L'auteur : Mustang
La course : La Magnétoise
Date : 24/2/2008
Lieu : Magnée (Belgique)
Affichage : 2546 vues
Distance : 64km
Objectif : Pas d'objectif
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En ce dernier week-end de février, je prends la route pour aller courir en Belgique et cela pour la troisième fois en moins de dix mois. Cette fois-ci, je suis accompagné par Allain et Emmanuel, la Mouette ! Après un crochet par Orly où nous avons déposé le fils d’Allain à l’aéroport, nous prenons la direction d’Olne, un petit village au sud-est de Liège. Le voyage se fait sans encombre au rythme des musiques des années 60, 70 et 80 enregistrées sur mon MP3 par le Lutin. Cependant, au fur et à mesure que nous approchons des Ardennes, la Mouette s’inquiète de la tournure que prend le relief. Pour lui, il en est resté au plat pays de Brel. Erreur, le relief se creuse singulièrement.
A quelques kilomètres de point d’arrivée, notre route est bloquée à Nessonvaux par un carnaval. Nous essayons de négocier une autre route en montrant une carte à une policière mais celle-ci n’a pas ses lunettes pour la lire ! Après discussion avec un autre représentant de l’ordre qui a déjà couru la Magnétoise, nous rebroussons chemins et prenons une petite route vers un village dénommé La Forêt. La montée vers ce village se fait par une route avec quelques lacets de belle allure montagnarde qui enlèvent les dernières illusions de la Mouette. A Olne, nous avons vite fait de trouver le chalet d’accueil grâce à l’obligeance d’autochtones pour lesquels nous avons expliqué que nous venions pour un jogging. Observateur, Emmanuel note qu’ils ont un accent. Nouvelle erreur de sa part ! Ce ne sont pas les habitants du coin qui ont un accent mais nous ! Hé oui Emmanuel, comme monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, tu parles avec un accent !
l'équipe ch'tis Philippe, Bruno et Pégase
A peine entrés dans le chalet, Pégase se jette sur la Mouette.Faut dire que ce dernier est illustrement connu depuis la mémorable photo prise au ravitaillement du off normand. Ce ch'ti de Lille n’est pas venu seul, il est accompagné deux autres copains, Philippe et Bruno. Tout de suite, c’est un accueil chaleureux avec eux ! Merci Kikourou ! Bon, ça ne fait pas 5 mn qu’on est là, que nous avons déjà un verre de bière à la main !
Philippe, encore un mais c’est l’organisateur, nous accueille à son tour avec beaucoup de chaleur. On passe à l’inscription. Par habitude, je tends ma licence mais le gars ne s’en embarrasse pas ! Je paie 43€ pour les deux nuits avec le petit-déjeuner (2x12€), l’inscription (avec t-shirt et repas d’après course) et la pasta-party. Qui dit mieux en France ? Le petit Yéti alias Wouters Hamelinck, encore tout auréolé de sa victoire à l’éco-trail de Paris de la semaine dernière, fait son entrée avec son célèbre vélo pliable. Tout en simplicité !
Après le repas, direction l’hébergement à quelques kilomètres de là. On suit la voiture des t’chis vers Soumagne. Surprise, on est logé dans un immense château ! Avec des vraies douves ! Dans la chambre, ce sont les préparatifs pour le lendemain puis dodo. Lever matinal et petit-déjeuner à 6h dans une immense salle en compagnie d’autres coureurs.
Notre humble hébergement
Retour ensuite au chalet. La fébrilité y règne. J’y retrouve des figures familières: Madness le maître d’œuvre de l’UTL, Astro de retour d’Ethiopie avec les Célestes, le Gaumais et quelques autres. Il est passé de 7 heures, nous nous dirigeons à pied vers le centre d’Olne afin de prendre le bus pour Magnée, lieu du départ. Durant le trajet, je repense à mon naufrage au RTT, d’il y a un mois. Et me voilà au départ d’un trail qui fait le double en distance ! Seulement, voilà, la forme semble revenue. Décidemment janvier ne me réussit pas. J’ai bien vu qu’au cross de Silly, le 9 février dernier, je n’étais pas si mal que ça. Et les derniers entrainements en forêt me l’ont confirmé. Cependant, j’ai quand même un peu d’appréhension mais les sensations sont bonnes.
Oh, notre chauffeur s’est trompé de route ! Avec son bus à rallonge, sa marche arrière est coton ! Enfin nous voilà à Magnée. On débarque sur la place.
