Récit de la course : L'Echappée Belle - Parcours des Crêtes - 62 km 2020, par Benman

L'auteur : Benman

La course : L'Echappée Belle - Parcours des Crêtes - 62 km

Date : 22/8/2020

Lieu : Allevard (Isère)

Affichage : 3296 vues

Distance : 62km

Objectif : Pas d'objectif

20 commentaires

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Le parcours des Crêtes que c'était un moment magique

 

 

Acte 1 - Aux origines de la chocolateam

 

Vous prenez 4 personnes normalement constituées, vous mettez un peu de magie dans tout cela, un gout commun pour les ultra, et vous obtenez la chocolateam.

Qui sommes-nous ?

Aux origines, il y a eu une rencontre, puis une autre, puis des autres…

Ça se passe en 3 temps;

1- Un gars qui me dépasse en course au cours de la TDS en 2017. Sa lampe n’éclaire rien du tout. J’ai presque pitié de lui. Nous quittons la base vie ensemble. Je manque de m’étaler en essayant de le doubler sans croiser son ombre.

Il me relève et m’élève jusqu’à la fin de cette course finie en apothéose main dans la main.


XSBGV n’a pas pris le forfait voyelle, mais il sait que les cons sonnent mal aux gens pleins d’esprit, c’est même à ça qu’on les reconnait.

Nous nous retrouvons avec plaisir pour de nouvelles aventures sans faire de cinéma, pourtant l’une des passions de Xavier.

Notre traversée de Belledonne en commun va devenir la référence ultime de ce qui se fait de mieux en duo. Notre amitié va devenir majuscule au cours de nombreuses courses terminées main dans la main.

La pression monte avant les courses


2- Un autre gars qui se déplace au resto lors d’un restoff (spécialité culinaire lyonnaise kikouresque) en 2018.
Il m’avoue avoir passé une partie de sa vie à Belfort, tiens, comme moi, et ce dans une école d'ingénieurs jumelle de celle de mon fils ainé. Nous nous promettons d’en reparler prochainement, ce qui sera fait lors d’un off du côté de Chateauvieux.

Comme deux vieux compères, nous parlons du château de Belfort, de la probabilité infime qui aurait fait que 2 gars normalement constitués puissent un jour tant apprécier leur expatriation dans une contrée aussi hostile à priori.

La rencontre était une Ewidence. Ewi danse dans les monts du Lyonnais ou autour de monts d’Or et aide les autres à envoyer valser leurs appréhensions de ne pas y arriver.

Mais en amont, d’Or ce gars est fait : toujours plein de choses à échanger, une attention particulière pour les autres. Avec Baudouin, notre amitié se conjugue au quotidien, avec le team VITE, et bien d’autres occasions.

Team VITE dans les Monts d'Or

 

Ewi et XSBGV se rencontrent l’été 2018 en Belledonne. Comme en ski, l’accroche est bonne, même si c’était une noire.  Voici notre triolet. La belle donne que voilà.


3- Un gars, un gars… et une fille me direz-vous ? Sans une fille, l’hymne de nos campagnes risquerait de sonner faux. Eh oui, il fallait compléter notre Tryo avec une présence féminine. Et puis les Tryo, comme les 3 mousquetaires, sont toujours 4.

Une fille, le premier soir, on essaie quand même de ne pas tout de suite finir dans son lit… surtout quand on ne l’a pas encore rencontrée !

C’est donc fortuitement au sortir de sa TDS 2019 que Baudouin découvre le lit de chococaro, puis aussi finalement, à son réveil, également la propriétaire du lit !

Rassurez-vous, tout s’est toujours passé en tout bien tout honneur, puisque je profiterai également de l’hospitalité suisse légendaire de Carole lors de la même édition de l’UTMB pour faire connaissance avec celle qui va rapidement compléter notre trio et avait proposé son pied-à-terre local comme camp de base kikouresque pendant qu’elle allait bénévoler sur les sentiers.


Carole va aussi nous assister avec Patfinisher lors de notre périple au raz des barrières horaires. Son soutien et l’histoire particulière de cette première restera pour nous un évènement inoubliable.

