L'auteur : Phénix
La course : Ultra Trail du Vercors
Date : 8/9/2018
Lieu : Villard De Lans (Isère)
Affichage : 1444 vues
Distance : 86km
Objectif : Pas d'objectif
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Après un grand duc où je me suis fait extrêmement plaisir, l’idée de participer pour la deuxième fois à l’UTV a germé petit à petit. Mais voila j’entends déjà mes proches me dire que ce n’est pas sérieux. Un ultra dans l’année c’est déja bien alors 3 ! (sans compter qu’il ya eu le marathon en Avril...)
Alors je ne dis rien et compense ma frustration en m’entraînant comme si...
Mais voila, après deux mois de vacances sportives (qui m’ont permis de repasser dans le vert dans le jeu des 365 h), je me sens au top de la forme. Les résultats dans les courses locales me le confirment... (T’es pas CAP : 8ème, au trail de saint André : 15ème...) L’envie devient de plus en plus forte.
Lundi 27 août 23h, je craque... Je m’inscris, une heure avant la fin des inscriptions. Oups j’ai failli me faire avoir par la barrière horaire ! Est ce prémonitoire ?
Vendredi 7 Septembre.
Je sors du travail tard et n’arrive qu’à 18h 30 à la maison. Vite il y a urgence ! J’attrape à toute vitesse mon sac à chaussures, mes bagages (heureusement préparés la veille!) et je file direction Méaudre.
J’arrive à 20 h. Ouf l’organisation a rallongé la barrière horaire de la remise des dossards !
Le bouk est là et en pleine forme !
Samedi 8 Septembre.
Départ 4h 15 de Lans en Vercors où j’ai dormi chez des amis. Sachant que Méaudre ne se situe qu’à une quinzaine de minute : je suis large ! Mais voilà dans le noir, je me perds et me trompe de direction. Je ne m’en rends compte que lorsque je vois l’hôtel du col de l’arc.
Là le stresse monte à bloc ! et ce d’autant plus que j’ai le dossard de Tekrunner. Je fais demi tour, je fonce et arrive à Méandre à ... 4h 50 ! Je mets mes chaussures et fonce en courant sur la ligne de départ, ? J’arrive à 4 h 55 ! Une bénévole super sympa me prends mon sac de délestage, et me le ferme même ! Tekrunner et moi et accrochons nos dossards à la 6 4 2 et hop c’est parti !
Barrière horaire du départ franchie !
1ère étape : Méaudre - Saint Nizier.
Le temps est frais, 7°C, je ne regrette pas d’avoir mis une veste plus chaude qu’un coupe vent. Le ciel est dégagé, et étoilé. Tout laisse à penser qu’on aura des très bonnes conditions de course.
Je fais un bout de chemin avec Tekrunner ; oh se sera court 5-6 kms tout au plus ! Je sens qu'il n'a pas envie de traîner...
Vers le ruisseaux des Combaux, je fais un première pause technique et en profite pour ranger ma veste. Tekrunner continue... Je ne pense plus être amené à le revoir.
6h : on arrive vers le tremplin d’Autrans, Il est difficile de décrire ce que je ressens tellement c’est beau ! Le tremplin est tout illuminé par des torches, on entend de loin de la Cornemuse, on commence aussi à sentir les odeurs des torches, c’est sublime ! Un conseil : allez voir sur le site d'"Au fil des lumières" la magnifique photo du tremplin qu'ils ont réalisées !
Je gravis une a une les marches, lentement, je veux profiter de ce moment de grâces ! Je suis aux anges ! Et là le bénévole commence à jouer Amazing grâce ! L’émotion s’empare de moi ! C’est trop beau , je pleure !
7h : J’arrive au pas de Bellecombe, le jour se lève, on peut dire que j’arrive au bon moment.
Quelques minutes plus tard, les sentiers se dorent du soleil naissant, la nature se reveille... et c’est à ce moment que j’aperçois l’astre du jour en train de briller derrière les trois pucelles ! C'est merveilleux !
En deux heures, ce que je viens de vivre me comble tellement que quelque soit mon résultat je serais heureux ! Vivre ces moments valaient déjà le coup !
7h 50 : Lors de l’ascension vers le pas de la Corne qui vois -je ? Mais c’est Tekrunner ? Je le rattrape très facilement, trop facilement : je suis inquiet. Tekrunner me fait part des problèmes gastriques qu’il ressent depuis le départ. Il n’a pas l’air bien, je l’encourage, reste un peu avec lui puis prend le large.
