Récit de la course : Ultra Tour des 4 Massifs - 160 km 2014, par Bacchus

L'auteur : Bacchus

La course : Ultra Tour des 4 Massifs - 160 km

Date : 22/8/2014

Lieu : Grenoble (Isère)

Affichage : 4589 vues

Distance : 160km

Objectif : Terminer

7 commentaires

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48 heures sur une autre planète

J'ai publié mon compte rendu vidéo de l'UT4M 160 ici : http://www.dailymotion.com/video/x24pc5o_ut4m-2014_sport

(J'ai tourné cette vidéo avec une micro caméra qui date un peu, j'ai malheureusement sélectionné le format 4:3 définition standard au lieu de me mettre en HD 16:9).

Jeudi 21 Août, je me retrouve donc à Grenoble au Parc Paul Mistral pour le retrait des dossards de cette deuxième édition de l'Ultra Tour des 4 Massifs.

Ca fait toujours plaisir de retrouver un groupe de Kikourou au départ d'une course. Pour les photos de groupe nous n'étions que cinq ce jeudi après midi, elle sont dans le montage vidéo, malheureusement les deux photos prises sont un peu floues, le photographe devait avoir un tremblement naissant, dommage.


(de gauche à droite : Bacchus, Ogo, Anyah, Loiseau, Xavië)

Mention spéciale à Xavië pour son podium V2, ça n'a rien d'étonnant, il avait l'air affûté comme une lame. Un pensée spéciale pour Anyah, on a fait le yoyo sur toute la première moitié de la course, on a du se voir à chaque ravitaillement jusqu'au plateau d'Arcelle. La prochaine fois ça passera.

L'UT4M a donc démarré pour moi le Jeudi après midi par le retrait du dossard et par le briefing sur les quelques changements effectués dans le parcours. On nous informe aussi qu'on devrait rencontrer quelques troupeaux de moutons gardés par des patous... pas cool cette affaire, bon on verra bien. On nous rappelle les consignes à respecter quand on croise un troupeau gardé par un patou.

Après la photo Kikourou, retour à l'hôtel à une quinzaine de minute à pied. La voiture restera pour tout le week-end dans le parking surveillé de l'hôtel. Classique repas de pâtes à l'hôtel.

Réveil, vendredi matin, tôt, pas de petit déjeuner solide, uniquement de la maltodextrine et du café, c'est ça qui passe le mieux pour moi.

Vers 7H50, rendez-vous sur la ligne de départ, je retrouve Anyah, Boucannier, Jean-Michel et quelques autres Kikoureurs dont j'ai oublié le pseudo, désolé.

8H pétante, le départ est donné. La traversée de Grenoble se passe sans encombre. Après 5km de bitume, la route s'élève en direction du massif du Vercors, la route devient chemin, le chemin devient rapidement un sentier. L'ancien tremplin olympique des jeux de 1968 est rapidement atteint. Le parcours longe le tremplin droit dans la pente, en haut se trouve le premier ravitaillement. Le parcours se poursuit par l’ascension de la Moucherotte en aller/retour pour des raisons liées à des contraintes d'exploitation forestière. Le parcours redescend en passant par les anciens gradins du tremplin olympique, je croise Anyah à ce deuxième ravitaillement.

Après une brève descente, on attaque le col du Furon puis une longue descente vers St Paul de Varce par une longue portion routière un peu ennuyeuse (parcours de repli lié aux travaux forestiers). Tout le parcours jusqu'à Riouperoux-La Salignière se passe sans encombre, a signaler la descente vraiment Rock & roll qui va du Lac du Poursollet à Riouperoux, c'est pentu, c'est glissant, c'est caillouteux, je suis tombé sans gravité mais j'ai cassé un bâton, un bénévole à Rioupéroux arrivera à me le réparer, merci à lui.

J'ai recroisé Anyah au ravitaillement de Riouperoux, elle était presque sur le départ quand j'arrivais. Je pensais faire un somme d'une heure à cette base mais tous les lits étaient occupés. Je suis donc reparti après un brin de toilette. J'apprendrais plus tard que plusieurs personnes ont fait là un somme de plus de trois heures, l'organisation devrait gérer ça et limiter le temps de présence.

La montée qui va de Riouperoux au plateau d'Arcelle est un monument du parcours, c'est pentu à souhait (33% de moyenne), les 200 derniers mètres de dénivelé positif sont juste incroyables, on est content d'arriver au poste de contrôle. J'ai fait l'ascension avec un petit groupe qui avait adopté un rythme constant et régulier, ils connaissaient bien les lieux, merci à eux de m'avoir servit de locomotive.

La montée vers la croix de Chamrousse se fait dans un classique sentier de montagne au delà de la zone arborée, c'est à dire souvent des éboulis rocheux. La météo n'était pas franchement des plus agréable, beaucoup de brouillard, pas mal de vent sur les sommets, pas de pluie juste de la farine humide. Tant bien que mal, je fini par rallier le ravitaillement de Croix de Chamrousse à l'heure du petit déjeuner, je prendrais un café et deux pankakes s'il vous plaît, oui avec du sirop d'érable... merci Madame. Il y avait la possibilité de dormir à la Croix de Chamrousse (quelques lits de camp) sauf qu'à ce moment là, je ne le savait pas.

