L'auteur : Baboon
La course : Ch'Triman 226 - Gravelines
Date : 5/7/2015
Lieu : Gravelines (Nord)
Affichage : 3003 vues
Distance : 226km
Objectif : Terminer
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Le contexte
Après avoir gouté à la distance Half Ironman en 2014, j'avais envie de découvrir la distance reine du triathlon en 2015. Mon choix s'est porté sur le Chtriman de Gravelines pour 3 raisons : la proximité (à 2h30 de Paris), le profil (seulement 400md+ à vélo), le coût (170€, le moins chère des IM). J'ai donc organisé mon plan d'entrainement en fonction de cet objectif et de mon point faible qu'est la course à pied. Les triathlon half IM de Lacanau et Deauville faisaient parti de mon plan d'entrainement. En chiffre cela donne sur 6 mois de préparation : natation 170km en 58h, vélo 2725km en 93h, course à pied 1150km en 108h. 3 semaines d'interruption pour blessure (épanchement genou) sont venues contrarier mon mois de Mai.
Entrée en matière
Arrivé samedi après midi pour le retrait des dossards et le dépôt des vélos, j'en profite pour flâner sur le site du PAarc des rives de lAa qui voit se dérouler des épreuves jeunes, XS et S sous un soleil magnifique mais avec un vent soutenu. Je croise quelques figures du triathlon français (Fred Belaubre et Charlotte Morelle , futurs champions de france).
Le site de l'épreuve est le stade nautique olympique de Gravelines, une piscine de 2300m de long par 130m de large, l'idéal pour la natation d'un triathlon. Le vélo se déroule dans la campagne de la côte d'Opale entre les départements du Nord et du Pas de Calais, sur 2 boucles de 90km. La course à pied se passe autour du plan d'eau sur 4 boucles de 10,5km.
Quand faut y aller
Couché de bonne heure mais pas endormi de suite, le réveil à 4h30 dimanche se passe bien. Petit déj spécial compèt, puis un coup de voiture pour être à 5h30 dans le PAV (Parc A Vélo) parmi les premiers arrivés. J'en profite pour regarder tous ces beaux vélos. Il n'y a quasiment que des CLM (Contre La Montre). Mon mulet fait un peu tâche au milieu de ces belles mécaniques. Mais comme le dit le proverbe : le beau vélo ne fait pas les beaux cuissots. En voyant les autres concurrents, je me demande pourquoi ont-ils l'air si méchants ? Est-ce une particularité liée à la distance, un abus d'Orangina ou bien une simple impression accentuée par la timidité du néophyte que je suis ? Je n'en sais trop rien .
La question qui affole le PAV pour l'instant est : Combi or not Combi ? À 6h20 la réponse officielle tombe avec les 23,4°C de l'eau. Ce sera combinaison, à la grande joie de tous. Tranquillement tout le monde s'habille et se dirige vers le plan d'eau pour s'échauffer sommairement. A 7h00, par 22°C et sous un ciel couvert le départ de cette épreuve XXL est donné au coup de pistolet par le Maire de Gravelines. En avant pour 3,8km de barbotage. Je me suis placé à l'extrême droite de la ligne afin d'éviter la machine à laver. Je trouve rapidement mon rythme de course mais, grâce aux flotteurs des lignes d'aviron, je réalise que je zigzague de trop. Je me cale sur 2 nageurs à ma droite et fais une partie de chemin aller avec eux. La bouée du demi-tour est enfin visible. Je vois quelques nageurs devant moi mais pas un gros peloton. Je me dis que je suis à cet instant pas loin de la tête de course. On contourne la bouée et c'est parti pour un retour aussi passionnant que l'aller. Respiration tous les 2 temps, essentiellement sur le bras droit (ce qui me vaut d'avoir quelques douleurs à l'épaule en sce début de semaine). Les flotteurs défilent, les mètres passent et arrive enfin la bouée finale à contourner pour rejoindre le ponton de sortie. 2 bénévoles m'aident à me relever. Un peu titubant, je trottine jusqu'au PAV. Le speaker m'annonce en 27ème position (sur 203 partants, relais inclus).
Chrono NAT : 1:04:46
Conclusion NAT : trop respirer du même côté n'est pas l'idéal, mon épaule droite l'apprend à ces dépends.
Ma transition se déroule dans le calme. Je prends le temps de manger et de m'hydrater ; je me chausse, ceinture, casque, lunettes (malgré le ciel toujours aussi menaçant) et roule bouboule. C'est parti pour une balade de 180km.
