L'auteur : Xavhië
La course : Trail des Pères Noël - 133 km
Date : 17/12/2022
Lieu : Les Herbiers (Vendée)
Affichage : 1100 vues
Distance : 133km
Objectif : Pas d'objectif
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Françoise et moi, nous cherchions une petite coursette pour finir l’année. Cédric nous a gentiment suggéré de l’accompagner sur la « Hot du Père Noël » aux Herbiers (c’est en Vendée, autour du Puy du Fou). Comme nous devions justement aller passer Noêl en Vendée chez les enfants, nous ne nous sommes pas méfiés et nous avons dit « Banco! »
Une course de 133 km en Vendée, pas franchement réputée pour son caractère sauvage et montagneux, ç’aurait dû être assez cool, ça nous aurait permis de nous baffrer pendant les prochains week-end sans trop de culpabilité à peu de frais. Nous aurions dû nous méfier un peu plus. Déjà, Cédric avait passé quelques jours de vacances l’année dernière aux urgences à la suite de l’épreuve. Ensuite, le nombre d’arrivants aurait dû nous mettre la puce à l’oreille: 138 sur 241 en 2021 (dont 3 femmes), ou 99 sur 178 en 2019 (année faste, 4 femmes à l’arrivée). Mais ça, on l’a vu après…
Donc, direction la Vendée pour quelques jours de vacances. Nous nous arrêtons au passage dans les Pyrénées pour dire un petit bonjour à nos copains d'ultra Brigitte et Didier. Un grand merci à eux pour nous avoir fait emmagasiner quelques calories en vue de l’épreuve: foie gras, velouté au magret de canard séché, puis magret poêlé… Plus quelques petits vins du fond de la cour… La maison est bonne, il ne faudrait pas abuser tous les jours…
Arrivée en Vendée le vendredi pour une bonne nuit de sommeil, puis direction les Herbiers samedi après-midi. La météo commence à être quelque peu déplaisante: le sol ne dégivre pas de la journée, le vent se lève, ce n’est pas le mistral mais ça rafraîchit bien quand même. La remise des dossards a lieu dans le grand manège du centre équestre local, lieu de la future arrivée et des cross qui auront lieu là le dimanche dans la journée (18 courses en tout, entre trails, marche nordique et cross). C’est nous qui inaugurons le programme avec un départ en centre ville le samedi soir à 20h00. Nous sommes équipés chacun d’une balise GPS, on peut nous suivre pas-à-pas sur toute la course. Il y a même un bouton « SOS » pour appeler les secours en temps réel. (Rassurez vous, nous n’en aurons pas besoin…)
Vers 17h00, nous rejoignons par navette la salle de départ en ville (chauffée!) . Nous y retrouvons Cédric, avant d’entamer les derniers préparatifs. Nous avons droit à un sac de rechange qui nous attendra au 70ème km (j’y stocke quelques Yop! et des vêtements secs au cas où…). Après un repas frugal, il est temps de s’habiller chaudement: ça sera 4 couches superposées pour moi (Xavier), pour Françoise aussi je crois. Un Buff pour le cou, un autre pour les oreilles, un bonnet en polaire et une capuche en plus, je ne devrais pas avoir froid à la tête… Plus 3 bidons de YOP au chocolat, je suis paré pour le départ.