Carole chassera ses démons de course en se remémorant, avec Martin, un autre de mes « followers » improvisé, plein de souvenirs de course, au petit matin, dans une voiture à Champex.


Carole m’avouera après la course que notre périple et ces moments partagés aussi  avec Martin ont constitué une sorte de déclic pour elle en vue de reprendre des aventures au long cours en montagne.


Je ne connais pas encore l’histoire de Carole, mais j’apprendrai à la découvrir par étapes, et l’amitié de notre quatuor majeur, je ne le savais pas encore, va l’aider à puiser la force de retrouver la capacité de lever les bras. Elle le fera une première fois à la saintélyon 2019. Mais tout cela, elle le raconte mieux que moi. Son récit sur Kikourou a amené beaucoup de réactions bienveillantes

 

Mais ce que vous ne savez pas, c’est que ces 2 bras tendus au ciel, elle le fera une 2ème fois lors de l’Echappée Belle 2020. Et c’est ce qui s’est passé autour de cette course que je vais essayer de vous raconter, en commençant par ce qui nous a poussé à partir tous ensemble dans cette aventure.

 

Depuis notre échappée Belle en trio en 2018, nous ne rêvons que de refaire des courses ensemble avec Baudouin et Xavier. Le hasard conjugué du calendrier et des points ITRA conjugués aux tirages au sort, fera que nous finirons tous trois un ultra la même semaine en 2019, mais pas le même : Echappée Belle pour Xavier, TDS pour Baudouin, et UTMB pour moi.

Il faut avouer qu’en terme de coordination, on a fait mieux. Alors on s’était dit rendez-vous en disant « dès qu’on peut en Belledonne » sur la place des grands Hommes.


Carole connait bien également l’Echappée Belle pour avoir fait l’assistance d’Emilie Lecomte lors de son triomphe record en 2015.


Nous murissons le projet après la saintelyon lors d’échanges sensés établir notre calendrier commun.
Tout est parti d’un énorme délire : faire l’UTMR ensemble c’est à dire le tour du Mont Rose, 170 km entre la Suisse et l’Italie. Xavier et Baudouin ne connaissent pas le coin, je le connais lointainement de mon enfance, et il me fait rêver depuis toujours.

Carole, elle, le connait de manière plus précise et sera celle qui nous mettra le sésame dans la graine : elle sait comment et quoi faire grâce à ses différents talents de couteau suisse.


Nous planifions donc ensemble notre calendrier annuel, qui commencera à la Montagn’hard, avec une petite balade entre Mont Joly et Prarion début juillet, puis un WE en commun du côté de Chamonix fin juillet, et enfin, une répétition générale lors du parcours des Crètes

Le parcours des Crêtes est la petite sœur de l’Echappée Belle, une course qui cette année va explorer pour la première fois le versant mauriennais du massif.

Cette course, effectuée la semaine avant l’UTMR, devait être faite en mode rando exclusivement, en profitant des « larges » barrières horaires, le but étant de s’acclimater et profiter de l’ambiance exceptionnelle de la course pour mieux se préparer.

 


Bon, on savait que ce programme était un peu fou. Mais on ne savait pas encore que l’année 2020 dans son intégralité serait folle.

Evidemment, l’UTMR et la Montagn’hard ne résisteront pas au confinement du printemps. La 1ère vague de nos espérances a vacillé. Mais il nous reste un vague espoir de faire quelque chose tous ensemble.


Nous nous retrouverons enfin tous les 4 sur Chamonix lors d’un WE off improvisé avec plein de kikous autour des sentiers de la Montagn’hard.

On a fait fumer la montagne

Orange powaaa


Le samedi, Xavier fait admirer sa vélocité en montée dans le col du Tricot. Son maillot orange devient bientôt mythique tellement il vole avec.


Carole nous accueille au col avec ses fameux chocolats suisses dont elle doit détenir un coffre-fort complet tellement elle nous en régale.

Sauf que nous sommes en France, et le chocolat suisse prend l’accent français, car ici on dit Chocolateam. Le nom de notre team était trouvé.


