L'auteur : LeSanglier
La course : Paris - Mantes la Jolie
Date : 24/1/2009
Lieu : Paris 15 (Paris)
Affichage : 1772 vues
Distance : 54km
Objectif : Pas d'objectif
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C’est un monument de la marche française, il en est à sa 74e édition cette année, il attire 3 000 marcheurs chaque année, il fallait bien que j’essaie un jour le Paris-Mantes. C’est chose faite, j’ai marché (pas tout à fait) de Paris (pas tout à fait) à Mantes-la-Jolie (tout à fait). D’ailleurs, un jour, il faudra qu’on m’explique pourquoi « la Jolie ». Parce que là, bof, même pour un amateur d’art moderne, ça ne le fait pas.
On ne marche pas « tout à fait » de Paris à Mantes, parce qu’on part de Boulogne-Billancourt. Bon, ça se touche, c’est kif-kif, mais quand même, mince. On se fait un peu voler sur la marchandise. Je n’ai pas non plus « tout à fait » marché de Boulogne-Billancourt à Mantes, parce que j’ai un tout petit peu couru. Un chouille. Rien de méchant. Juste deux à trois kilomètres, pour se dégourdir les papattes et rattraper les copains.
Parce que mon intention, c’était bien de le faire « traditionnellement » ce Paris-Mantes. Ok, tous les ans, certains le font en courant. Mais on a des tas d’occasions de courir dans l’année, alors que marcher en peloton, c’est rare. Autant en profiter. Et puis c’est une expérience différente et intéressante : comment vont réagir les muscles, les pieds, le moral, pendant neuf heures (ou plus !) de marche, alors que ce petit 54 bornes pas bien pentu pourrait se boucler en cinq heures ?
Hop, on part à minuit comme prévu de la mairie de Boulogne. Y a du peuple ! Très bigarré le peuple : des vieux, normal me dis-je pour une marche (sic !), mais aussi des jeunes, voire des Djeun’s. Et là, déjà c’est plus étonnant, et même marrant, de voir ces banlieusards qu’on imaginerait plutôt squater un abribus en sirotant des binouzes, partir au milieu de la foule pour 54 bornes de marche nocturne. On trouve aussi quelques marcheurs « pros », beaucoup de randonneurs habitués, quelques novices, des étrangers (Espagnols et Anglais, mais que font-ils là ?). Bref, un peloton vraiment diversifié, bien plus représentatif de la « vraie » population française que nos habituelles épreuves d’ultra. Ça, c’est bien !
Donc, je disais hop, on part à minuit. Après quelques centaines de mètres de route bien large, on va se taper environ 10 bornes de trottoirs et de bords de route. Ça, c’est moins bien déjà. Écouler 1 500 (parce qu’au départ de Boulogne-Billancourt, on était 1 500 environ, les 3 000 marcheurs c’est en additionnant les participants aux trois distances proposées - 54, 38 et 12 km) marcheurs sur 2 m de large de trottoir, avec arbres, bouches d’égout, voitures et tout le tintouin, c’est moyen. Donc pendant deux heures, c’est pas follichon : pas moyen de prendre son ryhtme. Mais pour autant, pas de bousculade, et une ambiance plutôt cordiale. C’est pas chaud chaud hein, mais je préfère ça aux gros blagueurs qui lancent vanne salace sur vanne belge ou blonde.
Après deux heures, paf on débouche dans les bois. Là, ça se clairsème un peu. C’est marrant, on sent bien que beaucoup de participants ne sont pas habitués à marcher 1/ en peloton 2/ de nuit et 3/ sur des chemins pourris. Et là ça tombe bien, puisqu’on est en peloton, qu’il fait nuit, et que la boue est bien présente. L’allure générale est donc encore un peu heurtée puisqu’il faut parfois contourner un groupe perplexe devant une mare de boue ou une branche en travers du chemin, mais globalement on peut enfin avancer à son rythme. Il faut dire qu’on est plutôt dans le premier tiers du peloton, malgré un départ presque en queue. Apparemment, plus loin derrière, ça bouchonne toujours pas mal. C’est comme sur n’importe quelle course finalement…
Le premier point de contrôle arrive, avec son cortège de ravitos associatifs : la plupart des gros groupes de marcheurs ont leur caravane suiveuse qui leur organise des points réguliers avec boissons chaudes, boustifailles… Marrant et sympa. Surtout les « Mange-cailloux d’Andrésy ». Nous passons donc le point de contrôle, où l’organisation nous gratifie chacun d’un BN. C’est bon les BN, je n’en avais pas mangé depuis des lustres, ça fait bien plaisir. Bon, sur le site, il est bien indiqué que la marche se fait en autonomie. Chaque coureur doit subvenir à ses propres besoins sur le parcours. Donc un BN, ma foi, c’est pas si mal. Paraît même qu’on pouvait boire un coup, d’ailleurs il y a 2/3 gobelets (allez, 10 à tout casser) qui jonchent le sol après le ravito. Globalement, sur les 54 bornes, j’ai vu trois emballages de barre de céréale, et quelques gobelets après les ravitos, mais vraiment trois fois rien. Bien !
Marie, ma sœur, avec qui je suis depuis le départ, a déjà des ampoules depuis le quinzième kilomètre. Je sens que mes talons commencent à chauffer aussi. Il faut dire qu’on marche à un bon 7 km/h, et que le déroulé de pied est totalement différent d’en course à pied. Je finirai avec deux belles ampoules sous les talons, vers l’intérieur, et Marie finira avec un paquet d’ampoules plus ou moins éclatées, mais le tout sans broncher. Avec très peu d’entraînement, c’est une très jolie performance de sa part.
