Récit de la course : 80 km du Mont-Blanc 2017, par ilgigrad

L'auteur : ilgigrad

La course : 80 km du Mont-Blanc

Date : 23/6/2017

Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)

Affichage : 4131 vues

Distance : 80km

Objectif : Terminer

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80 du Mont blanc 2.0

J'avais bâché le 80km du Mont-Blanc en 2015 au barrage d'Emosson. Le passage au col de la terrasse et surtout la descente sans eau dans la gorge de la Veudale m'avaient tué. 2017 serait l'année de la revanche. Je connais le coin. Je m'y entraîne en courant ou avec des skis de randos, au moins deux jours par mois, parfois plus, depuis cinq ans. Une revanche donc. J'ai suivi une préparation erratique. Blessé une première fois en octobre, je n'ai pas cessé d'enchainer les périodes de rémission et de retour d'une blessure que je n'avais pas la patience de laisser se résorber. 

Quelques trails courts en Ile de France de janvier à mai, quelques grimpettes autour de Chamonix en avril, une randonnée cyclo en Auvergne en mai, un 70km/3600d+ dans les Alpes de Haute Provence un mois plus tôt et j'ai débarqué la veille de la course à Chamonix.

J'ai donc récupéré mon dossard le jeudi matin et je suis ensuite parti faire une courte ballade avec Anne, en direction du balcon nord. Nous nous sommes arrêtés à l'alpage de la Blaitière où nous avons dégusté un excellent fromage de chèvre frais accompagné d'une confiture de cerise maison sublime. Un aller-retour de 700m environ ; suffisant pour un petit décrassage mais pas assez pour entamer l'énergie que j'avais essayé d'accumuler depuis une semaine. Christian et Patrick avaient annoncé une grimpette à la jonction ; ça me plaisait bien comme idée, mais 1500m à monter et à descendre, la veille d'un 80km, ça m'inquiétait un peu. 

J'ai retrouvé mon pote Fred en fin d'après-midi et nous sommes allés dîner prématurément à la terrasse d'une pizzeria sur les bords de l'arve. On devait discuter de notre course puisque nous nous étions promis de la faire ensemble. Le plan, compte tenu de nos formes respectives était de partir lentement et de longer les barrières horaires jusqu'au Tour. On aviserait ensuite s'il y avait moyen d'accélérer. On avait fait la course ensemble en avril sur une montée sèche au Tricot ; 35' à peine depuis les chalets de Miage. On aurait pu grimper au Brévent à 800 ou à 900 mètres par heure ; l'idée du jour était au contraire de ne pas dépasser 600m/h pour ne pas altérer prématurément notre fraicheur.

A 20h30 nous avions respectivement terminé mes gnocchis et son escalope-spaghetti ; à 21h00 j'étais au lit et à 23h30 je n'arrivais toujours pas à dormir. Le sommeil est venu vers 1h00 et à 2h30 mon réveil a sonné. 

J'avais préparé mes affaires la veille, avant d'aller retrouver Fred.

Je porterai un vieux maillot et très léger maillot salomon jaune. Le long zip sur l'avant permettait de l'ouvrir largement et avec la température attendue c'était une fonctionnalité indispensable. J'avais aussi préparé le bermuda Lafuma qui l'accompagne sur tous mes ultras et au-dessous duquel je glisse un cuissard skins et dont la compression me laisse croire que mes cuisses ne vont pas se liquéfier au-delà de la troisième ascension.

Des Trabucos aux pieds, la traditionnelle casquette rouge de Kikourou sur la Tête. Un sac Ultimate Direction AK. 3 flasques de 500ml remplies avec un mélange eau/Pulco/sel/sucre une flasque de 250ml avec la même solution Pulco/sel/sucre concentrée pour la mélanger à l'eau lorsque je remplirai mes flasques.

Deux barres overstims/origin, trois pâtes de fruits, un gel GU en cas d'hypo sévère et basta cosi. Une veste imperméable et un maillot manche longue puisque c'est obligatoire ; une paire de Leki sur lesquels m'appuyer et c'était tout.

Je me suis préparé en m'efforçant de ne pas réveiller Anne. Fixer les épingles d'un dossard dans l'obscurité sans agrafer la peau avec, ce n'est pas idéal mais j'ai réussi à m'en sortir avec un truc presque centré.

J'ai avalé un petit dej' frugal : Pom'pote + barre de céréales + banane, le tout noyé dans un thé trop chaud ; j'ai mis mes chaussures et je suis sorti. Après 200m en direction de la zone de départ je suis revenu à la chambre d'hôte pour prendre mes bâtons et visser sur ma tête la frontale Nao que j'avais oubliés près de la table du petit déjeuner.

J'ai mis dix minutes pour rejoindre l'aire de départ. J'ai déposé mon sac coureur et j'ai attendu Fred devant l'office du tourisme. À 3h45 nous étions réunis et nous nous sommes placés à la fin du peloton conformément à la tactique à laquelle nous avions réfléchi. 

80

A quatre heures pile, les premières notes de Hells Bells ont raisonné et nous sommes partis. Contrairement à 2015 où nous attaquions la montée vers le Brévent dès le départ de la place de l'église, nous avons commencé par une petite boucle en ville et nous avons attaqué le premier sentier au bout de la route des Moussoux après deux ou trois kilomètres de bitume, peut-être moins. Les premiers rayons du soleil n'avaient pas encore percé au-dessus des montagnes, on devinait l'aube mais j'étais deja en nage. Nous n'avancions pourtant pas vite, contraints par l'allure de ceux qui nous précédaient. Lorsque le sentier est devenu plus étroit un bouchon s'est formé et nous avons attendu six ou sept minutes avant de reprendre notre progression. Un second bouchon est apparu quelques minutes plus tard lorsque la pente s'est affirmée; et bing ! Sept minutes de plus. On a dépassé un gars encore moins affûté que moi et qui manifestait déjà quelques problèmes de déplacement en côte; pour lui ce n'était pas gagné. 

On n'avançait pas vite et j'ai pu profiter du paysage; Chamonix qui se réveillait à nos pieds et le mont-blanc, le dôme du goûter, l'aiguille du midi, les aiguilles de Chamonix qui se détachaient doucement de l'obscurité. C'était magique. Et puis au nord-est, les drus, l'aiguille verte  et l'aiguille du Chardonnet majestueuses dans cette lumière naissante.