La chocolateam adoptera définitivement le drapeau orange en mémoire du combat homérique du chevalier Orange dans le pays haut du Tricot.

Le "p'tit orange" du Tricot, juste avant d'entrer dans la légende


Le dimanche matin est consacré à une promenade tranquille le long de l’Arve.

Nous refaisons le monde de demain, en conjuguant nos espérances en un monde meilleur où l’échappée belle pourrait être une belle échappatoire à notre année de courses annulées.


Ce qui devait être une rando-course de mise en jambes avant le Mont Rose, dans un monde rose et sans virus, devient le bon virus qui va booster nos jambes et nos meilleurs espoirs de l’été, et nous immuniser contre la morosité ambiante à coup de vitamine C et d’orange.


Une dernière revue préparatoire, en trio, sans Xavier retenu pour obligations familiales, aura lieu sur les pentes du Buet fin juillet, dans le vallon à Berard.

Nous profitons de l’occasion pour rencontrer nos familles respectives. C’est un plaisir de partager ces moments avec nos conjoints, enfants ou sœurs.

Quand nos familles nous font la joie de nous accompagner dans nos petits délires.

 

Acte 2- un festival en Belledonne

Samedi 22 aout. Nous nous retrouvons enfin sur le parking du Collet d’Allevard pour découvrir ensemble ce parcours des Crètes. Notre probable seul chrono de l’été sera l’occasion pour la team de se faire la peau d’orange.


Mais c’est finalement en mode oranges pressés que nous allons prendre le départ, car nous avons du jus : Le protocole sanitaire est strict : le départ se fait par vagues, avec masque et gel hydroalcoolique à toutes les sauces. Il fait un froid de canard, à l’orange succède le bleu de nos doigts gelés.


Nous ne sommes pas dans la même vague, l’ITRA ayant décidé de nous attribuer des coefficients pas efficients pour une course en commun. Je partirai donc seul avec la deuxième vague, le reste de la team partant en 3ème vague.

Départ en fanfare

 

C’est avec un peu de vague à l’âme que je me dirige vers le départ pendant que les chocos, bons camarades, vont se ranger sur le côté pour m’encourager au départ.


Je pars donc avec Sylvain/ Spir qui fait aussi la même course et qui a autant la cote que moi pour affronter la vague qui va bientôt déferler.
Spir est bon camarade, il est comme nous 4 au CA de l’association des amis de Kikourou, il a des ascendances lyonnaises, il belle-crèche en Belledonne, et surtout, il a déjà terminé l’Echappée Belle et connait bien le coin.


Surtout, Spir est un formidable camarade de bouzin sur le forum. Mais le bouzin est devenu auvergnat à mon arrivée sur Lyon. Du coup, c’est sur le forum que nous Riom ensemble des heures depuis d’homeriques joutes verbales.

à Spir hâteur

 

La 1ere montée se fait donc sur un bon rythme. Plein de familles et amis sont en haut de la 1ère bosse.

Il a, Spir une formidable moitié qui fait son assistance avec efficacité et bonne humeur. Le bisou du haut de Super Collet bien qu’olé olé, est de rigueur.


Je laisse Roméo avec sa Juliette, et presse le pas au songe d’une nuit d’été passée au chaud : l’objectif d’une course terminée avant de mettre la frontale est mon objectif du jour.

Mais je ne l’avais pas révélé, ne voulant pas faire beaucoup de bruit pour rien.

Pendant le bisou, je détourne le regard. C'est pas mal aussi

Sylvain me rattrape bien vite. Comme il vous plaira, lui dis-je.

Le col de Claran et la passerelle du Bens sont avalés de concert.

Notre âme léthargique dans ce théâtre exceptionnel qui nous entoure, aux prémices des Férices se réveille un peu avec la pente qui nous mènera jusqu’à l’hôtel haut, le bien nommé refuge des Férices.

Spir mène un train impérial. Je laisse le roi lire le roadbook pour me révéler que nous sommes pile dans les temps de l’objectif.


Je luis dis : avec toi je ne peux connaitre l’échec, Spir… évidemment.

Nous passons le col des Férices avec une envie féroce d’en découdre. Je ne sais plus quand j’ai perdu Sylvain, mais c’est entre les Férices et la pointe du Rognier.


