L'auteur : HervéB
La course : Raid du Golfe du Morbihan - 175 km
Date : 29/6/2007
Lieu : Locmariaquer (Morbihan)
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Distance : 175km
Objectif : Faire un temps
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Golfe du Morbihan, le 29 juin 2007 18h00
J’avais planifiée cette course depuis l’an dernier, histoire de faire une longue épreuve qui ne soit pas de la route, mais en évitant le dénivelé pour ne pas faire trop souffrir mes quadriceps.
Le raid du Golfe du Morbihan s’inscrit comme un trait d’union entre les 24h00 de Séné de début mai, et le Spartathlon fin septembre. Ma seule mission absolue est de le finir, j’établie au départ une fourchette de 24 à 30 heures un peu au hasard, d’après les temps des participants des années précédentes puis revoie mon temps maxi à la baisse à 28h00 histoire d’arriver de jour, je n’ai pas envie d’entamer une seconde nuit dehors et de devoir remettre la frontale, je sais on ne fait pas toujours ce qu’on veut…
Le contrôle des sacs effectués j’essaye de me déstresser allongé dans l’herbe tout comme May, le nez au soleil enfin décidé à venir nous saluer avant le début de l’épreuve.
Je m’incruste assez près de la ligne de départ pour éviter les bouchons prévus dans les petits passages tortueux de la ville, j’y retrouve des têtes connues du 24h00 de Séné couru à côté début mai comme Georges Le Roch ou Christian Efflam.
Le départ est donné, je n’ai pas pris de chrono, je jette un coup d’œil à ma montre, je commence à trottiner pour prendre une allure tranquille 11 kms/h environ, la taque-tique est simple, garder une respiration aisée, dérouler les jambes facilement comme en footing. Le sac à dos est bien en place, mon dos ne risque rien car j’ai collé de la bande élasto de 15 cm de large dans le bas des reins ainsi que sur mes épaules.
Dans mon sac le minimum : du gel dans une bouteille de 25 cl, 4 barres énergétiques, une crème de marron, mon coupe vent léger, ainsi que le matos obligatoire ou nécessaire comme la frontale, les piles de rechange, une demi couverture de survie car ma mienne étant restée dans la voiture May m’a filé la moitié de la sienne. Et la poche à eau dans laquelle il doit rester 70 centilitres, car il fallait 1,5 litre de réserve pour le contrôle mais pour un gain de poids je ne pars pas avec le plein.
Je ne suis pas loin de la tête, mais je me fais passer par un bon nombre de coureurs, moi je me méfie, comme je ne fais que de la route habituellement je garde une foulée légère.
Premier ravitaillement, je mange une pâte de fruit, bois 2 verres et me sauve en plantant là pas mal de gars, je remonte gentiment vers Georges il est avec un jeune et un pote traileur, nous resterons ensemble un bon moment. L’allure est bonne, l’ambiance également, nous faisont des pauses pipi communes ; le jeune nous a lâché, il est parti devant.
Le groupe se scinde, Georges est parti devant, moi j’ai levé le pied pour rester relâché, mais à la faveur d’un chemin tortueux, plein de bosses je reviens, le passe, il n’a pas l’air au mieux.
Ensuite j’ai failli arrêter la course : je reviens également sur le jeune, mais c’est très étroit je tente de le passer rapidement à un endroit plus large et je me vautre, mes bras et mes mains amortissent ma chute et protègent mes côtes, mais ma tête heurte violemment le sol, je me relève assez vite, sonné, passe une main sur le visage pour ôter la terre et repars très tranquillement au début puis cours à nouveau normalement.
Petit clin d’œil à Christophe Rochotte qui prend les photos, j’arrive au ravitaillement, prends de l’eau afin de nettoyer sang et terre sur mon visage, mange bois et me tire.
Quand la nuit tombe je suis rejoint par Christian Efflam qui finira troisième, on fera un bout de route ensemble, la bruine commence à nous rincer de plus en plus, aidée par le vent, mais je n’ai pas froid. Je vais vite me retrouver seul à filer vers Vannes, où j’avais prévu une arrivée vers 5h00 du matin, je suis alors en 16ème position, il est 5h15.
Je me change le haut, prends mon ravitaillement, mange des pâtes et file chez le kiné qui s’occupera à merveille de mes jambes, surtout de mes genoux qui me taquinent.
45 minutes d’arrêt, je repars avec le jour, mais là j’ai un gros coup de mou, je marche un peu, m’assois sur un banc pour mettre de la nok sur mes pieds délavés, passe un coup de fil à La Souris (messagerie) qui me rappelle peu de temps après. En quelques mots elle me remet en route et j’alterne donc marche dans les côtes et course dans les descentes. Arrivé à un ravitaillement suivant je suis 14ème ! On me dit « à gauche puis tout droit », c’est ce que je fais sans vérifier, je ne vois pas le fléchage à droite, c’est la 4ème fois que je me trompe, mais cette fois ci je vais marcher un moment avant de faire demi-tour, c’est donc 25 minutes de perdues et autant de places au classement !
Christian Tardivo a fait la même bêtise avec son copain, en fait ils m’ont suivi, après le ravitaillement suivant je me joins à eux pour courir et marcher, ça m’aide bien.
Je vais bientôt me retrouver seul avec Christian, notre coéquipier n’étant pas trop bien à préféré se reposer un peu.