8h 10 : Arrivée à Saint Nizier : fin de la première étape (183ème)
2ème étape : Saint Nizier - Lans en Vercors.
8h 15, Tekrunner arrive, je suis encore en train de recharger le sac. Je fais un petit coucou à Stéphane, un ami qui attend son relayeur ! et qu’est ce que je vois ? Tekrunner sur le départ déja ? Je trouve son ravito bien court mais comme dit l’autre : cela ne nous regarde pas !
Nous repartons ensemble affronter le Moucherotte par une face que je ne connais pas. Dès la première montée, Tekrunner m’encourage à poursuivre sur mon rythme. Je me détache et ne reverrai plus de la course.
2ème montée de marches, celles du tremplin de Nizier. Certes elles sont moins épiques que celles d’Autrans mais elles sont amusantes grâce aux petits messages répartis de ci de là par les organisateurs. Après un passage par un sentier qui nous permet d’admirer les 3 pucelles, on aborde l’ascension du Moucherotte par le vallon des forges. Je comprends pourquoi je n’étais jamais monté par là en famille ! Le parcours passe par un pierrier assez exigeant et technique, mais cela passe...
Arrivée au Moucherotte je croise Claire mon ancienne coach de l’ASPA, toujours aussi dynamique et pimpante ! A la différence de l’an passé, on monte jusqu’à l’observatoire. La vue sur Grenoble est un peu voilée mais reste très belle !
Après un petit passage sur la crête on redescente en prenant l’itinéraire de repli de l’année dernière.
Je poursuis à distance un petit groupe quand soudain j’entends plusieurs personne crier « Ce n’est pas par là ! » Je me retourne, c’est bien à moi qu’ils parlent ! Le groupe de devant était trop loin pour les entendre... Heureusement pour moi que je n’étais pas encore trop loin !Je reviens sur mes pas : il y avait bien une balise à droite... Je crois que je n’ai jamais autant remercié les coureurs qui m’ont appelé ! Je repars donc en essayant d’être plus vigilant cette fois ci ! Au détour d’un sentier un bénévole encourage chaque participant avec un petit aire de trompette. Toutes ces petites attentions sont vraiment touchantes !
A partir de la Chenevarie, le parcours me donne une impression de déjà vu mais oui ! c’est le parcours de la course des noctambules gourmands : la « T’es pas CAP ! » De jour cela change tout ! J’arrive sur Lans peu après 11 h 25, je récupère mon sac de délestage ou j’avais jeté deux trois trucs à l’arrache avant le départ !
Je tiens vraiment à remercier les organisateurs pour la mise en place de ce sac qui représente vraiment un plus cette année : j’ai pu refaire le plein de nourriture dans mon sac, et « noker » mes pieds qui en avaient bien besoin.
photo
Je rencontre deux trois anciens collègues de travail, discute un peu puis repars. Ma pause ayant été très longue, je suis persuadé que Tekrunner est passé devant.
3ème étape : Lans en Vercors - Corrençon
12h, je repars. Je sais que cette étape sera longue et difficile, par contre je sais aussi qu’une fois le col deux soeurs passé, ce devrait être gagné pour moi. C’est donc confiant que je sors de Lans.
Au 42 ème km, tout rond,( la moitié donc parcours donc!) je passe juste au dessus de la maison où j’ai dormi cette nuit. Puis commence le chemin des anciens. Purée cela monte raide et cela n’en finit pas ! On arrive sur un longue partie assez plate. Devant, cela bouchonne. Je demande à passer, pas de réponse, j’insiste... rien, malgré la trace peu large je dois me débrouiller tout seul pour procéder au dépasser. Intérieurement, je peste, en voila un qui est dans sa bulle et qui se moque des autres, (heureusement que la majorité des trailers ne sont pas comme cela! ). C’est à l’Ignoble que je pense à ce moment là... et à sa remarque sur les bobos nombrilistes .... mais ne relançons pas le sujet ! Je me dis que tout de même c’est idiot de ne pas en profiter pour courir sur ces portions car on ne pourra plus après !
Arrivé à la cabane de Roybon, les bénévoles vérifient bien que tout le monde ait bien suffisamment d’eau car il n’y aura désormais plus de ravitaillement avant Corrençon et que l’on a un gros morceau à passer.