Les successions de dévers, pentes raides pleines de cailloux qui remplacent l’habituelle descente en pente douce vers Val Pelouse et son léger parfum d’écurie sur la Grande ont eu raison de notre duo.

Ici précisément, commence le nouveau parcours spécifique du parcours des Crêtes. Bienvenue en Belledonie!


C’est le début du deuxième acte de la pièce du jour.


Je m’arrête en haut de la pointe du Rognier d’abord pour admirer le paysage, ensuite attendre Sylvain et enfin prendre des nouvelles du reste de la chocolateam, partie une demi-heure après moi.


Ce point aux chocolats me demande un peu de temps, j’ai encore faim pourtant. Je souffle un peu et profite de mon téléphone et de la 4G pour donner des infos, prendre des photos et re-spirer à nouveau : Sylvain s’est hissé à son tour au Rognier.


Je prends des nouvelles du roadbook, nous avons un peu rogné sur le tempo initial. J’avais besoin de récupérer. Je laisse Sylvain en haut, qui préfère aussi profiter de la poésie du lieu.

Séquence inspiration

 

Mais pour mieux mettre en musique la pièce qui se joue, la magie opéra dans la descente.


La descente est longue, ce qui est la norme à cet endroit, dans ce trou vert.


Je mets les écouteurs, j’était jusqu’à présent sans son, et dalida dans les oreilles, ça isole et rend un peu salaud, mais, Aïda Aïda, voici le ravito qui se profile.

 

La chocolateam à l'assaut des cailloux de Belledonne - photo Echappée Belle

 

Au ravito, je vois que chacun doit rester dans son coin. Je prends un peu d’elixir d’amour distribué par les bénévoles.

Je vois Sylvain au loin qui arrive. Il est un peu entamé et va s’arrêter quelques minutes. Par contre, qui voilà ? fidelio poste, c’est Xavier qui a rattrapé sa Demi-heure de retard et va ainsi poursuivre le 3ème acte avec moi.


Je lui dis : flûte, enchanté de te voir, mais c’est que tu m’as mis 30 minutes dans la vue. Je n’attendais pas le retour du lisse descendeur qui aplatit les cailloux sous son pas feutré.


Il m’apprend qu’il a perdu Baudouin qui a eu un petit coup de mou avant le Rognier. Carole est seule, mais elle trace sa route. J’apprendrai plus tard qu’elle était en Bohème, accompagnée de Nanard 7th qui lui donne le rythme, car mène madame butterfly werther promise.


J’espère qu’il ne la poussera pas à la Faust et lui permettra de rigoler tôt. Décidément, la famille kikou est grande dans ce genre de course, et on n’est jamais seul longtemps.


J’ai fini mon ravito, je repars sans Sylvain ni Xavier, la route est encore longue, nous nous recroiserons, nous sommes dans le même bateau, et dans les mêmes eaux.


Repartir à l’assaut du col de la Perche nécessite de mordre à l’hameçon pour aimer se hisser haut.

Mais ce n’est pas une bonne perche pour moi, j’ai le syndrome du vaisseau fantôme : je suis la ligne devant moi dans les cailloux, puis les blocs, puis les récifs, sans voir que le poisson frais doit tourner à droite sur le chemin.

Le gars qui frayait derrière moi depuis un moment peste un peu quand je lui signale mon erreur.

Il redescend aussi sec, tandis que je me mouille à essayer de traverser dans les autobus.
Inutile de préciser au vu de la mine que va me mettre le gars en question, que la stratégie de la grande traversée n’était pas la bonne.

C’est un peu le moral dans les chaussettes jaunes que je m’apprête à finir cette montée. Mais deux évènements vont changer le cours des choses. D’abord j’entends hurler d’en-haut, « eh benman, dépêche-toi d’amener tes chaussettes jaunes au sommet », et ensuite, je retrouve le fidèle Xavier qui a fini par me rattraper dans l’affaire.


