Récit de la course : Le Grand Raid du Mercantour 2007, par CIL

L'auteur : CIL

La course : Le Grand Raid du Mercantour

Date : 16/6/2007

Lieu : St Martin Vesubie (Alpes-Maritimes)

Affichage : 1714 vues

Distance : 0km

Matos : Pas de boisson énergétique, car tout simplement oublié ...

Objectif : Pas d'objectif

4 commentaires

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Un premier récit sous forme de demande d’excuse

Des excuses, car je suis sincèrement désolé de mon arrivée, de l’état dans lequel j’étais. A ce jour, de tout les trails, courses et autres raids que j’ai pu faire, j’ai toujours eu un sourire un remerciement pour l’organisateur. Là rien, bien au contraire

Car pour la première fois j’ai puisé au fin fond du mental, a en être totalement vidé. A me rendre agressif et désagréable alors que l’on me reçoit les bras ouverts plein de reconnaissance et avec une récompense.

Cette agressivité je me la dois, car la seule des raisons de son émergence est que j’ai sous estimé ce raid.

J’étais parti pour une sortie longue en guise de préparation, pour un futur ultra de la fin du mois d’août …

Mon tort est là, avoir sous évalué cette épreuve, que dis-je ce Raid !

Seule préparation, deux jours auparavant sur une réduction du parcours, j’ai reporté une estimation rapide des temps de passage.

 

Un temps magnifique, une organisation sans faille, des bénévoles souriant compréhensifs et attentifs, des chamois curieux, une constellation d’étoiles, un parcours très bien balisé, un tracé très technique, tous les ingrédients pour accommoder un mets merveilleux, et pourtant …

 

Reprenons depuis le début :

2h30 le réveil sonne : petit déjeuné dans la voiture et thé chauffé avec des pastilles à alcool (reste d’une ancienne aventure …)

 3h30 contrôle des sacs 

4h c’est le départ : surtout partir tranquille, 30mn de bitume à ne regarder que ses pieds pour ne pas se faire happer par la horde sauvage

 

6h25 col de Veihios : passage rapide, j’apprécie les manchettes (achetée la veille au soir) il ne fait pas bon de s’attarder, le vent du matin est glacial

 

8h30 gîte de Boréon : j’ai un compagnon de route, remplissage de la poche à eau, sourire à Dawa qui aide les coureurs et coureuses qui ont du mal avec leur remplissage

 

11h05 Refuge de la Madonne : tout va bien j’ai 1h30 d’avance sur mes prévisions, je suis bien ! Petite frayeur dans la descente j’ai perdu un bidon, obligé de faire demi-tour, un UFO m’évite une grande remontée il me la tend, je suis ravi et je l’en remercie … C’est la mi-journée, les enfants vont bientôt rejoindre la maison et prendre un bon repas, j’essaye d’en faire autant. Certainement une annonce, la soupe à du mal à passer.

Ce n’est pas tout mais il faudrait y aller, après 16mn d’arrêt !

 

13h30 Pont du Countet : Whaouhh la descente, je ne m’attendais pas à cela, surprise !! Mais nous sommes vraiment à la montagne ! Est-ce la montée ou la descente le plus usant ? Physiquement je suis toujours aussi bien, mais le terrain me surprend me déstabilise, m’étonne …Nouvelle tentative avec la soupe, le passage est vraiment difficile. 24mn d’arrêt, je repars avec mon compagnon de route. Nous avons un très bon rythme, nous sommes en phase. La montée se fait en relais improvisé, entrecoupé de photos, clic-clac le chamois. Puis descente vers le refuge, je me lance, je dois y être au plus vite pour faire une pause …

 

15h30 Refuge des Merveilles : je fais un passage au relais, une halte technique s’impose, les problèmes gastriques sont là … 27mn d’arrêt je repars, les jambes sont prêtes, mais la tête commence à douter. Bâton à la main je me concentre et cherche les gravures rupestres, en vain. Je me recroqueville, écouteur dans les oreilles je pars pour une petite montée suivie d’une longue descente. Ils sont avec moi, les Led Zep, ZZ Top, BB King, Ceux qui marchent debout, et bien d’autres. Mais tous, alors qu’ils finissent leur morceau me demande ce que je fais là ? C’est le vide sidéral, je n’ai aucune réponse !

 

19h07 Relais des Merveilles : la descente était longue, très longue. La tête se demande ce qu’elle fait là ? J’ai froid, je suis hagard. J’ouvre le sac déposé, et je me mets tout sur le dos afin de me réchauffer. J’essaye de manger, rien. J’attends. Je pense à la montée prochaine, 800m+. J’attends. Il va bientôt faire nuit. J’attends. Je retente des pâtes, ça passe. Je grignote, je bois des bulles, le corps c’est réchauffé, la tête est toujours aussi vide. L’idée de stopper là me chatouille, je me décide à bouger. Je refais mon sac, je m’équipe, je me rhabille, je remplis la poche à eau, merdouille de merdouille, je viens de fausser le pas de vis. Elle fuit toute son eau ! Quoi faire ? Je dois me rendre à l’évidence, il va falloir en rester là.