Je repars du poste avec un petit groupe, le brouillard ne s'est toujours pas levé, la suite du parcours vers le refuge de la Pra se poursuit dans le même type de terrain. Peu avant le refuge on rejoint une zone d'alpage et on nous demande de passer sans courir pour cause de présence de troupeaux de moutons accompagnés des satanés patous pour les garder. Heureusement le troupeau de moutons avait migré de quelques centaines de mètres durant la matinée, il ne restait qu'un seul patou en contrebas du refuge.

Je fais les pleins et j'attaque rapidement la montée du Grand Colon. Au début je ne vois qu'un mur, je me demande bien par où un sentier peut passer ici, je finis par le voir. C'est une montée courte mais incroyablement pentue tracée quasiment droit dans un pierrier, je suis obligé de faire une pause toutes les deux balises pour reprendre mon souffle. La descente qui suis jusqu'au ravitaillement de Freydières ne présente pas de difficultés particulières, c'est un superbe sentier de montagne, minéral en haut et très arborés dans sa partie basse. Le sentier débouche sur une route et s'ensuit une longue portion de bitume pour rallier le ravitaillement.

Je n'avais pas noté que le parcours entre Freydières et le gros ravitaillement de St Nazaire représentait une distance de presque 15 km, normal, je n'avait pas étudié le roadbook et cette portion n'est pas flagrante sur le profil altimétrique de la course. Quand on compte du bas du Grand Colon jusqu'à St Nazaire, ça représente presque un semi marathon en descente et sur du plat.

Cette portion pourtant facile et en descente a été mon chemin de croix. Je l'ai essentiellement marché, j'y ai donc perdu beaucoup de temps. Je me fait dépasser par les dix premiers coureurs du 90km (normal). Avec la chaleur et la fatigue, je commençais à broyer des idées noires, à ruminer intérieurement, irrésistiblement le « coté obscur de la force » prenait le dessus, je commençais à en vouloir aux organisateurs, a un moment (et c'est pas une blague Sourire) je me mets à haïr le bélître qui a eu l'idée saugrenue de promouvoir le concept de VMC double flux : « tout le monde sait qu'une ventilation double flux a un rendement négatif sur le plan thermodynamique, non ? Vous ne le saviez pas ? Et pourtant c'est vrai, c'est donc une aberration sur le plan écologique, et pourtant il y a plein de gens pour en faire la promotion... ». Embringué dans mes délires contre la ventilation à double flux (délires intérieurs, je précise, mais j'ai quand même du lâcher quelques jurons à haute voix), je rate une balise et continu tout droit au lieu de tourner à gauche et continu comme ça sur deux kilomètres jusqu'à ce que je croise deux coureurs du 90 qui venaient en sens inverse (c'était le 4ème et 5ème du 90). Ils m’apprennent qu'on n'est plus sur le bonne trace, il faut remonter. Voilà comment ajouter 4 km de plus à un parcours déjà très long, et tout ça à cause de ce gueux qui a eu l'idée absurde de promouvoir le concept de ventilation à double flux ... (bon là je déconne Clin d'œil).

Je retrouve la bonne trace, le ravitaillement est à peu plus de 4 km dans un circuit semi urbain mais l'organisateur n'avait sans doute pas le choix, il faut bien relier Belledonne à la Chartreuse. J'arrive au ravitaillement en rigolant ouvertement de ma mésaventure, les spectateurs ne comprenaient pas pourquoi je rigolait. Le coté positif avait repris le dessus, je savais que le parcours se poursuivait dans un superbe et dernier massif : la Chartreuse

Mais avant cela j'ai somnolé une heure sur un tapis de gymnase mis à disposition, je n'ai pas réussit à dormir mais ça a quand même bien rechargé les batteries. Je me suis complètement changé, lavé, en tout deux heures d'arrêt à ce ravitaillement. Je repars au soleil couchant. On attaque directement par une montée pentue tracée par endroit droit dans la pente et parfois assez grasse, heureusement qu'il n'avait pas plu au cours des 48 dernières heures.

J'espérais arriver au ravitaillement de Harbert de Chamechaude avant la tombée de la nuit. Ce ne sera pas le cas, j'y arriverait vers 22H, mais ce n'est pas important. Pour moi, le problème de cette deuxième nuit n'était pas le parcours, même s'il était difficile, mais ça c'était prévu, la difficulté pour moi c'était la gestion de l'éclairage.

