L'auteur : la mouette avinée
La course : Ultra Trail du Vercors
Date : 5/9/2015
Lieu : Lans En Vercors (Isère)
Affichage : 1712 vues
Distance : 86km
Objectif : Pas d'objectif
Partager : Tweet
Voulant prendre mon temps avant le retour à la compet’ suite à mon opération du genou du début d’année, je continue ma tournée de bénévolat commencée dès que j’ai pu remarcher correctement. Après l’Ultra Boucle de la Sarra, le Vélo Vert Festival et l’Ice Trail Tarentaise, je viens donc cette fois mettre la main à la pâte sur l’Ultra Trail du Vercors.
Ayant par le passé longtemps squatté les environs de Villard et de Corrençon, étant un amoureux du plateau et voulant apporter ma maigre contribution à cette petite fête, j’ai donc demandé à être serre-file sur un des 4 relais. L’avantage d’être serre-file pour moi est multiple : je file un coup de main mais je cours : je ne suis pas statique à prendre le froid, je découvre de nouveaux terrains de jeux et ça me permet de me faire ma petite sortie du WE en appuyant pas trop le rythme. Tout le monde est content, y compris ma kiné. En plus j’aime bien blablater avec les autres serre-files ou les lanternes rouges, du coup c'est l'assurance de passer un bon moment.
J'arrive vendredi soir à la salle des fêtes de Lans, mais un poil trop tard pour assister au briefing. Je rencontre Arnaud le responsable des bénévoles, puis Seb qui sera mon acolyte le lendemain sur le relais 2. Je croise un pote du club aussi, les gaillards s'alignent en relais à 4, je les vois bien faire un top 5.
Après une (trop) courte nuit, me voilà pas très frais (au contraire de l'air, putain j'aime courir mais je suis pas du matin, du coup niveau horaires y'a que les nocturnes qui me conviennent me voilà mal barré) mais dispo au CP / ravito 1 à Saint Nizier.
Devant poireauter un peu avant de démarrer le débalisage derrière les derniers concurrents, je m'étais proposé pour aider au ravito mais il y a finalement pas mal de monde derrière les tréteaux, et comme le soleil a décidé de ne pas le réchauffer de ses rayons, bah je reste à glandouiller autour du CP à essayer de me réchauffer. Je cherche le Bouk désespérément, mais je ne vois point le coquin, comme à l'Hivernale de Méaure où l'infâme avait fait un DNS. Je me dis que peut être les Rince Cochons ont abusé de la dite boisson la veille et qu'il n'assurera que la logistique de l'équipe, bref, point de Bouk à l'horizon et je suis fort mari...
Pourtant j'avais bien mis ma visière pourrie!
J’aperçois le 2nd relayeur de mon club, c'est une sacré flèche et il est chaud le bougre. Prêt à arsouiller sans échauffement, MET IL ET FOU! 4 relais sont déjà passés, notre pote ne devrait pas tarder à arriver mais... MAIS T'ES PAS LA? MAIS T'ES OU? Et bah notre cher 1er relayeur ne sait même pas lui même où il est, et pour cause, monsieur s'est paumé dans une descente après le Moucherotte ou les 3 pucelles, on ne sait pas trop me dire. Débalisage intempestif ou manque de lucidité, le gaillard fait plus d'une borne en jardinant avant de retrouver la trace. J'essaye de le réconforter un peu, et là, LA, ma bonté me perdra, c'est plus ou moins le moment où le BOUK entre en scène et revêti son beau bob Skoda. FUCK FUCK FUCK, encore râté, caramba! Les coureurs continuent d'arriver, la plupart des solos sont encore au top, malgré tout la tente du kiné tourne à plein régime, ça crampe déjà pas mal chez celles et ceux qui n'étaient pas préparés.
Le flux des coureurs se réduisant drastiquement, je me pare de mon équipement de débaliseur, et surtout je me couvre bien car putain CA CAILLE! Mon acolyte Seb me rejoint, on attend les derniers et les débaliseurs de la première section pour se mettre en branle. Des rumeurs indiquent qu'un coureur serait perdu derrière les serre-file, c'est la merde, à un moment on envisage que Seb parte à contre sens pour essayer de le retrouver, du coup moi je partirai serre-filer sans... débaliser. Bref, les orgas sont prêts à tout pour sauver ce naufragé qui, après investigation, serait en fait... Un mec courant sans dossard... Bon du coup on s'en tient au plan initial, les trois derniers relais déboulent, on attend encore 5 minutes les débaliseurs et zou c'est parti!
