Récit de la course : Le Grand Raid de la Réunion : La Diagonale des Fous 2014, par laurent974

L'auteur : laurent974

La course : Le Grand Raid de la Réunion : La Diagonale des Fous

Date : 23/10/2014

Lieu : St Philippe (Réunion)

Affichage : 2460 vues

Distance : 172km

Matos : chaussures HOKA STINSON ATM :
Une merveille
Sac LAFUMA Speetrail : un cauchemar !

Objectif : Terminer

12 commentaires

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Ma 1ere expérience : des erreurs et du bonheur

Bonjour à tous.

A la lecture des récits du GRR2014 qui m'ont ému, je ne peux m'empêcher de raconter ma propre histoire.

Installé depuis 3 ans à la Réunion, mais très pris par mon travail, je ne m'étais jamais interessé au trail, ni au sport en général. Et puis, il y a 1 an tout juste, le cap délicat de la quarantaine... Il y a eu cette décision de faire un régime et un peu d'endurance; une première course de 32 kms où j'ai terriblement souffert. Mais c'est là que j'ai attrapé le virus...

Le 1er janvier 2014, (jour des résolutions stupides), bien que totalement novice, je prends la décision inconsidérée de courir la Diagonale des Fous, dix mois plus tard. Et je me prépare le plus sérieusement possible, enchainant séances VMA, seuil, recos, stages en tous genres, alimentation stricte... Je veux me donner les moyens de mes ambitions : finir cette course sans me détruire.

1 mois avant le départ, les médias locaux  en parlent de plus en plus. Je ne pense plus qu'à ça, la tension monte jusqu'au jour J. Ma femme et mes enfants sont là. J'entre de très bonne heure dans le sas pour être bien placé au départ. L'attente des dernières heures, assis par terre, sera très longue.

Peu avant le départ, ils ouvrent le sas, et c'est la cohue. Je cours pour conserver mon placement, et la catastrophe commence : mon sac était mal fermé, toutes mes affaires tombent à terre. Tout le monde marche dessus. Lunettes écrasées. C'est la panique, Je récupère tant bien que mal ce que je peux, un spectateur m'aide à refaire le sac, j'essaie de me calmer... 

Le décompte, jusqu'à 22h30 : Ca y est, nous sommes 2300 fous lâchés dans la nature. Tous très bien entraînés et ultra-motivés, et pourtant, près de la moitié n'arriveront pas au bout du voyage. 25.000 spectateurs, un feu d'artifice : la scène est magique. Je filme avec ma GOPRO toute neuve. Mais au bout de quelques secondes, je me fais bousculer, elle m'échappe, et finit écrasée comme les lunettes. Je ne peux pas la récupérer, je continue, et quelques centaines de mètres plus loin, je sens ma veste et ma polaire, qui tombent du sac; je stoppe, c'est un vrai cauchemar.

J'ai l'impression que tout mon rêve s'effondre. Les gens autour de moi sont en liesse. Moi je suis en panique, je pleure, je me fais bousculer par la masse des coureurs. J'espère un instant que je fais un mauvais rêve, je me pince, et puis je me dis que je vais abandonner là...J'ai gâché 1 année... Et puis non. NON !!! pas question !!! J'accroche ma veste autour de la taille, et je recommence à courir, en me forçant à ne plus penser à rien. Le système de porte-gourdes de mon sac à scratchs est aussi une calamité : les gourdes trop lourdes se déscratchent et pendent le long de mes hanches. C'est sûr : L'idée d'acheter ce sac LAFUMA la veille du départ sans l'essayer, aura été THE énorme erreur.

Toute la montée vers Domaine Vidot sera vraiment pénible. Je me refais le mauvais film en boucle. J'ai déjà gaspillé beaucoup d'énergie en stress. Mon cardio vibre sans cesse, pour me rappeler que je dépasse les 160 bpm. Ca ne va pas du tout. Comment je vais pouvoir tenir 172 kms comme ça ???

Et pourtant, je ne veux rien lâcher. Je trouve peu à peu mon rythme, et je me détends. Mais la météo change brusquement : Au Piton Sec, et surtout au Textor, le temps est glacial, pluie, vent froid, je suis congelé, et la progression dans la plaine des Cafres se fait en mode "dans ma bulle, isolé du monde extérieur". J'essaie de me persuader que je suis confortablement installé au coin d'un bon feu de cheminée. Heureusement que j'ai pu rattraper mes affaires chaudes sur le départ, sinon, j'aurais été bon pour une hypothermie !

A Mare à Boue, je suis trempé jusqu'aux os, et comme tous les autres, pas joli à voir. Heureusement, mon équipe a mis en place une assistance qui va se révéler salvatrice : café et gateaux dans un bus chauffé, affaires sèches, quel luxe ! Le jour s'est levé, le temps s'améliore très légèrement. Je sens que la montée vers Coteau Kerveguen sera moins désagréable. Je connais bien ce chemin. La 1ere fois, il m'avait paru très dur et interminable, mais quand on connaît, ça parait vraiment plus facile. J'accélère le pas.