600m/h en moyenne, difficile de faire mieux à moins d'essayer de dépasser en donnant quelques coups d'accélérations dans chaque virage. C'est me semble-t-il un bon moyen de se cramer avant l'heure. Je finis pourtant par accélérer dans les virages, mais pour une tout autre raison. Les coureurs coupent les lacets en montant à travers les petites ravines, piétinent les massifs de rhododendrons ; un comportement stupide qui augmente le ravinement et favorise l’érosion. Je m’efforce de rester sur le sentier balisé en accélérant pour ne pas me faire doubler par tous ceux qui pensent que les quelques secondes qu’ils pourraient gagner valent le massacre de tout un eco-système.

Refuge de Bellachat. Des randonneurs britanniques qui ont sans doute passé la nuit la haut, nous encouragent chaleureusement.  Ce refuge est un point de repère important dans l’ascension du Brévent. Il marque la fin de la première partie et le début de la crête sur les rochers. C’est un paysage plus minéral qui s’offre à nous. On marche sur des pierres ; elles sont sèches, c’est facile. Il nous faut encore une bonne vingtaine de minutes pour atteindre le sommet du Brévent. Nous sommes pointés en 2h52, vingt-cinq minutes de plus que notre prévision pourtant prudente. Je n’ai pas l’impression pourtant d’avoir tant trainé. La majorité de cet écart est sans doute apparu dans les bouchons du début. Peu importe, au moins nous ne sommes pas montés trop vite et nous sommes restés frais.

La descente vers Plan-praz emprunte une large piste de ski qui, cette fois-ci, n’est pas recouverte par la neige.  Les chocs des pieds sur le sol sont plus durs mais le risque de glisser est faible. Je déroule sans forcer et atteint le ravitaillement de Plan-Praz en dix-neuf minutes. J’en avais prévu vingt ; ça colle. Pendant que je remplis mes bidons au ravitaillement j’entends une bénévole dire à une autre bénévole que le rush est enfin terminé. Ça ne me rassure pas ; cela signifie que nous sommes déjà en queue de peloton. J’ai pourtant l’impression qu’il y a encore beaucoup de coureurs derrière nous. Le serpent que j’ai vu en me retournant lorsque j’ai franchi le sommet semblait encore long. J’attends ensuite Fred qui a dû s’arrêter pour une pause technique. Je regarde ma montre lorsque je le retrouve : 7h19. On aura passé 8 minutes au moins sur ce ravito. C’est un peu long, mais il m’avait prévenu qu’il aurait besoin de se soulager à Plan Praz ; cela est fait.

Nous repartons à l’assaut de Flégère. Le segment est simple, vaguement vallonné, plutôt descendant, on doit pouvoir courir sur une grosse partie. Sur le marathon du Mont-Blanc, en fin de course, avec la fatigue et un profil ascendant, je mets habituellement 45’ pour relier Flégère à Plan-Praz. Même en courant prudemment, je ne pense pas faire davantage cette fois-ci. Erreur. On aura mis 53 minutes pour arriver à la Flégère. Ce n’est pas grave, la course ne fait que commencer et au moins, on économise notre énergie. 18km et 1700m de dénivelé en 4h13, on a fait mieux mais arithmétiquement ça colle : 9h00 à mi-parcours et 20h00 pour finir la course. Nous continuons au même rythme en direction de la tête aux vents. J’adore les paysages de cette partie. C’est vraiment magique. La plupart des plus belles photos de la course sont prises dans ce secteur.  32 minutes plus tard, nous marquons une petite pause au niveau du torrent qui descend du lac blanc pour emplir nos flasques et nous rafraîchir un peu. Il n’est pas 9h00 mais il commence à faire très chaud. On perd encore 5’ à patauger dans l’eau comme des gamins. Nous passons devant le chalet des Chésérys deux minutes plus tard. C’est le début de l’ascension finale vers la tête aux vents. Je suis vraiment bien. Une course à la cool. Je n’ai pas vu les cinq premières heures passer et cette grimpette à 600m/h passe comme une lettre à la poste.

5h09 de course à la Tête aux vents. Je tape dans la main de Fred : encore une étape de faite ! 2/7eme de la course dans la poche ; si on tient tranquillement à cette allure, on arrivera facilement en moins de 20h00 à Chamonix.

Le plus dur morceau de la course est pour moi la descente vers le col des Montets depuis la Tête aux vents. Nous n’y sommes pas encore ; il faut encore courir pendant un bon quart d’heure entre les rochers avant d’attaquer les premières marches de cette descente. J’en profite pour discuter avec Guillaume, qui a le bras droit en sang après une chute en arrivant à Plan-Praz. Ce n’est pas la première infortune de sa saison ; Il a connu une déshydratation sévère sur l’Ultimate Race marseillaise le mois précédent et d’autres encore depuis le début de l’année. Il a un peu couru derrière Christian et Patrick me dit-il, ils doivent maintenant nous précéder d’une petite demi-heure. Ils ne perdent rien pour attendre ; nous nous mettrons en chasse un peu plus tard ; nous les aurons rattrapés bien avant les Posettes. Easy.

C’est le bonheur. Il fait beau. Je suis en train de courir dans un endroit merveilleux et je me sens parfaitement bien. Je vais avaler le reste de la course sans effort. Je sais que je ne vais pas briller dans la descente qui vient, pas plus que plus-tard sur celle du barrage d’Emosson mais tout est calculé. L’écart entre nos temps de passage prévisionnels et réels s’accroit lentement : 22’ à Brévent, 38’ à Flégère, 44’ à la Tête aux vents et, après une descente moins terrible que je ne le craignais, 53’ au col des Montets. La section que j’appréhendais tant, ces marches d’escaliers caillouteuses et raides, n’ont pas été si terribles. Nous papotions tranquillement Fred et moi et en 26 minutes nous étions en bas. J’ai rempli mes flasques et bu au robinet du Chalet de la Réserve des Aiguilles Rouges et Fred a fait le plein de sa poche à eau. Encore 4’ de perdues alors que nous allions trouver un ravitaillement trois kilomètres plus loin. On pourra toujours arguer que cela nous aura évité d’ouvrir nos sacs là-bas mais c’était surtout 4’ de perdues. Nous avons couru sans excès jusqu’au Buet. Sur les six éditions du Marathon du Mont-Blanc, j’ai trouvé ce segment particulièrement sympa et roulant. Cette fois-ci je n’y ai pas vraiment fait attention. 17’ pour arriver soit deux de plus que sur le plan, sans compter la pause robinet.  Nous pointons à la Poya en 6h19, 59’ après ce que j’avais prévu sur le plan. L’écart s’accroit mais c’est une fonction linéaire du temps de course. En gros nous mettons 18% de plus que ce qui était prévu. Au pire nous pourrions mettre un peu moins de 24h00, mais comme nous sommes bien, on pourra toujours accélérer le moment venu.