La moitié de la chocolateam est reconstituée. Et il ne fait pas chaud. La pluie menace, mais il n’y aura pas d’éclair. Nous retrouvons Jano au col qui continue de nous encourager sur la fin de la montée. Il a déjà passé une nuit et une journée sur place à accueillir chaque coureur par la couleur de ses chaussettes avec Vik.

Ah, ces bénévoles qui nous font tant de bien sur ces courses. Que ferait-on sans eux ?

Jano, en plein vent avec Ewi - photo : Vik - http://planetcaravan.net/echappee-belle-2020-de-lautre-cote-du-dossard/

 

Après le col de la Perche, la crête jusqu’au grand Chat, puis surtout la descente après le col du Champet et la loooongue portion de chemin blanc jusqu’au Pontet, font partie des démons de minuit, que je dois chasser de ma vie de bouse, hein ?


Il y a 2 ans, j’avais connu un formidable coup de boost grâce aux boissons à base de plantes de Vik à cet endroit, et je l’avais payé moins d’une heure plus tard dans la fin de la descente, au prix d’hallucinations dont on rigole après coup, mais qui sont quand même difficiles à vivre sur le moment.


Nous fonçons avec Xavier. Je reconnais certains endroits où j’avais pris des arbres pour des cabines téléphoniques, les souches pour des châteaux d’albâtre. Je retrouve le petit bout de piste de ski où j’avais essayé d’expérimenter de dormir en marchant avec peu de succès.

Je retrouve le lieu où j’avais essayé de dormir au bord du chemin, esseulé dans la nuit.
Là, nous sommes au contraire au taquet, en pleine bourre.


Nous doublons un certain nombre de concurrentes du top 10 de l’échappée Belle. Même à leur très haut niveau, la fin est difficile pour elles. Un petit mot d’encouragement, et nous filons sans même nous arrêter à la yourte odorante du Pontet.

Un petit coucou à Fox Trot, qui nous donne des nouvelles de son Spir de mari, qui navigue pas si loin derrière nous.


Nous entamons la montée finale vers le fort de Montgilbert. Nous avons évidemment tous les deux en tête les agapes finales du zouavito il y a 2 ans, à base de genepi et de bière.

Nous passons, cette fois il n’y a personne de connu. Nous traçons avec pour moi l’enjeu d’arriver avant la nuit, donc en moins de 12 heures.


Xavier qui avait fait la descente du Grand chat toutes griffes dehors commence à étouffer un miaulement de lassitude.

Nous marchons un peu en attendant que ça revienne. Une petite compote, et mon pote est reparti.

Nous savons qu’il nous reste ces quelques descentes traversant la route pour arriver au panneau Aiguebelle et faire la belle à cette belle échappée.

Xavier remène la danse, même si ça tangue au plus profond de moi, ça s’emballe dans ma poitrine.

Hip hop ,nous passons le panneau toujours au pas de charge. Je ne lâche rien de l’objectif des 12 heures. Nous pénétrons dans le parc d’Aiguebelle avec près de 10 minutes d’avance sur la cloche

 

Cette cloche, nous l’avions rêvée il y a 2 ans. Cette fois, nous allons la savourer et nous la taper, vraiment. C’est la deuxième fois que nous l’agitons ensemble. C’est tellement bon.


Rien ne cloche dans notre bonheur. Je passe un long moment en PLS sur l’herbe à attendre les suivants arriver.


Nous sommes chouchoutés par bipbip, bénévole sur l'aire d'arrivée.

Cela me rappelle de magiques souvenirs d'une nuit passée ensemble... et dans le même lit, il y a deux ans sur le grand parcours, et aussi de quelques essais de sieste l'année dernière dans le coffre de ma voiture au Pleynet!


Nous arrivons à nous lever juste pour aller à la bière. C’est le moment que choisissent Sylvain puis Baudouin pour arriver. Nous profitons largement des soupes finales et autres douceurs proposés par une orga au petits oignons.

Nous sommes un peu comme de vieux croutons devant notre soupe, néanmoins, nous n’avons pas bu le bouillon.


Cette course a été pleinement réussie, sans coup de mou ou presque, avec plein de belles rencontres et d’amitié, un plaisir partagé en montagne.