Le parcours dans les bois est assez agréable, malgré la présence de l’autoroute (A13 j’imagine) jamais bien loin. C’est marrant de voir souvent les mêmes marcheurs, de les doubler ou de se faire doubler en fonction des pasuses-pipi. Ici, l’allure générale est beaucoup plus régulière qu’en course d’ultra. Nous cheminons souvent avec des Anglais, dont deux sont en short. Tout le monde porte bonnet et gants, et eux marchent en short en devisant gaiment. Marrant. L‘un d’eux finira sur une civière de la Sécurité Civile dans le gymnase d’arrivée…
Une fois ressortis des bois nous attend « le plateau ». C’est une longue route à peu près droite, sur un plateau comme son nom l’indique. Je me dis que par mauvais temps, ce doit être absolument terrible : aucune protection, du vent sans doute cinglant, de la pluie qui tombe à l’horizontale… Là, non ça va merci : on voit les étoiles, il n’y a pas un pet d’air, quand à l’humidité elle tient davantage de celle du Sahara que de la Guyane. Bref, top. Par contre le sol, du bitume, est ultra-glissant. Il est tout verglacé, et dès qu’il y a un peu de dévers, on a l’impression qu’il suffirait d’un rien pour descendre la pente involontairement. Du coup, marcher là-dessus crispe pas mal le corps, ce qui s’en ressent après coup : les courbatures seront bien présentes.
Nous courons un peu (1,5 km ?) avec Marie sur cette portion pour rattraper Sandrine, LePiou et Paulo. Ils ont l’air de cailler grave. Je ne comprends pas bien, j’ai chaud, sans bonnet ni gants. Il faut dire que marcher vite (toujours un bon 7 km/h), ça tient chaud ! Un ravito offert par un club de marche local nous tend les bras : soupe, café ou thé, quelques biscuits, le tout servi avec force sourires et bonne humeur : que demander de plus ?
L‘affaire se poursuit, second contrôle et second BN, chouette. On sent bien que certains commencent à peiner. Pour avoir discuté avec quelques personnes, pour certains le Paris-Mantes est un véritable défi sportif, comme l’UTMB peut l’être pour certains d’entre nous. Pour d’autres, c’est une sortie entre potes, ou un défi à la con conclu à l’occasion d’une beuverie, ou une habitude annuelle, ou… Bref, on trouve de tout, comme en ultra course à pied.
Loran nous rejoint, il caillait beaucoup et s’est mis à courir pendant une petite heure. Il nous laisse peu de temps après pour finir en courottant, il a trop froid en marchant. Bernd m’envoie un SMS : Cécile et lui sont rentrés chez eux, profitant du parcours qui passait à quelques kilomètres de la maison. Englués dans le gros du peloton, ils n’ont pas apprécié de ne pouvoir marcher à leur rythme. C’est compréhensible !
Nous passons par une descente « ultra-technique » similaire à celle du Bois d’Arfeuille à la Saintélyon, et d’ailleurs plus nous avançons plus je trouve de similarités entre la Sainté et le Paris-Mantes. Beaucoup de monde, des parcours semi-bitume semi-chemins, un peu de boue, du froid et de la nuit, des groupes qui marchent au petit matin dans des villes. On s’y croirait. D’ailleurs les origines des deux manifestations sont similaires.
Les kilomètres défilent assez vite malgré le mode marche, qui reste très dynamique : toujours plus de 7 km/h au compteur, GPS à l’appui. Sur certains ultras, j’avance moins vite en fin de parcours. Le jour se lève, le compte à rebours s’enclenche. Moins de dix bornes, moins de cinq. Certains nous dépassent en courant, nous en dépassons d’autres qui boitent. Mais globalement, chacun arrive à tenir son allure jusqu’au bout, ce qui me surprend énormément : nous sommes quand même à plus de 6 km/h de moyenne en marche, sur près de neuf heures. Ça veut dire qu’un bon paquet de participants ne sont pas des « randonneurs du dimanche » mais bien des gens entraînés.
Enfin nous arrivons à Mantes-la-pas-très-jolie, et franchissons l’arrivée en 8 h 39. Le GPS affiche 52,5 km, il semblerait qu’il en manque un peu sur la fin, puisque jusqu’ici les kilométrages se tenaient entre les points de contrôle et le GPS. Boissons chaudes et… BN sont dispos à l’arrivée, chouette. Mes compagnons ont l’air éclatés, moi je suis plutôt en forme, ça fait plaisir. Je regrette presque de ne pas avoir programmé le retour en courant, histoire de voir. Mais bon, il y a les ampoules quand même, bien douloureuses.
Terrain glissant donc pour ce Paris-Mantes : bien content de mettre un visage sur cette manifestation, mais un peu déçu par les 10 premiers kilomètres et par certains marcheurs pas très cools. Mais surtout, bien content d’avoir partagé presque neuf heures avec copains et famille.
2 commentaires
Commentaire de nono_la_robote07 posté le 03-09-2009 à 11:58:00
Merci pour ce sympathique récit du célèbre Paris-Mantes. Tu as parfaitement raison, il faut le faire en marchant et profiter de l'épreuve à la traditionnelle. Je dois toujours avoir le carnet de route avec les poinçons de contrôle. Une belle expérience à vivre et partager.
Commentaire de MOZ posté le 03-09-2009 à 22:02:00
Mantes la pas très jolie!!!!!!! Et puis quoi encore, t'avais les yeux embués ou bien.
En fait, c'est vrai, c'est pas très jolie, mais bon, j'y ai grandi et j'en suis fier et.....parti.
Merci pour ce CR.
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