Encore plus flagrant dans la descente vers Cilaos : je cours, je saute de pierre en pierre comme un cabri, je suis à l'aise là où d'autres semblent à la peine. (Même si je dois toujours tenir mes gourdes contre ma poitrine pour ne pas qu'elles tombent !)

J'arrive à Cilaos à 10h00. Ma famille et mon équipe m'attendent. Je me pose 35' : douche, massage (merci Sonia), ravito. je récupère bien , mais on a pas le droit de changer de sac ! Il faudra que je soutienne mes maudites gourdes, comme on porte sa croix, jusqu'au bout ! Mais il fait beau, il y a un public chaleureux en nombre, que demander de plus ? 

J'enchaine avec le Bloc et la montée en lacets vers le gîte du Piton des Neiges, bien longue celle-là ! Là-haut, je me pose avec les bénévoles : je suis bien, comme quand on prend un café au soleil, au sommet d'un domaine skiable. Pour la 1ere fois, je demande mon classement : 146eme ! Comment est-ce possible ? j'ai du mal à y croire.

La descente du Cap Anglais n'est pas facile au début : trop de pierres dans le chemin, on ne sait pas comment poser les pieds : Il faut faire très attention à l'entorse. Je rejoins un Corse avec qui je reste un bon moment. On progresse bien vers Bélouve en courant à allure modérée, tout en discutant, c'est agréable. Pourtant, beaucoup d'autres coureurs vivront ce tronçon comme un enfer.

Peu avant Bélouve, 2 coureurs nous dépassent rapidement, et le Corse, qui faiblit un peu, me dit de les suivre si je veux. C'est à cet instant précis que j'ai un déclic, et que le but de cette course va changer pour moi;  La 1ere fois que je vais avoir un objectif plus ambitieux que de simplement finir. Je me dis "oui, je peux les suivre", et c'est ce que je fais. Et là, soudainement, ça va très vite ! J'arrive à Bélouve 130eme, je ne m'arrête pas, je sprinte vers Hellbourg ou j'arrive 103eme en 16h ! Je double tout le monde, je suis en état de grâce. Mais seulement à Mi-course...85 kms.

Mon téléphone commence à s'affoler. Des SMS. Ma famille et mes amis voient ma progression sur le Net et s'emballent. Ma femme a peur que je me grille. C'est vrai que je rentre dans un monde inconnu pour moi : celui du véritable ultra. Je ne sais pas du tout comment je vais réagir au-delà de 20 h de course.

Pourtant, en état de légère exaltation, je ne m'économise plus.  Passé un court instant auprès de mon équipe, je monte encore à mon maximum vers la Plaine des Merles ou je passe à la 80eme position.

Redescente dans Mafate vers Marla, toujours au pas de course. La nuit tombe. J'avais prévu de dormir sur ce poste, mais il n'est que 19h, je n'ai pas sommeil. Je continue seul, sur un chemin que je connais bien. A Trois Roches, je pointe 69e, mais les premiers signes de fatigue apparaissent. Je fais l'erreur de mettre un pied dans l'eau en traversant la rivière.

Aïe, ceci me vaudra rapidement une crevasse à la plante du pied, que je ferai strapper à Roche Plate par 5 infirmières pour moi tout seul !!! Il est 21h00, C'est l'heure de l'apéro, et il y a une grosse ambiance sur ce ravito. Le soutien est énorme. Je repars vers la Brèche, mais là, ça y est : le sommeil prend le dessus très rapidement.

En attaquant le "mur" du Maïdo, j'ai un énorme coup de barre. J'en suis à 24h de course. Je titube, j'ai des vertiges, je zigzague, je suis obligé de m'arrêter et de m'assoir à plusieurs reprises. Mais presque aussitôt, je vois des faisceaux qui se rapprochent. Le fait d'être rattrapé me fait honte, et je m'oblige à me relever et à repartir à l'assaut de cette pente. Je suis à l'arrache, il y a le vide sur ma droite, et je sens le danger... 

Ca fait maintenant 1h30 que je lutte, et je finis par renoncer. Je m'assois contre un rocher, j'éteinds ma lampe, je regarde les étoiles, je ferme doucement les yeux. Voilà, j'y suis : j'ai atteint toutes mes limites physiques... Il va falloir faire appel à autre chose pour continuer à avancer...Mais quoi ? Ou plutôt "Mais qui ?" C'est un autre concurrent qui me rejoint, me force à me relever , et me dit qu'on va aller en haut ensemble, on est tout près du sommet !

