Récit de la course : Ultra Trail du Mont Blanc 2007, par Csibolao

L'auteur : Csibolao

La course : Ultra Trail du Mont Blanc

Date : 24/8/2007

Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)

Affichage : 3160 vues

Distance : 163km

Objectif : Pas d'objectif

8 commentaires

Partager :

Le récit

Il est 18h34 la meute s’élance au son de la musique de Christophe Colomb, frissons garantis ! Voilà c’est parti pour au moins 40h de course et j’espère bien finir cette fois. L’an passé j’ai lamentablement abandonné à la Fouly, en bonne forme physique et sans bobos, trois heures de pluie et un peu de fraicheur avaient eu raison de moi.

La météo est annoncée très bonne, pas d’excuse cette année !

 

Nous trottinons 1h avant d’arriver aux Houches, l’hélico nous survole en crabant le long de l’Arve pour nous filmer, sacré dextérité ce pilote. Une première petite collation (principalement coca dont la caféine va me permettre de passer les nuits) et c’est la montée vers le col de Voza, un dernier coup d’œil vers la vallée de Cham (à qui je donne rendez-vous pour dimanche matin) et je profite, pour le plaisir des yeux, des derniers rayons éclairant le Mont Blanc.

 

Vendredi 20h30 : La nuit commence à tomber, St Gervais s’illumine comme pour mieux nous accueillir. Une nouveauté cette descente vers St Gervais, c’est la seule partie du parcours pour laquelle je n’avais pas fait de reconnaissance le mois dernier. Il y a la volonté d’y aller doucement, mais la pente est tellement raide par endroit qu’il n’est pas moins fatigant de marcher. Les cuisses et les genoux sont fortement sollicités.

La superbe ambiance à St Gervais me fait oublier cette descente un peu cassante.

 

Vendredi 22h00 : La lune presque pleine éclairant le ciel vers les Contamines nous montre la voie et nous laisse deviner la ligne de crête vers le col du Bonhomme.

L’arrivée aux Contamines n’a pas le même effet que l’année dernière, où l’on accédait par le haut, on pouvait percevoir bien plus tôt dans la forêt les encouragements des supporters.

 

Vendredi 23h30 : Je profite de cet arrêt aux Contamines pour remplir ma poche à eau (je tourne à l’eau plate tout le trajet) et enfiler un collant et un T.shirt manches longues afin d’entamer la plus longue montée du parcours.

 

Samedi 1h30 : Le ravitaillement de La Balme passé, j’admire la longue procession de lampes frontales, tant en amont qu’en aval. Je suis au milieu de ce merveilleux serpent lumineux, c’est magique. La montée jusqu’au refuge de la Croix du Bonhomme est un peu pénible pour moi (ça ne fait pratiquement que monter depuis St Gervais) et la descente vers les Chapieux est un peu glissante, pas mal de trailers vont se retrouver les fesses dans la boue.

La dernière partie de la descente vers les Chapieux se fait sur fond de musique de Bob Marley (que j’adore) et un grand feu de bois nous attend comme l’an passé.

 

Samedi 4h02 : Une demi-heure pour s’assoir et soulager mes jambes, manger un peu, deux minutes pour se réchauffer à côté du feu de bois et c’est reparti. La longue route goudronnée vers la Ville des Glaciers nous permet de part sa facilité d’admirer le magnifique ciel étoilé. Je ne les ai pas comptées, mais vu le nombre, aucune ne manquait à l’appel.

 

Samedi 6h00 : Premières lueurs de l’aube, un dernier coup d’œil au serpent lumineux qui illumine le chemin parcouru depuis les Chapieux. Le jour tant attendu arrive lors du passage du col de la Seigne (je passe comme l’année dernière à 10 mn prés) et les premiers rayons du soleil éclairent les rochers et glaciers environnants, la vue vers le Val Ferret est magnifique.

 

Samedi 8h00 : Le soleil commence à chauffer dans la montée vers l’arrête du Mont Favre. Je quitte la veste légère que j’avais mise pour la descente vers Elisabetta. Les yeux se régalent et ne se lassent pas de ce décors (Aiguille des Glaciers, Mont Blanc, Aiguille Noire de Peutérey…)

 

Samedi 9h17 : Col Chécroui, bonjour la danseuse du ventre et son serpent, un vrai celui-là. Je prends un coca et entame la descente dans la foulée, je pointe à Courmayeur à 10h03.

