Septième épreuve du challenge Défi Sud Trail's, me voici parti aujourd'hui à l'assaut des montagnes Catalanes. Je fais les comptes et me remotive pour accrocher le podium V1 du challenge. Je dois finir au moins 5ème de la course pour pouvoir espérer y inscrire mon nom. Je marche aux défis et malgré mes derniers résultats plutôt entre la 10ème et la 15ème place, je veux y croire. Les dernières séances d'entraînement sont encourageantes, alors c'est décidé, cette course je ne serai pas raisonnable. Ca passe ou ça casse. C'est le moment.

    Il est 5 heures, Foix ne s'éveille pas. Ca n'empêche pas deux valeureux Ariégeois, baskets aux pieds, de s'embarquer pour l'aventure. Daniel et Berty filent vers Nyer, joli village des P-O. Le site est comme on pouvait l'espérer. Accueillant, atypique, avec une tendance au relief prononcé! Accueil au château, retrait des dossards et c'est parti pour un p'tit échauffement dans les ruelles du village. On en profite pour repérer le sentier du début de course. Ok, c'est vu. C'est roulant 20m puis ça monte et ça n'a pas l'air de s'arrêter de si tôt. Course montagne aujourd'hui. 1800m de dénivellé pour 22km au programme.

A l'échauffement avec Daniel

     130 au départ. Je ne fais pas le malin et me concentre sur l'épreuve qui m'attend. Je sais que ça va être dur, je sais aussi que personne ne m'a obligé à venir. Petit moment de doute, allez, lâche le ton coup de feu. Au moins une fois que c'est parti, ya plus à réfléchir. On descend du village comme une bande de gamins qui part faire un mauvais coup. On rigolerait presque si on ne savait pas ce qui nous attendait. A peine le temps de se dégourdir les jambes qu'on attaque déjà la montée.

Première montée sévère depuis Nyer

     Fidèle à mes ambitions, je remonte rapidement de la 10ème place à la 7ème pour le début de l'ascencion. J'accélère encore et me voilà 5éme. Ca tombe bien, je suis dans le sillage de Jérôme, actuellement 3ème au challenge et 1er V1. Je sais que je prends un gros risque en partant ainsi mais le seul risque est d'exploser en vol...et alors?? Je suis à l'écoute de mes sensations et pour l'instant, ça passe plutôt bien. La pente est suffisamment "douce" pour me permettre de courir et ça me permet de m'installer dans un bon rythme.

Concentré

     Je lâche pas Jérôme d'une semelle. La montée dans les bois est agréable, la pente reste sévère. Je suis étonné de mon début de course. Mis à part, le vainqueur de l'an passé et Florian qui ont filé devant, je reste avec le groupe de poursuivants. On remonte maintenant sur le 3ème de la course. Jérôme double...je double aussi. On continue l'ascencion à un bon rythme. Jérôme me demande alors de passer devant pour prendre le relais. J'ai un p'tit doute sur ses intentions. On n'est pas en vélo quand même?!

     L'idée est simple pour lui. On a visiblement le même rythme. En alliant nos forces, on peut creuser l'écart avec nos poursuivants. Je passe devant, content de la confiance qu'il me fait. Je n'oublie pas que la course est encore longue et malgré quelques doutes je fais honneur à mes relais. C'est efficace et plutôt sympathique de courir en "équipe". On sait très bien que c'est une alliance de circonstance mais si ça marche, on sortira gagnant tous les deux. Le premier col est passé. On reste en forêt et on enchaîne sur des traversées à flan rarement rectilignes. Ca passe bien mais on laisse du jus.

     La deuxième partie de l'ascencion  commence. J'apprécie la motivation de Jérôme qui est capable de donner des bons coups de gaz dès qu'il sent que l'on s'endort. C'est exigeant mais c'est ce qui permet de laisser nos pousuivants à distance. On continue de monter à travers la forêt. Je suis devant, me baisse pour éviter une branche et prévient Jérôme, l'équipe tourne bien. Sauf que...merde! Plus de balisage. Ca sent mauvais. Rien devant, rien derrière. Difficle de prendre la décision de rebrousser chemin. Tants pis, j'insiste pour faire demi-tour et retrouver la dernière rubalise.