Nous sommes un peu moins de 160 cette année (dont 12 féminines) à nous rendre un peu avant 20h00 sur la place principale. Il fait très froid, mais l’ambiance est chaleureuse, il y a beaucoup de monde pour le départ (c’est le marché de Noël), et des illuminations de partout. Faut profiter maintenant, après ça sera une nuit dans le noir en pleine forêt… Et c’est parti pour un petit tour à vitesse réduite en centre ville, avant le lâcher des fauves…
Ça démarre à allure raisonnable, il y a quand même 133 km à parcourir en 25h00 maximum, avec une vitesse moyenne minimum de 5,4 km/h (les barrières horaires, non progressives, sont calculées sur cette vitesse). Mine de rien, il ne faut quand même pas trainer et engranger un peu d’avance pour les aléas de fin de course, qui ne manqueront pas de se présenter… Sans compter les 2500 m officiels de dénivelé prévus, qui devraient être plus près des 3000 m d ‘après l’organisateur (c’est sympa la précision GPS ! )
Après le début un peu animé, nous sommes vite assez seuls. Nous avons prévu de faire la course ensemble, Françoise et moi, nous tiendrons nos (bonnes) résolutions. Les chemins au départ sont biens sympas, grandes allées gravillonnées ou chemins larges en forêt. Le balisage est nickel, un fanion réfléchissant sur la droite du parcours tous les 20 m, difficile de se tromper (maximum 100 m de jardinage quand on est tête en l’air).
Le ciel est bien étoilé, le givre brille au sol, pas de gadoue nulle part. Le sol est bien gelé à coeur et ça nous évite de patauger, c’est toujours un bon point. Tant que nous restons dans la forêt ou la plaine, la température (-4°C) reste bien supportable (les 4 couches ne sont pas de trop). Mais dès que nous passons sur les sommets des collines, c’est une autre histoire: le blizzard est bien là, on a hâte de redescendre à l’abri.
Il y a des ravitaillements (bien abrités et chauffés!) tous les 20 km environ, avec soupe chaude et purée en particulier. Plus quelques rondelles de saucisson (entre autres) pour les calories… Les bénévoles sont sympas et aux petits soins, mais faut pas trop trainer en route quand même… Premier tronçon (21km) en 2h30’, deuxième (21- 44km) en 3h30’, le début se déroule tranquillement. Pour le tourisme, on repassera (la nuit, c’est pas top), on peut juste admirer les constellations: pas de nuages pour le moment, c’est bon signe!
Nous récupérons Landry, un traileur égaré dans le noir: frontale neuve promise pour 44 heures d’autonomie par le fabriquant, promesse pas vérifiée avant la course…Elle aura tenu une demi-douzaine d’heures… Pas de batterie de rechange, il est bon pour rester entre nous deux jusqu’au prochain ravitaillement, où un gentil bénévole pourra le dépanner d’une autre lampe. Ça permet de faire des rencontres!
Pour le troisième tronçon (44 - 70 ème km), c’est la fin de la nuit et la fatigue commence à se faire sentir. Nous en profitons pour visiter le point culminant de la Vendée (290 m quand même…): nous passons juste à côté de l’église de St-Michel Mont-Mercure. Le vent souffle toujours fort au sommet, les nuages commencent à faire leur apparition, quelques gouttes de pluie aussi, nous nous empressons de redescendre dans la plaine un peu plus à l’abri.
A 6h45’, il fait encore nuit pour la base-vie du 70ème km. Nous avons encore deux petites heures d’avance sur les barrières horaires, et le temps de nous ravitailler (soupe, purée, saucisson… Ah, je l’ai déjà dit?). Je fais aussi le plein en Yop (3 bidons, un Xavier ça consomme dur…), et c’est reparti. Un peu moins de 20 km à attendre avant le prochain ravito, le lever du jour va faire du bien pour le moral.
Arrivé à ce stade de la course, ça commence bien sûr à faire un peu mal partout… Pas encore d’ampoules, mais quelques courbature et l’inévitable tendinite qui se manifeste, mais nous maintenons l’allure, avec toujours plus ou moins deux heures d’avance sur les barrières. Nous avons le temps de nous ravitailler, mais il ne faut pas trainer par sécurité. L’arrivée avant le quatrième ravitaillement (87ème km), dans un stade, est interminable, ça doit être la fatigue. Il est 14h45’, c’est bientôt l’heure de la sieste.. Allez, après ça redescend, et c’est reparti pour un tour!
