Récit de la course : Marathon d'Annecy 2009, par germaine

L'auteur : germaine

La course : Marathon d'Annecy

Date : 19/4/2009

Lieu : Annecy (Haute-Savoie)

Affichage : 1703 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Pas d'objectif

9 commentaires

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Le récit

Le marathon d’Annecy était un projet que nous avions au club depuis plusieurs années déjà,

et cette année un petit groupe s’est décidé finalement à y aller. Ce sera mon 5è marathon.

 

Ma prépa a été entrecoupée en raison de plusieurs séjours à l’étranger et ce qui ne m’a laissé

finalement que 4 semaines de prépa sans interruption. Cependant une course de 10 kms avec un bon chrono et des bonnes sensations lors des entraînements me permettent d’espérer de pouvoir approcher les 3h45 (ce qui est dans mes cordes d’après mes chronos sur semi) ou de pouvoir enfin améliorer mon meilleur chrono de 3h51 obtenu lors de mon premier marathon.

 

Je pars en Haute Savoie à une centaine de kms d’Annecy à 1000 m d’altitude une 10ène  de jours avant le marathon. Je continue ma fin de prépa là-bas, la première séance de 1h30 faite 8 j avant passe bien, toujours de bonnes sensations et puis, mystérieusement, les bonnes sensations disparaissent progressivement. Alors j’allège la fin du plan, pensant en avoir trop

fait, vu que là-bas il n’y a rien de plat. Mais la dernière séance de 30 mn faite le mercredi s’avère une véritable catastrophe : rien dans les jambes, la fcm haute, aucune bonne sensation.

Au point que je me pose la question d’annuler Annecy attendre que les sensations reviennent et faire Sénart 15 j plus tard. Mais nous devons rejoindre nos copains le samedi à Annecy et j’ai embarqué mon chéri à faire le semi, j’ai pas envie de les lâcher de cette manière et je me dis qu’en me reposant bien les derniers jours ça devrait le faire.

 

Arrivée sur Annecy le samedi après midi, on tombe tout de suite sur la banderole

« départ du marathon » et j’ai des frissons de plaisir (  vous croyez que je suis folle ? )

J’ai vraiment envie de le faire, et le plaisir emporte mes doutes.

 

Au départ je repère le meneur d’allures des 3h45. C’est pas complément utopique d’essayer de le suivre, après tout ma forme d’il y a 15 jours est peut être revenue, les jambes après  l’échauffement ne sont pas lourdes les sensations ne sont pas si mauvaises.

 

Top départ, le meneur d’allure peste contre ses chronos (ça commence bien dit-il)

Je ne me laisse pas déstabiliser j’ai mes propres points de repère, je trouve qu’il va trop vite et je le laisse filer. Le cœur est déjà à plus de 85 % de fc, faut pas s’emballer cocotte, réduis l’allure. Je reste cependant à plus de 80 % de fc alors que je voulais faire les premiers  kms plus lents. Passage au 1er km en 5mn38, je mets ça sur le compte du bouchon du départ.

2è kms idemn 5mn 38 toujours avec une fc au-dessus de 80 % . Oulà là là …..je suis bien loin de mon objectif du départ, tant pis, vu mon manque de repères sur mon état de forme actuel je préfère être prudente, ça donnera ce que ça donnera à l’arrivée …….et je continue en faisant bien attention à mes sensations et à garder toujours le même niveau d’effort.

 

Le passage au 3è kms se fait en 5mn20 sans que je comprenne vraiment pourquoi et je prends finalement mon allure de croisière à 5mn20 ce qui finalement reste dans mon objectif et je recommence à y croire. Passage au 5 è avec 1 mn de retard sur mes temps de passage que j’ai écrits au stylo sur  mon avant bras (ce qui a fait rigoler pas mal de

monde d’ailleurs) Et je tente l’opération périlleuse (pour moi en course) du calcul mental.