Il n’y a déjà plus de soupe au ravito, c’est un peu agaçant. Moi qui avait bâti mon plan d’alimentation sur la soupe servie sur les ravitaillements, je suis un peu agacé. Ce n’est pas avec mes deux barres de céréales et les trois pâtes de fruits dont je n’ai absolument pas envie que je vais finir la course. Je transvase donc un peu de ma mixture citronnée et sucrée maison dans mes flasques de sorte de bénéficier au moins des apports d’une boisson vaguement isotonique. Ça me fait perdre deux ou trois minutes supplémentaires. L’arrêt nous aura bien coûté 7 minutes auquel on peut légitimement ajouter celles de l’arrêt au col des Montets. 

Je connais Bien Chamonix, mais la partie que nous commençons est ma spécialité. En ski de rando l’hiver, à pied du printemps à l’automne, le vallon de Bérard et le refuge de Loriaz sont MA spécialité.  1h30 pile poil sans forcer du Buet aux chalets. Le temps est certifié par au moins 50 segments Strava. Je connais mon affaire. Pas de pause au bistrot de la cascade de Bérard, un de ces coins hors du temps que j’adore dans cette vallée. J’y avais emmené toute ma famille et tous nos amis après avoir fait grimper tout le monde à l’aiguillette des Posettes pour l’anniversaire surprise que j’avais organiser là-haut pour ma femme. J’explique tout cela à Fred pendant que nous cheminons le long de la rivière dans laquelle j’ai très envie de plonger. Nous traversons la passerelle qui conduit sous le rocher puis on trottine gentiment jusqu’aux granges. Nous nous arrêtons devant une fontaine et prenons le temps de boire de l’eau fraiche et de nous rincer abondamment le crâne et les membres. J’ai bien envie de tenter un petit bain façon cryogénisation. Il fait si chaud.

J’explique à Fred que nous allons sans doute commencer à ramasser à partir de là un certain nombre de cadavre et que nous allons probablement entamer notre lente remonter dans le classement. C’est effectivement le cas à partir du pont sur le Nant de Loriaz. Plus nous grimpons, plus on trouve des types assis sur des souches, la tête entre les mains et le regard dans le vide. Ça pue l’abandon. Inutile de s’attarder, je sais que ce truc-là est éminemment contagieux.   

Après une heure et quart de grimpette dans la forêt je m’apprête à sortir sur l’alpage. Il nous faudra ensuite moins d’un quart d’heure pour atteindre la Loriaz puis redescendre en direction de Vallorcine. J’avais fait la boucle Buet-Loriaz-Mollard-Vallorcine-Buet avec ma femme en avril ; en 2h00 c’était plié et nous étions resté quelques minutes là-haut à observer le paysage. Etrangement en émergeant de sous les arbres, nous ne prenons pas la direction de la croix de Loriaz. Nous bifurquons sur la gauche sur un sentier tracé pour l’occasion à travers les rhododendrons. Ce sentier file en direction du vallon de Tré-les-eaux ; nous les laissons la Loriaz sur notre droite, au-dessus de nous. Je n’avais pas prévu ce détour qui me casse un peu le moral. On perd facilement un quart d’heure supplémentaire sur le plan en effectuant une longue boucle qui rejoint le sentier qui monte au col de la terrasse puis nous redescendons sur le refuge. Nouvelle pause à la fontaine. J’expédie mon remplissage de flasques en moins d’une minute. C’est plus long pour Fred qui doit ouvrir son sac, extraire sa poche et tout remettre sans ne rien oublier. Je l’attends en m’asseyant sur la terrasse du refuge ou des randonneurs déjeunent paisiblement. 12h08 de course à mon chrono. 1h18 de retard sur le plan. Le ratio a un peu augmenté. 19% ce n’est pas bon. D’autant que la barrière horaire au Mollard doit se refermer à 13h00. Ça nous laisse cinquante minutes pour descendre. C’est plus qu’il n’en faut mais Fred commence à se plaindre sérieusement de sa cheville. Il annonce qu’il ne pourra probablement pas courir dans la descente et que, tant pis, je n’ai qu’à poursuivre seul. Je lui réponds que je me suis engagé à faire cette course à ses côtés, que nous franchirons cette barrière et les suivantes aussi. Fred sert les dents et nous repartons en courant sans avoir pris le temps de profité de la quiétude de cet alpage que j’adore. Nous parvenons, si ce n’est à lâcher les chevaux, au moins à les débrider. Nous doublons un paquet de coureurs dans cette descente et atteignons finalement le Mollard neuf minutes avant l’heure fatidique. Cette descente un poil pêchue m’a épuisée même si, sur le chrono, j’ai mis dix minutes de plus que lorsque je l’ai faite avec Anne en mode rando course. Après avoir rempli mes bidons à la fontaine du Mollard (je tourne à près d’un litre à l’heure tellement le soleil nous assèche) j’impose une sieste de 10’. Je ne me vois pas attaquer immédiatement la remontée dans Barberine après la descente que nous venons de faire. Mieux vaut s’arrêter là un instant que nous aurons déterminer que de nous retrouver dans un virage dans une heure sans trouver le courage de repartir. Nous traînons finalement 15’ autour de la fontaine puis repartons bon dernier du Mollard, puisque la barrière a finalement été close quelques minutes après notre passage. Nous repartons en trottinant devant les serre file à l’assaut du col du Passet. Un douanier repose à l'ombre d'un arbre. Le dormeur du val. Un gars vomi quelques metres plus loin. Le début de cette ascension semble si paisible et frais. C'est un piège. Le calme avant la tempête.  

