L'auteur : Matt38
La course : 80 km du Mont-Blanc
Date : 23/6/2017
Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)
Affichage : 3539 vues
Distance : 90km
Objectif : Terminer
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80km du Mont Blanc
Arrivée sur Chamonix le mercredi soir vers 23h, Nous garons le camping-car sur le parking du Grepon. Les enfants sont couchés, il fait chaud, très chaud.
Jeudi matin : repérage des lieux de jonctions où Marie et les enfants vont pouvoir me rejoindre sur le parcours pour m’encourager. Finalement nous retenons : le col des montets, le Buet, le Mollard, Le Tour, les Bois.
Jeudi après-midi, arrivée de Guillaume et Emilie, nous allons chercher les dossards puis petit apéro fanta avant de se préparer et de se coucher tôt.
Enfin c’est le jour. Le réveille sonne à 2h50, c’est difficile de se préparer dans le camping-car pendant que tout le monde dort. Café, préparation des pieds, habillage et c’est déjà le moment de partir vers la ligne de départ. Je me rends à pieds sur la place de l’église pour rejoindre les 1100 partants de ce 80 km du Mont Blanc qui me fait si peur finalement.
Je décide de me placer au milieu du peloton pour ne pas trop subir les bouchons mais pas trop devant pour ne pas me laisser embarquer dès le départ dans un rythme trop rapide. L’idée étant de d’aller au bout de cet ultra-trail en prenant le plus de plaisir possible.
Chamonix Départ – Brévent : 2h26 ; 554ieme
5, 4, 3, 2, 1, 0… c’est parti, je ne sais pas où se situe Guillaume, on a pas réussi à se rejoindre sur la ligne et au regard de sa préparation il y a peu de chance que je le croise sur le chemin tellement il s’est bien préparé.
La petite boucle dans Chamonix a pour avantage d’étirer le peloton, je mets le frein plusieurs fois pour ne pas trop me griller dès le départ. Le rythme est tranquille et nous arrivons vite sur les premières pentes du Brévent. Je subis quelques ralentissements, inévitables, vu le nombre de participant et à cause du chemin qui se rétrécis, mais finalement, je n’ai pas trouvé cela vraiment pénalisant. La montés se fait à la frontale sur un rythme sommes toute régulier et qui ne me mets pas dans le rouge du tout. Le jour commence à poindre le bout de son nez ce qui me permet de faire quelques photos. Au Bel Lachat cela devient plus facile de doubler quelques concurrents. Le Brévent est atteint en 2h26. Tout va bien.
Brévent – La Flégère : 3h36 ; 525ieme
Direction la première descente vers planpraz. Les paysages sont magnifiques et j’ai une petite pensée pour mon arrivée du Marathon du mont Blanc 2 an plus tôt. A l’époque jamais j’aurai imaginé que je me lancerais sur le 80 et pourtant j’y suis. Premier ravitaillement complet ici je prends bien le temps de boire et manger quelques morceaux de banane. Je rempli mes flask. Un petit point sur le suivi live pour constater que je suis aux environs de la 550ième place. Parfait ! La traversé Planpraz – la Flégère se passe à merveille. Je reconnais bien le chemin pris 2 ans plus tôt dans l’autre sens. Je profite du paysage et avance rapidement. J'arrive à la Flégère en 3h36.
Flégère – Col des Montets – le Buet : 5h17 ; 481ieme
Pas trop de souvenir sur cette partie du parcours si ce n’est deux anglais en pleine discussion qui n’ont pas arrêté une seconde comme s’ils étaient seuls au monde. Par chance, ils sont plus rapides que moi et au bout d’un long moment, ils s’éloignent et je ne fais aucun effort pour les suivre. Le peloton est encore dense dans le sens ou beaucoup de monde se suit les uns derrière les autres, mais les dépassements se font aisément. Je jette un œil un peu plus haut vers la pointe de la Persévérance que j’ai gravi en alpi il y a quelques années. De la persévérance, je vais en avoir besoin aujourd’hui.. Enfin j’arrive à la tête au vent en 4h19 (511ieme). Je sors mes écouteurs pour les mettre sur les oreilles car normalement, je dois voir la famille au col des Montets. Un appel de ma femme me confirme qu’ils y arrivent, mais que la circulation est coupée. Elle s’inquiète de savoir si je suis déjà passé et je la rassure en lui disant pas encore. Quelques minutes plus tard elle me rappel pour me dire qu’elle a réussi à se garer. Je lui dis parfait je suis en bas dans 15 minutes.