Alors, je pose le problème, 1 mn de retard sur 5 kms ça fait combien de mns de retard sur 40 kms ????  Rigolez pas, c’est grave, il m’a fallu un certain temps pour trouver …….

Passage au 7 è kms et je m’affole, je prends ça pour le temps de passage au 5è bref, du n’importe quoi, t’as déjà perdu toute ta lucidité ma pauvre fille, tant de bêtise m’a bien fait marrer toute seule finalement. Tout à coup je vois sur le bord de la route mon copain  Bruno qui prépare un 24 h pour le 1er main en tenue et avec son camelback.  Il emboite ma foulée et m’accompagne, il me raconte qu’il a déjà fait de même avec nos copains.

Généralement je n’aime pas qu’on m’accompagne, les conversations me déconcentrent, mais Bruno lui est un pro, et il sait exactement ce qu’il faut dire ou pas et j’apprécie sa présence.

Les kms défilent facilement, faut dire qu’on est en descente, punaise qu’elle sera longue et sera dure à remonter, je me retourne sur le panneaux km retour, il indique Km 31, c’est quand on sera en plein marasme que la parcours sera plus dur, ça fait bien 2 kms de descente bien appréciables pour l’instant, ben, apprécie tant que tu peux justement…..

 

Nous croisons les premiers, 4 kenyans, à allure bien entendu impressionnante, qui on creusé un gouffre avec le 5 è.  Le premier de notre bande arrive en 30 è position (qu’il améliorera encore à l’arrivée) et Bruno me lâche pour le suivre.

J’arrive au semi.  Les jambes commencent à devenir lourdes il faut dire aussi que le parcours n’est pas si facile contrairement à ce que j’avais cru voir sur la courbe du dénivelé. Je décide de commencer à me faire violence à partir du 25 è, je sais que je peux tenir jusqu’à la fin je l’ai déjà fait. Alors j’augmente le niveau d’effort fourni pour maintenir l’allure.  Les cuisses commencent à devenir douloureuses, mais quoi de plus normal, t’es dans un marathon ma fille, pas dans une ballade

dominicale, alors serre les dents et bats toi .  Une douleur insignifiante au genou gauche devient de plus en plus forte, pour devenir très aigue m’obligeant à stopper net. Ben me voilà bien, qu’est ce que c’est que cette ânerie !!!!!  Je marche un peu, la douleur s’estompe, je recours et elle revient de plus en plus forte m’obligeant à m’arrêter net

encore une fois.  Zut et zut !!!!!!! je suis verte de rage et de colère ….je refais la tentative à diverses reprises, essayant de passer par-dessus la douleur, de l’occulter, et je retrouve à courir en claudiquant, et je me rends compte que je suis ridicule ....  Alors je remarche, la douleur estompée je recommence à courir. A 8 kms /h  la douleur reste supportable, mais dés que j’accèlère elle devient si aigue qu’elle m’oblige à marcher.

 

 Alors je pense à l’abondon. L’ABANDON. Qui n’a  pas vécu l’état d’âme post abandon?  et je doute, je me pose mille et une questions sans arriver à vraiment prendre l’amère décision lorsque j’arrive au poste d’abandon

du kms 33.

Je m’arrête (je marchais depuis un moment déjà) et je réfléchis encore ….le bénévole me regarde en souriant et me dit « il n’en reste plus que 8 » et je regarde mon genou comme s’il allait pouvoir me donner la réponse, soit me dire : «  pitié donne moi du repos », soit « vas-y continue je vais te laisser tranquille ». Mais il ne m’a rien dit du tout …ça vous étonne vous ? Bref,  je refais le point : je n’ai pas de claquage, ni de déchire, rien que ne me cloue vraiment sur place, je peux continuer à 8 kms, dans la souffrance certes, mais supportable. Ce qui est moins supportable est de devoir faire le deuil d’un chrono honorable, car à  cette allure ça va être du 4h30, et de se voir doubler par tout le monde, ce qui est le cas

depuis le 27 è, bref cette brève auto-analyse me permet de me rendre compte que finalement c’est essentiellement une question d’égo et j’ai toujours trouvé que ce n’était pas très sportif d’abandonner juste pour ne pas voir notre nom en face d’un chrono honteux pour nous. Notre sport comporte aussi des échecs et bien qu’ils soient durs à digérer, le fait de les

accepter justement fait que l’échec n’est pas totalement un échec ..oulà là  je suis nettement

plus lucide qu’hier ….