Chrono T1 : 0:03:04
Après l'eau, l'eau
La première moitié de boucle se passe idéalement bien. Je bois, je mange, un petit mot aux bénévoles … bref tout roule. Moyenne 33km/h. La partie "difficile" (parce que non plate avec seulement 200m d+ ce qui peut faire sourire les montagnards) passe sans encombre. Bien que me faisant régulièrement remonter par des CLM, j'attaque la fin de boucle avec une moyenne de 33,5km/h. C'est là que les choses deviennent marrantes. 70ème Km, reste 20 bornes pour finir le tour et le vent se lève … de face ! Pour l'instant c'est un peu pénalisant sur la moyenne mais ça se gère. Fin du tour, ravito, et ça repart avec le vent dans le dos sur une poignée de kilomètres. Le défilé des CLM continue ; je suggère un classement CLM et un classement mulet ! Un peu avant midi les premières gouttes font leur apparition. Rien de bien méchant mais le vent forcit un peu. 12h30, l'orage éclate, ça tourne au déluge de flotte, avec les bourrasques règlementaires. Par endroit, les routes sont totalement inondées. Pendant 30 minutes on joue les équilibristes avec plus ou moins de réussite. Perso, je m'en sors sans bobo. L'orage se calme pour laisser place à une pluie banale avec un vent raisonnable mais de face sur les 30 derniers kilomètres. Ma belle moyenne a volé en éclat et mon compteur affichera un triste 30,6km/h à l'arrivée. Dernière péripétie de cette partie, ma chute en descendant du vélo. Je glisse en posant le pied à terre. Rien de bien méchant mais ça réveille ma cheville droite tout juste remise de sa dernière entorse.
Chrono VELO : 5:52:44
Conclusion VELO : Les cuisses ont durcie après 120km (certes la météo n'a pas aidé) par manque de sortie au-delà de cette distance dans ma préparation (seulement 2).
Je pose le vélo et constate les dégâts : tout est trempé, mon restant de gâteau flotte dans ma boite mal refermée, les chaussettes pour la càp ont l'air de sortir de la machine à laver, mes chaussures pourraient servir de tasse … bref, tout va bien (j'ai vécu pire sur l'Origole). Il me reste une banane que je m'empresse de manger. Je m'assied pour enfiler mes chaussettes et chaussures trempées. Autour de moi, les mêmes visages dépités et marqués par l'effort. Certains jettent l'éponge malgré les encouragements de leurs coéquipiers. De mon côté j'ai froid. Je viens tout juste d'arrêter de grelotter et de claquer des dents. Trempé pour trempé, je garde mon maillot vélo sur moi et décide de me lancer dans un premier tour en me disant que l'on verra après. L'idée d'abandonner m'a largement éffleuré l'esprit.
Chrono T2 : 0:04:10
Et maintenant, on sèche
A l'attaque de ce premier tour, les raisons d'abandonner sont bien plus nombreuses et pertinentes que celles de poursuivre. Mais bon, je n'ai pas passé 6 mois à m'entrainer au détriment de ma famille pour ne pas finir. Alors on avance, doucement mais surement. Les premiers kilomètres me font mal au pied mais pas à la cheville fraichement tordue. Ils s'engourdissent comme si mes chaussures étaient trop serrées. Je m'arrête pour vérifier ça, mais non rien d'anormal du côté du laçage. Je reprend mon petit train et découvre cette boucle de 10,5km. Elle n'est pas très ludique et on enchaine les lignes droites de 2km le long du plan d'eau. Pour le moral, c'est pas le top. Je boucle mon premier tour en 1h ; conformément à mon objectif. Reste à tenir. Et c'est bien là la difficulté. Cette petite moyenne que je tiens d'habitude sur cette distance va s'avérer irréalisable à la suite des 180km d'aquabiking. Autour du 14ème km je sens mes cuisses durcir d'avantage. J'opte pour la solution "économie" et je me mets à marcher. Je reprend au petit trot et remarche de nouveau. Je vais alterner marche et trot jusqu'au 32ème kilomètre. Je ne m'intéresse plus à ma moyenne depuis un bout de temps. Seul objectif durant cette longue période : avancer pour finir. Côté météo, le vent est tombé durant le 1er tour, le soleil est revenu durant le deuxième tour nous rappelant que la canicule n'était pas si loin. Au troisième tour le soleil est reparti et le vent revenu. A 2 reprises ma casquette s'est envolée. Après ce 32ème kilomètre, je retrouve un semblant de physique et arrive à tenir mon rythme footing. Que dit le chrono ? On approche des 11h de course et il me reste un peine 10km à faire. Une chose est sûre c'est que j'irais au bout. Alors optons pour l'objectif n°2 : finir sous les 12h. Mon petit rythme me permet d'accrocher un 10km/h inespéré et c'est sur ce rythme que je franchis la ligne d'arrivée en 11:53:14.