Parfait, 15 minutes plus tard je les aperçois sur le bord de la route. Je m’arrête rapidement pour les embrasser et Marie me dit que Guillaume est passé il y a moins de 15 minutes. Là, je me dis c’est bizarre car normalement il est doit être loin devant moi. Je repars en courant direction le Buet ou nous devons nous y retrouver. C’est une toute petite portion hyper roulante sans gros cailloux. Je double quelques concurrents et arrive rapidement au ravito. Re-coucou à la famille, le sourire des garçons fait plaisir à voir. On se donne rendez-vous pour le Mollard et je rejoins le ravito situé un peu plus loin. Et là, surprise je trouve Guillaume en train de se rafistoler les pieds et ses premières ampoules. Là je me dis, mec t’as déconné, si tu croises Guillaume, c’est qu’une nouvelle fois t’es parti trop vite et tu vas bientôt le payer. En tout cas, ça fait plaisir de partager une soupe avec lui ont fait un petit point sur le début de course, tous les voyants sont au vert. Emilie qui fait son assistance est là aux petits soins pour lui. Il repart avant moi, le temps de bien remplir mes gourdes, de manger du saucisson et des bananes. Je repars.
le Buet – Loriaz :
Je ne me préoccupe pas du tout des barrières horaires à ce moment car je sais bien que j’ai fait un bon début de course rapide (pour moi) sans trop puiser dans les réserves. J’ai bien mangé, bien bu, et il n’y a pas de raison de m’inquiéter. Je repars sur le chemin qui suit un cours d’eau en direction du Loriaz. Je crois que c’est là que j’ai commencé à mettre de la musique pour me mettre un peu dans ma bulle. Il commence à faire bien chaud sur la monté et je sors mon éponge que je glisse dans ma casquette et je profite de chaque petit court d’eau pour m’essuyer la tête et pour m’asperger d’eau le visage et le crâne. Je laisse l’éponge humide sous la casquette ce qui me procure un bien fou. J’arrive au Loriaz un petit peu plus fatigué. Je ne prends pas le temps d’une pause et j’enchaine la descente directement direction Le mollard où m’attendent mes enfants et ma femme.
Loriaz – Le Molard : 7h36 ; 461ieme
Je trottine dans la descente, cela se passe bien sur la première partie et dans la seconde, je sens que cela tape sur la machine et que le pas est moins léger. De plus j’ai des envies de dormir… C’est la première fois que cela m’arrive en course. Je reçois un petit coup de téléphone de marie pour me dire qu'ils sont arrivés au mollard et qu'ils m'attendent. Je passe devant la première fontaine sans m'arrêter pensant qu'il y a un ravito léger ici. En fait il n'y en a pas et heureusement il y aura deux autres fontaines plus loin dans le hameau. Je rejoins la petite famille garée à côté de l'église. Je prends le temps de discuter avec eux sachant que je ne les revois pas avant le Tour. Ils auront toute l‘après-midi pour aller se baigner à la piscine de chamonix. Marie me dit que Guillaume est environ 20 à 30 minutes devant moi. La fusée a démarrée.