 

Alors je continue, en jouant continuellement sur le rapport vitesse douleur, m’obligeant encore à diverses reprises à des périodes de marche vu que parfois je me remets à y croire.

Tout à coup je revois mon copain Bruno qui revient à ma rencontre, je lui raconte mon  problème, il se met à mon allure. On teste avec lui ma douleur et elle reste supportable à 10 kms/h.   Progressivement on accélère et ça tient ! Et il me booste, il m’oblige à me bagarrer pour remonter le peloton, sans lui, je me serais dit à quoi bon, avec ce chrono

de m***** .qui m’attend. Merci à lui, merci pour ces bonnes sensations des 4 derniers kms

(il était temps !) Il m’accompagne jusqu’au point limite des accompagnateurs et me  quitte en me criant « tu vas me les chercher les deux  qui sont devant » et je me surprends à obéir, j’accélère, j’en suis capable, et je double, je double, devant les yeux incrédules de mon chéri qui ne comprent pas mon chrono avec cette allure que j’affiche  à l’arrivée.

Je suis étonnée d’avoir été capable de faire abstraction du chrono qui m’attendait à l’arrivée  et de trouver la motivation de finir comme si je venais de faire mon meilleur chrono de tous les temps.

Devant moi deux filles se bagarrent sous les applaudissement pour franchir la ligne d’arrivée, je n’essaye pas de venir troubler la fête et les laisse à leur bagarre. Et franchis en légère décélération et seule la ligne d’arrivée. C’est à contrecoeur que je regarde mon chrono :  4h09 ….depuis il est toujours coincé dans le gorge, il a du mal à descendre.

 

Depuis hier j’essaye de trouver des réponses, pourquoi ai-je perdu les bonnes sensations en arrivant à la montagne ? L’adaptation à l’altitude ? je croyais pourtant que c’était plutôt bénéfique …. un traitement hormonal que j’ai depuis peu et que je dois encore régulièrement adapter (ce que j’ai du faire 3 jours avant le jour du marathon)

La douleur au genou : les nouvelles semelles orthopédiques chargées de limiter un souci que j’ai à un pied et pour lequel de toute manière il faudra que je sois opérée ? je n’avais pourtant jamais eu cette douleur pendant les sorties longues …….Ou serait ce le froid ? Il faisait plutôt frisquet, j’ai couru les genoux découverts et j’ai eu froid aux genoux justement, mais dans ce cas je n’aurais eu mal bien avant le 27 è km …….Bref, tout un  tant de questions que je me pose et pour lesquelles je n’ai pas de réponse et n’en aurai sans doute jamais. Cette expérience prouve encore une fois que le marathon demeure

une aventure incertaine que le moindre petit grain de sable peu altérer. Mais quand ça loupe à ce point là c’est dur à digérer et pour l’instant il est encore coincé dans la gorge ……… je me demande « ah quoi bon se donner autant de mal pour se préparer et voir tous ses efforts réduits à néant » 

9 commentaires

Commentaire de Runner des Terres Froides posté le 20-04-2009 à 22:35:00

Bravo pour ta persévérance Germaine, quel courage !
Félicitations pour ton récit qui détaille très bien les incertitudes de ce type de course, ce qui en fait aussi son charme !
Pour les réponses à tes questions, je ne suis pas docteur mais si tu prends un traitement depuis peu et surtout que tu portes des semelles orthopédiques avant possible opération du genou, cela est sans doute lié ...une sortie longue ne donne pas toujours les sensations d'un marathon...

