L'auteur : canoecl
La course : Marathon des Burons
Date : 21/6/2009
Lieu : Nasbinals (Lozère)
Affichage : 2768 vues
Distance : 44km
Objectif : Pas d'objectif
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Marathon des Burons 2009
Chez les Pros du trail
Voilà, ça y est, la musique D’Era retentit au dessus d’un millier d’humains chargés, qui d’une espèce de sac à dos d’où sort un long tube, qui d’une ceinture portant plusieurs fioles. Il fait froid (5°c) et ils sont tous vêtus très légèrement hormis les chaussettes, et quelques paires de gants. On se demande quelle faute ils ont commis pour se retrouver par un matin glacial
sur la place du foirail à Nasbinals (Lozère) le jour du solstice d’été.
Non, ne cherchez pas. Nous sommes en Auvergne, et ce sont d’irréductibles gauloises et gaulois qui se sont jetés un nouveau défi :
Traverser le plateau de l’Aubrac le plus vite possible et par les endroits les plus difficiles, sauter de cailloux en rochers, patauger dans la boue, s’arracher la peau dans les broussailles, dévaler les ravins et les à-pics, et ramper pour monter au Suc de Born avec pour les finishers comme récompense divine, une Saucisse Aligot à la « Rosée du matin ».
J’en suis ! C’est mon premier vrai trail (prononcer Traiille) chez les pros….
Je ne suis pas très fier, mes parcours précédents, les Crêtes d’Espellette (l’XAnXoa) et les gendarmes et les voleurs (l’assiette Bernardeau) étaient beaucoup plus courts.
Est-ce bien raisonnable ? J’en suis pas très sur ; hier soir à l’hôtel, lors du repas pris en commun j’ai senti des regards désapprobateurs (ils ont fous ces vieux gaulois) !
Je suis suréquipé, veste goretex sur le beau maillot KIKOUROU rouge à manches courtes avec dessous une micro polaire, des gants, les chaussettes oranges, les chaussures spéciales trailer de Salomon et par-dessus tout ça un splendide sac de Chez Railight, couleur raccord avec le t-shirt Kikou, plein de choses indispensables et une combinaison jaked pour les ruisseaux !
Ceci dit vu le vent frais qui souffle sur le plateau, je ne poserai mon anorak qu’après Bonnefon !
Thierry Breuilh est arrivé, la musique d’Era se termine, le départ va être donné.
Deux gros bisous à Xine, prudente, elle court la Capucine à 8 h 30 mais étant mon supporter numéro 1, elle est levée depuis 4h !
7 h à l’église de Nasbinals, le millier de coureurs prend le trot pour traverser le village sous le regard attendri du boulanger, du charcutier et des habitants qui ont eu le courage de se lever un dimanche matin à 6h…..
A la sortie du bourg, on vire à droite pour prendre le Gr 65, le chemin des pèlerins de Saint jacques de Compostelle et pour le suivre jusqu’à la domerie d’Aubrac. C’est d’abord une piste montant très roulante qui pique dans les pâturages avec des bosses prononcées sans difficulté particulière. La colonne s’étire loin devant moi, et un peu derrière. Je suis long à m’échauffer et je ne force pas. Il fait très frais, le vent nous pousse, un certain nombre de dames regrettent leur petite laine…..quelques cris, une vache apeurée et son veau nous barre le passage (quelle serait votre réaction si un millier de vaches traversaient votre salle à manger ?).
J’aperçois les toits d’Aubrac, j’ai respecté mon tempo de 9km/h. je me force à boire, et je regrette de n’avoir pas emporté du thé dans une bouteille thermo (il fait autour de 4°). Le parcours emprunte maintenant le GR65 A jusqu’à la Croix de Vaysse, c’est une descente caillouteuse au début qui devient une monotrace accidentée ou il est difficile de doubler jusqu’au pont sur le ruisseau.
Après, toujours sur le Gr une montée en sous- bois dans la forêt de hêtres nous amène à la voie romaine en direction des Enfrux.
Du monde devant, du monde derrière, il faut rester attentif car le chemin est pavé de grosses pierres !
Un virage à droite, une courte descente, on rejoint une monotrace à flanc de colline d’où on découvre Saint Chély d’Aubrac !
Avant Bonnefond, un apéritif : deux ou trois passages bien boueux….je rattrape une bonne vingtaine de coureurs qui essayent de passer sans se salir les pieds. Si, c’est vrai ! Une dame hésite, elle tangue, titube sur des pierres, elle va tomber sur le c…. !Non, splash, elle se vautre tête la première dans 35 cm de boue ! Je passe au milieu avec de la gadoue jusqu’au mollet et j’ai droit à un chapelet de malédictions ! Il parait que ça éclabousse .Je fais le plein d’eau à Bonnefon mais j’ai assez de gels pour continuer. Je bois un peu d’eau gazeuse et surtout je débarrasse mes chaussures de la boue.
Je resserre mes lacets, et je pose mon anorak qui va au fond du sac. J’avale un gel, je bois et direction le ravin des Fouilloux. Belle descente, que je vais faire très doucement en raison
d’une file de coureurs qui ont choisi la sécurité et qui sont difficiles à doubler en sortant de la trace .Une fois au fond, une seule option remonter vers le lac des Picades en suivant le ruisseau dans une sente tantôt marécageuse, tantôt caillouteuse, souvent les deux à la fois. Puis, une traversée équipée d’une corde pour rejoindre la rive gauche. Quelques raidillons plus loin à gauche, une belle cascade, le ruisseau tombe en 4 ou 5 ressauts d’une bonne dizaine de mètres. Je sors de la trace et je m’arrête quelques dizaines de secondes pour admirer, on est aussi là pour ça ! (Essayez de regarder le paysage sans vous arrêter et sans sortir de la piste, c’est au choix : la gamelle dans les racines ou dans les pierres, ou le télescopage avec le copain qui vous suis de trop prés.)
