Récit de la course : Trail de Faverges - 42 km 2009, par Belet

L'auteur : Belet

La course : Trail de Faverges - 42 km

Date : 13/6/2009

Lieu : Faverges (Haute-Savoie)

Affichage : 3337 vues

Distance : 42km

Matos : Chaussures Asics Trail Attack
Shorty Kanergy
T-Shirt Adidas Polar MC
Casquette Kikourou

Objectif : Se défoncer

4 commentaires

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C\'est quand qu\\\'on court?

    Comment bien se fatiguer avant de reprendre le boulot?

     Levé 4h du matin et autant d’heures de sommeil, max. Je suis rentré la veille de mon quasi mois de vacances, j’ai cumulé les kilomètres mais surtout sur 4 roues, comme je m’en étais douté j’ai eu beaucoup de mal suivre le plan d’entrainement d’autant que le dénivelé était difficile à trouver. Je rigole encore des cotes que je me remémorais terribles autour de chez mes parents. Qu’importe, j’étais en bonne forme jusqu’à mi-Mai et je me dis que j’arriverai d’autant plus frais à la course.

    Je rejoins Alex, Caro (sur le 28km), Dam et Rémy de l’autre côté de Grenoble et on file sur Faverges. Une grosse heure de route. Je ne conduis pas et il n’aurait pas fallu que ça dure beaucoup plus longtemps pour que je m’empaffe. Malgré les préparatifs et l’adrénaline d’avant course, je ressens comme une lassitude dans le sas de départ. Bah, ça va passer.

    On s’est un peu éparpillé à l’entrée dans la cage aux fauves, Damien est proche de la ligne, Rémy un poil devant moi alors que je discute avec Gibus, Alex fait le modeste et reste au fond, on voit qu’il n’est pas (plus ?) habitué à s’aligner en compétition. Le départ est donné à 7h30, c’est tôt mais vu la météo estivale et les chaleurs annoncées, ça devrait nous éviter de courir au zenith. Enfin ça c’est ce qui était prévu, j’ai comme objectif virtuel d’essayer de rester dans les 100 premiers et sous les 5h15, même assez proche de 5h dans mes rêves les plus fous…

Départ - Photo: Gibus

    Paf, dans les rues de Faverges je prends mon rythme et remonte pas mal de monde pour être placé avant les premiers single, j’ai en vue Rémy qui fait de même quelques dizaines de mètres devant moi. La tête de course ainsi que Damien sont vite hors de portée. D’entrée ya un truc qui cloche dans la fesse droite, genre contracture limite sciatique, pas super douloureux mais bien présent. L’échauffement n’a pas été super long et vu que ça ne me gêne pas trop pour courir, je pense que ça va disparaitre tout seul.

Les Premières Côtes - Photos: Jaguar

    On attaque les premières montées, ça ralenti un peu mais sans non plus bouchonner, je suis le petit-train. Le rythme est bon pour moi, on alterne marches rapides et relances, quelques petites descentes, jusque là tout va bien. A l’approche des 20mn je visualise Rémy qui a déjà une grosse minute d’avance. Normal et ça me rassure puisqu’il fait toujours des départs prudents, je ne dois pas être trop mal. J’avais peur que le manque de séances me fasse partir trop vite.

Petit Pont - Photos: Jaguar

    La vraie cote commence au bout de 45mn , 1000m D+ d’une traite pour rejoindre le haut du télésiège du Sambuy à 1900m d’altitude. J’ai remarqué que j’ai souvent un contrecoup du départ passé 30mn, ce coup-ci je m’y attends et effectivement ça ne rate pas. Je mets ça sur le compte du manque d’échauffement plus que sur un début trop rapide. Quand on commence à marcher dans le pentu je n’arrive pas à m'aligner sur le rythme des autres concurrents, les jambes ne suivent pas. Pour autant je ne suis pas en surrégime, juste que je n’arrive pas à maintenir une cadence de marche correcte, comme si je marchais lesté avec mon fils de 20kg sur le dos, chaque pas est lourd. On est au tout début de la course et je monte donc à mon rythme en attendant que la forme revienne.

Photo: Gibus

    Le style rando-marche n’a jamais été mon point fort, je manque de puissance et de cuisse dans ce genre d’exercice. Le truc c’est que d’habitude je monte tranquillement la cote en récupérant ceux qui m’ont doublé sur le plat ou la descente suivante. Le truc c’est que d’habitude la cote ne dure pas non plus 2h. On me remonte donc petit à petit, ça ne m’affole pas trop puisque je suis bien parti, c’est normal que ceux qui étaient plus loin au départ reviennent dans la course.