Très vite cela devient caillouteux et minéral : je me dis que cet UTV rappelle beaucoup le grand Duc de cet année au niveau technique ( Heureusement, l’UTV a tout de même plus de parties roulantes!)
Clot d'Aspre : Le paysage devient de plus en plus chaotique et lunaire ! C’est beau ! C’est cela aussi le + des ultra trails : permettre de découvrir des zones atypiques où on n’ aurait jamais eu l’idée d’aller pour des ballades !
J’arrive au sommet et qui je vois allongé par terre ? Petit Franck himself avec Teddy bien sur ! Je discute un peu avec lui ; Il me dit que j’ai fait le plus dur, qu’il ne reste qu’une toute petite montée et qu’après cela redescend tout le temps! Youpi ! Je commence à me dire que je pourrai peut être arrivé avant la nuit.
La vue sur la grande Moucherolle est très belle. J’aborde la descente, contourne le lac et continue à courir dans la caillasse. A ce moment la je suis surpris de sentir autant les cailloux sous les pieds. Je me dis que mes chaussures doivent commencer à fatiguer et que le Moucherotte puis le Clot d'Aspre n’ont pas du leur faire du bien...Je ne m’inquiète pas davantage et continue.
Peu avant Corrençon, j’ai trouvé bien amusante la petite partie en rappel... « Il reste deux kilomètres avant le ravito » me lancent deux bénévoles mais cela glisse beaucoup je reste prudent.
Arrivé à Corrençon, un énergumène répondant au doux sobriquet d’un animal mal odorant me crie un « C’est comme ça que tu cours ? » Je profite de l’occasion pour lui demander si Tekrunner est passé . Il m’annonce qu’il est derrière moi ! Je n’en crois pas mes oreilles ! Je commence à être inquiet pour lui car il m’avait dit que la batterie de sa frontale était HS : or les organisateurs avait été très clairs : à partir de 18 h aucun coureur sans frontale ne repartira de Villards. Pour faire plaisir à mon ami, je sprinte jusqu’au check point marquant la fin de l’étape : il est 16h 50.
4ème étape : Corrençon - Méaudre.
Que dire sur cette étape ? Que je repars de Corrençon entre confiance et vigilance . L’année dernière c’est justement entre Corrençon et Méaudre que mes douleurs aux genoux étaient apparues et que j’avais commencé à vivre un calvaire. Il faut dire qu’il y avait beaucoup de bitume sur ce tronçon l’année dernière. Je sais que ce n’est pas le cas cette année.
J’ai adoré le passage par la piste de luge que je ne connaissais pas : cette édition « olympique » est vraiment originale !
Tout va pour le mieux, j’arrive à Villard aux alentours de 18 h 30. Les images de l’année dernière reviennent : j’ai l’impression d’avoir fini alors que ce n’est pas le cas : il faut dire qu’ il ne me reste qu’une dizaine de km à parcourir ! Je suis déja sur un nuage !
Au ravito j’entends Samontetro, expliquer à un jeune qui voulait prendre la navette que ce serait dommage d’arrêter maintenant. J’en profite pour discuter un peu avec lui : le complimente pour l’organisation sans faute. Je le remercie pour tous les petits plus que les bénévoles nous ont offerts. Dans son regard qui brille, on voit qu’il est heureux et c’est bien normal car cet UTV 2018 est une réussite totale !
Je repars et aborde la dernière véritable difficulté de cette édition : la montée du Meillarot, la colline qui nous sépare de Méaudre.
Sur cette portion je rattrape Clément, le jeune qui voulait stopper à Villard. Je décide de l’épauler et de lui tenir compagnie, jusqu’à l’arrivée, pour lui changer les idées et lui faire oublier ses douleurs. On papote beaucoup, on procède à notre relecture de la journée, je lui donne quelques conseils, cela fait passer le temps. A 3km de l’arrivée un groupe de bénévoles nous informe sur la distance restante : je suis surpris car je m’attendais au double d’après le kilométrage à Villard. Les bénévoles confirment la distance à parcourir, nous continuons. Soudain un flash par l’arrière ! C’est vraiment étrange comme sensation : Je lance mort de rire un « Mince excès de vitesse ».Mais la photo est sympa :
crédit : "Au fil des lumières"
On commence à entendre les clameurs de l’arrivée alors que nous sommes encore dans la forêt. On touche au but ! Çà y est Méaudre est en vue ! J’accélère un peu. Clément trouve mon rythme un peu rapide. Il me dit d’y aller et me promets que maintenant il ne s’arrêtera pas ! Je fais la dernière montée en courant, j’essaye d’embarquer en vain avec moi un groupe de trois solos qui marchaient tranquillement puis soudain j’entends de nouveau un « C’est comme cela qu’on cours ! » Mon Bouk préféré est là pour m’accueillir ! Pour le fun, comme à Corrençon, j’accélère et finit au sprint ! 20h 14 ! Je suis 92ème : je bascule dans la première moitié des finishers ! c’est incroyable ! et sans douleur ! Je me sens bien ! J’ai une pensée particulière pour Albacor, le Kéké et Peno qui avaient fait le doublé Grand Duc/UTV l’an passé. Jamais je n’aurais imaginé,vu l’état dans lequel j’étais un an auparavant que cela aurait été mon cas cette année.