Au lac des Picades, un petit bonjour au garde de l’ONF avec qui j’avais discuté le vendredi précédent….et qui m’ encourage !
Le Lac dépassé, je vais attaquer la montée du suc de Born par les pistes de Ski de descente, je jette un coup d’œil à mon cardio, j’ai mis beaucoup de temps pour remonter le ravin des Fouilloux ; ca va être très dur d’être au sommet avant 4 h ! Quelques coureurs devant moi ne vont pas très vite et je les rattrape dans les montées très raides qui donnent accès au bas de la piste de skis.
La voilà, j’attaque enfin cette fameuse piste de Brameloup , c’est tout droit dans la pente ! En haut, le plus dur sera fait !(La médaille du Mérite du Trail pour le signaleur qui se tenait assis en haut de la piste et qui, lorsque je suis passé, commençait doucement à se transformer en gros glaçon ).
Je passe trois concurrents plus lents que moi….en montant !
4 h 14 au sommet de la piste, ça va être dur pour rentrer sur Nasbinals . Un coureur s’informe sur la distance restante, logiquement il y a encore 16kms ?
Je m’arrête encore pour serrer mes lacets….Je me suis refait une petite santé et j’attaque gaillard la piste qui va nous amener vers la Tourbière de Fabrégues par une succession de faux plats et de légères descentes. Vers les tourbières, un panneau indique 11.4 kms, je reste dubitatif …..
Après, la traversée des prairies du plateau commence, au loin sur la droite, on distingue le village d’Aubrac éclairé par un timide soleil. De loin, le sol semble plat, erreur, piétiné par les vaches, c’est une succession de trous et de bosses cachés par les touffes d’herbe qui mettent à mal les chevilles et les genoux. Il est impossible d’allonger la foulée.
Une autre difficulté apparaît bientôt, nous longeons de trop prés une clôture de barbelés prête à nous recevoir si nous chutons ! J’en frisonne de peur, je lève le pied car je n’ai pas envie de finir la g…..éclatée sur la ferraille…. ! Le parcours sort enfin de la prairie et emprunte des larges drailles empierrées, c’est le moment de remettre les gaz !
Pas pour tout le monde ; devant moi un coureur chute lourdement sur le sol deux fois de suite, sans mal heureusement .La fatigue ne permet plus de lever les jambes pour éviter les pierres et les crampes n’arrangent rien.
Placebo ou efficacité, j’ai essayé Sporténine, une pastille toutes les heures et je n’ai pas eu de crampes.
Au loin, la dernière montée, un joli coup de cul bien raide…..ça calme tout le monde !
Mais ça sent l’écurie, une tente jaune indique le 3,4 kms du parcours commun, à partir d’ici que de la descente ou presque. J’essaye de remettre un peu de gaz, d’autant plus que j’aperçois Xine venue m’attendre, un coup d’œil au chrono, je vais pouvoir finir en moins de 6 h. Objectif atteint !
Je termine en compagnie de deux finishers de l’ultra, autrement plus éprouvé que moi !
En conclusion, j’ai beaucoup aimé ce parcours magnifique et pittoresque. La partie Bonnefon-Brameloup représente la grosse difficulté du parcours, surtout la remontée jusqu’au lac des Picades où il est très difficile de courir en raison du relief et des marécages.
Un petit regret, le monde du trail à Nasbinals est un peu tristounet, pas de musique ou de bandas et des coureurs charmants mais peu causant.
Merci à tous les bénévoles et à l’organisation, j’ai mis ma plaque agricole avec touts mes autres trophées….dommage qu’elle ne soit pas millésimée !
Et peut-être à l"année prochaine...
4 commentaires
Commentaire de Schtroumpfette74 posté le 25-06-2009 à 20:38:00
Bravo pour ton premier marathon et pour ce récit agréable à lire, ponctué de touches d'humour !!!
Effectivement, je donnerai bien la médaille du mérite au signaleur dans son duvet à Brameloup ! En tout cas, ils étaient bien courageux les bénévoles par cette météo... nous au moins, en courant, on se réchauffait !
Commentaire de Nicolas93 posté le 25-06-2009 à 21:39:00
Salut !
C'est un récit bien précis qui fait revivre la course, merci. Tu dois surement être un régional de l'étape avec les précisions des lieux traversées ou les petits détails qui vont bien...agréable à lire !
Commentaire de suzume06 posté le 26-06-2009 à 12:18:00
Bravo, pour moi aussi c'était le premier marathon nature et ton récit me fait revivre les bons moments et aussi les moins bon (suc de born) mais j'étais très heureuse à l'arrivée car mon objectif était atteint (maxi 6h) sans problème majeur, sans courbature le lendemain .....Cette expérience était pour moi un test car depuis un bon moment je voulais faire les Templiers. Ce sera pour 2010 !!!
A +
Commentaire de Francis31 posté le 26-06-2009 à 17:42:00
Belle course pour une belle première. Bravo pour ton finish.
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