L'auteur : Fabien Super Basket
La course : Marathon de la Liberté
Date : 14/6/2015
Lieu : Courseulles Sur Mer (Calvados)
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Distance : 42.195km
Objectif : Terminer
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Voici donc le récit de mon deuxième marathon. J’ai tenté l’aventure en 2014 sur cette même course et j’ai échoué à 1200m de l’arrivée. Pour comprendre ma course et mes motivations, il vaut mieux lire d’abord mon récit de l’édition 2014.
J’ai donc 51 ans, j’ai couru plusieurs trails et deux semi cette année sur lesquels j’ai amélioré mes perfs : celui de St Denis (93) en 1h38 et celui de St witz (95) en 1h39. Ce dernier est assez costaud avec 400m de dénivelé.
Mon objectif cette année reste le même que l’année dernière : approcher les 3h30 en tenant le plus longtemps possible la moyenne de 4’55 à 5’ au km. J’ai longtemps et jusqu’au dernier moment hésité avec une deuxième stratégie : partir sur 3h45 pour finir plus sûrement. Mais je reste persuadé que mon principal souci avait été l’alimentation l’an passé. Donc même stratégie : je suis les meneurs d’allure en 3H30, mais cette fois, je mange à chaque ravito jusqu’au 25e ou 30e km.
Mon plan d’entraînement à été chaotique : voulant commencer 12 semaines avant, j’ai perdu 15 jours après m’être blessé au genou en bricolant (épanchement de synovie), une angine carabinée m’a fait perdre encore une semaine il y a un mois. Encore cette année, j’ai couru le trail des Aubins (19km) en guise de "semi de test" : un bon moyen de comparer ma forme à celle de l’an passé : mon temps était moins bon. Pour couronner le tout, une petite tendinite s’installe au talon d’Achille gauche qui si elle parlait, me dirait "je vais te faire chi.r, tu vas voir"…
Voici donc de nouveau venu le jour J : après 4h de sommeil et 4h à tourner dans mon lit en hésitant entre la stratégie 3h30 ou 3h45, levé à 6h15 puis petit déjeuner de professionnels : tranches de gatosport maison trempé dans un bol de thé et un jus de grenade.
Le temps est normand : couvert et frais. Nous sommes quatre amis de notre association, Les Baskets de Seugy, à participer cette année : un dont c’est le premier marathon avec un objectif de 4H, les deux autres reviennent de blessures et feront la course en "touristes" autour de 3h45. Si je sèche sur la fin, j’aurai peut-être leur support.
9h20, c’est parti : toujours mon smartphone et l’application Endomondo pour m’indiquer mon temps chaque kilomètre, je lance le chrono sur la ligne de départ. Les meneurs d’allure 3h30 sont 200m devant, je vais garder cette distance pour éviter les embouteillages aux ravitaillements.
Cette année, j’ai décidé de ne pas me dissiper : pas de grosse blague aux majorettes, pas de conversation aux marathoniennes, je consacrerai toute mon énergie à la course, les yeux rivés sur les drapeaux 3h30 qui flottent 200m devant moi.
Les sensations sur les premiers kilomètres sont mitigées : ma tendinite me chatouille, mais j’ai l’habitude, ça va chauffer. L’estomac est un peu chargé avec les 500g de gatosport et les litres de liquides ingurgités.
Premier ravito au 5e km, c’est parti pour la demi banane et les 25cl d’eau réglementaire. Même si je n’ai absolument pas faim. J’ai testé durant l’entraînement la banane ou les raisins secs : la première est plus facile à avaler, les deuxièmes plus faciles à digérer. J’ai voté pour le N°1.
Au 7e km, à St Aubin, les majorettes mettent l’ambiance : bon allez, un petit signe du pouce pour les encourager.
Au 10e Luc-sur-Mer où j’ai passé ma courte nuit : deuxième ravito, deuxième demi banane, deuxième bouteille d’eau. Puis c’est la petite ligne droite jusque Lion-sur-Mer : un léger vent d’ouest nous souffle dans le dos. Je fais une pause pipi avant d’entrer dans Lyon car la course devient urbaine sur 9km jusqu’à la sortie de Ouistreham. Mais comment font les marathoniennes : elles boivent moins ?