Bonne récup

Runner des TF

Commentaire de Davidou le minou posté le 21-04-2009 à 00:53:00

Merci pour ton super récit. Tout ce qui t'es passé dans la tête avant ton "abandon" et qui t'as poussé à repartir, c'est EXACTEMENT ce que j'ai ressenti les quelques fois où j'étais près à abandonner.
Tu as vaincu, tant pis pour le chrono, le but est de terminer, et la victoire que tu as eue sur toi-même est plus importante que ton temps.

David

Commentaire de germaine posté le 21-04-2009 à 15:39:00

Merci de m'avoir comprise, ça me réconforte.
Je sors de chez mon toubib et vu qu'aujourd'hui,
soit 48 h après, je ne sens plus rien au genous et que je suis incapable de dire où j'ai eu mal exactement, il m'a posé la question qui éclaire tout : " vous n'auriez pas couru sur le côté de la route, celui qui est légèrement penché ?" et là tout s'éclaire, la piste cyclable très bombée, devoir se rabattre sur le bas côté pour laisser de la place à ceux qui sont sur la boucle retour, l'apparition de la douleur quelques kms plus loin et sa disparition lorqu'on en revenus sur la partie plus plate .......c'est encore plus rageant.

Commentaire de objectif1h30 posté le 21-04-2009 à 19:24:00

bravo pour ton recit tres agreable à lire. continue et bonne chance pour ton record sur un prochain marathon.. moi c'était prevu pour Lyon mais bon ce sera senart...

Commentaire de gdraid posté le 21-04-2009 à 20:11:00

Merci Germaine pour ce récit bien agréable à lire.
Bravo pour ton mental très fort, l'expérience de ce marathon te sera très utile pour la réalisation d'une perf en 3h45' sur le prochain !
JC

Commentaire de germaine posté le 21-04-2009 à 23:01:00

Objectif 1h30 (sur marathon ?) on se croisera certainement à Sénart, je pense sérieusement à le faire. Je ne comprends pas que tout le monde autour de moi crie que je suis folle, après tout c'est comme si j'avais fait une sortie longue avec quelques accélérations.....Auras-tu un signe distinctif Kikourou ?

Commentaire de Papy posté le 23-04-2009 à 12:12:00

Je pensais te faire un commentaire sur l'abandon raisonné lorsqu'il y a risque de blessure et je lis que ta douleur a disparu.
Le coup de la route bombé, il m'a été fait il y a plus de 20 ans, depuis, j'en doute pas mal...
Si tu n'as pas d'autres explication, pourquoi pas...
Sinon, pour Senart, tu verras rapidement au Semi si cela vaut la peine de continuer.

Si tu es euphorique tu récolteras les effets de la sortie longue. Si hormonalement tu n'es pas au top, tu risqueras de souffrir d'une récupération incomplète d'Annecy.

Vois également l'impact de tes semelles car faire un marathon avec lorsqu'elle sont neuves, c'est dangereux car il faut que le corps s'y habitue. (Au moins 2/300 bornes avec avant de faire du long)

Voilà, tous mes voeux pour la suite et n'hésites pas à abandonner si risque de blessure avec séquelles. Une "pilule" à avaler, c'est moins difficile que des jours d'inactivités et des mois sans sport.

Commentaire de germaine posté le 23-04-2009 à 16:56:00


AH ENFIN ! Quelqu'un qui pense que faire
Sénart n'est pas totalement une folie, merci .....
je te contacte en mp pour plus de détails, on ne va pas les enquiquiner avec mes petites histoires ....

Commentaire de eric74 posté le 28-04-2009 à 09:27:00

allez Germaine

tout ça me rappelle mon premier marathon à ....Annecy y a fort longtemps , j'ai explosé en plein vol au 25 ieme ! et j'ai fini en 4h10 ( sic ) pour 3h30/45 visé ....
pour moi simplement l'explication etait un départ trop rapide je suis passé au semi en 1h45 !

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