Le Mollard – Emosson : 9h31 ; 491ieme
Pour ce qui me concerne, je sais que la monté au barrage est un peu un juge de paix. Je repars confiant d'autant que la première partie se parcours assez bien. Mais à un moment donné, c'est plus la même histoire le sentier est plus raide, la chaleur est là, beaucoup de personnes se posent sur le bord du chemin, exténuées. Je continue régulièrement mais difficilement, la nausée me prend et je pense qu'une hypo commence. Je prends alors un gel pour me relancer, mais cela ne change pas grand-chose. Cette montée au barrage est interminable, raide et ressemble a un petit calvaire. Enfin je débouche sur la route du barrage que je traverse d'abords en courant puis très rapidement j'en abandonne l'idée pour finir en marchant jusqu'au ravito avec toujours beaucoup d’encouragement. Et là je ne suis pas bien, Emilie m'accueille, elle m'a attendu après le passage de Guillaume. C’est super sympa, mais la pauvre, je ne suis pas très loquace, un peu au fond du trou. J’essaie de manger un morceau de saucisson, mais ça ne passe pas. A côté de moi un orchestre joue de la musique. A un autre moment j'aurais trouvé ça super mais à ce moment, je ne souhaite qu'une chose le silence. Je sais que la soupe passe bien, et en effet c'est la seule chose que je prendrais ici. Je fais le plein de mes gourdes et décide de ne pas m'attarder. J'ai lu que trop d'abandons se passent ici. En plus une bénévole vient vers moi pour me demander si j'ai abandonné ! Je ne dois pas être beau à voir ! Juste après ça, je décide que pour moi ce n'est pas ici que le chemin s'arrête. Je repars avec un morceau de banane qui finira par passer et en remerciant Emilie de m’avoir attendu ici.
Emosson – le Chatelard : 10h56 ; 491ieme
A peine repartie il faut passer au contrôle des sacs. Les bénévoles font bien leur travail avec le sourire et je pense avoir eu une réaction qui a surpris celle qui me demandait mon matériel. Je laisse tomber mes bâtons pour retirer mon sac et je pense qu'elle a l'impression que je les jette au sol en colère. Je m'en excuse et lui montre tout ce qu'elle me demande. Je peux repartir, sans me retourner. Je tente de trottiner, mais non je descendrais en marchant. Une vrai galère cette descente. Je ne suis pas en forme et la nausée ne part pas. Je n'en garde pas un souvenir particulier si ce n'est le passage de la voie ferrée ou j'apprendrais plus tard qu'un gars s'est pris les pieds dans les cailloux et s'est fait une fracture tibia péroné.
Le chatelard – les Jeurs :
J'arrive au Chatelard et m'assois sur la superbe fontaine en bois. Je m'asperge, m'éponge autant que je peux. Je ne suis pas en forme, mais je n'ai aucune idée négative. Je vais continuer, tranquillement et avancer. Lors de mon premier Ultra, (l'UTV 2015) un gars m'avait dit que les mauvais moments finissent toujours par passer. Alors, ça va revenir. Je travers la passerelle au niveau de la route sous le Chatelard et m'engage dans la montée à une vitesse d'escargot. Je m'arrête sur le bord du chemin quelques temps pour essayer de récupérer mais ce n’est pas très efficace. Un canadien me demande mon téléphone pour consulter un site internet. Son téléphone ne marche pas et m'explique en anglais qu'il va perdre beaucoup d'argent s'il ne le fait pas tout de suite. Je me demande si ce n'est pas lui qui perd la tête. Nous n'arrivons pas à nous connecter sur son site du coup je repars (pas sûr qu'il ait apprécié mais bon j'ai trouvé son comportement bizarre). j'arrive enfin au Jeurs où je ne m'attendant pas à trouver un point de ravitaillement (je n'ai pas pris le topo avec moi pour ne pas tergiverser sur le chemin qu’il reste a parcourir.)
