation. Je vois aussi Roland au loin.

Tout se déroule comme je l'avais prévu, les conditions sont top, du soleil, pas trop de vent, nickel. Je continue ma course. Ca commence à grimper, mais ce n'est pas démoniaque en terme de pourcentage, je continue, à mon rythme, je me met pas mal debout pour ne pas perdre trop de vitesse. Et je mange, ultra régulièrement, comme prévu. Idem pour l'hydratation. Pour l'instant je ne psychote pas trop sur le chrono. En haut de la première bosse notre coach. Il est top, il m'encourage, j'adore...

Puis ça redescend, là je me lâche, c'est vrai ce sont des kilomètres gratuits ceux-là.

Au ravito, je m'arrête remplir les bidons je suis presque à sec. Le paysage est fort agréable c'est vrai, mais je suis quand même pas là en touriste moi, quand j'irais plus vite à vélo je prendrais le temps de regarder le paysage en course...

Je me rapproche du demi tour et je commence à croiser des concurrents. Et puis les copains du club. Tous on un mot super gentil pour moi, genre c'est super ce que tu fais, bravo Marianne. Ca me touche. Au bout d'un moment ça me touche trop même, je sens que je suis submergée par l'émotion.

Opération récupération du mental urgente !!!

Bon ça marche, je reviens à ma course. Le revêtement devient super mauvais, j'ai mal au c...

Ca y est je vois le demi tour, un coucou à Maxime qui à déjà tourné, mais il est juste devant moi. Un coup d'œil au chrono, 2h32 natation comprise. Je suis dans les temps, trop fort !!

Me voilà sur le retour donc. Le retour aux éoliennes sera mon coup de moins bien. Mais mon mental est prêt à ça, je sais qu'après ça va descendre et je me dis : tu pourras te refaire la cerise à ce moment là. Je ne sais pas ou je suis allée chercher cette expression mais ça m'a bien fait marrer.

Par contre, je m'aperçois qu'il y a encore du monde derrière moi à vélo, j'ai du mal à imaginer que cela soit possible, mais si !!! Bon c'est sûr, ils ne sont pas 200, mais il y en a quand même. Je vois une fille, elle descend vite, moi je monte, je me dis qu'elle va certainement me doubler ensuite car elle n'est pas loin. Mais tout va toujours bien je continue mon bonhomme de chemin. Je m'arrête de nouveau au ravito pour remplir et je repars. Je jette un œil derrière pour voir, plus personne. Ben mince ils sont ou tous ? Je rentre donc seule à cap Coudalère et je me fais même le plaisir de doubler un concurrent 500 mètres avant le parc à vélo. J'en un doublé un !! Génial !! J'en aurais bien doublé un autre sur le parcours mais il était à VTT et probablement en ballade, mais même pas réussi à le rattraper la honte !!!

 

Je pose le vélo dans les temps 3h56, mission accomplie !!! La je sais qu'à moins d'un tsunami, je vais finir. Fred est là, la course est finie pour lui car il a des soucis de genoux en course à pied, il a fait un tour et s'est arrêté.

Donc je vais courir pour lui, pour sa famille, pour tout ce qu'ils sont en train de vivre en ce moment.

Je récupère Maxime à la sortie du parc et on attaque nos 3 boucles de 7 kms ensemble. Comme je suis un vrai diesel, il va me falloir environ 1 boucle pour récupérer mes jambes et être à l'aise, en plus mes douleurs abdominales me reprennent. Je dit à Maxime que s'il souhaite courir à son rythme il peut. Il courre avec un chapeau « Guiness » sur la tête qui lui a été offert la veille par le patron du pub où on était allé boire un verre la veille. Du coup on a succès fou quand on passe près des gens !!!

Là aussi c'est super sympa car on croise tout le monde lors de ces boucles, on encourage les copains du club, ils nous encouragent. Là aussi je me laisse un peu submerger par l'émotion, 2^ème opération récupération du mental. Ca marche aussi.