Il nous reste trois heures pour monter au barrage puis redescendre au Châtelard. J’ai compté un peu moins d’1h30 pour monter (l’expérience, forcément) et 1h15 pour descendre. Ce qui nous laissera 10 minutes maximum pour glander devant le ravitaillement. Ce n’est pas hyper large mais c’est jouable. D’autant que j’avais déjà vu en voyant les stats de l’année passée, que la barrière au Châtelard pouvait être un peu juste. Ce ne serait pas évident pour des coureurs moyens, mais pour nous qui pouvions accélérer à tout moment, ça devrait passer.

Je ne sais pas à quel moment j’ai fini de rêver et de me raconter des histoires mais cette montée fut dantesque. Pas tant par ce que nous ressentions mais par ce que nous voyions. J’avais bien récupéré grâce à ma pause au Mollard et même si je n’avais rien avalé depuis Plan-Praz l’eau citronnée m’avait suffi. Je buvais abondamment ; mon ventre était gonflé comme si l’eau que je buvais ne diffusait pas dans le reste du corps et restait confinée dans mon estomac. Je montais malgré tout sans trop de difficulté. Fred était cuit. Sa cheville le faisait souffrir et même s’il avait quitté la Loriaz en courant loin devant moi, j’avais fini par le rattraper et il grimpait dans mes pas. Le spectacle des cadavres de coureurs étendus dans chaque virage nous donnait la force de continuer. Je repensais au travelling sur la gare d’Atlanta dans Autant en Emporte le Vent. En les voyant nous devinions tacitement que s’arrêter c’était capituler définitivement. La chaleur était insoutenable. Malgré nos casquettes, le soleil tapait sur nos crânes, il tapait sur nos bras et sur nos cuisses. Ma peau était rougie et brûlante. Ce vallon est peu emprunté il est presque sauvage, des arbres et des feuilles étouffantes et le barrage qui domine au-dessus de nos têtes ; des rochers qui nous écrasent. La pente est raide. Il faut parfois poser les mains sur les blocs de pierre. J’ai surtout pratiqué ce vallon l’hiver. On a le ventre serré car on n’est jamais certain qu’une avalanche ne va pas nous tomber sur le coin du crâne. Il faut avancer vite, on ne moufte pas. J’ai la même sensation en plein été. On sent qu’il faut arriver là-haut rapidement. Une sensation diffuse et pesante, ne pas traîner.

Nous passons le col du Passet à 14h53. Ça nous laisse une heure à peine pour redescendre dans la vallée alors que nous n’avons pas encore atteint le barrage. La course est finie. Nous ne profitons même pas du paysage somptueux qui s'étend devant nous. L'eau bleu du lac dans lequel plonge les montagnes tout autour de nous. Nous marchons sans ne plus y croire sur le barrage. Je ressens comme un bloc de béton peser sur mes épaules. La déception, la fatigue et la chaleur m'empêchent de courir pour faire reculer le temps et descendre tant bien que mal vers le prochain point de contrôle. Il faut encore monter un escalier métallique avant d'arriver sur la zone de ravitaillement. Mes jambes pèsent des tonnes. 15h08. 2h18 de retard. Un ratio d'écart de 26%. c'est clair nous avons explosé le compteur et mon optimisme ne sert plus à rien. La réalité m'a éclaté à la tronche. 52 minutes pour descendre. Fred propose de repartir et de serrer encore une fois les dents dans la descente. Je vérifie sur Livetrail les temps de passage des autres concurrents pour vérifier si nous pouvons tenter le coup. 52', il faut aller taper dans les trente premiers pour y parvenir. Les gars qui viennent de passer la barrière y sont plutôt en 1h20 et j'imagine que les derniers qui la franchirons approcherons davantage les 1h30.

Un kikourou désabusé yohan / yo-cam git sous une tente. Il est passé quelques minutes avant nous au pointage et attend maintenant d'être rappatrié. Au loin un hélicoptère vient hélitreuiller un concurrent. Apocalypse now.

Nous hésitons. Fred est optimiste moi un peu moins. Avec sa cheville, dans quel état sera-t'il quand dans une heure nous nous apercevrons que nous n'avons pas fait la moitié de la descente et qu'il faudra se risquer de se rompre les os à chaque pas pendant plus d'une heure encore avant de finalement rendre nos dossards puisqu'il n'y a désormais aucune autre issue possible.

J'appelle Anne. Elle avait prévu de nous attendre à Châtelard et de marcher avec nous jusqu'aux Jeurs. Je lui annonce que c'est mort et que, comme la fois précédente, c'est le barrage d'Emosson qui est notre tombeau.

Il n'y a rien à manger sur le ravitaillement. En tout cas ni soupe, ni oranges. Il reste des bouteilles d'eau pétillante et de l'eau plate. rien pour s'alimenter et qui m'aurait permis de reprendre suffisamment de forces pour descendre à fond vers le Châtelard. Peu importe c'est foutu. Je commence à grelotter. Fred et Yohan aussi il fait 32 degrés et nous enfilons nos vestes imperméables. C'est mauvais signe. La déshydrataion semble-t-il. Guillaume m'en avait parlé lorsque nous avancions tous les deux au dessous de la tête aux Vents. A 16h00 Anne arrive en voiture sur le barrage. Elle est en maillot de bain ou presque alors que nous sommes emmitouflés dans nos vestes. Cela la surprend quelque peu. Nous rendons nos dossards et sommes officiellement mis hors course à 16h02 à Emosson.  Nous prenons la pose avant de monter dans la voiture.      

 

Les minutes qui suivent sont un peu lourdes. On a beau se faire une raison, nous avions tous espéré autre chose; une autre fin. plus glorieuse; moins glauque. Anne propose d'aller faire une pause à Vallorcine, au Café Comptoir. C'est un excellent moyen de se vider la tête. Thierry et Nathalie, les heureux propriétaires de ce lieu fantastique nous accueillent chaleureusement et nous font oublier notre échec. C'est toujours un plaisir de se retrouver là et de les revoir. La bière et les meringues suisses sont un excellent remède au spleen et à la mélancolie. Nous laissons filer l'après midi en terrasse, en riant. Nous sommes joyeux, détendus et heureux. Le 80km du Mont Blanc est terminé pour nous. Nous suivons la progression de nos potes encore en course; Samuel, Christian... mais nous ne regrettons plus rien. On refait le match sans amertume. c'était pas notre année. Sur cette course, c'est jamais notre année. Fred et moi avons subi l'un et l'autre notre deuxième échec sur cette course; on va attendre un peu pour y revenir.