Chrono CAP : 4:48:32
Conclusion CAP : Il n'est pas faux de dire que sur un IM, un néophyte met entre 20 et 30% de plus au marathon que son temps de référence (3h45 me concernant).
Bilan, coté positif
Me voilà finisher d'un triathlon XXL , 226 ou Ironman selon l'appellation choisie par l'organisateur. J'en ai chié (au figuré, pour d'autres ce fût au propre… je passe les détails), j'ai pensé abandonner, aujourd'hui j'ai de bonnes courbatures, je n'ai pas particulièrement pris de plaisir (la météo y est pour quelquechose, les paysage monotones et les désespérantes lignes droites aussi) ; mais je suis allé au bout. Fort de cela, je sais quels sont les faiblesses de mon entrainement et ce que je peux raisonnablement envisager pour la suite. Ces quelques heures d'effort permettent aussi d'en apprendre sur soi, et en cela c'est une bonne expérience.
Bilan, côté négatif
Le chrono en lui-même est une déception. Mon scénario optimiste m'amenais à imaginer un chrono de 10h40. C'était en prenant mes meilleures moyennes dans toutes les disciplines sur des distances proches mais inférieures et jamais enchaînées. Le scénario pessimiste m'amenait à 11h52. Mais là encore je négligeais le temps du marathon (4h20 dans ce scénario). Faire un marathon, bien que chose commune n'est pas si simple et le faire après 180km (contre les éléments climatiques) est encore d'un autre niveau. Je reviendrais sur la distance XXL, mais pas tout de suite. Les efforts des formats M et surtout L me conviennent mieux.
Et demain
L'Evergreen, ce sera donc pour dans quelques années, quand j'aurais appris à passer des cols (amis montagnards je vous écoute). Il en va de même pour l'Altriman ou Embrun. Avant cela je pense que je serais passé par l'Ironcorsair de St Malo si il a bien lieu mais peut-être pas dès l'année prochaine.
6 commentaires
Commentaire de benlacrampe posté le 08-07-2015 à 10:34:41
Félicitations et j'ai bien aimé lire comme ça les coulisses d'un Iron Man.
Je n'y connais rien au tri mais qq remarques :
*pour une première réussie, il ne peut pas y avoir de déception
*moi aussi j'ai toujours trouvé que les triathlètes avaient l'air méchant :o)
*le vent de face à vélo, c'est le D+ des ch'tis !!! :o)
*ne reste pas sur l'idée du parcours vélo lassant volontairement du côté Nord, il y aurait eu de très belles choses à faire à proximité du côté Pas de Calais vers les 2 caps et le boulonnais.
*et vive les vélos mulets !
Commentaire de Baboon posté le 08-07-2015 à 11:25:16
La déception est toute relative et vient du manque de plaisir et de cet objectif de 11h que j'avais en tête. Sur les autres triathlon que je fais dans des formats plus court (L ou 1/2 IM), je ne me mets pas souvent d'objectif chrono et prend plus de plaisir. A méditer pour mon prochain IM.
Je confirme que le vent est le d+ du nord.
Je suis convaincu qu'il doit y avoir de très beau coin dans le nord ... mais le parcours vélo ne nous y a pas fait passé. Dommage, car c'est souvent un moyen sympa de découvrir une région.
Quoi qu'il arrive, ton mulet t'emmènera au bout ... Vive les mulets, mais j'aimerai bien m'offrir un beau CLM tout de même
Commentaire de Japhy posté le 08-07-2015 à 18:28:30
Mais ça existe vraiment un bassin de 2300 m ? Waouh !
C'est plutôt très bien pour un premier IM non?
Commentaire de Baboon posté le 09-07-2015 à 06:42:25
Oui Japhy, il s'agit d'un stade nautique olympique d'aviron.
http://www.lepaarc.com/Decouvrez-le-PAarc
Commentaire de augustin posté le 10-07-2015 à 16:06:59
Sympa ce récit d'IM, ces courses ou l'esprit famille règne (vs IM officiels surpeuplés) sont plus agréables.
Je suis convaincu que vous valez mieux en chrono, ne serait ce que sur marathon (jamais entendu parler des +20 ou +30%) surtout vu les kilométrages realizes en 6 mois (j'ai fait des IM en 2005-2006-2007 sans ces km d'entrainement!)
La météo joue beaucoup aussi, là vous avez pas eu de bol !!!
bonne récup!
Commentaire de Berty09 posté le 14-07-2015 à 21:21:05
Merci pour le récit. Tout n'a pas marché comme prévu mais t'as bien serré les dents, bravo!
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