     Là! On revient sur le bon chemin. La branche en travers du chemin c'était donc ça!! C'est dur car je vois deux mecs qui débouchent sur notre droite et encore 3 autres qui sont déjà passés et filent à notre gauche. On est comme 2 cons mais c'est trop tard pour refaire la course. Je me déconcentre et j'ai du mal à reprendre ma course. Jérôme a les crocs et décide de suite de se lancer dans l'ascencion pour remonter les trois gars qui nous sont passés devant. Ce réflexe salutaire me booste et me montre la voie à suivre malgré un moral atteint.

     Je regarde ma montre, il reste environ 400m de dénivellé et je m'attends à payer les efforts consentis d'un moment à l'autre. Pourtant, je viens de me remettre dans le sens de la course et je ne lâcherai que si mes jambes flanchent. Je suis surpris de reprendre les gars un par un. Je ne sens même plus Jérôme dans mon sillage. Je suis bien, je monte. Je crois même que j'aurai pu monter encore pendant quelques temps. Je réalise à ce moment que je suis 3ème de la course, je kiffe.

     Les gars sont là pour le ravito. Je passe le point haut de la course, remplis mon bidon. Merci à tous. Je file, on m'attends en bas. Comme on dit dans le jargon, le début de descente est teknik!! Pas moyen de courir convenablement. De la roche, de la bruyère, des chemins invisibles. Je cherche les rubalises et sens que je piétine. Allez Berty, t'as pas fait tout ça pour laisser les mecs te reprendrent. Faut la vendre chèrement ta peau!

     Je rêve d'un chemin en pente douce qui m'emmenerait à l'arrivée. Et beh non, c'est du teknik. Fidèle à ma façon de courir, je ne vois rien du paysage mais à un moment ça sent tellement le panorama à couper le souffle que je risque un oeil contemplatif à gauche. Aïe, je manque de me vautrer! Ok, change pas tes habitudes mec. Je commence à me dire qu'avec ma vitesse actuelle, ça risque de revenir de l'arrière et je me prépare à cette éventualité. L'objectif reste la 5ème place, ça peut le faire.

J'y étais

      Un coup d'oeil à ma montre m'indique qu'il reste encore 6 km jusqu'aux 22 annoncés!!! Arrgh, ça va pas le faire. Mes jambes subissent de plus en plus et je manque encore de "cuisse" pour encaisser de telles descentes. 6km! Je vais finir à la petite cuillère. Un gus arrive à fond derrière moi. C'était prévu. Je suis quand même impressionné par la légèreté de ses appuis. J'essaye de l'imiter et d'être plus souple. Ca fonctionne pas vraiment et je manque de me tordre le genou.

     Cette petite alerte me remet les idées en place. Tout va bien, t'es pas blessé, tu fais une belle course. Allez, fini le job... Et hop, un deuxième gars qui déboule. J'essaye de les garder en vue. Qui sait, si le final est plus roulant ou en côte?... On vient de rejoindre le tracé du début de course. On n'est pas loin de Nyer. A ma montre, il reste 3 km. Mais non gars, on arrive! Quelques spectateurs venus à notre rencontre, en haut du village, annoncent encore 3 à 4 minutes de course. Allez, je remue mes jambes meurtries et file vers l'arche d'arrivée.

     Heureux d'en finir, je lève les bras en arrivant sur la ligne. Je suis content de ma course. Les bons signes entrevus ces dernières semaines se confirment sur ce magnifique trail de Nyer. L'après course me permet de profiter pleinement de ce bonheur partagé. Je finis le Défi Sud Trail's sur une excellente note. Je vais maintenant me tourner vers mes nouveaux défis le coeur léger la confiance en prime. C'est bon ça!

Berty à l'honneur

     Je m'apercevrai dans la soirée que je finis finalement au pied du podium V1 du challenge pour quelques points mais franchement, après une telle journée, ça restera un détail.