Récit de la course : Marathon de Nantes 2008, par benoitb

L'auteur : benoitb

La course : Marathon de Nantes

Date : 20/4/2008

Lieu : Nantes (Loire-Atlantique)

Affichage : 2401 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Objectif majeur

4 commentaires

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Le récit

Au lendemain de ce marathon, j'ai un sentiment bizarre. Je suis passé très loin de l'objectif, et pourtant je ne suis pas déçu le moins du monde. Peut-être frustré, mais rien de plus. Et encore... Fataliste plus vraisemblablement. Pour tout dire, je le pensais très fort, mais une espèce de superstition m'a dissuadé de me livrer à mes proches : je savais que ça ne passerait pas. Une foule de petits indices me montraient que cette fichue crève de la fin de la semaine passée avait contrarié de façon irrévocable mes prétentions chronométriques. Fidèle à moi-même, j'ai quand même tenté le coup en désespoir de cause. Mais il n'y a pas eu de miracle. Ce dimanche n'était pas le jour.

Venons-en aux faits : depuis une semaine, les prévisions météorologiques pour ce 20 avril vers lequel convergent mes pensées sportives depuis des semaines sont calamiteuses. Pluie continue, plus ou moins dense selon les sources d'information. Peut-être du vent. Je me suis fait à l'idée de courir un marathon dans des conditions difficiles. Je me suis persuadé que cela ne me perturbera pas trop.

Finalement, je me lève dimanche matin, pas de pluie. Le temps est bien nuageux, mais c'est sec. Je fais la route vers Nantes accompagné d'un copain qui débute sur marathon et qui vise 3 heures, ainsi que de sa femme et de sa fille. Une grosse heure de route passée à parler de la course, évidemment. Arrivés sur place, nous nous mettons directement en tenue, je fais quelques foulées, les sensations sont bonnes. Finalement, ça va peut-être le faire ?
Je me rends vers la ligne de départ 5 minutes avant le coup de feu, je me place dans les premiers rangs en jouant des coudes (pas de sas), je n'attends presque pas, et c'est parti. Doucement mon gars, tu sais que tu joues serré, donc pas de bêtise. Et ça déborde de tous les côtés. Moi qui vise une place dans les 50, je dois être au moins 90ème après 300 mètres de course. Qu'est-ce qu'ils ont tous ? C'est moi qui suis lent ? Non. Premier kilo en 3'48". OK, c'est pas trop mal. Mais quelle densité devant !!!

Deuxième kilo en 3'52". Nickel, je suis dans l'allure dès le 2ème, c'est parfait. Mais quelque chose m'inquiète : je ne me balade pas comme cela devrait être le cas. Bien sûr, je ne suis pas dans le dur, mais là, je devrais être en footing en termes de sensations, et ce n'est pas le cas. Je suis à l'ouvrage. Et il reste 40 kilomètres. Bon, on va voir, il est vrai que l'échauffement n'était peut-être pas suffisant, il va falloir quelques minutes pour se mettre en route. Eh bien non. Mais là, ce n'est plus ma faute. C'est la faute du mesureur : j'ai beau rester aux côtés de coureurs calés au même rythme que moi, avec un plan de marche pour 2h45', le constat est implacable, 4'08" puis 4'30" puis 4'18". N'importe quoi. J'ai une minute de retard sur le plan de marche au 5ème. Bon, je sais que ces panneaux sont mal placés. Mais je sais aussi dès ce moment là que je n'atteindrai pas l'objectif. Les sensations sont là, et elles ne sont pas bonnes. Je ne trouve pas mon allure confortable, celle où je peux me mettre en "pilotage automatique". Et dire que je ne suis qu'au 5ème !

Alors j'y vais quand même, on verra bien. Finalement, les écarts de mesurage se résorbent, il est vrai que le départ est un peu accidenté, quelques relances, un demi-tour, des virages serrés, des ponts. Je passe au 10ème en 39'25", soit avec 25" de retard. Et je ne suis pas facile comme je devrais l'être. Au moins, j'ai stabilisé l'allure entre 3'53" et 3'55". Au ravitaillement du 10ème, je rattrape un coureur qui s'arrête pour boire. Nous sommes au bord de la Loire, le vent nous est très légèrement défavorable. Presque rien, juste une promesse de retour agréable avec ce léger vent dans le dos.

