Récit de la course : La Montagn'Hard - 100 km 2014, par ptijean

L'auteur : ptijean

La course : La Montagn'Hard - 100 km

Date : 5/7/2014

Lieu : St Nicolas De Veroce (Haute-Savoie)

Affichage : 3539 vues

Distance : 110km

Objectif : Pas d'objectif

10 commentaires

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Le récit

Ma Montagn’hard  (ombre et lumière)

Déjà, il faut savoir que si tout avait marché comme je le souhaitais, je ne devais pas venir à St Nicolas de Véroce, mais me préparer pour le Tor des géants en allant faire le grand raid du Queyras.

Le Tor n’a pas voulu de moi et Olivier ayant lancé un appel à coureurs, je me suis décidé très tardivement pour cette coursette qui,  je dois bien le reconnaitre, me faisait un peu souci au vu du peu d’entrainement spécifique de cette saison.

Donc me voilà Samedi matin au départ, avec comme seule force mon expérience des longues distances. Dès le premier coup de cul 400md+, je sens que cela va être compliqué et qu’il faut que je parte très doucement en attendant que la forme arrive.

J’ai une envie récurrente de dormir avec les yeux qui tombent et pas d’énergie.Incertain Je me demande pourquoi j’ai pris le départ et dois me raisonner pour ne pas arrêter au premier ravitaillement.

La deuxième bosse passe comme la première, sans envie sans plaisir, juste dans un coin de ma tête cette idée que ça va aller mieux, comme toujours, après un coup de moins bien.

La troisième ascension  n’est toujours pas une partie de plaisir mais contrairement au début de course, je suis un peu mieux réveillé. J’arrive à me projeter  plus loin et je rentre petit à petit dans la course. Pas trop tôt, au bout de 4 heures.

L’arrivée au ravitaillement de Tré la Tête se fait dans la douleur tant je trouve les pourcentages indigestes (rien pourtant que je n’ai déjà rencontré)

Un petit mot au Bagnard qui me ravitaille avec du sirop de fraise, un peu de Nock sur les pieds et je repars en me disant que je ferais le point aux Contamines.

Cette descente a été pour moi un régal, comme si quelqu’un avait décidé d’allumer la lumièreSourire. Je ne l’explique pas plus que ma léthargie de début de course, mais cette descente technique comme je les aime ma permis de vraiment entrer dans la course.

Tout fonctionne de nouveau comme je le veux : de la souplesse dans les jambes, les pieds se posent où il faut, sans heurt ni crispation, je double des coureurs tétanisés avec des petit mots d’encouragement….Ouah le pied.

En bas de la descente, je croise Le rapace qui, avec sa fine équipe des traileurs du Môle, attend Céline qui est en train de faire une belle course sur le 60km. Même les 4 km plats en bas de cette superbe descente n’arrivent pas à me sortir de ma toute nouvelle forme.

Moi qui me posais des questions sur la montée du mont Joly en ayant déjà programmé des arrêts tous les 500m de D+, je repars du ravitaillement que du coup j’ai écourté, sur un bon rythme, sans exagération pour ne pas transformer ma toute nouvelle forme en feu de paille.

Je monte sans trop forcer et malgré ça je double des coureurs. Je rattrape même un coureur du 60 km qui m’avait doublé sur le plat avant le ravitaillement….

A la bifurcation, même plus je ne me pose de question, il est évident que je vais au bout et de préférence le plus vite possible.

La fin de la montée est plus technique, avec un enchevêtrement de rochers et pas de traces claires. En fait, tu vises le sommet et tu poses les pieds où tu peux. Ca me rappelle un peu l’Echappée Belle. Tout va toujours bien, même si je me suis posé pour manger un bout (barre fait maison, what else ?) avant d’attaquer la descente vers les Tappes.

Le  pied est toujours aussi souple, les appuis assurés, pas de crispations et sur les parties techniques je me fais plaisir comme d’habitude. J’arrive au ravito en pleine forme et je décide de ne pas m’éterniser pour continuer de profiter de mon énergie, qui ne se dément toujours pas. Changement rapide de chaussettes, le plein d’eau avec ma préparation maison. Un bol de soupe et un sandwich jambon fromage plus tard, je repars en saluant le sosie de loulou Chantre (organisateur de l’Ardéchois). J’ai pris ma frontale de la mort qui tue avec des piles neuves (que je crois)

 Je presse un peu la foulée et utilise mes grandes jambes pour continuer de doubler et profiter du jour qui décline.

La nuit est tombée,  mais avec la lune et le ciel étoilé dans les parties sans arbres, la frontale n’est pas vraiment utile. Je l’allume par intermittence pour repérer le balisage fluo et je la coupe pour profiter de la nuit.  Sauf qu’à un moment, quand je la rallume, ce que j’avais pris au loin, me donnant la direction, pour du balisage, s’avère être les yeux d’un troupeau de vaches… Surprisbon, y’a plus qu’à faire demi-tour et retrouver le bon chemin. J’aurai fait juste un petit km de plus.

Je décide en accord avec moi-même de laisser ma frontale allumée pour le reste de la nuit. Tout se passe bien jusqu’au  moment où, déjà, ma frontale se met à clignoter pour me signaler qu’il est temps de changer les pilesSurpris ???????

