Récit de la course : Marathon de la baie du Mont-St-Michel 2006, par Geronimo

L'auteur : Geronimo

La course : Marathon de la baie du Mont-St-Michel

Date : 17/6/2006

Lieu : Cancale (Ille-et-Vilaine)

Affichage : 3000 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Pas d'objectif

3 commentaires

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Le Mont s'éloigne...

Musique bretonne, coups de canons à répétition… c’est parti…

Je m’étais allongé sur le stade, prés de la clôture à l’ombre, ai failli m’endormir, mais le speaker égrenait les minutes en commentant. ¼ d’heure avant le départ, j’ai levé la tête, j’étais tout seul sous mon arbre, il était temps d’y aller.
Je ne me suis pas positionné dans les derniers mais sur le dernier ¼, le ballon des 4h30 devant moi à une trentaine de mètres. C’est mon objectif ou a peu prêt mon objectif, compte tenu de mon résultat à Paris (4h48). Je me sens en forme, je crains un peu la chaleur mais ne nous plaignons pas depuis le temps qu’on l’attend. Et puis un départ à 17h pourrait nous préserver de la canicule.

Une tactique de course : du 24/3. Je cours pendant 24 minutes, je marche pendant 3 minutes. Il paraît que cela peut permettre d’améliorer ses performances. En tout cas c’est ce que je vais faire.

D’après le tracé dénivelé de la course, c’est en descente pendant les 6 premiers kilos. Alors ou bien j’ai lu le plan à l’envers ou bien … en tout cas je suis étonné de voir quelques raidillons dés le départ. Ceci dit on a sans doute descendu en moyenne puisqu’on se retrouve au niveau de la mer.

Les gens sont sympas, beaucoup sont tendus, c’est palpable. Peut-être une réminiscence du marathon de l’an dernier, sous la canicule, de triste mémoire puisqu’un participant y avait laissé la vie.
Les 10 premiers kilos en 59’, je suis dans les temps, pourvu que ça dure… je respecte mon plan de marche et après 24 minutes de course je marche 3 minutes. Il en faut de la volonté pour s’arrêter de courir alors que l’on en a pas envie !!! Les spectateurs m’encouragent et pensent bien sûr que je suis déjà HS. Sauf une dame « voilà quelqu’un de raisonnable » lâche-t-elle !

Le paysage est magnifique, la chaleur supportable, le vent rafraîchissant. J’atteins le 20eme en 2h03, tout va bien. Je passe rapidement aux ravitaillements, ce qui ne veut pas dire que je les squizze : je ramasse à la volée une ou 2 bouteilles d’eau, je recharge mon bidon, m’asperge, prends quelques pruneaux que je mets dans mon sac. Je m’en servirai pendant les 3 minutes régénératrices.

Il est donc 19h, la chaleur devient douceur estivale, c’est agréable, je n’ai pas encore mal aux jambes. A Paris, quand je suis arrivé au semi, j’ai pensé « encore autant à faire ». Aujourd’hui, au passage du semi, j’ai juste pensé à appuyer sur mon chrono, c’est bon signe.

Les bretons sur le parcours sont chaleureux, ils se sont déplacés en masse pour nous encourager, certains ont même sorti leur jet d’eau pour nous rafraîchir. Mais déjà sur les bas-côtés des participants assis ou allongés, crampes ou mal de chaleur, défaillance ou coup de moins bien. Déjà les premières couvertures de survie argentées OR pour ceux qui ont fait le choix d’abandonner, ou plutôt de remettre ça lors d’une prochaine édition. Et déjà les premiers marcheurs… dont moi avec mon système 24/3, qui m’emmène jusqu’au 30eme (3h06).
- Moi dit la fille qui marche, j’étais venu pour faire 4h, j’y arriverais pas, si ça continue je vais abandonner.
- Non ! tu peux encore faire 4h15, c’est pas si mal de ce temps là.
- 4h15 ? Il faudrait faire du 11 kilo à l’heure… rêves…
- Tu vas pas abandonner t’en a fait les 2/3.
- Une fois j’ai marché longtemps, après c’est reparti, j’ai fini très fort…
- Oui, c’est ce qui va se passer.