« Ça va Christophe ? » Une voix, je me retourne, Devey refait son sac. Je lui montre mon désarroi nommé poche à eau. Il me propose de me passer une poche qu’il a toujours de rechange dans son sac ! Banco j’accepte. Et me vlà à refaire pour la énième fois mon sac. 1h06 de pause, nous repartons ensemble. Au bout de 300m, demi-tour j’ai oublié ma frontale dans le sac de dépôt …

La montée se fait sur un rythme doux et régulier, elle est longue mais pas aussi méchante que je ne l’appréhendais. Au sommet, point de contrôle je me couvre et nous chaussons nos frontales. Je suis avec un descendeur. C’est le crépuscule, nous doublons. Je fais comme mon prédécesseur, point de lumière, nos yeux de chat suffisent.

 

22h35 Refuge de la Madone : Une concentration de sourire nous reçoive, ils sont tous très prévenants. J’arrive à avaler du solide, je profite de l’arrêt pour changer les piles. Je me rends bien compte que je ne dois pas m’éterniser, Devey m’attends : 10 à 15mn d’arrêt.

Nous sommes dans le même état, nous repartons. Parce qu’il faut repartir.

Il fait nuit noire, je broie du noir

Il fait frais, je suis défait

Je ne me demande même plus ce que je fais là, je ne suis plus là !

Je n’ai qu’un souhait, être ailleurs

Le faisceau me mène, il n’y a plus de pilote dans l’avion

 

Puis vain la descente : l’enfer !

J’en ai marre, je glisse, je peste, je maudis les traceurs, je tombe, je retombe, je n’en peux plus, je rage, je re retombe, mais pourquoi va t’on aussi loin ?

 

2h12  Saint Martin : c’est fini !

Même pas heureux.

Assis sur des chaises, on ne sait plus si l’on a soif, faim, sommeil, nous sommes choqués par la descente. Et nous avons tous la même conclusion, nous n'avions jamais fait aussi dur !

 

Plus tard, un crochet par la piscine pour la douche avant d’aller absorber quelques parts de Polenta.

 

Il est 4h du mat, on a fait le tour, il est temps d’aller s'étaler …

 

Depuis, je rumine, j’analyse, je constate, et je m’interroge ?

 

Physiquement : le bilan est plutôt positif ; pas de douleurs, pas de blessures, pas de courbatures

Moralement : le bilan est bien différent. Il y a eu blessure, et la régénération peut être longue …

Il n’est pas futile de dire dans l’Ultra : Quand la tête va, tout va !

 

Je remercie les organisateurs, tous les bénévoles au ravito et ceux tanqué aux points de contrôle dans la froidure des hauteurs …

Je remercie les personnes qui m’ont accompagné

Je remercie Devey, pour m’avoir prêté une poche et avoir fait un bout de chemin ensemble

Je remercie mon autre compagnon

Je remercie l’UFO (à barbichette) qui m’a redescendu mon bidon perdu

Je remercie les chamois d’avoir été présent sur le parcours

Je remercie Akunamatata pour ses photos (j’ai pu voir par ou j’étais passé …)

 

Je félicite les organisateurs

Je félicite le 20° pour sa performance (cocorico, il a porté haut les couleurs du club !)

 

Dans neuf semaines c’est la fin août …

 

CIL

4 commentaires

Commentaire de devey posté le 22-06-2007 à 14:23:00

salut christophe
beau cr nous avons mis 4 h pour les 17 derniers km pas terrible . j'ai le meme sentiment que toi pas de souci physique mais decrochage mental. perso je suis entrain de reflechir a une preparation pour que cela n'arrive pas fin aout jm

Commentaire de Bourdonski posté le 22-06-2007 à 18:50:00

De quoi tu te plains ? Je trouve que tu as fait une super course vu la difficulté du parcours. Tu a réussi à gérer tes problèmes digestifs, chose que je n'ai pas su, et tu as terminé dans un temps qui me faisait rêvé ! Tu peux te dire que ce Mercantour valait bien un UTMB.

Commentaire de akunamatata posté le 22-06-2007 à 20:22:00

Bravo Christophe, c'est vrai que Fadini devait se demander ce qu'il se passait à l'arrivée, je faisais la gueule aussi (et pourtant seulement 75 km de parcouru).
mais je crois maintenant que les organisateur nous ont pardonné notre absence à ce moment.

Commentaire de corto posté le 25-06-2007 à 09:56:00

Sympa ton CR. Bon tu etais peut être bougon, mais c'est pas grave. Y en aura d'autre des courses. Et puis on peut pas tout le temps être performant.

Je suis sur que tes excuses seront acceptés.

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