Les Jeurs – Le Tour : 15h39 ; 586ieme
Je prends ma traditionnelle soupe qui me remonte un peu, j'abandonne le St Yore pour le coca qui me semblera plus efficace. J'ai pris trois gourdes de 500ml et je décide de faire une d'eau plate, une d'eau gazeuse et une de coca. Je me pose en regardant le barrage de l'autre côté de la vallée. Je me dis que maintenant qu'il est là-bas, il n'y a aucune raison de s'arrêter. Je repars et me sent un peu mieux. Mais ma vitesse va se réduire petit à petit dans la monté sur Catogne. A Catogne, j’arrive en 13h19 et en 544ieme position, sachant qu’il y a des abandons, cela veut dire que je recule sacrément au classement et cela confirme le coup de mou. Les bénévoles nous indiquent 1h pour arriver à la pointe de l’Arolette. Je me dis qu’il dit n’importe quoi il reste que 300m de monté mais en effet j’ai la vitesse d’un randonneur et c’est bien le temps qu’il me faudra. L’enchainement pointe de l’Arolette et tête de Balme se fait rapidement et la vue vaut bien l’effort consentit. Je me lance dans la descente vers le col des posettes avec une douleur au genou droit qui m’oblige à marcher vite car courir est douloureux, et je suis loin d’être arrivée. De plus je n’ai franchement pas l’impression que la forme soit encore revenue. Direction le col des posettes (14h31 ; 561ieme), avec encore une pensée pour mon marathon d’il y a 2 ans. J’avais dans la tête qu’un fois au col nous devrions descendre directement sur le Tour. Erreur, il y a une petite montée qui finit de me casser les pattes et un peu le moral. Mais je me reprends de suite. ON A DIT PAS D’IDEE NEGATIVE ! Au Tour je revois ma petite famille, un repos, une soupe et ça repartira. Dans la descente qui suit j’écoute deux trailleurs discuter derrière moi. C’est ici que j’apprendrais la fracture tibia péroné d’un gars à la descente vers le Mollard et un autre qui aurait fait une crise cardiaque a un point de contrôle. De plus un des gars raconte à l’autre qu’une fois au Tour il n’y a plus de barrière horaire et qu’il « suffit » d’arriver avant 4h à cham. Je ne le reprends pas car, je n’en sais, en fait, rien mais je doute fortement de ce qu’il dit. Pour tout dire cette descente sur le Tour sera vraiment pénible pour moi, j’ai envie de dormir et je suis impatient d’en finir pour faire le point en bas. Enfin je vois le parking et le camping-car. Marie m’a appelé pour me dire qu’ils sont arrivés et qu’ils m’attendent. Chouette.
En effet ils sont là juste à l’entrée du parking je m’arrête pour leur dire qu’on va se poser au niveau du ravitaillement qui est un peu plus loin. Je pars avec mon Maëlan qui a 4 ans et veut lui aussi faire la course et me demande de courir avec lui. Il cour, et je le suis en marchand. Enfin au ravito tout le monde est au petit soin. Je bois ma soupe Marie fait le plein de mes gourdes, les enfants vont me chercher de quoi manger. J’avais bien besoin de cette assistance de choc. Marie me voit bien fatigué (je n’ai pas franchement cherché à le cacher, de plus je lui dis que là-haut j’avais un peu de mal à respirer plus haut : combinaison de fatigue, d’altitude, d’asthme d’effort...) Je vois qu’elle est un peu inquiète. Je lui dis qu’un bon repos ici va me permettre de repartir et de toute façon il y a une douzaine de km de descente jusqu’au Bois et je referais le point là-bas. Après un bon ¼ d’heure de pause je repars. Mon Maëlan veut absolument courir avec moi. Il a une envie et une pêche qui fait plaisir. Mais je dois lui dire non. 4 ans c’est un peu tôt pour suivre papa ici. Je lui promets d’aller faire des entrainements ensemble une fois rentrée à la maison.
