Récit de la course : Gruissan Phoebus Trail - 47 km 2008, par mic31

L'auteur : mic31

La course : Gruissan Phoebus Trail - 47 km

Date : 10/2/2008

Lieu : Gruissan (Aude)

Affichage : 3768 vues

Distance : 47km

Objectif : Pas d'objectif

2 commentaires

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Le récit

 Mon récit avec les photos sur mon blog : http://ultrapassions.blogspot.com/

8h15 devant le Casino, il y a du beau monde sur la ligne de départ et pas mal de prétendants à la victoire sur cette édition 2008 du Gruissan Phoebus Trail.Ca part vite, très vite, trop vite pour moi à peine échauffé. Le peloton s’étire durant les dix premières minutes planes avant d’atteindre une énorme première grosse côte. J'ai jusque là couru avec Sabine mais déjà arrêté pour faire les premières photos, je disparais de son sillage. Le rythme est de toute façon trop rapide pour moi en ce début de course. Je commence ici mon long cavalier seul alors que le ciel dégagé nous permet  de plonger le regard sur la mer et les étangs voisins. Nous parcourons monotraces au milieu des bois et lits asséchés de ruisseaux où heureusement cette année les rochers ne sont pas glissants. Je fais un bout de route avec Emmanuel "ampoule31" qui attaque déjà l'apéro et me propose de piocher dans les crackers salés de son ravito. Je le remercie mais je suis pour ma part chargé en pâtes de fruit et barres miel-noix plus 2 gels "au cas où" pour parcourir les 48,5 km  annoncés. Je fais un autre bout de route avec Michel, l’organisateur des 3 rocs, mais lui aussi part devant, tout le monde est plus rapide que moi aujourd’hui…En fait, j’ai basé mes espoirs sur un rythme de 10km/h, avec un début prudent et une fin plus rapide, si possible. La solitude m’accompagne sur les pistes qui mènent lentement vers la Vigie. Je n’aime pas ces parties trop roulantes où il faut courir tout le temps, mais comme entendu pendant la course "on a signé…". Aux abords de la Vigie je retrouve le sourire en apercevant au loin Sabine et sa blonde queue de cheval.

La rattraper et continuer la course ensemble serait une belle aventure pour nous. Je passe à la Vigie avec 12 minutes de retard sur mon plan de course, mais ça ne m’inquiète pas car on est dans le gros du dénivelé et je devrais combler ce retard sur le final roulant. Sur les pistes qui suivent, je parviens en forçant un peu à rejoindre Sabine et son cercle de gardes du corps. J'arrive à me faufiler et on a le plaisir de courir un peu ensemble. Puis une nouvelle côte arrivant, je reprends mon rythme légèrement inférieur et je la laisse filer devant. Je double un peu plus loin Alexandra Rousset, une des favorites qui apparemment vient d’abandonner. Je n’ose dire à Sabine que je rejoins sur un monotrace plutôt pentu qu’elle semble bien placée pour le podium final. Ce pourrait être de faux espoirs et je sais que le plaisir guide ses pas avant la recherche d’un quelconque honneur. Encore quelques beaux moments passés ensemble avant que son allure et mes poses photos répétées ne nous séparent définitivement. Elle partira comme ça vers une troisième place finale, à son allure, accompagnée durant les 18 derniers kilomètres  par d’autres chevaliers servants, et ensemble ils se soutiendront jusqu’à l'arrivée en 5h15.

