L'auteur : L'Dingo
La course : Les Templiers
Date : 24/10/2004
Lieu : Nant (Aveyron)
Affichage : 6999 vues
Distance : 66km
Matos : Moins de 10h envisagée
Objectif : Faire un temps
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LE CALVAIRE D’UN TEMPLIER
….3h
. Dring…Dring.. On se lève
Ca y est , ce dimanche à 6h30 j’attaquerai mon défi pour 2004.
Inscrit de fin aout, des amis (bons) coureurs, ainsi que tout ce que j’ai lu sur internet ou entendu de-ci de-là, m’ont fait franchir le pas : Résultat seulement le mois de septembre pour me préparer physiquement aux courses en montée.
En fait, ça fait déjà presque 2 semaines que je suis dans la course, pensant , repensant, re-repensant au materiel (collant/pas collant, gels/liquide ….), au transfert sur place (direct ou dormir pas loin ..), à la façon de gerer le parcours etc etc etc…
Bref, plus pro que moi, tu meurs !!
(et vous allez voir qu’aussi mauvais pro que moi, on meurt aussi !!!)
….. 5h:
j’arrive à Nant par la petite route de « La Couvertoirade », au milieu de quelques bancs de brouillards mais sous un ciel étoilé qui laisse augurer des meilleurs auspices.
…. 6h: après avoir récupéré mon dossard, et enfourné tant bien que mal tout mon fourbi de survie dans mon petit camel back (nota : le poids est l’ennemi du champion, mais le sac trop petit l’ennemi de l’amateur), je vais enfin pouvoir, pour le départ, contacter au téléphone tous mes amis (si, si, j’en ai encore !).
Et là, premiere tuile : à Nant pas de Bouygues Telecom qui passe !!!
je vois bien que les autres m’ont laissé des messages mais impossible d’y acceder . GASP !!
Mille excuses à Hervé, Jean-Claude, Olycos et les autres…
Tant pis je m’élancerai seul .
…6h30 :
PAN, dans une ambiance rouge de feux de bengale , un peu surréaliste, les 2000 coureurs s’elancent peu à peu.
La course est partie.
Et bien sur, il est où L’Dingo grace à sa tactique murement cogitée depuis des semaines:
DEVANT, parmi des pointures, derriere le peloton des leaders !!
(il apprendra par la suite que la tête filait à près de 18km/h sur plat, AIE !AIE !)
Au premiers lacets (18’) il lève un peu le pied, car autour de lui ca discute de temps objectifs autour des 7h30-8h (lui, il discute pas , il souffle : pfou, pfou ).
Tout à coup, premiere montée raide (pardon, premier mur).
Et voilà que l’Dingo il marche déjà. Marche rapide , mais marche quand même. C’etait pourtant prévu qu’au St Guiral (ça sent le roussi)
Ca passe quand meme. En haut, un chemin plat herbeux , et c’est reparti . C’est agreable pour une première fois de courir à la lumière de la frontale, alors que peu à peu la lumisosité se fait plus forte.
Passé les 2 tunnels, sur l’ancienne voie ferée (sans les rails ) , c’est la cavalcade car c’est un plat descendant :
L’Dingo utilise son hémoglobine pour ses quadriceps, pas pour ses neurones . Youpi !
Et c’est toujours des secondes de gagnées qu’il pense l’abru…. !
Ce sera surtout des dizaines de minutes perdues !
SAUCLIERES : 1h28
Un type compte 93,94,95,96,97 … Moins de 100 .
Sous les bravos chaleureux du public, on nous tend des petites bouteilles d’eau. Hop, une de prise au vol .
Au ravitaillement totu à l’heure, je ferai le plein en eau car j’ai déjà pas mal éclusé le CamelBack.
Bon ca fait déjà 5mn de plus , il est où ce P###… de ravito ???
Eh ben , il était derrière, c’etait les bouteilles.
L’Dingo, ton cas s’aggrave, tu aurais mieux fait de te muscler le cerveau !!
Après Sauclières, la montée repart vers le col de la barrière, sur un sentier serpentant entre des rocs dechiquetés. C’est beau, mais ca commence à devenir fatiguant , le rythme decroit.
(…..je continue à la première personne …)
Juste avant Ohms (18e Km), je décide de « glucoser » ma bouteille et de manger une barre. Je souffle aussi, j’en ai bien besoin.
Et encore ,des coureurs continuent à me passer, au compte goutte, mais avec le rythme solide des trailers aguerris. Depuis sauclières déjà. Le mouvement était amorçé..
OHMS: 2H
Sur le coté , quelques supporters matinaux nous encouragent.
Soudain, premier coup de poignard : « Vas y Karine !» que j’entend.
Une silhouette blonde me passe , suivi d’un groupe de frontales.
Suis-je à l’arret ? non, pourtant, je cours depuis 2h.
Eh oui, c’est « La Karine H. »-- Vous savez celle qui, de sa foulée trotte-menu, telle la tortue de la fable, va faire comprendre à beaucoup de mâles lièvres que rien ne sert de courir vite, il faut courir longtemps --
Et moi qui la croyais bien loin devant.
Dans mon esprit confus s’allume la lumière rouge : « Freine ! ».
Mais le mal est fait.
C’est alors la longue montée dans le brouillard vers le St Guiral .
A la marche, vont alors se succeder des faux plats, des creux et des bosses, puis un long couloir rocailleux et pour finir un abrupte sentier . Et tout cela va se réveler être mon chemin de croix de templier néophyte.
