Récit de la course : Semi Raid du Golfe du Morbihan - 86 km 2008, par ogdul

L'auteur : ogdul

La course : Semi Raid du Golfe du Morbihan - 86 km

Date : 28/6/2008

Lieu : Vannes (Morbihan)

Affichage : 4307 vues

Distance : 86km

Objectif : Pas d'objectif

4 commentaires

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semi raid du golfe du morbihan, premier ultra...

Raid et semi raid 2007, je parcours le forum en tant que spectateur, je lis et relis les conseils, les doutes d’avant course, les récits d’après courses, et je me mets à rêver que l’année prochaine j’y serai…

 

Novembre 2007, je m’inscris sur le forum du raid et je commence à échanger avec des « anciens » dont l’expérience est irremplaçable et dont on boit les paroles car riches en infos, plus utiles les unes que les autres, et avec des novices aussi, qui découvrent la course en ultra.

 

Je sais déjà que dès que les inscriptions seront ouvertes, je ne me poserai aucune question, je ferai partie de l’aventure cette année.

 

Février 2008, je débute la prépa du marathon de Paris, avril 2008 le MDP, une petite récup de quinze jours et c’est reparti pour la prépa du semi raid. Avec le marathon de la rochelle en novembre 2007, ça fait un beau programme étalé sur 7 mois, avec comme bouquet final le fameux we du 28-29 juin…

 

J’en parle à l’asso dans laquelle je cours, et je sens bien que je donne des envies, nous serons au final 4 de l’asso sur la ligne de départ de ce fameux raid ultra-marin.

 

La prépa fait suite au MDP qui fait partie intégrante de la prépa générale du semi raid, avec environ quatre séances par semaine, en incluant des sorties mixées vélo et course à pied, tout en prenant l’habitude de courir avec un sac à dos d’environ 3 à 4 kg.

Je n’aurai fait qu’un entraînement en sortie nocturne, en tout cas bien suffisant pour se familiariser avec la frontale.

 

 

Samedi 28 juin, départ de Rennes pour Vannes, petit détour par Arzon avant de rejoindre la ligne de départ. On croise quelques raiders qui sont aux alentours de Noyalo, j’en ai la chair de poule, cette fois ci on y est vraiment, c’est très émouvant de voir tous ces coureurs qui sont partis depuis déjà une vingtaine d’heure, chapeau !

 

16H30, nous retrouvons Hélène, Anita et Philippe sur le site de départ, tout le monde a l’air en forme, on établit une stratégie de départ : on se décide sur de la méthode Cyrano en 25/5.

Fanny immortalise le moment en nous photographiant sur la ligne de départ.

 

17H00, je vais la faire courte, c’est magique !!! Le moment que j’attends depuis plus d’un an est là, j’y suis, j’y vais, je vais la vivre à fond cette aventure, ce défi, ce challenge…

 

On part tous tranquille, Philippe préfère ne pas s’arrêter au bout de 25 minutes pour 5 minutes de marche, il est parti pour un fabuleux semi raid en 11H23 environ (et je l’ai même vu courir mardi soir à l’asso… : impressionnant !).

 

Rythme tenu en 25/5 jusqu’au premier ravito à environ 19 km, petit pause de 10 minutes au bout de 2H22 de course. Le parcours est magnifique, l’ambiance très conviviale, on sent déjà la solidarité propre aux coureurs d’ultra, on est loin d’un sport qu’on pourrait croire individualiste.

 

Je continue sur le même rythme, 25/5 jusqu’au 2ème ravito, Noyalo, 34 km de course. Depuis quatre Km, je suis proche de la crampe au niveau des mollets… Je me demande si les jambes tiendront jusqu’au bout, il reste quand même 52 Km ;-)… Au niveau ravito, il y a du monde à l’intérieur, je prends juste un coca et je rejoins Fanny à l’extérieur qui a tout préparé… Et là nouvel instant magique, des regards envieux de toutes parts, pourquoi ? J’ai droit à un super massage réparateur, régénérateur, sauveteur par Fanny pendant plus de quinze minutes pendant que je m’alimente. Je peux le dire dès à présent, ces massages seront pour beaucoup quant à la réussite du passage de la ligne d’arrivée.

 

Donc première grosse pause, 40 minutes au total. Hélène et Anita s’attardent un peu moins, je les retrouverai à Sarzeau en super forme.

 

C’est donc reparti pour 20 km, la nuit tombe, les frontales sortent de leur sac, l’ambiance change petit à petit, rencontre nocturne avec les chauves-souris le long des sentiers, cris d’oiseaux, mais aussi de raiders pour se motiver et s’accrocher, ça prend les tripes.

 

Ces 20 km seront la partie du parcours qui me paraîtra la plus longue, j’arrive enfin à Sarzeau dans un gymnase où tout est organisé à merveille : plats de pâtes, jambon, fromage, coca, café,… sourires et réconfort des bénévoles : merci pour tout !