J'ai très mal géré la problématique de l'éclairage pendant cette course. L'organisation de la course imposait deux lampes frontales et des piles de rechange pour chaque lampe, heureusement car sans ça je n'aurais peut être pas terminé. Je suis donc parti avec une vieille frontale Petzl qui ne consomme presque rien mais qui n'éclaire pas grand chose non plus, et une frontale récente que j'ai acheté sur eBay, qui propose une puissance de 600 ou 1200 lumens, autant dire le phare d'une petite voiture. A 1200 lumens, on y voit comme en plein jour, ce que je n'avais pas bien calculé, c'est le nombre de piles (en fait batteries rechargeables) à prévoir. J'avais prévu trois jeux de batteries (rechargeables) mais certaines accusaient déjà quelques années et n'avaient plus la puissance indiquée. Je me suis aperçu de ce problème dès la première nuit, mais malgré mon plan d'économie instauré à la hâte, je suis tombé en quasi panne d'éclairage avant la fin de la seconde nuit. Il ne restait plus que la frontale de secours mais dont les batteries dataient d'il y a un an ou plus. Au départ, j'étais persuadé de ne pas avoir besoin de cette frontale de secours, d'où ma négligence.

J'ai utilisé la frontale puissante durant la première nuit jusqu'à Rioupéroux puis dans la montée et le descente de Chamechaude, toute la descente vers le poste de Sapey en Chartreuse, je l'ai fait avec la frontale de secours, à la fin il ne restait plus qu'un petit halo lumineux.

Pendant cette longue descente vers le Sappey en Chartreuse, le coté obscurs a refait surface, ahhh ces satanées ventilations double flux... Clin d'œil

J'arrive au poste du Sappey bien entamé. Je profite d'un lit disponible pour me reposer dix minutes. Un bénévole me donne trois petites piles qui correspondent à ma frontale de secours, merci à lui c'est très sympathique de sa part.

Je repars pour l'ascension vers le Fort de St Eynard dans les hauts de Grenoble. Sur cette portion qui va du Sappey au col de Vence, mon cerveau m'a joué quelques tours bizarres, ça n'est pas étonnant après 40 heures d'effort et deux nuits blanches, (j'y suis même retourné lundi matin, malgré mes courbatures, pour voir si ce que j'avais vu existait réellement... en fait je préfère ne pas raconter Langue tirée)

Bon an mal an je finis par arriver au col de Vence, un lit est libre, je m'allonge et j’attends le lever du jour. Je repars vers 7H après un petit déjeuner pour la dernière portion du circuit.

Sympa tous ces sentiers dans le coin de la citadelle de Grenoble, d'ailleurs de nombreuses personnes y font leur footing en ce dimanche matin. La citadelle se profile rapidement, une petite descente, quelques kilomètres le long des quais, le Parc Mistral, l'arrivée : 49h09.

Je suis satisfait de mon temps, j'aurais sans doute pu faire un peu mieux en gérant mieux certaines problématiques. En conclusion, un parcours sympathique, quelques longueurs entre Belledonne et la Chartreuse mais rien de dramatique, une organisation et équipe de bénévoles au top, à refaire.

Trois jours après, je n'ai pas encore bien réalisé... c'était un sacré week-end, 48 heures sur une autre planète

 

 

7 commentaires

Commentaire de PaL94 posté le 28-08-2014 à 10:55:20

Félicitations Bacchus pour ta course !

C'est vrai que nous étions sur une autre planète mais surtout sur une sacrée course!!!

Commentaire de christ-off posté le 28-08-2014 à 11:25:22

Bravo pour ta course et ton classement!
J'ai regardé ta vidéo, cela donne envie ,même si je ne ferait jamais un tel format de course.

Commentaire de ogo posté le 28-08-2014 à 12:07:15

Chapeau ! Un sacré morceau que cet UT4M. Bravo pour ta course et merci pour la photo. Ravi de t'avoir croisé. A une prochaine j'espère.

Commentaire de caro.s91 posté le 28-08-2014 à 13:16:45

Moi qui étais au GRP, ca me donne envie de venir !!! :) Bravo

Commentaire de anyah posté le 28-08-2014 à 13:36:38

Donc on ne saura pas ce qui t'a poussé à rechausser tes baskets juste après être arrivé au bout de cet énorme UT4M pour remonter au Sappey... je n'avais pas loupé cette bizarrerie dans ton carnet du jeu des 365 h ! Bravo Bacchus, c'était un plaisir de te rencontrer !

Commentaire de loiseau posté le 28-08-2014 à 22:37:13

Merci pour ce CR et un grand bravo pour ta gestion de course !
Bien d'accord avec toi sur la ventilation double flux, c'est une aberration ! :-)
C'est vrai qu'elle était longue cette descente du Grand Colon, même si pour les relayeurs c'était bien de finalement pouvoir courir un peu après la cabane du GC.
Bonne récupération et à bientôt sur une course !

Commentaire de Knet posté le 29-08-2014 à 07:46:49

J'ai bien rigolé en lisant ton passage sur le côté obscur et la VMC !! c'est fou les idées qui peuvent passer par la tête quand on court et qu'on commence à ronchonner :)
En tout cas bravo pour ton récit, ta course et bon retour sur la planète terre ;)

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