Je change de T.shirt et chaussettes, un peu de pommade anti échauffements, trop tard, les ampoules sont là et vont me tenir compagnie jusqu’à Cham. Erreur de casting sur les chaussettes, faute impardonnable vu mon expérience de coureur de trails. Je me restaure, quelques étirements, cet arrêt à fait du bien aux jambes.

 

Samedi 11h00 : La traversée de Courmayeur n’est pas géniale surtout qu’il n’y a pas d’ambiance, rien à voir avec ce qu’on a vu à St Gervais. J’entame la montée vers Bertone qui sera avalée en 1h20 dans la chaleur, mais la récompense est là haut avec une vue superbe, Courmayeur derrière, le Val Veny à côté, la Dent du Géant et les Grandes Jorasses devant nous.

Traversée en dos d’âne via le refuge Bonatti et descente vers Arnuva. La prochaine grosse difficulté se profile au loin, le Grand Col Ferret.

 

Samedi 16h00 : A l’assaut du Col Ferret, les jambes lourdes j’entame une montée lente mais régulière. La fatigue commence à se faire sentir, toutes les deux minutes je me dis que je vais m’arrêter pour souffler. Tout compte fait et en regardant constamment vers le haut, je fais la montée sans pause. Un coureur me remercie au col, apparemment mon rythme lui convenait, je n’avais pas remarqué qu’il m’avait emboité le pas.

 

Samedi 18h30 : Me voilà à la Fouly, endroit où j’ai flanché l’année dernière…Malgré les ampoules et une douleur au genou, pas question de traîner ici, le repos sera pour Champex dans environ 3h.

Surprise à Praz de Fort, le comité d’accueil est là composé d’amis venus nous encourager, ça fait franchement du bien, on oubli un peu les bobos et on repart ragaillardi.

 

Samedi 22h : Champex enfin, il fait chaud sous l’immense tente, les pâtes ne sont pas trop à mon goût (d’ailleurs ai-je encore le goût à quelque chose ?). Cela commence à être de plus en plus dur de s’alimenter, et en boisson il n’y a plus que le coca qui passe bien. J’essaie de trouver des choses que je n’avais pas encore mangées et qui pourraient éventuellement passer (heureusement que je n’ai pas trop de problèmes de digestion). Le repos envisagé ne se fera pas, je n’ai qu’une envie c’est de repartir au plus vite vu que le sommeil ne se fait pas sentir. Je change mes chaussures (en espérant que ça va aller mieux pour mes ampoules) ainsi que mes lentilles jetables devenues légèrement opaques (je pense avec les différences de températures et le fait de les avoir portées depuis le départ).

 

Samedi 23h : Départ de Champex puis l’ascension de Bovine, avec de gros blocs, de grandes marches et des racines au menu, il y en a vraiment pour tous les goûts dans ce TMB ! Avant dernière grande montée du programme, à part les douleurs dues aux ampoules, les jambes vont mieux. J’ai une pensée pour les courageux qui ont fait cette ascension l’an dernier sous une pluie torrentielle. A l’approche de Bovine, Martigny et le Valais scintillent sous mille lumières, c’est beau de jour, c’est fascinant de nuit. Après un bol de soupe aux vermicelles, nous entamons la descente vers le Col de la Forclaz.

 

Dimanche 3h50 : Voilà Trient, malgré l’heure tardive (enfin plutôt matinale), il y a de l’ambiance, les bénévoles toujours aussi gentils et accueillants et de la bonne musique rythmée pour nous accueillir, c’est réconfortant. Un animateur donne quelques détails sur les coureurs arrivants à Trient, leur classement provisoire, c’est sympa (merci l’Informatique et les données en temps réel). Je demande des nouvelles du copain, il est reparti de Champex et progresse, ça me rassure surtout qu’il a dû abandonner lors de ses 3 premières tentatives.