On part tranquillou sur la portion descendant vers Engins. On profite un peu du soleil qui nous réchauffe avant d'entrer dans la forêt. Je remarque d'emblée que le balisage est au top du top : assez présent, bien visible sans être non plus omniprésent. EN plus de ça, on peut trouver ça et là quelques petits panneaux et autres coups de bombe humoristiques comme à l'Hivernale de Méaudre. Bref, on suite le tracé sans erreur possible et le tout dans la bonne humeur. A ce propos, cela m'attriste mais quelque part cela ne m'étonne guère : le staff a du rebaliser certaines portions vendredi soir et samedi matin suite à des opérations coup de poing de locaux pas très malins. J'avais déjà entendu parler d'actions similaires dans la Chartreuse sur plusieurs trails et sur Lans et Villard pour le Velo Vert Festival. Je suppose que par le biais de ces actions irresponsables, les débaliseurs sauvages souhaitent dégoûter les participants et les organisateurs afin de faire capoter les prochaines éditions. Ainsi, plus personne d'étranger dans le coin, hop, on peut se reproduire entre nous sans être dérangés par les vilains touristes / coureurs / randonneurs / vététistes, nous enfants seront cro cro mignons avec leur unique oeil, leurs trois oreilles et leur raie du cul à la place du nez. Pas si cons que ça en fait les vandales (NB : ces propos n’engagent que moi et en aucun cas CAP Vercors...).
Bref, on débalise tranquillou en trottinant et en profitant bien de la merveilleuse descente vers le barrage d'Engins. Ludique à souhait, surtout au niveau du Pas du Curé (quel kiff ce passage, je regrette de ne pas avoir eu la présence d'esprit de sortir mon appareil photo) la descente passe comme une lettre à la poste. Il en sera tout autrement lors de la montée vers le Sornin. Après une mini portion de goudron en plein cagnard, on attaque une piste forestière bien pentue et la chaleur nous accable. Le quad de la CRS montagne nous rattrape car il doit aller chercher un coureur en détresse physique qui a décidé d'abandonner au Sornin. A plusieurs reprises je me dis que le quad ne passera pas, mais l'homme de la maréchaussée fait fi de mes réserves et progresse aisément afin d'aller récupérer notre naufragé. Ce n'est que lorsque sa progression sera empêchée par une clôture à vache que le pilote aguerri coupera le contact. Ca tombe bien, le DNF arrive à petits pas, il aura droit à une petite séance de rodéo à l'arrière du quad avant d'être rapatrié à Lans. Tout a été fait pour ne pas laisser de coureur sur le carreau, au poil!
On sort de la forêt au niveau du Sornin, je suis un poil essoufflé et pour cause, la montée est assez sèche. On repart direction la Mollière sans oublier de se couvrir car c'est la mauvaise nouvelle du jour : le temps se gâte, le ciel s'assombrit, ça caille un poil en mode rando course. La liaison Sornin – Mollière est vraiment cool : succession de singles ludiques à souhait tantôt à découvert tantôt en forêt, je m'éclate vraiment ! On arrive sur le balcon de la Mollière. La vue est dingue, dommage pour les nuages mais même avec le ciel voilé l'endroit est barge : vue panoramique sur tout le nord du plateau, Grenoble et la Chartreuse. On croise la bergère de la Mollière (Bouk j'espère qu'elle n'a pas essayé de te mettre des coups de bâton quand elle t'a vu fuir par le pas de l'Ours), et on avale le petit single à grandes enjambées jusqu'au fameux Pas de l'Ours.
Dernier coup de cul du relais 2 et pas des moindres, ce mini mur est vraiment casse pattes et surtout original de par la manière dont il grimpe d'un coup entre les falaises. C'est à cet endroit que nous rattrapons les deux dernières relayeuses de la course. Un coup d'oeil à la montre, ça va être compliqué de rentrer à bon port sous la barrière horaire mais on essaye tant bien que mal de motiver les troupes.