Je fais de nouveaux des envieux avec un bon gros massage, à chaque fois je repars avec des jambes qui font 15 kilo de moins, Fanny serait elle une magicienne ou une fée légendaire du golfe du Morbihan… ?

1H30 de pause, et cette fois ci c est reparti pour 15 km vers port Neze, nous sommes au milieu de la nuit, on commence à voir des gens qui ressemblent à des zombies sur le côté des sentiers, on double, on se fait doubler selon que l’on est en phase course ou phase marche. Le rythme est maintenant de 20/10, ça tient le coup pour le moment.

On peste aussi contre les racines qu’on n’a pas vues, les chevilles qu’on se tord, on croise les doigts  pour ne pas se blesser.

 

Jusqu’au moment où j’entends fort derrière moi : «  À droite !!! ». Je me dis, il est pas cool celui-là, je m’écarte sur la gauche pour le laisser passer à droite, puis de nouveau j’entends fort derrière moi « A droite », je me retourne… et en fait, il me signalait que j’avais raté un fléchage sur la droite, j’étais parti sur une mauvaise piste. J’en profite pour le remercier encore ici, il m’a évité une bien mauvaise aventure, et surtout des km supplémentaires.

 

Dernier ravito à 9 km de l’arrivée, petite pause de 15 minutes, Fanny marche avec moi quelques centaines de mètres, j’ai vraiment mal aux jambes, aux pieds, et comme j’ai du mal à poser le pied droit à terre en marchant comme en courant, je me dis : « autant courir ». Je maintiens du 15/10 voir 20/10 par moment, je suis très heureux car je sens que je vais pouvoir assurer des périodes de course jusqu’au bout. Je sais maintenant que c’est gagné, rien ne m’empêchera d’aller au bout. Pourtant, les derniers kilomètres sont vraiment à la hauteur de leur réputation : alternance de montées et de descente de marches, on en vient à en rire… peut être borde-t-on un peu la folie de l’effort…

 

Je n’oublie évidemment pas le lever du jour, qui correspond à une remontée du moral, on est en symbiose avec la nature, le contact est total.

 

Je suis à quelques centaines de mètres de l’arrivée, je vois les premiers arrivés de l’asso, Philippe, Anita et Hélène qui m’encouragent pour finir en beauté, ils sont déjà là depuis 4 heures pour Philippe, et 1H20 pour les filles, chapeau bas à vous mes amis. Fanny apparaît et court les 300 derniers mètres à mes côtés, elle tient absolument à vivre avec moi le passage de cette ligne d’arrivée après 86 km et 15H40 de course ( 2H50 de pause ravito)… Peu importe le temps, ce qui compte dans l’effort c est avant tout l’action, plutôt que le résultat.

423ème sur 575 arrivants avec 746 semi raiders au départ.

 

Je suis simplement heureux, ça y est je l’ai fait, on sent qu’on a fait quelque chose qui n’est pas dans la norme, on est différent de celui qu’on était 24 heures plus tôt, je reprendrai juste une phrase : « c’est dans le dépassement de soi que l’homme s’accomplit ».

 

Pour finir, et pour rebondir sur cette citation, si j’ai réussi à me dépasser c’est aussi et surtout grâce à mon entraîneur perso, préparateur mental, et masseur qui a fortement sa part dans la réussite de cet ultra : merci pour tout Fanny et merci aussi pour avoir supporté toute la période de préparation et le temps qu’elle a nécessité… Je suis bien le seul à avoir conscience de tout ce que tu as fait pendant toute cette période difficile d’avant course et d’intra course.

Merci aussi à toutes les personnes qui m’ont encouragées en m’envoyant un message avant le départ ou pendant la course, qui ont eu un effet reboostant dans les moments où on est dans le creux de la vague.

 

Le danger d’une telle épreuve ? Elle agit comme une drogue, on devient « ultra-dépendant ».

Alors… ?

 

 

Memento mori et ultima forsan…

 

 

 

 

4 commentaires

Commentaire de golum posté le 04-07-2008 à 19:54:00

Salut ogdul, merci pour ton CR et bravo pour cette course bien gérée. Faut pas hésiter à passer boire un ptit verre avec les kikous sur place la prochaine fois.

A+. Christophe_Golum.

Commentaire de L'Castor Junior posté le 07-07-2008 à 15:49:00

Peut-être la dernière ? Certainement pas, d'autant que tu as mis le pied dans un sacré engrenage.
Merci ogdul pour ce beau récit.
Quelle que soit la distance parcourue, on a tous connu les moments de doute et de douleur que tu décris.
Arriver à se dépasser pour les surpasser est déjà, en soi, un exploit.
Félicitations et à bientôt !

Commentaire de gdraid posté le 10-07-2008 à 18:18:00

Bravo ogdul pour ta course menée de bout en bout !
Merci pour ton récit intéressant.
JC

Commentaire de arnauddetroyes posté le 25-12-2014 à 01:24:50

tout comme toi je me suis inscrit dès que possible à l ultra marin 87km ;donc au mois de juin ça va être mon tour ;)
félicitation pour ton CR et ta place de finisher

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