Je prends un douche rapide. (car froide!) puis sens la fatigue tomber... je redescends sur Grenoble tant qu’il me reste un peu d’énergie avec cependant le regret de ne pas être allé remercier le Bouk et attendre Tekrunner et Loiseau que je n’aurais pas vu de la journée.
Arrivé, non sans mal à la maison vers 22h 30, je vois sur le palier... mes XT6 ! Mais avec quoi ai je couru alors ? Lors de mon départ précipité de Vendredi, j’avais pris mes Kayano 24 ! Je comprends mieux pourquoi je sentais autant la caillasse et heureusement pour moi qu’il n’a pas plu !
6 commentaires
Commentaire de Jean-Phi posté le 13-09-2018 à 09:06:54
GD + UTV dans la même année avec autant d efacilité, je dis bravo ! Et puis que du plaisir en course c'est encore mieux. Ca donne espoir de renaissance donc. Merci !
Commentaire de Phénix posté le 14-09-2018 à 09:00:00
Merci beaucoup Jean-Phi, quand le corps tient cela rend en effet ces moments encore plus forts !
Commentaire de samontetro posté le 13-09-2018 à 12:20:35
Whaaa tu as accompagné ce jeune jusqu'à l'arrivée!!!! Je l'ai trouvé allongé derrière le gros rocher du paking sous Villard et je l'ai ramené en marchant tout doucement jusqu'au ravito où il voulait jeter l'éponge. J'ai fini par le convaincre de prendre son temps (il était loin des BHs), manger, boire, se reposer... et il est reparti. Tu as du lui être d'un énorme soutien sur ces dix derniers kms et tu en as fait un ultra-traileur puisque c'était son tout premier ultra. Merci Phenix, merci pour cette mentalité et cette solidarité qui font honneur à notre UTV et à notre sport en général.
Parce que ce sont aussi des gens comme toi qui font la beauté de cette course.
Commentaire de Phénix posté le 14-09-2018 à 09:09:59
Je suis très touché par ton commentaire Samontetro. Ce jeune m'a rappelé ce que j'avais moi même vécu lors de mon premier marathon où je voulais abandonner au 35ème km. A ce moment là, j'avais moi même été pris en charge par un "time keeper" ! Encore un immense merci pour tous ces moments magiques que vous nous avez permis de vivre ! Vous avez donné de votre temps sans compter ! Alors quoi de plus naturel que de donner nous aussi ! Au plaisir de te revoir !
Commentaire de loiseau posté le 14-09-2018 à 03:17:13
Merci Phénix pour ce joli récit et les photos, et bravo pour ta course ! Apparemment le beau temps va mieux à ton genou que la pluie et le froid l'année dernière ! Désolé de ne pas t'avoir vu au départ, après c'était impossible...
Vu tes chronos et ta gestion au Grand Duc et UTV, tu penses monter encore en distance ?
Commentaire de Phénix posté le 14-09-2018 à 09:15:29
Merci loiseau, effectivement le beau temps me va mieux ! L'hydratation aussi je pense.
Pour le départ, tu n'as à t'excuser... Je suis arrivé tellement à la bourre. Pour t'amuser va voir à quelle heure ma puce a été enclanchée ! Je crois qu'on ne peut pas mieux !
Pour l'instant, je n'envisage pas de passer à un format plus long ! 80 , 85 km m'apportent suffisamment de satisfaction ! Je savoure donc !
J'espère qu'on aura d'autres occasion de se revoir ! Bonne récup !
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