30 minutes de dépassement de soi plus tard, nous y parvenons, à 23h00, au moment où François d'Haene franchit la ligne d'arrivée. Pour la victoire, c'est donc fichu ;-) Il fait froid, il bruine et il y a du vent, génial ! Il me reste 50 kms à faire, et je suis (très) entamé. Il faut que je m'arrête dormir. Un bénévole me propose un lit de camp dans la tente, mais avec le froid et les douleurs, ce sera 30 mn de somnolence plutôt que de vrai sommeil.
Et pourtant ! Ce peu de repos sera réparateur. Je repars seul dans la nuit pour la longue descente vers Sans Souci, avec des hallucinations certes, mais ça va mieux.  Quand même : Les arbustes qui se tranforment en spectateurs et les pierres en chiens, au début, ça surprend !

3 h du matin à Sans Souci, des crêpes, miam, ça change des barres énergétiques ! Stade Halte-là, non merci, je ne m'arrête pas.

Et à 5h00, chemin Ratineau, je réveille ma femme pour lui dire que notre RDV à Ecole Possession est très avancé ! Il faut qu'elle se sorte du lit, maintenant ! A ce moment-là, je suis 55eme.

J'arrive à l'Ecole de Possession en forme. Je sprinte vers ma femme, mon équipe, et les spectateurs pour faire un peu le cake. Je ne m'arrête pas trop longtemps. Ma chérie m'a cuisiné un plat, mais je n'y touche pas (désolé mon amour). Je n'ai pas faim. Je veux y aller ! je veux en finir !

Et je sais parfaitement que la fin sera dure. Je la connais bien. Le fameux chemin des Anglais, heureusement que je le passe en matinée, avant les grosses chaleurs. Mais la descente vers la Grande Chaloupe est un calvaire. Le chemin est encore plus défoncé que dans mes souvenirs.

C'est en arrivant à St-Bernard, à 6kms du but, que mes quadriceps vont me trahir. J'ai trop poussé dans la dernière montée. Je n'ai plus rien dans les jambes à part de la douleur. Je ne peux plus courir, j'arrive à peine à trottiner sur le plat. Malgré ça, 53eme au Colorado. Mais je suis cuit, lessivé. Un collègue est là pour me soutenir et il m'accompagne sur quelques mètres.

Dernière descente : je déteste la fin de ce parcours . C'est probablement l'une des plus pénibles de la Réunion. Une heure de casse-pattes comme pas permis ! Sous une chaleur accablante de surcroît. Impossible d'imprimer un rythme... Je laisse repasser quelques coureurs, un peu résigné. De toutes façons, je n'y suis plus. Pour moi, la partie est finie.

J'arrive finalement samedi à 11h12, 57eme des 1147 "survivants", 17eme V1H, en 36h42mn.

La famille et quelques amis sont là. Assez incrédules sur mon temps et mon classement, et moi aussi d'ailleurs. 

Je suis bien fatigué, mais pas blessé. J'avais prévu de chaudes larmes, mais finalement, non... Je ne suis pas plus ému que ça; J'ai le sentiment d'avoir fait le boulot, c'est tout.

Pendant des jours et des semaines, ce sera des félicitations de toutes parts. Les gens me regardent différemment, réellement admiratifs, comme si j'avais accompli un exploit (il faut dire que cette course est considérée comme telle à la Réunion)

Et moi, je n'ai pas encore compris comment j'ai pu réaliser une telle perf.

Enfin si, j'ai compris en grande partie : Ma femme et mes 2 bouts de choux qui ont joué si efficacement les assistants, comme sur un paddock de formule 1 !  L'équipe, les proches, les bénévoles, le public tout du long... Tous ont été formidables. Sans eux, ce résultat n'existe pas.

C'est tout simplement inoubliable. J'aurai du mal à redescendre de mon nuage, et les yeux vitreux quand j'y repense...


Allez, une petite vidéo d'une reco à Mare à Boue, 3 semaines avant. Il faisait meilleur ce jour-là !

C'était un essai en vue d'un film que je voulais faire sur la course. Malheureusement, plus de caméra...

 

12 commentaires

Commentaire de ejouvin posté le 14-11-2014 à 09:20:57

Ah oui, vu comme ça, c'est facile.
Bon bah tu dois avoir de sacrées qualités en tout cas, et certainement pas mal de randonnées dans le coin, parce que quand même, quel classement après un an de pratique.

Commentaire de Hockeyeur posté le 14-11-2014 à 11:05:54

Une formalité visiblement ^^
Un grand bravo à toi en tout cas.
Je reste un peu sur le cul à vrai dire ...