Je repars après ma pause de 30s, les drapeaux 3h30 se sont bien éloignés : je vais allonger tranquillement la foulée pour revenir. Je traverse Lion et ces trois kms autour de 4’45. Me revoilà 200m derrière les meneurs d’allure. Je retrouve la charmante marathonienne des premiers kms, aux épaules de nageuses, le dos droit comme un I et la foulée hyper régulière.
Bon… je me concentre sur mes sensations : l’estomac est mieux mais ma tendinite au talon d’Achille gauche est bien présente. Aïe, avec un premier marathon abandonné sur malaise au 41e, si le deuxième se termine sur blessure et indigestion de bananes : va falloir que je me mette définitivement à la pétanque…
Allez, 19e km, on applaudit un gamin de 7/8 ans qui joue de la trompette pour nous sur le bord du trottoir à Ouistreham. L’année dernière, un autre jouait de la flûte traversière : Une ville de musiciens en herbe ?
Voici les 7 kms de canal, une longue ligne droite avant le début des hostilités : car ce marathon commence vraiment au 26e km quand on rentre dans les terres pour monter jusqu’au 37e km.
Je passe le semi en 1h44, comme l’année dernière. L’année dernière j’étais super bien à ce moment. Aujourd’hui, j’ai ma tendinite à gauche et une légère contraction derrière la cuisse droite, sans doute à force de compenser : le moral en prend un coup.
Passage à Pégasus autour du 24e km, comme l’an passé, une foule nombreuse nous supporte sur 400m puis de nouveau le calme du chemin le long du canal.
Le ravito du 25e km, je prends ma demi banane et ma bouteille d’eau. Je mange et je balance ma peau de banane dans les grandes poubelles : 5/5 en visée de peau de banane, je suis près pour la pétanque... Je m’asperge les mollets avec le fond de la bouteille d’eau, à défaut de glaçage : ça tire.
On quitte le canal, passage au dessus de la quatre voies et rentrée dans Blainville-sur-Orne : petite côte, les hostilités commencent. Sur les deux kms qui précèdent Biéville, j’ai toujours les drapeaux 3h30 qui flottent 200m devant, pas mal de concurrents se font lâcher. Je double, je double et ça fait du bien au moral.
On attaque les petites côtes dévastatrices du 30e au 37e. J’ai lâché ici l’an dernier, avec les premiers signes de grosse fatigue au 30e et plus rien dans les baskets au 35e : peur de la récidive. Je bois la moitié de ma bouteille au ravitaillement, le reste sur les jambes : j’ai mal partout mais j’ai encore du jus. Je relâche l’allure : pas la peine d’exploser dans les montés. Les meneurs 3h30 vont s’éloigner doucement, je le sais.
Ravitaillement du 35e km à Mathieu, j’ai tenu entre 5’10 et 5’20 toute la montée, l’année dernière j’étais HS ici même. Je n’ai pas faim ni soif, les jambes sont carbonisées mais c’est bon, pas de mur du marathon… pour l'instant. Une bouteille de flotte, je bois, j’arrose mes mollets, on continue.
La dernière montée qui se termine à la sortie du Mesnil : le chrono égraine les temps tous les km, 5’28 au 36e, mais qu’est ce que je fais ici ? J’ai mal partout, je suis crevé, le marathon est vraiment un truc de malade ! La petite descente avant Cambes-en Plaine, 5’15 au 37e, je n’arrive plus à allonger ma foulée, j’ai les jambes en béton.
Dans le village même musique d’outre-tombe que l’an passé, renvoyée par le mur d’une grande battisse : une chanteuse massacre "Marcia baila" dans les enceintes saturées. Je lève le pouce pour dire merci. Ça va : l’année dernière j’en aurais été incapable.
38e et 39e, j’ai peur de la défaillance, c'est dur, rappelle toi il y a un an…Je trottine, ne pas marcher, mon temps s’écroule 5’50.
