L'auteur : centori
La course : High Trail Vanoise - 70 km
Date : 6/7/2019
Lieu : Val D'Isère (Savoie)
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Distance : 70km
Objectif : Se défoncer
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Dur de faire cet récit mais je m’y suis astreint pour me permettre d’analyser cet échec lamentable alors que j’étais si bien.
Mais que s’est-il donc passé ?
Le HTV j’en rêve depuis un bon moment, depuis 2013 pour être précis et la découverte de cette course passant par les sommets de l’Espace Killy.
Depuis 2014 je viens à Val d’Isère pour courir les trails, monter en puissance et enfin en 2019 passer au HTV.
Mais voilà, le 24 février 2019 je me fais une double fracture de la tête de l’humérus, 5 semaines sans course à pieds, des douleurs encore bien présentes en juillet et probablement pour un an encore la faute à une capsulite bien tenace, et une mobilité de l’épaule très réduite.
La préparation aura été très amputée, et du trail 42km à 70km il y a quand même une sacrée marche, je vais passer à 53km avec le trail du mont saint michel mais voilà peut-être la marche était-elle trop haute.
La Préparation
J’ai donc repris la course vers le 7-8 avril, et à compter du 15 avril je suis à 50km puis 60km et même 70km la semaine, avec environ 1500m de dénivelé la semaine, en Normandie il est difficile de faire beaucoup plus. J’habite à CAEN, et la plaine de CAEN porte bien son nom, autour de chez moi sur 15-20km je fais maximum 80m de dénivelé. Il me faut aller en Suisse Normande pour trouver du dénivelé, des côtes de maxi 100m à 200m ce qui reste assez peu mais j’espère suffisant.
En tout cas, je ne me suis jamais autant entrainé, je suis bien, j’estime être prêt.
Je vise entre 14h et 15h pour la course et on verra bien.
Le Jour J.
Lever à 2h40 pour le départ à 4h00, je suis franchement bien malgré ce levé très matinal. J’arrive pour le contrôle des sacs à 3h40 tout va bien, zen tranquille. Etonnement serein pour cette première sur la distance et départ aussi matinal.
Il ne fait pas froid 12 degrés, je décide de partir directement en T-Shirt, le sac contribuant à tenir chaud cela devrait aller.
Section 1 : départ à funiculaire.
Je me suis positionné au tiers du peloton environ dans le sas du départ et quand ça démarre, ça me double dans tous les coins, je pars vraiment tranquille l’objectif n’est pas de se griller.
On va remontrer tranquillement la vallée du manchet, puis le tour du charvet. Je m’applique à bien boire et à 1h de course je mange ma première barre. 5h du matin j’éteins la frontale nous arrivons dans le secteur piste de bellevarde, on a une vue incroyable à cette heure sur le Mont Blanc, le Mont Pourri, la Grande Sassière et plus largement tous les sommets environnants.
Bref le bonheur, de bonne heure.
Passage au col de Fresse, j’avais estimé un passage en 1h30-1h40 j’y suis en 1h30 donc pile poil dans les temps. Classement 133.
Section 2 : Col de Fresse – Grande Motte.
On descend légèrement en direction de la Leisse, puis replat et enfin la neige au km12. On est là sur les névés du glacier de la grande motte et on ne quittera pas la neige avant le km23. Fort heureusement il a gelé et donc cela porte sans problème. Quelques coureurs s’arrêtent mettre les crampons, c’est inutile pour le moment cela passe sans problème.
On monte par moment en file indienne, tout va bien, il fait grand beau, la forme est là extra.
Arrivée au ravito de la grande motte, je croise LUDO POMMERET qui lui est déjà à la redescente, il est premier à ce moment-là mais il finira 2eme. 2h30 pile, je suis exactement dans le timing attendu. Je devais retrouver mon père, mais visiblement le funiculaire n’était pas ouvert. Du coup, j’attrape une banane, je refais le plein des flask et c’est parti.
Descente vers le glacier puis attaque de la montée de la grande motte. Je mets les crampons et la veste histoire d’anticiper un éventuel refroidissement en altitude.
Cette partie de la course est extraordinaire, on est à plus de 3000m d’altitude, ça monte très très raide, on a des paysages dingue. Je crois que je vais me griller à ce moment-là, les autres coureurs sont presque à l’arrêt je suis tellement bien je double par grappe, à la fin de la montée à 3400m d’altitude je me paye même le luxe de trottiner (débile rétrospectivement), je check le dossard pas de montée à la grande motte cette année il y a trop de crevasse.
Classement 86eme !!!
Passage en 3h00 tout pile.
Redescente ensuite du glacier pour le 2eme passage au ravito de la grande motte. La neige est gelée et comme c’est assez raide les crampons ont du mal à tenir, du coup je fini sur le cul et je laisse descendre. Je me rendrai compte plus tard que j’ai le cul brulé/écorché par la neige ! ça fait mal !
Enfin, en tout cas ça descend drôlement vite, et me voilà au ravito en 3h20, alors que j’avais estimé le passage en: 3h20-3h36. Je suis donc dans la fourchette haute.
Mon père est là cette fois, il me fait le ravito. Idiotement au lieu de prendre le temps j’avale vite fait du sport dej, fait le plein des flask, prend une banane et zou c’est reparti.
Section 3 descente grande motte – daille.