Je file, relativement régulier, juste avant d'arriver au ravitaillement du 15ème km, le même coureur que tout à l'heure me rejoint, et s'arrête de nouveau pour boire. Je le distance donc de nouveau. Passage au 15ème en 58'59". 29" de retard. Ce n'est rien, et c'est même parfait si on vise un negative split. Mais je sais que ce n'est pas mon cas aujourd'hui. Je crois que ma gestion du début de course aurait été parfaite en pleine possession de mes moyens ! Toujours ce léger vent défavorable qui nous caresse le visage, des chemins étroits et relativement boueux, on ne peut parfois pas passer à deux côte à côte.

Entre le 18ème et le 19ème km, mon désormais camarade des ravitaillements me rejoint. Nous discutons un peu, on se dit que nous allons bientôt faire demi-tour, que le vent va nous pousser, puis il me lâche légèrement, puis s'arrête au ravitaillement du 20ème. Moi, je prends toujours mon gobelet à la volée, je le distance encore une fois. Mais en fait, en y prenant garde tout à coup, je ne sens plus le vent. Que se passe-t-il ?

Je passe le semi en 1h23', toujours 30" de retard, et j'aborde le pont qui nous permet de passer de l'autre côté de la Loire. A la sortie, je comprends ce qui s'est passé : le vent a tourné. Et maintenant, ce n'est plus une caresse légère... Juste quand je sens que les vains efforts pour m'accrocher aux temps de passage vont m'être facturés ! C'est le pompon. Tiens mon copain me rejoint dès le 22ème. Il me distance. Quand j'arrive au ravitaillement du 25ème, il repart juste et me distance inexorablement. Je fais illusion jusqu'au 28ème, mon dernier kilomètre sous les 4', avec un retour de l'autre côté de la Loire triomphal, puisque je harangue les quelques dizaines de spectateurs postés à cet endroit avec un succès certain : la route est descendante sur quelques mètres...

Et c'est parti pour l'inéluctable : le dernier tiers galère. Je m'accroche. Je passe le 30ème en 1h58'40". Très honorable, mais notoirement insuffisant pour prétendre à quoi que ce soit. Je suis hyper lucide sur ma situation. Je décompte les kilomètres restant, ils défilent finalement relativement vite, je ne m'effondre pas encore. Je limite la casse entre 4'05" et 4'10". Passage au 32ème, avec des hauts parleurs qui crachent "We are the Champions". Ouais. Freddy, si tu savais ce que me promettent les 10 derniers kilomètres, tu ne dirais pas ça. J'arrive au 35ème, je suis lucide, j'accepte de relâcher la cadence afin de ne pas me flinguer, je me permet de prendre mon gobelet en marchant sur 3 pas. Je repars immédiatement.

37ème, on quitte le petit chemin, nous sommes toujours au bord de la Loire, les appuis sont variables, voire carrément mauvais, une petite portion de 150 mètres ressemble à une zone de chantier, on court sur du sable, des gravas : bizarre. Je serre les dents. "Allez la JA". Merci Patrick, je lui réponds ce qu'il avait sans doute compris : "là, j'en chie". Je suis passé en 4'20", 4'25". C'est le chant du cygne. Mais je ne lâche pas pour autant. Je ne sais même plus pour quoi je me bats : 2h45', c'est mort depuis le début. 15km/h, donc 2h48', c'est officiellement cuit depuis le 36ème (passé en 2h23'57"), et je sais que je ne ferai pas non plus moins de 2h50'. Il reste quoi ? Ah oui. Mon record perso : 2h51'59". OK. Je me bats pour ça. Et au 39ème, il faut revenir sur l'île de Nantes. En franchissant, que dis-je, en gravissant un pont... J'ai couru uniquement pour sauver les apparences, je suis persuadé que j'allais aussi vite en marchant.