Commentaire de __icecool__ posté le 14-11-2014 à 13:11:22

oooookaaaaaay !
"jamais trop intéressé au sport" !? Et bien, qu'est-ce que ça aurait été sinon !
Bravo pour cette énorme perf.
Et condoléances pour les affaires piétinées au départ. Ca fait sourire quand on lit ton compte-rendu mais ça doit être affreux pour le moral quand ça t'arrive.
Ca a bien dû te coûter encore quelques places ;-))
Encore bravo

Commentaire de crazy_french posté le 14-11-2014 à 13:43:18

Au début du CR, je me suis dit la loose totale, pas de chance ou plutôt quel manque de préparation..
Après, je me suis dit, à Cilaos, il a quand même 15' d'avance sur moi, il va exploser c'est pas possible !!!
Et puis au fil des kilomètres, l'avance s'accentue, la machine ne se crippe pas... impressionnant.
Je retiens quand même que la connaissance du parcours est fondamentale pour réussir et que - de 40h00 de course permet de limiter le temps de sommeil et d'éviter les fortes chaleurs...
Bravo à toi, la course que j'aurais voulu faire.

Commentaire de razyek posté le 14-11-2014 à 16:43:01

Il est énorme ce récit, ça débute comme dans un film de Pierre Richard, sérieux je me suis dis "c'est quoi ce rigolo qui s'aligne sur cette course de dingue", franchement partir avec un sac à dos non testé .....non mais allo quoi (RIP nabilla ^^).
Et puis ça se termine comme dans un film de super héros, ne manque plus que la cape....
Très très fort, bravo pour cette superbe perf!!!

Commentaire de zinzinreporter posté le 14-11-2014 à 18:07:28

T'es vraiment un amateur...avec le niveau d'un pro ! Quelle idée de partir avec un sac acheté la veille ! Au début, je me suis dit :" pas possible de se mettre dans une galère pareille ! Il va se battre avec les barrières le gars". Et puis, à Cilaos, t'as déjà 30 minutes d'avance sur moi puis une bonne 1/2 journée à l'arrivée. Comme quoi, l'habit ne fait pas le moine. T'es un monstre et tu ne les sais pas encore. Tant mieux, ton CR n'en est que plus frais à lire. Immense bravo à toi...et à tes pieds ;-)

Commentaire de laurent974 posté le 15-09-2015 à 20:47:52

Eh bien zinzinreporter, je viens de voir ton film UTMB 2015, qui est magnifiquement réalisé. Et les moments qui ont précédé ton abandon m'ont carrément fait monter les larmes. Je devais être pas loin devant toi quand j'ai aussi connu un 1er moment de moins bien aux Contamines, et puis un véritable coup de bambou juste après les Chapieux. Ma décision a été la suivante : s'allonger dans un fossé à la Ville des Glaciers et fermer les yeux, sans mettre de réveil. Ces 20 minutes de "coma" m'ont probablement évité un abandon proche, la machine est repartie petit à petit pour finir, même si un second dodo à Champeix a été indispensable. Bien plus que pour le Grand Raid 2014, mon second ultra a donc été placé sous le signe de la gestion du sommeil. Zinizinreporter : Tu n'est pas mort, simplement, ton corps enregistre la fatigue bien avant ton cerveau et tu paies cash ton manque d'économie de course (départ très rapide, filmer, interviews, etc...). J'avais acheté la GOPRO, je rêve de faire ce genre de film, mais au dernier moment, j'ai renoncé à cause de ça.

Commentaire de Overnight posté le 14-11-2014 à 23:00:49

C Pô juste! :D.
Non mais c'est quoi ce récit c'est pas sérieux ça :)! Juste bravo et puis bah... incroyable quoi :D

Commentaire de lapuce92 posté le 15-11-2014 à 07:19:06

J'adore comme ça semble "facile" à te lire. Et quelle perf au bout, c'est énorme, bravo!!

Commentaire de zinzinreporter posté le 15-11-2014 à 10:23:00

T'es vraiment un amateur...avec le niveau d'un pro ! Quelle idée de partir avec un sac acheté la veille ! Au début, je me suis dit :" pas possible de se mettre dans une galère pareille ! Il va se battre avec les barrières le gars". Et puis, à Cilaos, t'as déjà 30 minutes d'avance sur moi puis une bonne 1/2 journée à l'arrivée. Comme quoi, l'habit ne fait pas le moine. T'es un monstre et tu ne les sais pas encore. Tant mieux, ton CR n'en est que plus frais à lire. Immense bravo à toi...et à tes pieds ;-)

Commentaire de Bacchus posté le 15-11-2014 à 20:24:22

Bravo pour cette course rondement menée.
En fait tu as un très bon niveau et tu ne le savais pas, le sérieux de l'entrainement y est peut être aussi pour quelque chose. Encore bravo !

Commentaire de cappa posté le 03-12-2014 à 10:56:10

He oui, un débutant avec un gros, gros moteur. Quel gâchis toutes ces années sans sport ;o)
un immense bravo !

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