 Il ne nous reste plus qu’à aller nous reposer en attendant quelques nouvelles de Carole.


Il est bientôt minuit, Aiguebelle va se coucher. Nous attendons Carole depuis nos lits de camp dans le gymnase mis à disposition pour les coureurs.

Repos

 

Nous suivons la progression de notre amie. Carole avait prévenu dès le début qu’elle se calerait sur les barrières horaires. Donc cela la faisait arriver avant midi le lendemain matin. Je lui avais répété dès le début qu’elle ferait beaucoup mieux. Carole avait prévenu sa famille de son arrivée probable au matin.


J’avais reçu vers 21h30 un SMS de Morgane, la fille de Carole, qui me demandait si l’arrivée de Carole ne serait pas finalement beaucoup plus tôt, et quel était mon pronostic.


Quand je réalise qu’en fait, Morgane et Roland, le mari de Carole, vont venir exprès de Genève pour être là à l’arrivée de Carole, je sais que j’ai intérêt à ne pas me planter sur l’heure d’arrivée.


Livetrail la voit arriver à 3h18. C’est une chouette heure pour des suiveurs ! On part pour dormir un peu, mais pas trop. Evidemment, quasi impossible de fermer l’œil.

J’ai un appel de Roland : ça y est, ils sont arrivés. Ils se postent aux points stratégiques : Morgane remonte la fin de la course quand Roland est à l’entrée du parc de Aiguebelle. Je rejoins Roland, suivi rapidement par Xavier et Baudouin.

Carole arrive, nous le savons par Morgane qui l’a interceptée. Carole se demandait ce que pouvait bien foutre une jeune femme au milieu du chemin à cette heure. Elle a fini par reconnaitre sa propre fille !


Il est 3 heures du matin. Carole arrive à l’entrée du parc. Son 1er mot est de dire, plus jamais vous ne me ferez faire un truc pareil. Bon, au bout de 18h d’effort on sait tous qu’on dit des bêtises !


Elle franchit la ligne et là les 2 bras se lèvent pour aller toucher le ciel et les petites étoiles que Carole a toujours dans les yeux et dans le cœur.

Vous reprendrez bien un petit coup de gel?


Nous sommes tous très émus, d’autant que cette joie est partagée en famille pour Carole. Nous sonnons à nouveau la cloche tous les 4 avec entrain. Plus rien ne cloche : notre pari est gagné.



Notre année 2020 est d’ores et déjà réussie. Nous avons réussi ensemble ce formidable défi d’amener la chocolateam à l’arrivée avant le petit-déjeuner.

Nous rejoignons tous le gymnase pour essayer de finir la nuit tant bien que mal. 

Le lendemain, nous sommes comme dans un rêve. Roland et Morgane nous invitent pour un brunch fabuleux. Nous retrouvons et encourageons les derniers arrivants de la Grande Echappée Belle.

 

L’arrivée de Denis, le dernier concurrent, au look jean / chemise si atypique dans ce monde salmonisé du trail se fait dans un délire d’applaudissements.

Denis, déjà finisher l’année dernière, cette fois ci a pas mal morflé physiquement. Il arrive en boitant, mais sous une ambiance indescriptible. Je suis surtout très très ému. Cette course est vraiment magnétique. On y retourne chaque année comme de vieux aimants.


 Nous profitons des derniers instants autour du repas pour retrouver Benoit (boubou 27 et sa suiveuse experte : Mumu), et plein d’autres kikous qui ont terminé le grand parcours dans la nuit.

 

Oui, on a tout fait en claquette, pourquoi?


Ce moment est l’apothéose d’un week-end parfait, et se finit par un banquet, évidemment, malgré les restrictions sanitaires et l’absence de podium.

 

Nous sommes comblés. Cette course nous a unis, même si nous n’avons pas forcément couru ensemble.

Savoir que chacun veillait sur l’autre nous a tous été précieux.



Nous avons une étoile de plus dans notre tête. Cette étoile est collective. Nous en sommes fiers. Ce ne sera pas la dernière.

il y a encore de la place libre devant pour de nouvelles aventures

20 commentaires

Commentaire de L'Dingo posté le 26-12-2020 à 19:54:05

Très sympa !