 

Nous sommes allés récupérer nos sacs à Chamonix alors que les meilleurs coureurs franchissaient les uns après les autres la ligne que jamais nous ne verrions et que les coureurs du Kilomètre vertical s'élançaient vers  Plan Praz

Anne ne voulait pas s'attarder. Elle avait transféré toutes nos affaires dans l'hôtel où nous avions prévu de passer les deux nuits suivantes. Elle devait se réveiller tôt pour son départ sur le cross du mont-blanc que nous enchaînerons avec le très attendu duo étoilé. 

Nous sommes retournés à Argentière et à 21h30 nous étions de nouveau endormis

CROSS

Je me suis réveillé à 7h00 le samedi. J'ai accompagné Anne à Chamonix pour le départ du cross puis, après un petit-déjeuner succinct, je suis allé regardé passé les coureurs sous la Pierre à Ric. Anne avait l'air en sur régime, déjà épuisée après neuf kilomètres de course. Je lui avait recommandé de partir vite. Elle connaissait le parcours; après trois cross et un marathon, il ne s'agissait plus de se promener. A peine l'ai-je vu passer que j'ai foncé sur la Boerne pour aller supporter les coureurs sur le ravitaillement de  Tré les Champs. J'adore cette auberge au pied du col des Montets et de l'aiguillette des Posettes. J'avais pensé m'attabler et l'attendre en buvant un café mais, pris par l'ambiance de la course, j'ai préféré remonter la file des coureurs en direction dd Montroc pour les encourager jusqu'à ce que je  retrouve Anne. J'ai vu sa brassière rose 300m après tré les champs et je l'ai ensuite accompagné jusqu'à son ravitaillement. Elle avait sans doute perdu quelques places puisqu'elle était à la hauteur de Rachele Bontaz lorsque je l'avais quittée à Argentière et qu'il y avait désormais quelques minutes d'écart entre chacune d'elles.

J'ai abandonné Anne dans son ascension vers le Béchard après qu'elle ait franchi la passerelle puis j'ai repris la voiture pour retourner dur Chamonix. J'ai hésité longuement avant de prendre le télécabine de plan praz. J'avais le choix entre une ascension rapide puis attendre là haut en regardant les coureurs arriver où monter en empruntant le sentier du kilomètre vertical. Je n'ai pas hésité longtemps; j'ai sorti mes bâtons et j'ai dépensé un bout de l'énergie que j'avais réservée au 80km et que je n'avais pas dépensée. Arrivé là haut alors que le chrono affichait 3h29 de course, je me suis posté sur un rocher 500m avant la ligne et je l'ai attendue. Rachele est passée en 3h41 et j'ai espéré que Anne soit juste derrière. Je n'ai dû patienter que 20 minutes de plus. Elle était annoncée en par livetrail en 4h14 mais elle a fait le forcing entre Flégère et Plan Praz et pour une toute petite minute, Anne manquait l'objectif qu'elle s'était fixée. 4h01. Ce n'était pas si grave. Elle a amélioré de 25'  sa précédente tentative; on est heureux à moins.

Déjeuner en terrasse du Cab' un bar-restaurant face au départ du télécabine de Plan Praz et retour rapide à Argentière. 

La course sous les étoiles a été reportée au dimanche matin à cause des orages attendus pendant la nuit au-dessus du Mont-Blanc.

Excellente soirée du Duo à la petite verte d'Argentière après une fin d'après-midi au bord de la piscine et du jacuzzi.

DUO ETOILE

A 22h00 je dormais de nouveau et à 8h39 le dimanche matin nous étions de nouveau devant la ligne de départ. Les coureurs que j'observe sur le premier rang me laisse penser que la course sera plus compétitive que je ne l'imaginais. Je reconnais Théophile Camp et Sacha Devillaz; nous ne sommes pas sûrs de nous retrouver sur un podium. 

Je pousse Anne à se faufiler jusqu'au pied de l'arche. Elle n'est pas très à l'aise avec ça. Je lui explique qu'avec le single que nous allons trouver au quatrième kilomètre il vaut mieux faire partie fu groupe de tête que de piétiner dans les bouchons. 

Bang ! Le signal est donné

Anne fonce. Ma montre affiche 4'20"/km. Ce n'est pas un problème pour moi mais je crains qu'elle ne tienne pas le coup. Je lui demande de ralentir. Nous descendons à douze à l'heure. Ce sera suffisant pour attaquer la montée en pleine forme. On fait un tour dans le bous du Boucher puis traversons la route pour revenir vers l'ouest en direction fu Biollay. On attaque la montée après vingt minutes de course en ville et un léger raidillon derrière la piste de luge.