Un peu de calme avant le sommet - Photo: Gibus

    Premier pointage juste avant l’heure. Peu de temps avant j’ai vu passer Kenza Pedrero, l’ai suivi un moment mais sans pouvoir m’accrocher réellement. Je la vois relancer et encore relancer et moi je vois bien que ne suis pas dedans. La marche même lente me demande pas mal d’effort dans ces pourcentages, mais je peine aussi à me remettre à courir quand ça s’adoucie. Je suis toujours gêné par cette fesse douloureuse, qui commence même à me lancer un peu dans la cuisse. Paradoxalement ça me dérange plus en marchant qu’en courant, mais le hic c’est que j’suis pas en forme pour faire autre chose que marcher. Allez, ça va passer.

Remy à l'approche du sommet - Photo Jaguar

    Ça grimpe ça grimpe et ça n’en finie pas de grimper. Et moi ça va toujours pas mieux dans le pentu. Je laisse passer les coureurs sans me formaliser mais commence à me préparer psychologiquement au fait de courir plutôt 6 que 5h. Je marche vraiment lentement par rapport à tout le monde, hommes et femmes confondus, et même comme ça j’ai l’impression d’en baver, ça m’énerve quand même un peu. Un peu avant le sommet une partie plus roulante ou je peux me libérer et sans forcer, reprendre quelques places, je redouble Yannick74 qui m’a passé quelques temps auparavant. Ah quand même, mais c’est trop court.

Arrivée au Sambuy - Photos Jaguar & Photolivier

    Je patiente donc tranquillement jusqu’au sommet, prend le temps de regarder les superbes paysages (vue sur le Mont-Blanc et les massifs des Bauges), j’espère pouvoir m’exprimer dans la descente. Ce que je fais au début. Un large chemin à 4x4, je surfe sur le ballaste et grignote rapidement des places (re-Yannick), ça me motive. Les jambes ont quand même souffert dans la longue montée et passé quelques minutes je commence à coincer, j’ai les guiboles douloureuses et sur cette descente raide ça tape pas mal, je suis obligé de ralentir. Et voilà pas que j’ai chopé une ampoule à chaque pied, derrière le talon gauche et sous l'arrière du pied droit! Quand ça veut pas, ça veut pas.

Début descente - Photo: Rapacette

    Fin de la descente je prends un bon coup au moral, le manque de jus est plus profond qu’escompté et avant d’arriver au ravito j’ai reperdu toutes les places prises au début. Bon, je ne prends aucun plaisir depuis le départ et l’idée d’abandonner fait son chemin. Oui mais comme au RTT je n’ai pas vraiment de raison « valable » d’abandonner, et je sais qu’après la course je vais énormément le regretter. De plus je suis toujours sur un timing de 6h à l’arrivée, ce qui n’est si mal et ne m’aurait pas fait honte l’an dernier.

Débordant d'énergie - Photo: Rapacette

    Je prends donc mon temps au ravito, mange, bois bois et remange, je traine volontairement et re-remplis même le camel, une bonne dizaine de minute avant de trouver l’envie de repartir. Je croise Gilou qui tente également de me rassurer en prétendant la deuxième côte plus douce et plus constante. C’est pas vraiment ce que j'ai en mémoire, mais comme il l’a fait dernier je lui fait un peu confiance.

 Deuxième montée - Photo: Gibus

   Gavé comme une oie je repars doucement, puis me met à courir. Ca me soulage presque les jambes. Je n’avance pas beaucoup plus vite que les marcheurs, mais si je marche, eux me larguent. Je tiens une bonne dizaine de minute comme ça, en toute petite foulée, jusqu'à ce que je la pente devienne trop raide, retour à la marche de l'enfer.