Je repars… les 3 minutes sont écoulées, ou plutôt 5… Car on atteint les 35 kilos, et ça commence à se gâter. A Paris, j’avais eu une baisse de régime dés le 27ème et fini mi marche mi course jusqu'à l’arrivée. Ici, j’ai pu tenir jusqu’au 35ème en suivant mon plan de marche. Il me reste 7 bornes, je sais maintenant que ma moyenne va terriblement chuter et si j’ai pu un instant envisager les 4h15, je me dis que 4h30 ça serait déjà pas mal. Un signe qui ne trompes pas : le ballon rose des 4h30 : loin devant moi pendant le début du parcours, jusqu’au 20éme, on me dit que le meneur est parti vite, trop vite. Il n’empêche que je le grille au semi, sans trop m’en apercevoir d’ailleurs, à la faveur d’un ravitaillement.
Mais le revoilà au 37eme le bougre… et il s’éloigne lentement certes, mais irrésistiblement. Je fais donc aussi une croix sur les 4h30…

Beauvoir… la foule… la musique… une ambiance qui vous fait oublier que vous avez 37 bornes dans les pattes ! Je cours… les supporters sont là aussi pour nous qui passons en 4 h, 3 ou 4 rangées tassées, on dirait le Parc des princes pour ceux qui ont connus…

Encore 3 bornes…
-T’arrêtes pas au ravito, cours, cours… !!!
Je suis l’homme au maillot vert qui m'encourage.
- 3 kilos, c’est quasiment fini, c’est une dernière ligne droite… Cours…
Le Mont qui grossit, je pourrai le toucher. Je marche, mal aux jambes et dans la poitrine. La ligne droite n’en finit pas. Petite foulée, je me traîne.
Ma moyenne au kilo passe de 6 à 7’30… mais j’avance. De chaque côté malgré l’heure tardive (il est 21h30) des applaudissements. Le Mont ne se rapproche pas, il s’éloigne…
L’homme au maillot vert est loin, peut-être déjà arrivé. Je ne regarde plus ma montre. Je me forge des souvenirs, un soleil couchant sur la baie, un morceau de route pour moi…

Un tapis rouge… dis moi pas que c’est pas vrai… la médaille…
J’ai le réflexe d’arrêter le chrono : 4h 39’28 je suis 3043 sur 3682 arrivants, prés de 500 abandons. J’améliore de 10 minutes mon temps sur marathon.
Je suis naze, mais ça va… sur le sol un concurrent maillot noir est recroquevillé dans la position du fétus, les secouristes s’affairent.
Ma femme me demande si ça va : « oui ça va ».

La passerelle pour aller au ravitaillement. Je prends un sac en plastique, un bénévole me met une croix sur mon dossard. On a une chambre dans le Mont, je prends ma douche, pas vraiment envie d’aller au restaurant comme prévu.
Je m’allonge, m’endors… je fais ma nuit…

Le lendemain avant le petit-déj je sors prendre une photo du site d’arrivée, coquille vide au tapis rouge frippé qui a supporté la douleur de prés de 5000 coureurs. Je n’ai pas trop mal aux jambes et j’ai faim.

Voilà, c’était l’histoire de mon second marathon. C’était vraiment bien…

Et le 14 juillet, le trail Roger Frizon Roche, 35 kilomètres de montagne en Savoie, changement de paysage, de nouvelles sensations. La course à pied c’est vraiment bien !











3 commentaires

Commentaire de Kiki14 posté le 20-06-2006 à 15:07:00

Ben dis donc on c'est frolé au 30 ème!!!
tu t'es superbement bien débrouillé......

BRAVO a toi pour ton récit si vivant et pour ta course un peu similaire ...
sauf que toi apparemment tu n'a pas l'air de souffrir de la chaleur ...?
et pourtant des le début le gaudron fondait et nous renvoyait la chaleur accumulée pendant la journée (pas encore finie...!)

mais comme tu dis "VIVE LA COURSE A PIED"...

Commentaire de runner14 posté le 20-06-2006 à 20:13:00

Salut Géronimo! Superbe récit que tu nous as fait
je m'aperçois donc que tout les récits se recoupent
et ce qui ressort le plus de ce marathon c'est bien la souffrance physique de tous les participants sous cette chaleur ,le finir est bien l'aphotéose du coureur ou coureuse qui si aligne .Mes félicitations donc pour celà et bon courage pour ta prochaine épreuve!

Commentaire de l'ourson posté le 28-06-2006 à 21:27:00

Bravo pour avoir tenu bon ! Ton récit montre bien toute ta ténacité !! Avec une météo pareille tu peux être fier de toi, d'autant que le MdP n'est pas si loin derrière toi et que tu l'avais encore dans les pattes...
L'Ourson_clap_clap_;-)

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