Nous sommes partis pour 1200m droits dans la pente. Nous avions repéré le parcours en sens inverse le jeudi, nous savions à quoi nous attendre. Anne est à la peine. Elle est crevée. La course de la veille à laissé des traces. Nous nous faisons doubler, cela m'énerve . Je pousse Anne d'essayer de maintenir une allure constante mais cette pression tacite l'agace. Il y a une certaine tension entre nous pendant tout le debut de cette montée. Nous dépassons difficilement les 800m/h mais il n'y a rien à faire elle est cuite. À chaque fois que je me retourne, deux ou trois coureurs sont passés entre nous. Au niveau de  l'alpage de Blaitière je comprends qu'il est inutile d'insister. Je suis plus détendu et je profite du paysage. Nous étions partis sous les nuages mais le brouillard se dissipe et le soleil fait don apparition. Nous atteignons le balcon nord sous un ciel bleu magnifique en 1h46. 770md+/h c'est moins que prévu mais le sentier est infiniment plus beau à cet heure que ce que j'en aurais vu si j'avais pu terminer le 80km. Les longues pierres plates sur le chemin du balcon nord effraient anne. Elle met le frein. On atteint le Plan de l'aiguille en 2h09. Remplissage express de flasque pour moi et verre de saint-yorre pour Anne. Nous nous lançons dans la descente. Quand on voit ce sur quoi on court, on parvient à balancer un minimum. Nous croisons deux anglaises étendues sur le bord du chemin. Elles nous avaient doublés au début de la montée, nous étions repassés devant elles à la Blaitière du dessus et elles nous avaient dépassés de nouveau sur le balcon nord. L'une d'elle est mal en point. Elle se tient le bras. D'autres coureurs les entourent. Inutile de créer un attroupement, nous poursuivons notre descente. On va vite. Anne est enfin relâchée, la descente est sympa. Nous doublons autant que nous nous faisons doubler. Je regarde l'altimètre défiler. À 100m au dessus de Cham', en voulant dépasser une jeune femme, elle fait un écart; je veux l'éviter et pose mon pied sur une pierre mouillée ma jambe droite part dans un sens et le reste de mon corps dans l'autre. crac !  Je ressens une douleur vive au niveau des adducteurs et de la hanche. Je parviens encore à courir mais plus autant qu'auparavant. Chaque foulée me lance. Je ne dis rien à Anne. Après 2h50 de pression, je me vois mal annoncer un bobo qui me ferait abandonner la course. Je sers les dents et je compte les mètres qu'il nous reste à descendre. 3h00. Quand nous touchons le sol je crains que Anne ne parte à 15km/h et que je ne puisse pas la suivre. Je mets toutes mes forces pour ne rien lâcher. 4'15"/km je peux tenir le dernier kilomètre en ville à cette allure. Après 300m je me retourne et je vois que c'est Anne qui est à la peine. Elle lutte au milieu de trois équipes féminines. Je l'attends, prends ses bâtons pour l'alleger puis la tire jusqu'à la ligne. Les deux cents derniers mètres sont magiques. Une arrivée dans Chamonix à midi au milieu d'une foule qui vous acclame comme si vous étiez en train de gagner l'utmb, c'est indescriptible. Je prends la main de Anne.  3h11 / 18km / 1300d+

128eme team sur 400

christian et Patrick sont descendus de Plan Praz où ils assistaient à l'arrivée de kilian jornet sur le marathon pour venir nous accueillir. C'est top de les retrouver là. On passe quelques belles minutes affalés sur les marches de la place de l'église, les pieds à l'air, au soleil à papoter de nos courses, du 80km et de ce merveilleux weekend de courses à Chamonix. J'aurais aimé faire durer ce moment beaucoup plus longtemps, tout l'après-midi et la soirée qui suit. Il nous fallait malheureusement rendre nos chambres d'hôtel et surtout prendre la route pour un ultra beaucoup moins sympa : les 565km de l'A40/A6 vers Paris.

Bref, encore un weekend enchanteur à Chamonix où participer à une course ne constitue qu'un quart du plaisir qu'on peut en tirer. Un événement pareil, ça se savoure du début à la fin, course par course. un bonheur du mois de juin.


 

 

28 commentaires

Commentaire de bubulle posté le 29-06-2017 à 22:36:32

TU l'as fait une fois en partant trop vite, ça a raté. Tu l'as fait une fois en partant (et surtout en continuant) trop lentement, ça a raté.

Bin, y'a plus qu'à viser entre les deux alors. Tu peux pas renoncer....alors je mets une piécette que tu tentes ta chance au tirage au sort dès l'année prochaine.

En tout cas, c'est ce que je ferais, moi...:-). Sinon, bin t'es moralement obligé de quitter le confort de ta vallée de Chamonix et tenter la Montagn'hard pour la 10ème anniversaire...:-)

Commentaire de ilgigrad posté le 29-06-2017 à 23:41:07

Tu as lu trop vite ce récit Bubulle. Je terminais la redaction de la seconde partie quand tu as publié ton comnentaire. Tu vas devoir t'y coller de nouveau puisque j'y parle encore de toi.
Tu as raison sur tous les points. Le trop, le pas assez, la tentative nécessaire du juste milieu et le dixième anniversaire de la Montsgn'hard. Le 80km saura bien attendre un peu. J'irais bien faire un tour du côté de Saint-Nicolas de Veroce l'an prochain. Un 60km sans pression puisque j'ai annoncé au monde entier que je renonçais aux ultras pendant quelques temps.
Comme je te le disais hier, je n'ai pas eu le courage de partir à ta poursuite vendredi mais nous étions très heureux, mon binome et moi, de vous retrouver Patfinisher et toi à l'arrivée de ce sympathique duo "ensoleillé"
A bientôt et bonne prepa de ton weekend-bénévolat

Commentaire de Benman posté le 29-06-2017 à 23:56:33

Bien joli récit, très lucide, plus que pendant la course finalement. Difficile de savoir pourquoi des fois ça passe et d'autres fois non alors qu'on avait le niveau. Suivre un horaire pour essayer de s'y tenir peut être une solution. Ensuite, je n'ai jamais réussi à faire une course entière à deux. Même si c'est très stimulant, on multiplie les arrêts et besoins de chacun. La sanction peut être fatale, hélas. Bonne récup. Tu reviendras plus fort et prêt pour cette magnifique course.

Commentaire de ilgigrad posté le 30-06-2017 à 09:34:28

Elle est si particulière pour moi cette course. J'en connais chaque segment presque par coeur. Je ne compte plus mes aller-retours à Loriaz, au col du Passet ou vers Catogne, Balme et l'aiguillette des Posettes. Je ne parviens pourtant pas à les enchaîner et je me demande maintenant de quoi cette lenteur est le signe, moi qui ai toujours eu tendance à partir comme une balle. Peut-être que le fait de n'avoir rien a découvrir éteint toute motivation. J'ai l'impression de l'avoir déjà finie cent fois. Ma déception n'a duré que le temps de la descente vers Vallorcine; d'habitude on cogite longtemps après un abandon... Je reviendrais à Chamonix, puisque j'y reviens toujours. J'y serai fin août pour la TDS. Et je note ton conseil quant aux courses en binôme. Je partirai seul désormais...
Merci Benman pour ton commentaire et surtout pour tous ceux que tu fais pendant tes suivis live; c'est toujours un plaisir de te lire...