De mon côté, je suis dans la plus belle partie du circuit, parcourant gorges asséchées et rochers glissants, jusqu’à la corde qui nous assure pour descendre les premiers mètres de la falaise de la Pierre Droite. La partie la plus technique se termine sous la roche ocre alors que l’on rejoint les vignes et les sentiers qui nous guident vers le premier ravito, au bout de 29km.Je suis en forme, j’ai réussi à préserver mes chevilles des nombreux pièges que recèle chaque mètre du parcours et je ne passe que quelques minutes à avaler coca et pain d’épice. Tellement bien que j’ai failli repartir sans remplir ma poche à eau, pourtant quasiment vide. Je croise là Emmanuel puis je fais la connaissance de JPV, internaute et lecteur d’Ultrapassions. Quelques phrases échangées et je repars d’une foulée tranquille vers le final redouté. J'aperçois au hasard d’un chemin Sébastien à la dérive, certainement alourdi par les profiteroles de la veille…La partie la plus plane arrive, le cheval blanc de 2007 n’est pas là pour me regarder passer. Je vais bien, j’essaie d’accélérer un petit peu pour essayer de tenir ma feuille de route en 4h45.Ces parties planes ne sont pas faciles et pour beaucoup les véritables difficultés vont commencer là. Le moral est bon, les bénévoles ont tous pour nous un bonjour ou un mot d’encouragement et un sourire naissant flotte sur mon visage. Chaque piste, chaque nouvelle bosse à gravir me rapproche de mon rendez vous avec l’histoire : il y a un an, je vivais aux bords des étangs et sur la route qui menait au deuxième ravito un petit calvaire, les cuisses douloureuses me forçant au mieux à trottiner, au pire à marcher. Aujourd’hui une dernière descente dans les rochers me ramène sur la plage et les algues qui bordent les étangs. Je ne bats certes pas des records de vitesse mais je cours et c’est déjà une grande victoire pour moi.

 

 

Mon objectif de 4h45 s’est déjà envolé depuis longtemps alors que je reprends coca et pain d'épice avec les gars qui partagent ma route depuis un bon moment. Je me dis que parcourir  5km en une demi-heure semble raisonnable. Ce qui me mènerait à Gruissan en 5h15. Mais le final sera le plus dur pour moi : les adducteurs commencent à me faire souffrir et même si je cours toujours, le vent dû à ma vitesse ne risque pas de m’enrhumer. Je joue un peu au yoyo avec mes compagnons d’infortune, on se glisse à tour de rôle quelques mots d’encouragement alors que l’on doit encore franchir les derniers reliefs qui nous mènent sur les hauteurs surplombant la tour Barberousse. Il n’y alors plus qu’à descendre mais même là je n’ai plus les moyens de prendre un peu de vitesse. L’objectif  5h15 tombé à la mer, je le révise pour faire moins que l’an dernier, soit 5h36. Les marches finales descendues avec difficulté, je trottine au bord de l’eau. Un coureur me salue, c’est l’homme au maillot bleu de Fontfroide 2007. Alors que ma lente foulée me traine vers l’arrivée, l’émotion me gagne et les applaudissements d’une famille anonyme me font monter les larmes aux yeux. Je retiens mes pleurs et l’œil sur le chrono je me trouve un dernier objectif : finir en moins de 5h30.Je mobilise mes dernières forces pour accélérer un peu et je franchis l’arrivée en 5h28’48". Je retrouve avec plaisir beaucoup de mes amis déjà arrivés et Sabine qui a porté très haut les couleurs du SMA Team. La suite est plus classique mais tellement bonne : la course que l'on refait 100 fois, en regagnant la voiture et la douche froide (seul bémol d’une organisation parfaite), puis autour du cassoulet ou encore sur la route du retour. Je sais que le cauchemar des cailloux de la Clape va me hanter pendant un an, mais que pourtant, en Février prochain, je serais certainement là pour affronter encore une fois ce parcours si technique, si beau mais tellement éprouvant.

 

 

 

2 commentaires

Commentaire de Kiki14 posté le 14-02-2008 à 18:10:00

merci mic31 pour le récit de ta longue course a travers les cailloux tu nous la fait vivre et on souffre avec toi et merci pour les photos si jolies qui sont dans ton blog...a voir absolument si on veut comprendre et apprécier la dureté et la beauté de ce trail
et un grand BRAVO a toi

Commentaire de bigout66 posté le 14-02-2008 à 18:27:00

Salut Mic,

franchement je te tire mon chapeau pour avoir fini le 47km dans un bon état de fraîcheur, quand je vois que j'ai fini minable sur le 23km !!!

J'avoue que le 47km me tenterai bien l'an prochain mais j'ai peur de la distance et de ne pas le finir, peut-être dans quelques années qui sait.

Merci pour les superbes photos présentées sur ton blog toujours aussi bien fait.

J'espère de revoir bientôt, peut-être aux Citadelles mais je suis incertain car je me suis blessé et ne sais pas si j'aurais le droit de courir.
Je croise les doigts pour être de la partie sur le 20km seulement, et oui je suis un petit joueur moi.

@+ ;-)

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