On m'a annoncé vers le 36ème kilomètre que j'étais 50ème. Figurez-vous que malgré ma misère actuelle, j'ai un bilan net en ma faveur ! Je dépasse des plus miséreux que moi alors que seulement 1 ou 2 coureurs me déposent. Peu avant le 40ème (parcouru en 4'08", oui Monsieur, on a sa fierté, on se vide les tripes), j'ai en ligne de mire un maillot rouge. Il n'avance pas bien vite, je sais que je vais le rattraper. J'arrive à 20 mètres de lui, il décide de me faciliter la tâche en s'arrêtant net dans un râle douloureux... Les marathoniens c'est des cinglés. Et ses copains qui le suivaient l'un en vélo l'autre en courant l'encouragent : "non, tu n'as pas le droit, cours !". Comme s'il y pouvait quelque chose. Je ne vaux guère mieux que lui, mais je cours encore. Ravitaillement du 40ème, je marche de nouveau sur 3 pas pour boire, j'ai vraiment mal aux jambes. Elles sont dures à un point... Et je repars clopin clopant.

Le 41ème, OK, je sais où il est, je l'ai vu en arrivant. Mais que le dernier kilomètre est long... Normal, il fait 1195 mètres. Moi j'ai l'impression qu'il en fait 2000. La foule grossit, les arches publicitaires se succèdent, c'est sous laquelle que j'ai le droit de m'arrêter ? Un coureur devant moi fait un écart vers les spectateurs. Il repart avec son fils de 2 ou 3 ans dans les bras pour les 200 derniers mètres. Et je termine, en 2h51'24", 39ème de la course. Soulagé d'en avoir fini.

Aucune émotion à l'arrivée, c'est la première fois sur un marathon. Il n'aurait pas fallu 2 kilomètres de plus : j'étais cuit. J'avance mécaniquement, on me donne un sac plastique contenant de la pub pour des courses à venir, et une voiture miniature. Je cherche la médaille : il n'y en a pas. Super le souvenir... Je m'en fous, de toutes façons, mes médailles, c'est mon neveu qui les récupère à chaque fois ! Je vais me faire masser, la masseuse à beau me demander de me relâcher, je ne peux vraiment pas... Mes cuisses sont en bois. Je retrouve mon copain, pour son baptême du marathon, il fait 2h57', passage au semi en 1h28'30". La classe. Il a "un peu souffert" à partir du 38ème. Frimeur !

Bon, voilà, c'est fait, l'histoire retiendra que j'ai battu mon record. Mais elle ne retiendra sans doute pas grand chose d'autre de ce marathon de Nantes qui me laisse sur ma faim tant au niveau de ma perf personnelle (les organisateurs n'y sont pour rien) qu'au niveau de l'organisation (là, ils y sont pour quelque chose) : je garde un impression d'amateurisme à tous les étages, et surtout aucune espèce de convivialité. J'ai entendu qu'ils avaient l'ambition de faire évoluer leur course jusqu'à en faire une des grandes dates du calendrier français, au niveau de monuments tels que la Rochelle. La route est longue.

4 commentaires

Commentaire de l'hippopotame posté le 23-04-2008 à 13:19:00

Salut l'ami,
Effectivement le vent nous a joué un sale tour à Mauve...
Je suis un peu moins sévére que toi quand même sur l'organisation, avec quelques defaillances et des trucs a recaler, mais aussi de belles possibilités et déja des spectateurs sur les bords de Loire. Ceci dit en l'etat ces chemins, surtout au Loire seront certainement un frein à leur évolution.

En tout cas joli chrono et belle place.
Bravo.

Commentaire de KIKIVAL posté le 23-04-2008 à 18:04:00

bravo bendidos,beau récit, beau marathon en plus tu as battu ton record perso, moi qui rêve d'être en dessous de 3h, je suis admiratif sincèrement... a un de ces jours a Allaire!!! d'ailleur j'y suis le 1er mai pour le tournoi de sixtes de foot organiser par la ville d'Allaire comme tout les 1er mai.
bonne recup
KIKI

Commentaire de calimero posté le 23-04-2008 à 22:14:00

Un joli récit et une super perf !!Tu ne peux pas être déçu d'avoir battu ton record, quand même!!! Ah ces jeunes!!

Bravo et les 2h45' ne sont quand même pas inaccessibles non plus!L'aventure continue car il te faut bien des challenges pour continuer à te battre comme çà!!

Commentaire de Le Loup posté le 24-10-2011 à 14:21:26

Les récits de marathon ne connaissent pas de date de péremption ; la preuve je viens de te lire ! Très bien écrit en plus... Je comprends toutes tes sensations. :-)
Je suis sûr que tu passeras la prochaine barre, tout comme moi, à mon niveau !!! A+

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