ST GUIRAL,3h40 :
je contourne l’ombre fantomatique du st guiral dans la brume. Les cuisses sont dures, le souffle est court, et je suis passé à 2 doigts de l’agonie pedestre.
En haut , je range la frontale, mange une barre et suce une pastille de sel, car je me demande ce que me réserve la descente vers Dourbies.
Celle ci s’amorce bien , piste large, pente faible, les sensations reviennent, l’envie d’enfin courir en foulées longues, d’eliminer les courbatures.
La piste à travers la foret , puis en terrain decouvert en arrivant sur le hameau de La Rouvière passe facilement.
Il faut dire que depuis plus d’une heure je n’avais pas beaucoup couru.
Tout de meme, il y a une petite bosse avant d’enfin voir Dourbies en contrebas, apres le petit pont.
Bientôt enfin ce sera la joie d’atteindre le ravitaillement, le point de repos tant attendu.
Ce serait sans compter sur l’hostilité passive de la nature montagneuse - et sans le sadisme des organisateurs:
le ravito est situé en haut du village, après un nombre incalculable de virages (au moins 3) et de marches d’escalier.
C’est ça aussi la beauté du trail des templiers.
DOURBIES 4h32 :
Comme bon nombre de mes compagnons de souffrance (oh la , quel lyrisme !) , je vais profiter de tout ce qui est offert pour reprendre des forces et du repos. Cela va me couter 20mn, mais sans elles je ne serai peut etre pas reparti, en tout cas surement pas arrivé au bout du périple.
4h51: On repart, objectif Trèves.
Désormais pour moi la notion de course chronometrée a disparue.
L’objectif inavoué est de terminer pour achever cette premiere experience, et pour ne pas avoir subi 5 heures d’effort inutilement.
Je vais donc monter au pas en file indienne vers la crete du Suquet, et apres etre sorti des brumes , (et au passage avoir fait une photo souvenir en haut du belvedere, descendre vers Treves en me mettant dans un petit train de coureurs .
Tout cela dans l’optique unique d’avancer sur le parcours et de faire tourner le compteur kilometrique.
TREVES 6h28 :
Arrivée à Treves sous un soleil enfin au rendez-vous.
Les spectateurs, eux, continuent à être présent et à nous encourager. Cette fois ci, 10mn seront nécessaires mais suffisantes pour ragaillardir le corps et l’esprit avec un peu de chocolat et du Maxim..
6h38 depart.
Maintenant cela va mieux , je crois que j’ai encaissé moralement.
En montant vers le plateau du Causse , j’en arrive même à regretter mon absence de fraicheur physique, car cette pente en lacets semble bien surmontable pour qui le moteur musculaire existe encore.
Cependant les longues lignes droites du plateau sont également là pour me ramener à un niveau d’humilité face à l’effort. C’est long, bien long mais bien beau .
La nouvelle descente très raide vers St Sulpice propose un nouveau type d’exercice : la glisse à la corde. Mais à petite vitesse c’est plus ludique que difficile.
St SULPICE :
Dernier ravitaillement . Manger un peu, s’hydrater et repartir : je n’ai plus envie de m’éterniser, mais envie d’en finir au plus tot.
De nouveau une partie roulante, superbe pour ceux qui peuvent dérouler leurs foulées, mais bien sur un peu longue pour qui trottine à petits pas.
On passe à coté du village de Cantobres, magnifique sur son escarpement .
Pour moi, le coté touristique n’est plus de mise. Je me prépare à la confrontation avec la dernière montée, celle du Roc Nantais, en avalant une dose de glucides.
Il ne s’agit pas de flancher si près du but.
A la remontée du lit d’un ruisseau, sorte d’escalier naturel aux marches taillées pour un géant , succède un tortueux sentier forestier jusqu’au sommet.
Enfin, j’entends les hauts-parleurs de l’arrivée.
La descente doit etre proche, derrière cet arbre peut etre, ou bien celui-ci …
Que nenni ! Il faut supporter encore une longue crete pour enfin voir la rupture de pente tant attendue.
La descente est technique, (il y a meme des barbelés qui attentent le faux pas d’un malheureux !) et on voudrait pouvoir voler d’une traite jusque en bas où la ligne nous attend. Puis c’est un peu l’embouteillage, queue-leu-leu le long d’un muret de pierres.
Enfin le village de Nant nous accueuille.
Une ultime rue en pente, puis l’arche de l’aire d’arrivée et c’est la délivrance du portique des « finishers ».
10h08 : J’en suis un!
Désormais si l’on me dit d’un air béat : « vous avez couru les templiers ! »
Je pourrais même ajouter , paraphrasant J-C ( pas celui des templiers mais celui d’Asterix)
VENI, VIDI, VICI, FINI !!!
L’Dingo :twisted:
3 commentaires
Commentaire de riri51 posté le 07-11-2007 à 20:56:00
salut didier! merci pour ce bon moment "collector" les premiers pas en trail du grand ldingo "que du bonheur".
riri en plein vide grenier (et une merveille de plus!)
Commentaire de akunamatata posté le 06-09-2009 à 11:45:00
10h08,
waouh, t'etais jeune et insouciant mais deja un peu dingo ;-)
Commentaire de l'ourson posté le 01-11-2009 à 14:20:00
Clap_clap L'Dingo. Ton CR m'a bien fait rire :-) Toujours beaucoup d'humour et d'humilité ;-)
L'Ourson_fier_de_toi_ami_finisher_:-)
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