Là je pense que c’est le meilleur souvenir ce périple, notre binôme fonctionne à merveille, nous sommes de plus en plus vaillant, toujours calculateur, avec mes mêmes objectifs. Parfois d’autres se joignent à nous pour former un train avec 6 ou 7 wagons, où nous ne sommes que 3 à prendre les relais , alors sur un long secteur plat je fais une bonne partie à allure soutenue, un autre prendra la suite et nos « suceurs » auront explosés , je sais c’est vache …
Dernier gros ravitaillement, je n’ai pas trop faim, je repartirai avec du jambon entre deux morceaux de pain, il faut dire que mon estomac m’embête depuis longtemps.
La route se passe bien, mais le délai entre deux point de contrôle/ravitaillement s’est allongé, et faire nos 15 ou 16 kms semble durée une éternité.
Les pauses sont courtes, nous grignotons des places, l’avant dernière étape est un billard, ça fait du bien de ne pas s’arrêter pour monter ou descendre des marches.
La dernière un calvaire, nous tenterons de rentrer en 25 heures, mais mes ampoules sous les pieds que je traine depuis 70 kilomètres sont éclatées et le sort s’acharne : passage obligé sur la plage, mais avec de l’eau à mi-mollet car pour nous c’est marée haute. Je suis pétrifié de douleur, pire encore quand le passage dans l’eau est fini, j’ai du mal à marcher, j’ai du sable dans les godasses, il faut que je m’arrête pour les vider, virer les semelles, mais rien à faire, mes pieds me brulent atrocement. Je vais mettre longtemps à récupérer, marcher, puis recourir, le chrono lui à défilé avec nos 25h00 qui s’envolent. Dans un ultime effort en ville nous donnons toutes nos forces, mais l’arche n’est même pas en vue, nous marchons à nouveau, dépités et redonnons un dernier coup de collier pour franchir l’arrivée main dans la main.
Merci encore Christian pour cette aventure de 25h11, merci à ton épouse pour ses encouragements.
Ensuite c’est le repos, douche, tentative de rangement des affaires et coup de fil à May pour lui signaler que je suis allé au bout. Elle me rappelle avant d’arriver je vais la chercher à un kilomètre, elle marche, mais surtout elle râle sur le traceur pervers qui a trouvé ce circuit.
9 commentaires
Commentaire de Luigi posté le 03-07-2007 à 13:48:00
Bravo pour ta gestion de la course.
Je vois que je n'étais pas le seul à trouver l'arrivée interminable ;o)
Commentaire de may posté le 03-07-2007 à 14:04:00
alors voilà:
1/ pas d'accord!!! je te rappelle l'oeil de moscou!!!!!!
2/ félicitations Hervé!!! t'es vraiment trop fort!!!
3/ comment ça je râle contre les traceurs pervers???
4/ dis shadock... on remet le couvert l'an prochain (mais cette fois-ci avec des lentilles!!!)
5/ qu'il était bon ce Saint Emilion!!!
6/ qu'elle était bonne cette pizza!!!
7/ merci à toi pour ce superbe week-end, on s'est bien marré!!!
8/ gros bizou
may_qui_râle_avec_le_sourire!!!
Commentaire de gdraid posté le 03-07-2007 à 17:00:00
Bravo shadock pour ta course bien calculée, bien gérée, et terminée dans la douleur, à plus de 7 km/h.
Tes échanges d'amitié avec may, font plaisir à lire.
Merci pour ton CR très intéressant.
may est un ange, souvent envoyé sur les courses...
(Antibes, Mercantour, Torhout, Morbihan)
Elle devait d'ailleurs avoir des ailes, pour finir ce raid difficile en 31h00.
JC
Commentaire de Olycos posté le 03-07-2007 à 20:07:00
Bravo a toi...
Et merci pour ce CR...
Qui donne envie... ;-)
Commentaire de nicnic38 posté le 03-07-2007 à 21:53:00
bien belle aventure que tu as raconté là... ça semble vraiment court 175 km a te lire.
dur dur le coup de la marée haute... t'as vraiment un mental d'acier
Chapeau bas pour ton temps... d'autant plus que tu n'es pas trop un trailer à la base!
Commentaire de HervéB posté le 03-07-2007 à 22:05:00
Merci à tous ! Pour NicNic, le mental était présent mais le "coup de fil à un ami", c'est un truc que j'opère souvent, faut cibler les bonnes personnes qui te disent en douceur 'tu vas le bouger ton C#l'. C'est vrai que le golfe c'est pas du plat, mais à côté des trails de montagne,c'est la Beauce.Un bien beau week-end (il paraît qu'il aurait plu ?)
Commentaire de l'ourson posté le 03-07-2007 à 23:38:00
Bravo Shadock et merci pour ce CR où cette édition du Raid Golfe du Morbihan a pris semble-t-il quelques allures de Raid 28 avec toute cette boue, ces racines et passages dans l'eau ;-)))
Encore toutes mes félicitations pour cette performance !
Commentaire de patate posté le 04-07-2007 à 06:06:00
Hervé
Merci pour ton récit et surtout pour ta performance surtout pour un routard; c'est un raid certes plutôt plat mais il est vraiment dur et il ne faut pas le prendre à la lègère en tout cas. Bravo encore pour ta course
Noël et tite patate
Commentaire de BrunoHeubi posté le 04-07-2007 à 09:37:00
Bravo Hervé
Comme j'aurais été être là...
A te lire, je me rends bien compte que ça n'aurait pas été facile.
Alors vraiment toutes mes félicitations !!!
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