L'auteur : ploum
La course : Bretagne Ultra Trail - 110 km
Date : 29/4/2017
Lieu : Melrand (Morbihan)
Affichage : 2725 vues
Distance : 116km
Matos : Hoka speed goat
Hoka Challenger ATR
Objectif : Terminer
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A l’issue de mon dernier gros trail 2016 (Belle ile-83km), je m’étais dit qu’il fallait passer la barre des 100 km. Après recherches et tenant des contraintes physiques, logistiques, pro et familiales je m’inscris pour Bretagne Ultra Trail : 115 km entre terre et mer en Bretagne avec 2500 D+. Un seul objectif : terminer.
Ce samedi à 03h du mat’ je monte donc dans la navette qui va nous emmener sur le site de départ. 1er stress, les personnes devant m’accompagner ont du déclarer forfait pour raisons médicales. Je gère donc seul mon « assistance ».
2ème stress, dans le bus les discussions tournent autour de (très) grandes courses. Mon inexpérience à ce niveau fait naitre qq interrogations.
3ème stress, j’ai oublié mes lunettes…et je suis myope. Bon ben c’est comme ça faudra faire avec (ou plutôt sans !)
4ème stress, ben un peu comme tout le monde : suis-je assez entrainé ? etc…
5h00, le départ est donné sur le site de l’an Mil à Melrand après un petit spectacle avec cornemuse et chevaux. On part dans la forêt à la lueur des frontales. Je m’efforce de partir très cool pour ne pas me griller. J’avance tranquillou et après 1h, les 1ers rayons de soleil font apparaitre une légère brume sur les champs et bois environnants. Très beau. Nous sommes un groupe de 3, on décide de couper les frontales pour profiter de ces instants avec comme seuls bruits le chant des oiseaux et le rythme de nos pas sur les sentiers. C’est apaisant. Chemin faisant on traverse forêts et on se retrouve à longer une rivière sur un single un peu plus technique qui nous amène au 1er ravito au km23. Pas d’affolement, je prends le temps de me restaurer et de vider mes chaussures pleines de terre. Petite déception, les ravitos ne sont pas super fournis, mais qu’importe on n’est pas venu pour être critique gastronomique. La bienveillance et le sourire des bénévoles compensent largement. Et puis j’ai ce qu’il faut dans mon paquetage.
C’est reparti pour la 2ème section, une petite montée et je me retrouve à discuter avec une V3 qui en est à sa 4è ou 5è participation. Il m’indique les pièges et points durs à venir. Je sais que sur cette section il ne faut pas forcer l’allure car c’est assez roulant. Je me cale donc à 10 km/h maxi. On traverse alors la 1ère ville (Plouay) où les passants nous dévisagent et nous encouragent. Mine de rien c’est la première qu’on fait un retour à la civilisation depuis le départ. Ravito à la sortie du village km45. Encore une fois je prends le temps de m’alimenter, faire le plein. Une suiveuse me fait remarquer que j’ai l’air encore très « frais » par rapport à d’autres… Je constate effectivement que certains ont l’air bien entamés. Ce message me fait un bien fou et j’attaque la 3è partie (la plus casse patte parait-il) sereinement.
On enchaine donc le long des rivières avec des coups de cul puis arrive Guilligomar’ch. D’abord une partie un peu roulante et BAM… grosse gamelle. Mon pied a buté. Pas de mal c’est reparti. Ca me réveille, je dois rester attentif. Arrivent les choses sérieuses, on plonge au fond de la vallée et on remonte le cours d’eau entre roches et chemins tortueux. Je suis seul depuis une bonne heure. L’impression d’être au milieu de l’Amazonie. On arrive après qq montées te faux plats bien cassants aux roches du diable (km62). Petite pause sur les rochers avant 2 montées qui nous mènent au 3è ravito (base de vie de Locunolé). J’en profite pour changer de chaussures (avec une pointure de +), chaussettes etc… je recharge un peu le gps et mes batteries par la même occasion. Mon voisin me fait remarquer en rigolant qu’il reste encore 51km…et j’ai les jambes bien raides. Par contre bonne nouvelle, je suis large vs les barrières horaires.