On continue dans la neige mais cette fois en descente. On prend la piste dite Double M direction Tignes Le Lac, je m’applique à descendre tranquillement sur ces 1000m de D- je vais perdre 5-6 places mais je m’en fou je sais que l’essentiel n’est pas là.
Ensuite traversée de Tignes, on passe au bord du lac, je m’applique encore à courir tranquille je suis en 5’40’’ au kilo ce qui me parait raisonnable. Au petit matin ainsi, il n’y a encore personne ou presque dans la station c’est vraiment sympa.
On attaque la remontée vers le Pas de Tovière pour accéder du coté de val d’isère et la vallée perdue. Et là curieusement ça va coincer direct (sur le moment je ne comprends pas), impossible de manger, ou boire, l’estomac est rétif, les jambes ne vont pas terrible comme si le moteur manquait d’essence. Je suis tout seul, je décide de monter au train, mais je suis agacé que cela coince comme ça, je me fais doubler je suis encore plus agacé, mais au moins j’avance.
Descente de la vallée perdue, c’est sublime ces rochers, ce canyon dans la forêt, on en prend plein les yeux et les jambes et on va retrouver les coureurs du Trail des 6 cols T6c qui sont au tout début de leur course. Les gars ne sont pas trop sympa et poussent littéralement pour doubler !
Arrivée au ravito, je dis à mon père que je pense que je ne vais pas aller au bout ! la tête en a déjà un coup. On est qu’à la mi-parcours, mais il reste 3000D+, et je manque de force et d’estomac. Ça ne va pas fort.
C’est complétement débile j’arrive à la daille en 5h22, là ou j’avais estimé mon passage entre 5h20 et 6h00, je suis dans le haut de la fourchette mais je perds de vue cette estimation (mon père ne me donnera pas l’info non plus).
Je m’assois pour manger un peu, mais ça ne veut pas passer, je fais le plein, je prends une banane j’ai dû rester 3 minutes et je repars. Quel idiot !
Section 4 : Daille - ?
Cette section commence par le passage de picheru dit « mur de picheru », 1000D+ en 4km autant dire que c’est raide, c’est en plein cagnard et moi je n’aime pas ça.
Je suis inquiet, le ventre ne va pas bien, le ravito de la sassière est supprimé, et on aura donc 17km en autonomie et probablement pour moi 3h30 voir plus si ça ne va pas bien.
Je démarre en douceur et me fait doubler par des coureurs du T6C et finalement je suis dans un groupe, mais voilà je suis pris de vomissements et mon estomac rejette tout ce que j’ai mangé et bu depuis un moment. De là je décide de continuer à l’arrache, je ne grimpe pas trop mal, je recommence à boire, ça passe, ça passe et finalement non de nouveau je rejette tout !
La tête tourne, je m’assois, dans ma tête c’est terminé.
De fait, je laisse passer la cohorte de coureur duT6C et HTV et après 1h à me reprendre je redescends. Fin du HTV j’arrête à seulement 35km alors que l’objectif était 70km !!!
Une semaine après : l’analyse c’est un cumul d’erreur assez incroyables :
1 : j’ai oublié de prendre le VOGALIB, anti-vomitif qui me permet généralement de passer les courses sans encombre.
2 : j’ai oublié de mettre du VOGALIB dans mon sac pour en prendre à mi-course.
3 :j’ai oublié de prendre les 2 petits sandwichs que j’avais préparé et que je devais impérativement manger avant le ravito numéro 1.
4 : j’ai démarré raisonnablement avant de totalement déconner dans la montée de grande motte. J’étais très très bien certes mais j’ai monté beaucoup trop vite, la preuve étant le gain de place considérable 133 à 86eme !
5 : je n’ai pas pris le temps de m’arrêter aux ravito pour manger et me ravitailler. J’ai géré ça comme un 30km ou l’on peut se contenter de grignoter voir moins. Là il s’agissait de manger !
On rajoute là-dessus qu’il s’est mis à faire chaud dans PICHERU….
Bref un cumul de conneries assez incroyable qui font que j’ai explosé en vol et il en est résulté un manque d’essence dans le moteur après 5h de course, et un estomac totalement serré qui a refusé tout apport nutritif, le DNF était inéluctable.
Quel con ! pas d’autre mot. Le tout sera de ne pas recommencer les mêmes boulettes et d’être plus méticuleux lors de la prochaine course.
3 commentaires
Commentaire de coco38 posté le 19-07-2019 à 09:41:54
Merci pour la revisite (partielle) de l'Espace Killy... j'ai retrouvé tous les coins faits en ski ou en rando l'été.
Tu as analysé toutes les erreurs, donc pour la prochaine fois ça va le faire. :)
Toutes les courses de cet été posent le problème de la chaleur et donc la gestion qui va avec. Même à 2000m il fait chaud (trop chaud !).
J'ai bien envie de retourner là-bas...
JC
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 22-07-2019 à 13:59:14
C'est bien aussi de faire le récit d'un échec, c'est une preuve de courage. Pour moi, c'est Smecta avant la course et Smectalia pendant... Bonne récup.
Commentaire de Gazel posté le 11-09-2019 à 13:58:57
beau récit et belle analyse. En course grand format, il faut aussi etre indulgent par rapport à ses temps, son allure, ses impressions. Le dicton "après la pluie le beau temps" s'applique aussi à son état de forme : 'après un passage à vide, un regain de forme" faut être patient et laisser passer l'orage
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