Commentaire de float4x4 posté le 30-06-2017 à 08:09:23

Dommage pour ton 80km :( Néanmoins j'ai l'impression que pour le reste, tu as pu profiter un bon WE de trail, avec du déniv et des paysages comme il faut. Comme le dit Benman, ce n'est jamais évident de faire une course à deux, il faut mieux avoir de la marge et être au clair sur les buts de guerre. En 2015, j'avais couru en binôme jusqu'à Emosson avec un collègue - Bilan, j'ai fait la première moitié en sous régime et lui a explosé puis bashé au Tour... Ou alors faut s'inscrire sur des courses prévues pour (Euskal Raid en duo hihi). En tous cas, tous vos récits me donne envie d'y retourner l'an prochain :)

Commentaire de ilgigrad posté le 30-06-2017 à 09:44:16

Oui, le Duo aura finalement été la véritable course en binôme du weekend; nous aurions dû organiser notre 80km différemment. Comme tu le l'écris très justement, j'ai quand même bien profité de ce weekend de trail et je parviens finalement à cumuler davantage de kilomètres et de d+ que si je n'avais fait que le 80km.
Cela dit, puisque tu en parles, une grosse course en duo me tente bien. Pas un truc trop velu, mais un double 40 comme l'Euskal Raid devrait me plaire. Je vais considérer ça de plus près.
Merci pour ton commentaire et je suivrai attentivement ton live l'an prochain si tu parviens à t'inscrire de nouveau sur ce terrible 80km

Commentaire de float4x4 posté le 01-07-2017 à 19:18:15

J'ai fait l'Euskal pour la première fois cette année (130km en duo) - C'était difficile à cause d'une très forte chaleur (55% d'abandon) - Mais sinon l'ambiance est géniale, style fête au village, et l'orga est top, genre elle a rajouté des ravitos imprévus pour palier à la déshydratation... Aussi, les BH sont beaucoup plus accessible que sur le 80 du Mont-Blanc (de toute façon, sur le 2x40, ça passe vraiment large).

Commentaire de elnumaa[X] posté le 30-06-2017 à 08:42:13

yo
si tu étais passé boire la bière av nous à la microbrasserie du MB la veille , le destin de ta course en aurait été bouleversée et on peut même imaginer que tu en serais venu à bout ( a priori a part REM , 100% ds kikoureurs présents ont terminé ! )
bonne suite pour la chance , bonne chance pour la suite !
manu

Commentaire de Rem posté le 30-06-2017 à 09:43:33

Erreur :) , tu as sans doute confondu avec Yo-Cam(qui a bâché avec ilgigrad).
J'ai terminé en 22h11, cf
http://www.kikourou.net/recits/recit-19522-80_km_du_mont-blanc-2017-par-rem.html
Très belle course btw :)

Commentaire de elnumaa[X] posté le 30-06-2017 à 10:37:17

ah !! dsl mais gros bravoo alors !!!

Commentaire de ilgigrad posté le 30-06-2017 à 09:51:11

j'ai hésité un moment pour la micro-brasserie mais mon pote avait besoin que nous discutions en tête à tête de notre course et je craignais de le plonger dans un bain de kikourou qu'il ne connaissait pas encore. Au final notre plan était foireux et j'aurais été effectivement plus inspiré de commencer et de finir la soirée à la bière; l'ivresse et les vapeurs de l'alcool m'auraient sans doute permis de fermer l'oeil un peu plus tôt ;-)
Bravo pour ta course; en bâchant à Emosson, j'ai au moins pu suivre ton arrivée sur le live kikourou

Commentaire de Rem posté le 30-06-2017 à 09:56:40

Erreur :) , tu as sans doute confondu avec Yo-Cam(qui a bâché avec ilgigrad).
J'ai terminé en 22h11, cf
http://www.kikourou.net/recits/recit-19522-80_km_du_mont-blanc-2017-par-rem.html
Très belle course btw :)

Commentaire de bobsup posté le 30-06-2017 à 09:02:42

Merci pour ce texte qui m'a fait bien penser à mon ersatz de course, finie au Mollard 7min avant la Barrière Horaire, mais en sachant que derrière ça allait être injouable.
Comme toi, parti (trop) prudemment, et en continuant ce mauvais rythme lent imposé un temps par les queue-leu-leu de la montée au Brévent, qui nous berce, nous endort, et nous cause (entre autre) notre perte.
A charge de revanche qui sait...

Commentaire de ilgigrad posté le 30-06-2017 à 10:02:02

On a donc dû se croiser dans la descente puisque c'est approximativement mon temps de passage là bas (12h51). Comme je l'ai écrit plus haut, j'ai passé quelques minutes étendu devant la fontaine environ 100m après l'endroit où nous avions été pointés. Rejoindre le Châtelard en moins de 3h00 n'était pas injouable, mais nous en étions incapable dans l'état dans lequel nous étions et avec la chaleur qui régnait autour de Barberine. Je suis déjà monté en moins de 1h30 là haut, mais je n'avais pas une trentaine de kilomètres dans les pattes. Peut-être aurions nous pu monter ensemble jusqu'au barrage. L'issue n'en aurait pas été plus heureuse mais tant qu'on grimpe, on y croit toujours un peu...

Commentaire de bobsup posté le 30-06-2017 à 16:17:52

Mon coéquipier avait déjà vomi, mon genou était mal en point, je n'avais aucune envie de monter là-haut... On s'est arrêtés à l'église, on n'a jamais vu ce point d'eau :)
Après coup, je le regrette car la femme de mon pote nous attendait au barrage, et elle n'était pas contente d'avoir fait la route pour rien.
Mais bon, c'est ainsi; l'an prochain peut-être ? :)

Commentaire de Matt38 posté le 30-06-2017 à 09:19:46

Merci pour ton récit. Je te souhaite de revenir sur ce 80 et d'en venir a bout. Ta joie n'en sera que plus grande.

Commentaire de ilgigrad posté le 30-06-2017 à 10:05:57

Merci pour ton encouragement. C'est la deuxième fois que j'y reviens et après 5 ou 6 marathon du Mont-Blanc et un paquet de sortie sur toutes ces montagnes, j'ai un peu l'impression d'avoir fait le tour du 80km. Je vais aller découvrir d'autres horizons en juillet. La Montagn'hard par exemple ou vers Courmayeur...
..mais forcément, un jour, il faudra conclure ce tour...