La 4ème section doit nous amener à Quimperlé (km87). Cette section me parait longue, très longue. Ce n’est pas la plus intéressante au niveau parcours d’ailleurs. L’entrée dans Quimperlé se fait attendre, je reste calé derrière un gars qui arrive encore à bien relancer en haut des montées et je m’efforce de ne pas le lâcher. On arrive enfin dans la ville et le ravito tombe à point car je n’ai plus d’eau depuis 20 min. Assis sur un banc, je suis cassé. Les bénévoles me motivent et je repars en marchant. J’ai froid avec le vent qui se lève. Je marche une bonne 20aine de minute ce qui me fait du bien. On rentre alors dans la forêt pour un bon moment. J’arrive à relancer car ça descend plus que ça ne monte. Je repense à mon V3 qui m’avait alerté sur les longues lignes droites démoralisantes. Je souris, j’avance. Je passe la barre des 100km. Intérieurement c’est déjà une victoire. Ca fait du bien. J’arrive au ravito de Pont St Maurice (km102). Très bonne ambiance. On m’indique un point d’eau dans 4 km au Pouldu. Je repars, je commence à avoir du mal à m’alimenter. A un carrefour, plus de balisage !!! Je décide de bifurquer et de suivre le GR. Bonne pioche qq minutes plus tard quand je retrouve le balisage. Ces 4km me paraissent interminables, normal il y en a en fait 8 !!! Je m’assied qq instants, j’ai mal aux pieds, aux jambes, aux genoux….bref, j’ai mal. En même temps, je l’ai voulu.
Le bénévolesm’explique la fin de parcours : 7km de sentier côtier, pas de grosse difficulté. Les copains au téléphone me confirment que c’est dans la tête. Je repars en courant. J’arrive à tenir le rythme. Objectif terminer avant d’être obligé de mettre la frontale. Je double qq concurrent sen mauvaise condition. J’ai de la chance d’être là, de pouvoir faire ça. On m’indique 5km…4km. Enfin une personne de l’orga me dit 400m. P…. je vais le faire… YESSSSS.
Je passe l’arche dans une émotion intense. C’est fait. 16h55 (et pas de frontale). J’ai mal mais le moral est au top.
A retenir : des bénévoles supers sympas comme toujours. Un parcours très beau et très sauvage, je reviendrai m’y promener. Une course qui ne se prend pas la tête, vraiment un bon souvenir. Un immense merci aux amis et à mes proches qui n’ont pas cessé de me soutenir via sms et téléphone et sans qui j’aurai peut-être stoppé. Enfin, une réflexion que nous menions avec un compère de galère aux alentours du km85 : « dire qu’on est usé, qu’on en a plein les pattes, qu’on dit que c’est la dernière fois…et lundi on cherchera la prochaine course où s’inscrire ». C’est ce que je m’apprête à faire !
6 commentaires
Commentaire de robin posté le 02-05-2017 à 14:31:10
Félicitations ! Pour une première au delà des 100 tu as bien maîtrisé l'affaire. Kenavo !
Commentaire de centori posté le 02-05-2017 à 14:38:40
2ème stress, dans le bus les discussions tournent autour de (très) grandes courses. Mon inexpérience à ce niveau fait naitre qq interrogations. <=== ça remontait les bretelles dit donc ! sur que tu as du les poutrer tout ceux qui faisaient les malins ! généralement c'est comme ça que ça se termine !
Commentaire de jano posté le 02-05-2017 à 14:42:32
bravo, belle gestion de course, tu fais partie de ceux qui ont le moins baissé leur moyenne entre plouay et l'arrivée.
Commentaire de ploum posté le 02-05-2017 à 20:18:26
Merci bcp.
@centori, je dois dire que je n'ai pas trop fait le malin qd même. J'ai essayé d'aborder le tt avec humilité et ça a payé ! Ca me suffit amplement.
@jano, j'ai pas encore regardé mes moyennes horaires. En même temps si elle diminuait encore je risquais de reculer !!! ;-) Paradoxalement, je pense avoir bien géré la partie dite compliquée (entre Plouay et Locunolé) sans m'affoler. Faut croire que c'était la bonne tactique pour mon organisme.
Commentaire de chapiteau posté le 03-05-2017 à 07:53:40
Merci pour ce récit qui reflète bien l'ambiance de cette course. Comme toi avant le Pouldu je me suis également interrogé (perte de quelques minutes) sur l'absence de balisage et ce en passant quelques heures après.
Commentaire de TomTrailRunner posté le 13-04-2022 à 17:56:44
joli lecture instructive pour une jolie 1ère : bravo
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