Ce sont les derniers préparatifs. Pas de spectateurs ! Je connecte mon GPS. Je cale mon MP3. Et c’est le départ ! Comme ça ! La troupe s’élance calmement. L’organisateur nous a prévenus: quand ça ne descend pas, c’est que ça monte ! Bon, et bien pour commencer, ça descend ! Nous cheminons ensuite dans un bois. La piste est glaiseuse à souhait, gare à celui qui a mal lacé ses chaussures ! J’ai emporté mon gros appareil photo que j’ai mis dans mon sac à dos. Au bout de quelques kilomètres, je le sors pour prendre quelques photos mais je me rends compte que cela me prend du temps, que j’emmêle les fils du MP3. Bref, je ne vais pas faire de photos aussi souvent que je le souhaite. C’est dommage, car les paysages traversés sont vraiment superbes. La région est donc extrêmement vallonnée et je suis un peu surpris par la raideur des pentes à gravir et à descendre. Le profil me rappelle tout à fait celui du trail de la Vallée de la Vère en Suisse Normande. La Mouette et Allain sont partis devant. Pour l’instant, mes sensations sont bonnes. Bientôt, on arrive à Chaudfontaine au km5. On traverse la route. Il y a encore des signaleurs mais plus tard, il n’y en aura pas. Et il faut beaucoup de prudence pour traverser au milieu de la circulation ce qui étonnera beaucoup la Mouette. En France, c’est bien sûr, impensable. Les premiers kilomètres ont donné le tempo. Ce ne sera pas du gâteau ! Bon, je file mon train, mais surtout pas d’excès ! Enfin si ! Vers le 13e km, il y a une bien belle descente dans un chemin creux assez étroit. Vraiment pour frimer, je m’élance à la Lutin. C’est grisant. Au passage, je passe Allain. Bon, ce sera mon seul coup de folie ! Faut bien se faire plaisir. Dans un chemin bien humide, je croise une équipée motorisée. Pas de salut entre les coureurs et les motards, c’est un autre monde ;
Mine de rien les kilomètres défilent. J’arrive au Km 25 à Cornemont pour le premier ravitaillement en 2 h 44, ça donne un petit 9 à l’heure, ce n’est pas si mal que ça ! Je fais quelques photos et bois de l’eau. Tout le long de la course, je vais m’alimenter et boire très régulièrement. J'ai le camel-back de Raidlight car je voulais avoir la contenance la plus élevée mais le système d'aspiration est nul. Il faut trop d'effort pour aspirer l'eau si bien qu' à chaque fois que je veux boire, j'enlève tout le système pour boire directement au tuyau - si Benoît me lit, s'il te plaît, change ce système idiot!- Mais j’arrive bientôt dans ma zone de doute, celle des 30-40km ! J’essaie de ne pas trop regarder le cadran du GPS où les kilomètres défilent avec lenteur ! Mais je ne suis pas vraiment là pour ça. Un semblant de ciel bleu éclaire la région. Nous traversons des vallons étroits où les chemins sont parfois assez gras, d’autres sont plus secs avec des affleurements schisteux.
Nous traversons des hameaux avec des maisons bien cossues. Le plus souvent, ce sont des bois de résineux. Les coupes fraîches embaument la résine. Etonnamment, la végétation est en avance. Des feuillages de jacinthes et de muguets tapissent déjà les sous-bois. A un endroit même, les jacinthes ont sorti leurs clochettes violettes. Ces jeunes feuillages foulés exhalent une odeur tenace d’ail. Les vues qui s’offrent sont superbes. Je chemine tranquillement. La trentaine de coureurs que j’avais passés dans la première partie commence à me remonter. C’est le cas pour Astro, puis le jeune Philippe.
A Becco, au km 45, dans une petite ruelle, c’est le deuxième ravitaillement. Là, il y a boire et à manger. Beaucoup de gentillesse, de sourires. Chacun prend son temps. Je me restaure copieusement. Je repars. On quitte le village pour traverser des herbages. Nous franchissons de curieuses barrières en V pour passer d’un pré à un autre. Le profil est toujours aussi mouvementé. C’est dimanche, je croise de nombreux promeneurs dans les chemins et dans les forêts. Je salue la plupart d’entre eux. Je suis assez étonné de leur réaction, enfin plutôt de leur absence de réaction, c’est proprement de l’indifférence qu’ils manifestent à notre passage. Les sourires sont rares, les encouragements encore plus. Vers Banneuil, au km 53, nous croisons un groupe de randonneurs. Certains ne se donnent même pas la peine de s’écarter pour laisser le passage. Je siffle pour annoncer mon arrivée. Bon, chacun son truc ! Je ne cours pas seul, je suis toujours en vue d’autres coureurs. Certains progressent avec des bâtons.
Je consulte toujours mon GPS. J’ai revu mes prévisions à la baisse. Je tablais entre 7h et 7h30, là j’espère faire moins de 8h ! Ma moyenne horaire baisse inexorablement mais elle reste honorable. Je sais qu’il me reste moins de 20 km à parcourir, je me sens mieux. Dans une course, il y a toujours des moments de doute mais là, finalement, je me sens rassuré. Je vais finir.