Rapidement une concurrente se détache, plus à l'aise dans la descente, et nous restons donc avec Patricia qui semble un peu tétanisée à l'idée de faire la descente, ce qui est d'autant plus dommage qu'elle a l'air assez roulante. Avec le 2nd serre-file on essaye donc de la motiver un peu, sans trop insister, c'est toujours compliqué de savoir à quel point les coureurs ont besoin de « soutien ». On essaye de veiller à son alimentation et son hydratation, malheureusement la pauvre se chope une belle contracture en tapant sur une pierre. Panique à bord, je pense à une entorse de la cheville vu le cris d'effroi de la dame, mais au final il s'agit « seulement » d'une petite crampe au mollet... On va finir comme on peut, ça fait un petit moment qu'on voit Autrans en contrebas, on ment un peu à la dame en disant « allez on y est presque on va rentrer dans les temps » . On risque malheureusement de déborder de quelques minutes sur la barrière horaire mais, très intelligemment et très humainement, les organisateurs nous apprennent qu'on laissera partir les relais suivants quand même si le retard à la BH reste limité. Patricia semble soulagée, elle déroule un peu plus sur la dernière partie plane, elle traverse le village avec tous les signaleurs de la fin de parcours à ses côtés, tout le monde l'applaudit, même les locaux, c'est franchement sympa et beau, j'en aurais presque envie de verser une petite larmichette... Elle transmet finalement le relais sous les encouragements et les applaudissements de la trentaine de personnes encore présentes bravant le froid, ce fut émouvant je l'admets sans embage.
Autre truc sympa, l'avant dernier relayeur aurait pu partir 2 minutes avant le pote de Patricia mais il a préféré attendre un peu et faire la course en binôme avec un nouveau compagnon d'infortune. Bel esprit. Une petite bise à la dame qui nous remercie de l'avoir soutenue et accompagnée jusqu'au bout, elle a l'air d'être fière d'avoir accompli son relais. On est pas bénévole pour ça à la base mais c'est quand même touchant. S'ensuit un petit gavage de tout ce qu'il reste au ravito (j'ai même failli avaler une guêpe, elles étaient des dizaines à squatter les oranges et les pâtes de fruit) puis hop retour au chaud, bonne douche et repas chaud avant de retourner braver le froid pendant 2h à Villard Place de l'Ours pour faire la circu et aiguiller les derniers des mohicans vers le ravito 10 mètres plus haut.
Chez les solos on voit que ça puise dans les réserves : dès que j'en aperçois un je descends de quelques dizaines de mètres pour aller taper un peu la discut'. Beaucoup sont au bout de leur vie, j'ai même vu un coureur avec les pupilles dilatées tellement fort qu'on aurait cru qu'il avait pris un Mitsu. Il répétait en boucle « ça va au poil ça va le faire on est bien là ». Ceux qui marchaient à plusieurs avaient l'air d'être moins en souffrance psychologiquement parlant. J'en ai croisé deux qui chantonnaient et qui jonglaient avec leurs bâtons. L'attente était un peu longue sur la fin, j'étais frigorifié, à un point tel que pour une des seules fois de ma vie j'aurais bien troqué une bonne bière fraiche contre un vil chocolat chaud.
Finalement le dernier serre-file arrive, je pars me mettre au chaud avec soulagement. Je croiserai alors sans le savoir Samontetro qui part pour la dernière portion avec un petit groupe de 4-5 personnes pour débaliser et terminer avec les derniers. Désolé d'être parti un peu comme un voleur mais j'étais transi de froid pfff...
Après une bonne nuit de sommeil, petite rando rapide dimanche matin : temps magnifique et vue plongeante sur les 4 montagnes à partir du col des deux sœurs au dessus de Villard. Le beau temps est revenu avec un jour de retard, c'est rageant pour le paysage mais pour les coureurs la fraîcheur du samedi était peut être préférable.
Ce matin retour au bureau, pourtant j'adore ma ville de Lyon mais gros coup de bambou là, c'est déprimant de vivre dans le béton après un tel WE là haut...
Merci pour tout, j'ai passé un super moment. Je comptais venir l'an prochain sur un relais à deux mais là... Sincèrement j'hésite à revenir en tant que serre-file. Ou alors on coupe la poire en deux et je fais le premier relais à 4 puis je clôture le dernier en serre-file héhé.
A tous ceux qui hésiteraient, sincèrement arrêtez de vous torturer l'esprit. Une inscription modique, une orga au poil, une ambiance top top top, et un cadre somptueux... Alors cliquez cliquez, et à l'année prochaine:)
Le piège qui sent le Samontetro : la balise posté juste au dessus de la fourmillière
La belle moisson de balises
A bientôt sur le plateau!
9 commentaires
Commentaire de BOUK honte-du-sport posté le 07-09-2015 à 21:46:22
Quel récit mon sandfox !!!