 

Dimanche 4h23 : A l’assaut des Tseppes, dernière grosse difficulté ! La fin approche, il n’y a plus de doute le tour sera bouclé, plus rien ne pourra m’arrêter. Comme à chaque ascension, la petite cerise sur le gâteau, 3 étoiles filantes coup sur coup passent furtivement dans le ciel juste avant les premières lueurs du jour. Je n’ai plus la force de faire un vœu. De toute façon mon vœu le plus cher est d’arriver à Cham et à ce moment de la course je suis sûr qu’il se réalisera!

La descente vers Vallorcine parait longue vu mon état de fraîcheur, mais je sais que le reste du parcours se fera sans gros problèmes, même si à ce stade de la course on ne peut parler de formalité.

 

Dimanche 7h45 : Je quitte Vallorcine, je sais que mon arrivée se fera dans 3 heures environ après un bref passage à Argentière. La vue de l’aiguille du Dru et de l’Aiguille Verte fait énormément de bien, on arrive !

J’aurais aimé aller un peu plus vite dans cette partie, mais la douleur au genou s’est intensifiée et l’état de mes ampoules ne s’améliore pas.

Pas grave tout ça, le bonheur d’arriver est trop grand, et je profiterai un peu plus des encouragements et félicitations des promeneurs et joggeurs du balcon Nord.

 

Dimanche 10h50 : L’arrivée dans Cham est grandiose : la foule est revenu en nombre applaudir les derniers coureurs, même si Marco est passé depuis bien longtemps.

Les amis sont là également, un immense soulagement et un grand bonheur m’envahie.

 

Je suis heureux d’avoir bouclé, surtout après une grosse entorse de la cheville qui m’a imposé un repos forcé pendant les mois de mai/juin et privé de Tchimbé Raid et de Trail de la Vallée des Lacs.

 

Merci à JP, grâce à son obstination (4e tentative) de boucler ce tour, m’a convaincu et donné envie de le faire,

Merci à l’organisation (sans faille) et à tous les bénévoles,

Merci à ma compagne de route avec qui j’ai partagé ces moments, sa compagnie et son sourire inaltérable ont raccourci mes nuits,

Merci à ma chérie et autres amis qui m’ont soutenu moralement devant leur ordi en scrutant les temps de passages !

8 commentaires

Commentaire de agnès78 posté le 30-08-2007 à 15:50:00

Très très beau récit!!!
BRAVO pour ta course!
gros bisous et bonne récup
agnès

Commentaire de nicou2000 posté le 30-08-2007 à 18:03:00

Merci encore de nous faire partager cette magnifique expérience!! bonne chance pour la récup!!!
nicou

Commentaire de Estive 73 posté le 30-08-2007 à 21:47:00

J'ai lu aussi. Merci pour ton témoignage. ça donne envie de s'y coller également en 2009 ou 2010...

Commentaire de vboys74 posté le 31-08-2007 à 19:27:00

Un récit, de l'émotion , un réel plaisir de te lire.
Bravo pour ta course!
seb

Commentaire de Khanardô posté le 31-08-2007 à 21:37:00

Un très beau récit qui lèvera des vocations, j'en suis sûr. En tout cas je l'ai beaucoup apprécié, car en plus de l'aspect personnel et intime que tu lui a donné, il est plein de trucs et de détails bien utiles pour ceux qui voudront se lancer en 2008 !

Merci pour ce texte... et bravo !

Commentaire de calimero posté le 31-08-2007 à 23:19:00

oh là là que d'émotions, comme dirait l'autre!!

Tu l'as fait!! Tu mérites donc tout le bonheur qui en découle!
Maintenant place à la récup, bravo encore et chapeau bas!!

Commentaire de titifb posté le 01-09-2007 à 10:56:00

BRAVO pour ce beau CR et si j'en crois la photo de ta fiche,toi aussi tu dois être une sacré étoile filante...
Bonne continuation

Commentaire de Say posté le 03-09-2007 à 15:19:00

Yes!!! Tu n'as pas flanché et tu es même revenu en finisher cette année! Bravo. On avait l'impression d'être "inside" dans ton récit.

A peluche

Coli

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Accueil - Haut de page - Version grand écran