Le Tour – Les Bois : 17h54 ; 518ieme
Et grande surprise, je vais bien mieux. J’ai le sentiment que la forme revient. Les jambes répondent. Le chemin est large et j’en profite pour lire quelques sms qui boostent mon moral. Bon, ce n’est pas non plus la forme du début mais les nausées sont parties et la respiration est bonne. j’alterne la course et la marche rapide. Je suis très surpris sur cette partie de me retrouver seul pratiquement tout le long du trajet ? Je double quelques coureurs. Que ça fait du bien de se sentir à nouveau à l’attaque. Vers le milieu de ce tronçon, je demande à une fille que je double s’il y a une barrière horaire plus loin. Elle regarde le trajet tatoué sur son bras (Tatouage que j’ai découpé en deux pour le poser sur le bras de mes deux garçons) et m’indique qu’en effet il reste des BH aux Bois, à Montenvers et au plan de l’aiguille. (Le gars avait bien dit des conneries !) Je lui demande si nous arrivons bientôt aux Bois elle me dit qu’il doit nous rester 15-20 minutes. Que dalle oui ! Il me faudra encore 40 minutes. Avant d’arriver, je demande à un passant si les bois sont encore loin. Il me répond dans 5 minutes. Top ! J’appelle Marie pour la prévenir et ils sont à table et pas prêt du tout. Je les rejoints donc pratiquement au camping-car. Pour cela il a fallu que je quitte le chemin ou certains spectateurs sont désolés pour mon abandon. Je les rassure. Il n’en est pas question. Je suis en forme et je vais le finir ce 80 km du Mont Blanc. Nous nous rendons donc tous les 4 au ravitaillement ou je reprends une nouvelle fois une soupe juste après être passé au contrôle du sac. Cela me permettra de récupérer ma frontale, car désormais la nuit est en train de tomber et je vais en avoir sacrément besoin. J’embrasse tout le monde et je m’éloigne indiquant à Marie que je passerais un coup de téléphone une fois arrivée au plan de l’aiguille, juste avant la dernière descente.
Les Bois – Montenvers : 19h44 ; 554ieme
Avec la nuit je me sens bien, la première partie de monté sur Montenvers est relativement progressive et se monte à un train régulier. Je ne me fais pas doubler. Par contre la seconde partie est surprenante. Je ne m’attendais pas à une pente si raide avec des marches si grandes entre les rochers. C’est long, de plus en plus de personne s’arrêtes de nouveau sur le bord du chemin pour récupérer de l’effort. Le seul regret de cette monté est de devoir la faire de nuit car je ne verrais pas la mer de glace en contre bas. Bon ce n’est pas que je ne l’ai pas déjà vu mais comme c’est beau à voir. C’est dommage, c’est une nuit sans lune. Enfin arrive la voie romaine, les grandes dalles de pierre qui nous amènent à la gare de Montenvers pour une pause bien mérité. J’apprendrais juste en arrivant ici que Guillaume vient d’en finir en 19h30. Je suis content pour lui. Je trouve l’ambiance apaisé. Tous autour de moi, savons que nous irons au bout. Cela se sent. Une bonne soupe et c’est reparti en me disant que le tronçon entre la gare et le plan de l’aiguille sera vite avalé. Erreur…
Montenvers – Le plan de l’aiguille : 21h23 ; 524ieme
En fait il n’y a que 300mD+ mais c’est interminable. Pourtant j’ai bien l’impression que nous avancions sur un bon rythme. Je suivrais un même petit groupe de bout en bout. Nous surplombons Chamonix et j’ai souvent l’impression que le refuge se trouve là-bas, plus loin. Et à chaque fois, ce n’est pas du tout ça. Nous passons un poste de secours ou les gars, là, nous indiquent encore 20 minutes. J’ai du mal à y croire et pourtant si, il faudra bien ça.
Le plan de l’aiguille – Chamonix Arrivée : 22h57 ; 498ieme
Au refuge, le petit groupe avec qui j’étais se pose au ravitaillement. J’hésite, et finalement je décide de me lancer directement dans la descente finale, il me reste un litre à boire. C’est bien suffisant et je vais bien. Je passe mon coup de téléphone à Marie il est 1h30 et je sens bien que tout le monde dort profondément. Je leur dis de bien dormir que tout va bien pour moi et que je vais arriver d’ici 1h30. Je les rejoindrais au camping-car après mon arrivée. Bon cette dernière descente est simplement interminable également. J’avais l’impression que jamais les lumières de Cham en dessous ne se rapprochaient. Je ne tente pas de courir car mon genou est douloureux dans la descente, mais en marche rapide je rattrape certains qui trottinent donc je continu sur ce rythme. Je fini par rattraper deux gars qui descendent bien et je me cale sur eux pour finir. Les lumières du téléphériques sont enfin visibles, le parking du Grepon est juste là, enfin. Quel bonheur de mettre les pieds sur ce bitume ! Avec les gars autour, on se félicite et chacun reprend son rythme pour rejoindre la place du triangle, que nous avons quitté il y a presque 23h maintenant. Je vois un coureur qui se met à courir. Je me dis « - il est fou ! » et je tente de suivre. Finalement les jambes vont bien et la perspective de finir en moins de 23h me fait bêtement accélérer pour finir en sprint (attention tout est relatif) sous les applaudissements et les bravos des passants malgré cette heure tardive. Dernier virage, dernière ligne droite, je retire ma frontale pour la photo finish et je passe la ligne d’arrivée 22h57’58’’ après le départ. J’ai les larmes aux yeux, je suis fier de moi. Je n’ai rien lâché. Le manque de temps pour préparer cet ultra-trail avec des sorties longues en montagne a mis ma volonté à rude épreuve, mais elle et moi et avec l’aide de ma petite famille, on a réussi !