Commentaire de Rem posté le 30-06-2017 à 09:40:00

Au fur et à mesure de la lecture de ton bo récit, on guette le moment où tu vas accélérer le rythme. Mais ce moment ne viendra jamais comme quelque chose d'inéluctable . Comme si c'était écrit . En fait tu ne croyais sans doute pas à la stratégie mis en place mais elle était pourtant jouable. Comme dit ds le fil . Je suis passé 3 min après toi au Brevent et fini un peu après 2h.
Il faut que tu y reviennes

Commentaire de ilgigrad posté le 30-06-2017 à 10:10:29

tu as raison, c'est aussi ce que je commence à me dire. contrairement à tout ce que j'ai pu dire ou écrire dans les mois et les semaines qui ont précédés, j'ai manqué de combativité et peut-être d'envie. Une trop grande confiance en moi et en ma capacité à accélérer. J'ai joué au lièvre de la fable qui prend son temps et qui finalement oublie de tracer sa route. D'autant que je ne suis pas non plus un lièvre.

Commentaire de Yo CAM posté le 30-06-2017 à 09:52:05

Cette histoire ressemble étrangement à la mienne. je me régale de revivre cette très belle journée par vos récits. Mon CR se dessine tranquillemnt dans ma tête, sans doute pour aujourd'hui.
elnumaa[X] tu as raison, il m'a sans doute manqué de l'expérience sur cette aventure. une bière la veille d'un 80/6000+ pour bien le terminer, cela ne se devine pas, cela se vit.

Commentaire de ilgigrad posté le 30-06-2017 à 10:17:15

Salut Yohan,
ravi de t'avoir croisé là haut et d'avoir partagé avec toi un petit moment post abandon.
Je garde un excellent souvenir de notre pause au café comptoir. A toute chose malheur est bon...

Commentaire de Eddy_87 posté le 30-06-2017 à 10:08:57

Un ben ça fait un sacré weekend trail tout ça ! Déjà enchaîner le cross avec le duo étoilé il fallait oser alors le 80k + le duo c'était chaud !

Commentaire de ilgigrad posté le 30-06-2017 à 10:14:55

je suis gourmand.
Je voyais initialement le duo comme une balade de recup sous les étoiles. Un truc tranquille pour marcher dans la nuit. ...ou un super weekend choc de prépa de la TDS. Avec mon bâchage sur le 80, le changement d'heure et le décalage d'une journée, c'est devenu une autre course. Je l'ai rendue plus "compétitive". En tout cas j'ai trouvé cette course dans ce format "ensoleillé" très sympa. Un truc hyper cardio, on monte et on descend à fond. un KV avec descente.

Commentaire de Japhy posté le 03-07-2017 à 07:57:11

En effet, quand la famille se déplace à Cham, ce n'est pas pour rien ! Quel enchaînement !
Désolée pour le 80, ça finira par passer ! Peut-être aussi que tellement bien connaître le coin te met une pression psychologique supplémentaire ?

Commentaire de tikrimi posté le 04-07-2017 à 14:36:52

C'est toujours un plaisir de te lire. Même si je connaissais le résultat (bouzinage oblige), je me disais que dans le récit du allais repartir d'Emosson et finir... mais non.
Ton récit est tout plein de lucidité... et pourtant rien n'est écrit à l'avance. Oui quand on court à deux nos faiblesses s'ajoutent... et pourtant ma meilleure performance en trail je l'ai réalisée en binôme avec un collègue qui est plutôt un grimpeur alors que je suis plutôt un descendeur.
Et dans tous les cas, il te reste encore au moins un ultra à courir. Même si à mon avis la TDS est plus simple que le 80k, ça reste un gros morceau, et les conclusions de fin août seront peut-être différentes que celle de fin juin.
Si je peux me permettre un conseil, j'utilise très souvent en course le mantra (je ne sais pas vraiment si s'en est un en fait) "lentement, mais tout le temps"... ça permet généralement de voyager très longtemps ;).

Commentaire de ilgigrad posté le 04-07-2017 à 16:36:44

Merci Tikrimi pour ton commentaire et ton conseil. Je sais que le mantra que tu cites est le plus approprié aux courses sur lesquelles nous nous engageons. J'ai malheureusement tendance à en appliquer un autre "le plus vite possible, autant que je peux", sans succès la plupart du temps, bien évidemment.
J'ai bon espoir pour la TDS. Je l'ai déjà terminée il y a trois ans et j'espère bien améliorer mon temps cette année (voir mon mantra). Je te confirme que j'ai trouvé le 80km du Mont-Blanc plus difficile, dans la gestion des barrières horaires notamment (qui peut poser problème avec l'application de ton mantra d'ailleurs).
Je te souhaite en tout cas un bel été d'entraînement et une excellente Swiss-Peak en septembre. Je crois que ce n'est pas une course particulièrement simple, non ?
A bientôt,

Commentaire de tikrimi posté le 05-07-2017 à 10:41:13

Le 80k 2015 était mon premier Ultra. Au Buet, j'étais passé plus d'une heure devant les BHs. Je me sentais bien, mais la suite me prouvera qu'en fait non... j'étais trop rapide.
Il ne me semble pas avoir déjà entendu un trailer sur un ultra dire "si j'étais parti un peu plus vite, j'aurais fait un meilleur résultat". Maintenant, ma stratégie est simple: je colle les BHs au début (à condition évidement qu'elles ne soient pas délirantes... et effectivement, la portion du Molard au Chatelard est difficilement faisable pour un coureur qui avance au rythme des BHs), et ensuite généralement dans la nuit quand les BHs se détendent un peu, je me donne un peu d'air.
Perso, je ne me sens pas mentalement capable de suivre un plan. Je préfère rester dans une dynamique positive en me disant "c'est bon, j'ai encore 7 minutes d'avance sur la BH... ma CCC 2015" que de me dire "fait chier, j'ai 1h30 de retard".
Pour la SwissPeak... ben il y a 7 BHs à passer, on verra bien.

Commentaire de Renard Luxo posté le 10-07-2017 à 22:28:11

Les "happy end", c'est souvent ch(***). Là, il y a de la texture ... Bref, R-V fin août sur la TDS entre récidivistes ;-)

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