Jean Marc qui doit être dans sa 2^ème ou 3^ème boucle nous rattrape, Maxime part avec lui. Je me dis que ça va quand même vite et qu'il ne faudrait pas qu'il explose, ah la jeunesse.

Moi je commence à être bien, j'ai un petit coup de chaud très bref avant de finir ma première boucle, mais pour quelqu'un qui n'aime pas ça, je n'ai pas souffert de la chaleur. Je m'hydrate et je m'arrose alors ça va.

Je récupère mon premier ruban. Et d'un !!! Je sens que je récupère mes jambes aussi, je me mets sur régulateur de vitesse. J'entends les copains du club qui me disent en me croisant : super Marianne ! Tu cours super bien continue !!

 

Et comment que je vais continuer !! J'ai pas l'intention de m'arrêter et encore moins de marcher. C'est ce que j'avais décidé, c'est ce que je vais faire.

Les copains arrivent les uns après les autres et je vois de moins en moins de têtes connues, je crois reconnaître bigpeuf, mais je ne suis pas sûre à 100%. Fabien marche, il a mal au dos, il a l'air d'en baver. J'ai de la peine pour lui. Roland quant à lui s'arrêtera suite à une baisse de tension.

Je termine les 2 derniers kilomètres de ma deuxième boucle avec Nicolas qui lui termine tout court.

Et de 2 !!! Je récupère mon deuxième ruban. Ca va toujours super bien. Par précaution je prends un gel. Petit à petit je remonte du monde, je suis étonnée par le nombre de personnes qui marchent, je pensais que pour un semi, ça allait être plutôt rapide.

Je rattrape Maxime, il marche, il n'est pas bien. Je lui dis de raccrocher, je lui donne à boire. Il a mal partout et veut s'allonger. Je lui dis de ne pas faire ça sinon il ne repartira pas. Il voit que je suis bien et me dit de partir. Je ne sais pas quoi faire.

Finalement je continue. Tof viendra le chercher et l'emmènera au bout.

 

Quand à moi, ça sens l'écurie, j'accélère, j'en double encore quelques uns. Je recompte mes rubans j'en ai bien 2, je peux donc bifurquer vers la ligne d'arrivée.

Des têtes inconnues crient, des têtes connues aussi, ma tête à moi me dit « grosse tu l'a fais, t'es en train de finir ton half ». J'ai envie de pleurer d'émotion, j'ai les larmes au bord des yeux mais je me dit qu'il faut aussi profiter de ce moment...

Bilan 2h03 au semi et un temps total de course de 6h42.

 

J'ai fait la course que je voulais. Tout s'est déroulé comme je l'avais imaginé, je sais que ça ne sera pas comme ça tout le temps. J'ai tout super bien géré, ma course, mon alimentation, mon hydratation. La course parfaite. Parfaite part rapport à mon niveau bien évidemment....

Bravo à tous les membres du club qui ont participé à cette épreuve.

Une dédicace spéciale à l'équipe des nougats (celle de mon chéri) qui fait un podium, on a ramené un bouteille de muscat dans le porte bidon...miam..

C'est quand même un sport de malade.

Pendant la natation je me suis demandée ce que je faisais là, à nager dans la vase, prendre des coups etc. Pendant le vélo je me suis dis que 90 kms c'est largement suffisant, que je ne pourrais jamais faire un ironman...Pendant la course à pied, je pensais, bon ben voilà je termine celui-ci et après c'est fini.

Passée la ligne d'arrivée, je n'ai pensé qu'à une chose : RECOMMENCER !! 

Et pourquoi pas un Iron ?? That is the question.... 

J'ai quand même mal aux jambes, et aux pieds surtout, c'est bizarre. Je découvrirai le soir je j'étais coupée au niveau du gros orteil droit et sous la plante du pied gauche ainsi que sous les deux derniers orteils à gauche. Je me suis probablement bléssée lors de ma chute dans l'eau au départ de natation.

Prochains objectifs : dans 15 jours avec kikidrome au trail de Puygiron et changer mon vélo pour aller encore plus vite !!! (Si je vais moins vite je recule..)