Où l'on voit que l'on ne court pas que pour gagner une médaille, fût-elle en chocolat :-))

Commentaire de Benman posté le 30-12-2020 à 23:27:42

Il arrive aussi qu'on puisse courir pour des médailles (alerte spoiler récit à venir...)

Commentaire de coco38 posté le 26-12-2020 à 20:27:04

Chouette récit et chouette team !... ça fait tellement du bien de se replonger dans cette ambiance. Vivement 2021.

Commentaire de Benman posté le 30-12-2020 à 23:28:18

Cette course est très très addictive en fait...

Commentaire de Mazouth posté le 26-12-2020 à 20:47:38

Une égérie, trois associés, et une cloche. En voilà une belle donne !

Commentaire de Benman posté le 30-12-2020 à 23:29:03

mais rien ne cloche en fait.

Commentaire de Mazouth posté le 30-12-2020 à 23:46:14

Carole c'est un peu la Fée Clochette

Commentaire de Arcelle posté le 26-12-2020 à 22:35:24

Récit très agréable, belle histoire d'amitié, merci !

Commentaire de Benman posté le 30-12-2020 à 23:29:19

merci Arcelle

Commentaire de xsbgv posté le 26-12-2020 à 22:48:38

Du grand art.. du grand Benman... merci de raviver si joliment ces belles émotions !

Commentaire de Benman posté le 30-12-2020 à 23:29:47

ça commence à en faire quelques unes des émotions... trop chouette!

Commentaire de Spir posté le 27-12-2020 à 19:41:20

Voilà une belle échappée rondement menée ! Bien content d'avoir partagé un petit morceau de l'aventure avec toi. Et belle performance que cet objectif de moins de 12h rempli tambour battant. C'est bien la preuve que le trail est avant tout un sport d'équipe !

Commentaire de Benman posté le 30-12-2020 à 23:30:26

Exactement. Merci de le souligner. Toi aussi tu as fait une belle course, et ta suiveuse est au top!

Commentaire de chococaro posté le 28-12-2020 à 17:16:46

Emouvant cadeau de Noël Ben, merci !
Je me sens privilégiée d'avoir été adoptée par ces trois hommes de coeur.
Hâte d'écrire la suite des aventures de la Chocolateam.

Commentaire de Benman posté le 30-12-2020 à 23:30:56

Des projets de course pour 2021???

Commentaire de Arclusaz posté le 30-12-2020 à 20:02:18

Une belle histoire de sport mais surtout d'amitié. L'occasion, imprévue pour le lecteur, de réviser le répertoire shakespearien et lyrique. Tu as une fois de plus, parfaitement réussi ton rôle d'assembleur : assembleur de mots mais plus encore de personnalités pour créer cette belle équipe orange. J'espère que tu nous en feras encore profiter très longtemps.

Commentaire de Benman posté le 30-12-2020 à 23:36:09

Merci Laurent. Cette histoire, c'est surtout celle de Kikourou qui permet de si belles rencontres. Merci d'avoir souligné que 7 pièces de Shakespeare et 14 opéras étaient cachés dans ce récit. Les avez vous trouvés?? !!

Commentaire de bubulle posté le 04-01-2021 à 07:35:32

Mais il me donnerait presque envie de le re_echapper ce zouave de Benman ! Heureusement qu'en 2021 j'ai un argument serre-ponconesque avec deux autres zigotos pas piqués des vers (dont l'un in-spire ton récit). Mais qui sait ? Sur un malentendu...

Commentaire de BouBou27 posté le 05-01-2021 à 09:59:24

Beau récit avec des morceaux de chocolat dedans.
Ça donne envie d'y regoûter en bonne compagnie

Commentaire de marat 3h00 ? posté le 07-01-2021 à 11:11:07

On m'a toujours parlé de pain au chocolat, c'est sans doute pour ça que je n'ai pas trouvé tous les jeux de mots. Quel lyrisme ! A vous lire vous éclater ainsi lors de la 1ere année sans course ou presque, vous montrez que le bonheur est dans le pré. Merci et bravo pour ces réussites

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