Le sol dégèle progressivement, la température remonte, la pluie commence à nous embêter un peu, le vent persiste et signe. Nous arrivons frigorifiés au 5ème ravitaillement (108ème km, un golf au sommet de la colline). Quelques coureurs sont là bien au chaud, quelques uns abandonnent ici. Nous apprenons qu’il y a déjà plus d’une soixantaine d’abandons à cette heure, la météo a dû en décourager plus d’un.
Là aussi, ça redescend après le ravitaillement, on reprend un peu des forces. Nous remontons sur le Mont des Alouettes, on peut faire encore un peu de tourisme avant la nuit: moulins, chapelle du XIXème siècle.
Il reste une bonne vingtaine de km, et c’est là que ça se gâte… Ça monte, ça descend dans des monotraces dans la forêt, jusque là ça va. Puis le chemin est tracé à la débroussailleuse au milieu des marécages et des pâtures en dévers, la pluie a transformé le chemin en bourbiers, la boue s’accumule sous les chaussures dans la traversée de champs labourés. La moyenne horaire en prend un coup, ça parait très long. D’ailleurs, c’est très long…
Nous ressortons les frontales avant d’arriver au 6ème ravitaillement. Plus beaucoup de bénévoles, on est en plein match France-Argentine.
C’est reparti pour 4,4 km avant le prochain check-point. Là, c’est le pompon: chemins tracés à la serpette droit dans la pente entre les arbres, descentes idem. C’est amusant sur un 20 km, un peu moins en fin d’ultra… Perso j’aime bien, mais certains concurrents ont l’air de moins apprécier la plaisanterie. Le pompon: traversée dans une canalisation sur 30 m, avec 30 cm d’eau au fond. Au moins, les chaussures ressortent propres ! (avant le prochain marécage). Au bout d’un temps indéterminé (pour les spécialistes, c’était avant les tirs au but…), nous finissons par arriver bien crottés au dernier ravitaillement. Nous n’avons plus qu’une quarantaine de minutes sur la barrière horaires, j’espère qu’ils seront tolérants pour les coureurs à l’agonie qui nous suivent…
Il nous reste un peu plus de deux heures pour faire 5,7 km de chemin plat, ça devrait être faisable… Devant l’étendue des dégâts (tendinite, ampoule explosée au talon, fatigue, courbatures), nous décidons d’un commun accord de terminer en marchant. A un peu plus de 5 km/h sur des chemins plats en rase campagne et en plein vent, nous finissons par passer la ligne d’arrivée en … 24h00’00’’. On aurait pu faire un effort pour passer sous les 24h…
Allez, la médaille est jolie, nous avons droit à une magnifique veste comme cadeau d’arrivée, mais nous zappons le repas d’arrivée et les douches locales pas très affriolantes (installées dans les stalles des chevaux) pour vite rentrer chez les enfants. J’avais pas trop faim, mais Guillaume nous avait préparé une tartiflette aux langoustines, alors…
Côté résultats, 84 arrivants sur 159 au départ, soit 47% d’abandon, c’est encore pire que d’habitude.. Cédric est arrivé en 22h21’, il est 52ème. Nous sommes 72èmes, Françoise est 6ème féminine (et dernière classée), première M5 (moi troisième). Bon, pas sûrs que nous y retournions l’année prochaine… (en plus, on a raté le match...)
4 commentaires
Commentaire de bubulle posté le 23-12-2022 à 08:33:19
Une bonne préparation de raid 28 avec tous les ingrédients : on essaiera d'être à la hauteur pour la boue et le froid. On va juste essayer d'éviter la pluie. Zen tout cas, j'admire le défi d'un ultra de plus de 100k à mi décembre !
Commentaire de laulau posté le 23-12-2022 à 08:35:45
Bravo à vous deux, toujours aussi en forme ! ça me tente bien ce genre d'aventure vendéenne !
Commentaire de akunamatata posté le 11-01-2023 à 18:41:09
Merci pour ce récit, vous avez été vraiment courageux !
Commentaire de Arclusaz posté le 12-01-2023 à 18:13:45
Yop !un ultra de plus. bravo à tous les deux. c'était quoi ce match, j'en ai pas entendu parlé ?
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