Une très longue descente précède le dernier ravito au km 55. Elle n’en finit pas. Je sens les pierres à chaque pas, je ne suis pas vraiment à mon affaire, le coureur qui est derrière moi non plus ! Des stèles en pierre se dressent tous les cents mètres. Vivement que le chemin remonte, je me sens mieux à mon aise ! Je vais être servi ! J’arrive à Basse Fraipont. Il s’agit de couper la route. La circulation est importante, la route sinueuse, donc peu de visibilité. Il faut faire attention car les automobilistes belges ont le pied lourd. Je franchis cette route et me retrouve à grimper la côte la plus sévère du parcours. C’est un vrai mur. Lorsque j’arrive sur la partie goudronnée, le mot courage est inscrit ! Oui, il en faut. Bon, on peut penser décemment que nous en avons terminé. Non, je le sais pour l’avoir vu le plan, et le coureur qui m’accompagne me le confirme. Il en reste une autre, juste à la fin ! Alors, on redescend d’abord dans un pré pentu puis par un petit sentier en lacet avec cette même odeur d’ail. Je traverse le bourg de Nessonvaux, là même où hier se déroulait le carnaval puis c’est une longue remontée vers Olne par un chemin. Je préfère trottiner plutôt que de marcher. J’ai en point de mire trois coureurs. Je vais me rapprocher d’eux.
Un dernier virage à gauche, j’aperçois les tennis. Est-ce bien là ? Oui, dernières foulées. Bonheur ! A peine rentré dans le chalet qu’un verre de bière m’est placé sous le nez !! Merci Madness, mais je vais attendre un peu. Je me dirige vers la voiture pour m’allonger, les jambes en hauteur par précaution mais je sens bien que ça va bien, rien à voir avec l’état à Marlhes. Je retourne au chalet pour la douche et le massage. Après cela, le verre à la main, je peux attendre l’arrivée des copains !
Jusqu’à la fin, les coureurs vont être chaleureusement accueillis. Ici, pas des discours, simplicité et convivialité ! On se retrouve autour d’un superbe couscous avec les ch'tis. Voilà, c’est un réel bonheur que de courir en Belgique !
10 commentaires
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 26-02-2008 à 21:42:00
Superbe récit que voilà mon Mustang. Je suis ravi de voir que le Canasson is back ! Je vais morfler à Radon encore c't'année.Il faudra que je t'accompagne un jour en Belgique, le merveilleux pays de la bière. Quant aux t'chis... ça va faire marrer les ch'tis !!
Commentaire de Kiki14 posté le 27-02-2008 à 09:14:00
Superbe récit mustang ...quelle course a pied ...t'es vraiment tombé dans "le panneau"...
c'est vrai que le paysage ressemble un peu a la suisse normande...et la boue a celle qu'on y voit souvent la-bas (ce qui fait une partie de son charme..lol.....
par contre celle de la bière est vraiment attrayante et à boire sans appareil d'aspiration....direct au goulot....lol..
un grand BRAVO à toi et encore merci
Commentaire de eric41 posté le 27-02-2008 à 12:46:00
Bravo Mustang pour ta course.
Effectivement la forme est revenue et merci pour ces belles photos.
Eric
Commentaire de espace_marathon88 posté le 27-02-2008 à 13:42:00
Salut mustang,
Felicitation pour ta performance du jour. Il fallait avoir du courage pour braver ces 64km. Tu l'as fait, chapeau bas.
Tu as sans doute croiser Martin Jambois (qui a fait la translorraine) qui y etais egalement.
Pour ma part, j'attendrais encore quelques anées avant de pouvoir la faire.
Bonne recuperation
a bientot
Commentaire de sylvain61 posté le 27-02-2008 à 23:44:00
Bravo Philippe !! Apparamment t'es atteint d'une célestinite assez sévère ... les syndromes sont relativement courant une irepressible envie de courir longtemps, de s'hydrater trés souvent, et une bonne humeur persistante...
et dire, que le Lutin n'est pas encore contaminé...pfff
ah oui, ça se dit comment Mouette avec l'accent wallon ??
l'GGO_un jour la France sera wallonne
Commentaire de fabzh posté le 28-02-2008 à 12:04:00
Bravo et merci pour ce récit.
9a fait plaisir de te retrouver en pleine forme.
Bonne récup.
Commentaire de Pegase posté le 28-02-2008 à 17:33:00
Merci philippe pour ce moment d' échange. C' est toujours un régal de rencontrer de nouveaux kikoureurs autour d' une bonne bière. Ma prestation sur cette course fût des plus mémorable. Un pegase aux ailes grippées et poutré par les Normands. A bientôt pour la revanche.
Commentaire de -loulou- posté le 29-02-2008 à 22:08:00
salut mustang
bravo pour ton récit et ta course, je vais mettre dans mon programme l'abrogation du mois de janvier
Commentaire de Xavier DUQUENNE posté le 01-03-2008 à 19:31:00
Excellent récit. Les illustrations photos marquent bien l'atmosphère de la course ; je dirais même... le vécu du coureur. On peut déclarer, à juste titre, que les sportifs sont aussi des littéraires. Tu es, comme qui dirait, le Saint-Exupéry de la course à pied. Bravo ! Xavier Duquenne (copain d'Allain)
Commentaire de Jo le Parigot posté le 03-03-2008 à 21:12:00
Bravo Mustang pour ta performance et ton récit !
On nous aurait menti avec le Plat Pays ???
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