Je récupère autour du cou la médaille remise par un bénévole à qui j’aurais du mal à dire merci car j’ai la gorge serrée par l’émotion.
Il est 3h du matin, je viens de faire 90km et 6000mD+ et je ne veux pas quitter cette ligne d’arrivée. Je vois d’autres finir avec cette même joie et cette même fierté. C’est beau à voir et je sais ici pourquoi je me lance sur ce genre d’épreuve.
1100 partants, 511 abandons, presque la moitié, cette épreuve ne se donne pas, elle veut être mérité.
La tireuse à bière est juste à côté. Je vais me chercher un verre et je me rends compte qu’entre temps sont arrivée des kikous, bubulle, patfinisher, cedtrail95 et Benman. Nous faisons connaissance ici et rediscutons de notre course. Un super moment partagé sur cette place du triangle.
Aller il est temps d’aller se reposer et de retourner au parking du Grépon dont je ferais 2 fois le tour avant d’appeler Marie pour lui demander où elle est garée. Après une douche froide, je me couche.
La journée fût belle !
9 commentaires
Commentaire de cedtrail95 posté le 28-06-2017 à 20:58:56
Bon courage pour l'ut4m.
Commentaire de Matt38 posté le 28-06-2017 à 21:22:43
Merci beaucoup, j'y vais pour apprendre et sur un malentendu, ça peut passer!
Commentaire de triattitude74 posté le 29-06-2017 à 18:03:28
Bravo pour cette course et bon courage pour l'UT4M
Commentaire de Matt38 posté le 30-06-2017 à 22:30:39
Merci, je vais faire de mon mieux
Commentaire de Shoto posté le 29-06-2017 à 18:48:52
Bravo. Belle course et beau récit. Vu le pourcentage d abandons énorme, cela donne encore plus de valeur à ta place de finisher dans cette belle course réputée dure et technique
Commentaire de Rem posté le 29-06-2017 à 23:17:02
Belle course et Beau CR. On s'y croirait. J'y étais d'ailleurs :) on a du se croiser dans la descente vers le Col de posettes. Finisher est un mot qui veux dire quelque chose sur cette course!
Commentaire de Benman posté le 30-06-2017 à 00:18:34
Bien sympa de te lire. Les détails de chacun permettent de revivre sa propre course, et de comparer les moments de bien, de moins bien et les sensations. Bravo pour ta ténacité et ta régularité pour arriver au bout de ce très gros morceau.
Commentaire de ilgigrad posté le 30-06-2017 à 11:38:51
Bravo et félicitations pour cette course magnifiquement gérée. Les quelques moments de moins bien n'ont pas altéré ta volonté d'aller à pied jusqu'à Chamonix; sous ta plume ça semble si facile que je regrette de ne pas avoir avancé un peu plus vite...
Repose toi bien avant de te lancer dans la préparation de ton prochain défi
Commentaire de float4x4 posté le 30-06-2017 à 14:06:14
Félicitation pour ta course, l'UT4M c'est plus long, mais dans mon souvenir les difficultés s’enchainent avec moins de rapidité que sur ce 90 :) donc bon courage !
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