Les Bauges - Photo: Cédric Denambride

        On grimpe longtemps ce gros chemin à 4x4 balisé, qui plus est en plein cagnard. J'ai au moins l'avantage que le soleil et la chaleur ne me gênent pas. Je profite quand même de chaque fontaine pour tremper ma casquette, ce n’est pas désagréable. Les champs fleuris nous titillent l'odorat, tiens j'irai bien faire un somme au milieu de tout ça :)

Le plateau vers l'épaule de Chaurionde - Photo: Gibus

    En haut quelques kilomètres sur le plateau, le terrain m'est plus favorable et immédiatement je reprends des places, même si j'ai toujours pas les jambes que je voudrais, ça tire un peu de partout. Je passe l'épaule de Chaurionde en 3h50 et un bénévole, pensant bien faire, m'annonce: "plus que 300m d+ et vous avez fait 24km". Ho la vache, seulement 24km? Ca fait longtemps que je n'ose plus regarder le topo, mais j'étais certain d'en avoir couru au moins 30. Bon effectivement avec un peu de jugeote je me rends compte qu'à mon rythme c'est impossible, mais les jambes elles, ont bien l'impression d'avoir déjà couru plus de 30 ;)

Aperçu du lac d'Annecy - Photo: Cédric Denambride

    J'oublie vite ce qu'il vient de dire et me lance dans la descente. Bizarrement elle est presque aussi pentue que la première mais le petit single tortueux m'amuse, et j'arrive à bien me relâcher. Je prends (enfin) du plaisir et dévale les lacets en doublant plein de monde, on s'enfonce dans la forêt et j'arrive à garder un très bon rythme. Même si un certain nombre sont probablement sur le 28km et donc encore plus loin que moi dans leur classement, personne ne me reprendra sur cette portion.

Fait tes lacets - Photo:  Cédric Denambride

    C'est quand même un peu le chant du cygne et j'arrive au point d'eau bien entamé et avec des petites crampes abdominales. Je prends encore quelques minutes de pause avant de me présenter à la séparation des parcours, face à une pente que je n'ai aucune envie d'attaquer. Allez, un peu de courage, 300m D+ c'est même pas ce que tu bouffes à jeun le midi, ça doit bien se grimper!

Remy, Damien, Alex à l'Epaule de Chaurionde - Photo: Philippe Stiefbold

    Un chemin de croix, je suis en train de faire mon chemin de croix. Je fais 10 pas au ralenti et suis obligé de me poser le cul contre un arbre pour soulager. D'habitude j'ai les mollets façons boules de pétanque, ou les cuisses dures. Là ça tire différemment. J'ai l'impression d'avoir les jambes vides, plus de muscles, mais emplies d'une sorte de brulure lancinante, je dois être bourré d’acide. C'est pas non plus l'agonie mais franchement désagréable.


    D'un autre côté je me suis détaché de la course, je ne compte plus faire ni un chrono ni une place, seul objectif l’arrivée en essayant de ne pas trop me faire mal. D'ailleurs je ne suis pas le seul, on se soutient avec un collègue qui n'est pas en bien meilleur état que moi, ça nous fait bien rigoler.

Le lac d'Annecy, en 2 morceaux - Photo: Gibus

    Arrive le haut, suivi de quelques petites collines avant d'attaquer la longue longue descente. La pente est idéale et un jour de forme, je me serai sans doute régalé. Là j'ai plus du tout de jambe et j'ai beau essayer de m'économiser, ça devient vite laborieux. Sur la fin retour des crampes d’estomac (abdo?), et les cuisses bien en feu je serai même obligé de m'arrêter régulièrement pour faire des pauses. Le tout en descendant à moins de 10km/h ! On termine par des portions prises au départ, je suis certain de les avoir montées plus vite que je ne les aie descendues :)


    Enfin Faverges, quelques kilomètres de bitume plat, quel soulagement. Je parviens quand même à avoir une foulée presque correcte, preuve que je ne suis pas totalement dézingué. Je passe sous la banderole en 6h20, c'est au moins un record personnel de durée. Damien et Caro sont là pour m'accueillir, visiblement un peu inquiet. Bah quoi, j'ai qu'une heure de retardAlex arrive un peu après moi, mais lui a géré tout du long et semble être satisfait de sa course.

Une excellente tartiflette à l'arrivée

    Alors que dire de cette course. Les paysages sont superbes, vraiment superbes. Le parcours assez varié, ya la première descente et la deuxième montée sur gros chemin pas bandant, mais dans l'ensemble c'est très joli. Les bénévoles sont aux petits soins, tous sympathiques et plein d'encouragement, impossible de se perdre sur ce parcours hyper bien balisé. C'est donc une course super bien organisée, et dans un magnifique environnement.