MAIS T'ES PAS LA? MAIS T'ES OU?
PAS LA...
Oui : on a réussi à ne pas se faire la bise à Saint-Nizier, pourtant Dieu sait que c'était intimiste, cosy, convivial, enfin bien sympa !!! Elle était où cette visière moche !!
Bref, un petit mot aussi pour les bénévoles !
MERCI d'avoir fait le serre-file, comme tu le dis c'était un bon plan pour toi !
Quel cru cet UTV 2015, quel cru !!!
Commentaire de la mouette avinée posté le 07-09-2015 à 21:48:44
Je viens de mettre à jour avec les photos. J'espère pouvoir étrenner cette vilaine visière très bientôt sur une Xpress ;)
Commentaire de BOUK honte-du-sport posté le 07-09-2015 à 21:55:40
Putain mais t'es un bogoss !!!
;-)
C'est sérieux pour les XPress ?
Commentaire de la mouette avinée posté le 07-09-2015 à 22:00:11
Beau gosse beau gosse... https://scontent-cdg2-1.xx.fbcdn.net/hphotos-xaf1/v/t1.0-9/10151135_861327473886348_3527760674945435749_n.jpg?oh=9af34f2a1bde9a4b235788ec16ebd7f0&oe=56612D8D Haha
Pour les Xpress oui ça me branche grave mais bossant sur Lyon c'est doublement galère. Faut que je pose une aprem' et que je motive qqn du club pour le covoiturage. Mais le principe du "on grimpe on redescend on prend l'apéro" me tente bien oui! J'essaye de motiver quelques Lyonnixs
Commentaire de Arclusaz posté le 07-09-2015 à 22:57:29
Croiser Samontetro qui fait 2m12 et pas le reconnaitre, c'est sur que tu risquais pas non plus de reconnaitre le Bouk.
Dis le pas trop que serre-fille c'est bien, y aura bientôt plus de candidats au débalisage que pour faire la course...
Commentaire de la mouette avinée posté le 08-09-2015 à 09:17:34
Bah en fait j'avais surtout entendu parler de la taille de... ses pieds héhé! Je cherchais donc un grand palmipède mais au final je ne les ai pas trouvés si impressionnants que ça, certainement à cause de mon petit 46 aussi...
Et tu sais que serre-fille n'équivaut pas forcément à serre-FILLE Laurent ;) Là c'était le cas, mais sur l'ITT c'était un graaaand garçon que j'accompagnais! Va pas me griller mon filon sur le fil lyonnais, je sens que 2-3 énergumènes vont postuler illico pour serrer des filles sur les prochaines courses!
Commentaire de Japhy posté le 08-09-2015 à 08:10:10
C'est pas charitable mais j'ai pas pu m'empêcher d'éclater de rire quand tu racontes le type aux pupilles dilatées. :D
Très bonne initiative de l'orga, cette tolérance sur les BH des relayeurs, voilà des gens qui ont la classe, mais on le savait déjà!
Bravo pour ton boulot de serre-file, c'est vraiment pas facile, je le sais parce que je suis souvent au fond et ils ne savent pas toujours comment s'y prendre, surtout que les réactions de chacun peuvent être très différentes. Je me souviens d'une course où une coureuse dépitée d'être rattrapée par les serre-file était très très très très négative et foutait une ambiance déplorable dans le mini-groupe, du coup ça m'avait motivée pour avancer plus vite !
Commentaire de samontetro posté le 08-09-2015 à 14:27:15
D'abord un grand merci pour le coup de main, et dans ce froid c'était pas évident! Vous avez été des serre-files de classe exceptionnelle, aux petit soins pour les coureurs fatigués, car vous avez compris que sur l'UTV le dernier coureur a autant d'importance à nos yeux que celui qui fait la course en tête! On t'attend avec impatience l'an prochain dans le format qui te fera plaisir, derrière un dossard ou côté bénévole. Et peut être qu'en lot bénévole on mettra.... une visière!
Commentaire de Albacor38 posté le 09-09-2015 à 08:28:38
Ton pote qui s'est paumé sur le relais 1 ne devait pas être bien réveillé parce que je n'ai pas le souvenir d'avoir eu l'ombre d'une hésitation tant c'était bien (re)balisé. Mais pour l'avoir vécu à 2 reprises je me doute de l'état dans lequel il était à l'arrivée. Surtout que lui n'était pas là, apparemment, pour amuser la galerie :)
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.