40e, ravitaillement, je bois, c’est trop dur, tant pis, je marche 200m, pas le moment de déconner. J’ai fait ça aussi l’an dernier, puis le malaise au 41e en essayant de repartir. Pas deux fois tout de même ! Allez, je repars en trottinant, pas de connerie Fabien, reste là.
41e km, 6’47, le carrefour, l’endroit ou je me suis couché dans l’herbe sur le bord, les secours, la prise de tension, l’ambulance : c’est bon, ce coup là, 1200m et t'es arrivé, je trottine. C’est plus des jambes, c’est des bûches. Dernier virage, dernière ligne droite, mais c’est où l’arrivée, bordel ! 42e km, 5’59, ça descend un peu, cool. Je vois du monde en bas, ça applaudit.
Encore 100m, un gars me tape sur l’épaule : « hé Fabien, ça va ? »…
Oui ça va, je vois le chrono 3h38, pas si mal. Je passe la ligne avec Chris qui m’a rejoint sur l’arrivée, frais comme s’il revenait d’un footing avec ses gosses.
Je n’ai pas si faim, mais je mérite bien un petit tour au stand gastronomique, savourer une spécialité locale sous le mur du mémorial de Caen.
Je suis enfin marathonien.
6 commentaires
Commentaire de bubulle posté le 15-06-2015 à 17:37:34
Y'a de la qualité et du potentiel..:-). Bon, 3h38 à Caen, ça vaut un poil plus que 3h30 sur un marathon plat.
Tu as pu gérer la nécessaire baisse de régime d'un troisième tiers toujours difficile, surtout sur ce parcours, c'est un bon signe, ça.
Il reste au besoin à cibler plus précisément l'objectif (peut-être 3h30 était-il un poil amitieux, quand même), rechercher un marathon plus roulant (je vais encore recommander le Seine-Eure....ou alors Toulouse, avec par contre dans ce dernier cas l'aléas du vent possible)....et les 3h30 sont à ta portée.
Bravo pour ce joli CR d'un bien joli marathon, que j'avais bien apprécié
Commentaire de Overnight posté le 15-06-2015 à 18:51:38
Je me souviens avoir lu ton CR l'an passé qui m avait bien fait flippé prévoyant moi aussi la 1ere tentative :D.
Très content que tu aies pu aller au bout finalement dans de plutôt bonnes conditions cette fois :).
3h38 avec une prepa compliquée y a de quoi être confiant pour l avenir :)
Commentaire de Bacchus posté le 15-06-2015 à 21:33:10
Bravo pour cette belle perf malgré une préparation chaotique.
Le marathon de Caen c'est pas le plus facile avec ce dernier tier montant
Commentaire de scrouss posté le 16-06-2015 à 22:36:01
Félicitations. C'est toujours chouette d'arriver au bout et merci de partager cette émotion. Je me referai Seine et Eure en 2015 car c'est vraiment le meilleur pour faire un temps et battre son record (ce que j'ai échoué à faire l'an dernier...)
Bonne chance pour tous les prochains marathons
Commentaire de francois 91410 posté le 19-06-2015 à 20:46:10
bravo ! ce coup ci c'est dans la poche !
ton premier tiers était un poil too fast, surtout avec ce parcours. Enfin ... pour une première marque, c'est beau
bonne récup ;-)
Commentaire de Fabien Super Basket posté le 29-06-2015 à 10:12:01
Merci pour vos commentaires,
il faudra que je tente les 3h30 sur un marathon plus plat et avec, cette fois ci, un entrainement parfait : je passerai à 4 sorties par semaine avec du fractionné, ce que je n'ai pas fait jusqu'ici.
J'avoue avoir tout de même pas mal relâché sur Caen sur les quatre derniers km : entre finir sans risque et puiser encore et encore, vu ma course de l'an dernier, j'ai joué la prudence.
Pour le moment, je suis en arrêt complet : seul moyen de soigner ma tendinite au talon d'Achile qui revient au moindre footing.
Le marathon de Seine et Eure est, en effet, bien tentant et pas trop loin de chez moi (Val d'Oise). Par contre, 18 octobre, c'est trop rapproché, avec une prépa qui commencerait en Août. Peut-être un marathon "touristique", au printemps, dans une capitale Européene avec mon association des Baskets de Seugy...
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