Photo: Cédric Denambride

    Mais, je n'y ai pris aucun plaisir. Enfin si, 20mn sur 6h20, ca fait peu. J'essaye comme tout le monde de faire au mieux de mes performances, mais en cherchant avant tous à me faire plaisir, à profiter de la course. Là cela n'a été que souffrance et même en réduisant fortement l'allure, ça n'a jamais été simple pour moi. Au final il n'y pas le compte question résultat, et encore moins question plaisir. Ça ne le fait pas.

Photo: Cédric Denambride

    Je savais déjà que je n'étais pas à mon avantage sur du très pentu, le style « rando-rapide » ce n’est pas ce qui m’amuse, moi j’aime courir. Mais avec un jour "sans" c'est devenu un enfer. Ya sans doute des raisons à ce jour sans. En forme mi-Mai pour les 6h de Mûre, les vacances qui ont suivi ont bien perturbé l’entrainement, quasi nul à part quelque sorties longues. Surtout, je n’ai quasiment pas fait de dénivelé en 1 mois. A ce niveau là, j’ai compris que ça ne pardonnait pas. Si je ne m’abstiens pas spécialement à un régime alimentaire le reste de l’année, les diverses bouffes et rations d’alcool ingurgitées pendant le séjour n’ont certainement pas été un avantage non plus.

Photo: Cédric Denambride

    Enfin les bons résultats en Drôme et aux 6h m’ont aussi fait pêcher par excès d’optimisme. Après tout j’avais l’impression d’avoir progressé en dénivelé, c’était la même distance pour « seulement » 1000m d+ supplémentaire. Rien d’alarmant sur le papier. En course j’ai eu le temps de faire ce bête calcul prouvant le contraire : 2700m D+ pour 42km, et autant à descendre, ca fait donc 2700m D+ pour 21km de montée, soit une pente moyenne de 13%, déjà supérieur à ce que je cours habituellement. Et donc des pentes réelles de l’ordre de 15-20% si on enlève les parties roulantes. Dur dur…

Photo: Cédric Denambride

    Voilà, je me suis frotté au « trail de montagne » comme ils disent, et pour le moins, ça pique (ça a d’ailleurs continué à piquer les 6 jours suivant). Pour faire le point, il faudra que je m’essaye à ce type de profil sur plus court, ensuite on verra si je re-tente ce type d’épreuve. Par contre j’ai trouvé le coin magnifique et m’imagine bien y revenir… faire des randonnées.


Chiffres:

  • Total: 6h20, 42.1km - 2700m D+, VMoy = 6.65 km/h
  • 478 partants, 60 abandons.

Temps: (temps, classement, class sur l'intermédiaire)

  • Les Chaffauds:              0 h 53 mn 04 s, 111 (111)
  • Telesiège Sambuy:        2 h 13 mn
  • Sortie Ravitaillement:     2 h 45 mn 40 s, 190 (269)
  • Epaule Chaurionde:       3 h 50 mn
  • Maison Forestière:        4 h 32 mn 12 s, 214 (260)
  • La Sarve:                      5 h 07 mn 25 s, 226 (352)
  • Piste la Motte:               6 h 01 mn 10 s, 239 (313)
  • Arrivée:                         6 h 20 mn 20 s, 245/418 (344)  

Résultats:

     Hommes:

     1. David Pasquio - 3 h 46 mn 53 s

     2. Ludovic Pommeret - 3 h 51 mn 13 s

     3. Christophe Benay - 3 h 57 mn 47 s

     .

     209. Milieu - 6 h 07 mn 51 s

     245. Moi - 6 h 20 mn 20 s


     Femmes:

     1. Catherine Dubois - 4 h 59 mn 07 s (44 ème)

     2. Kenza Pedrero - 5 h 00 mn 11 s (47 ème)

     3. Maud Giraud - 5 h 00 mn 15 s (48 ème)

4 commentaires

Commentaire de lulu posté le 20-06-2009 à 14:09:00

Bravo pirate...d\'avoir ramené ta galère au bout !!
Cest vrai que cette course est maginfique et qu\'elle ne pardonne pas la méforme..
A +

Commentaire de Gibus posté le 23-06-2009 à 13:31:00

Bravo Aranud
Encore une superbe course à laquelle nous avons participé.
A bientôt.

Commentaire de gilou01 posté le 23-06-2009 à 19:08:00

bravo pour a ta course a bientot sur un trail

Commentaire de gilou01 posté le 23-06-2009 à 19:08:00

bravo pour a ta course a bientot sur un trail

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