Je pense qu’elle était allumée dans le sac pendant un long moment. Heureusement, j’ai un deuxième jeu de piles et je fais le changement. Pour économiser ces dernières, j’utilise mon tel portable avec sa torche jusqu’au ravitaillement le Balchu.

J’ai redouble les concurrents qui eux avaient suivi le balisage et pas les yeux des vaches.

La bosse suivante se passe bien avec quelque passages de névé, mais en montée, cela ne me gêne pas du tout. Il commence quand même à faire froid et je me couvre un peu avant d’entamer la descente.

Premier névé en descente et je fais un soleil digne de vidéo gag et je perds mon bidon, mes lunettes de soleil et ma frontale qui, au lieu de tomber dans la neige, se fracasse sur un rocher et …c’est la nuit, c’est le bordel et je suis tout seul.

Heureusement,  mon portable anti choc étanche qui possède comme unique application en plus de téléphoner….une lampe torche, va une nouvelle fois me servir, mais en descente dans la neige, c’est beaucoup moins pratique qu’à la montée.

Il se trouve que,  pour compliquer la suite, les passages suivants en descente se passent de traces et de chemin et je me retrouve avec mon téléphone à la main, en train d’essayer de savoir s’il vaut mieux poser mon pied sur ce rocher instable ou sur cette neige glissante et qui ne porte mon poids qu’une fois sur trois (nan j’suis pas lourd, j’suis grand), sans pouvoir utiliser le bâton pour me stabiliser car, si vous avez tout suivi, je tiens mon téléphone….de longs moments de solitude.

Même à cette vitesse de retraité arthritique, je suis surpris que personne ne me rattrape car, pour le coup, je n’aurai même pas accéléré.

Je ne sais pas comment j’arrive au ravitaillement suivant sans me briser quelque chose, mais j’y arrive et je suis content de pouvoir discuter avec les trois coureurs que j’avais en point de mire et dont j’enviais la lumière (hé les gars, c’est de vos frontales dont je parle et pas de votre QI, faut pas rêverClin d'œil).

Juste le temps de boire une soupe et de manger un petit bout et déjà ils repartent. Pour profiter de leurs frontales, j’emboite le pas en prenant le risque de ne pas compléter ma poche à eau.

La descente étant moins technique et ayant trouvé à caler mon tel/frontale sous le côté de ma casquette, je prends les devants. Dans la montée suivante, les jambes étant toujours là, je monte à une bonne cadence en continuant de doubler quelque concurrents.

La dernière partie de la montée vers le dernier ravito est digne d’un KM vertical droit dans la pente, dans l’herbe à peine coupée, mais à ma grande surprise, j’avance et je double toujours des concurrents.

La forme est toujours là et je ne m’éternise pas sous la tente. Je repars après avoir rempli ma poche et mangé une soupe. J’enchaine la dernière partie de l’ascension du mont Joly sans ralentir ma cadence et en profitant pleinement de la vue magistrale du lever du soleil sur le mont blanc.

Les frontales se sont coupées, mon portable aussi, mais je sais que j’ai encore 3 ou 4 concurrents devant moi qui restent à ma portée, surtout si j’ai toujours de bonnes jambes dans la descenteRigolant.

Je ne crois pas me rappeler avoir eu un jour cette envie de faire un classement sur une course, mais là, avec la forme que je tiens depuis une quinzaine d’heure, c’est grisant…

Les crêtes qui nous amènent au sommet du mont Joly nous permettent d’avoir une vue splendide sur ce magnifique endroit, mais, revers de la médaille,  nous laissent complètement exposés au vent et ce matin, là-haut, il ne fait pas chaud. Pas grave, je n’ai pas l’intention de trainer là.

Arrivé au sommet, je reconnais bien l’amas de pierres que j’ai pris plus tôt à la montée, mais j’aime les descentes techniques et je me lance, prêt à dépasser le premier des trois concurrents cités plus haut.

Le début se passe bien, et au moment de doubler, je sors de la trajectoire idéale et mon pied bascule vers  l’avant, en me provoquant une vive douleur sur le releveurCriant.

J’arrive à gérer dans la partie haute où je peux poser le pied à plat sur les cailloux, mais dès que je rejoins la partie herbeuse, là où le pied doit partir vers l’avant dans la pente, je comprends que ma course s’arrête ici et que commence un long chemin pour me rapatrier le mieux possible tout là en bas, à St Nicolas de Véroce. 

Je m’arrête juste avant le dernier pointage et trempe mon pied dans une fontaine presque jusqu’à la brûlure tant l’eau est froide, mais cela aura le mérite de calmer la douleur pendant un temps.

Déjà deux concurrents  sont passés et je sais que cela risque de continuer. Je repars en essayant dans ces pentes vertigineuses de trouver la meilleure stratégie pour progresser le plus vite possible, en ne pouvant compter que sur ma jambe droite pour me freiner….ça fait mal à la cuisse et il faut de temps en temps que je fasse des pauses.

Arrive une partie sur grande piste où je peux de nouveau courir car c’est presque plat et mon releveur le supporte mieux. En me retournant, je vois plus haut un autre coureur fondre sur moi et je décide de faire tout ce que je peux pour retarder l’échéance.  Je ne sais pas comment ça a fonctionné, mais il ne m’a pas rattrapé et je finis en courant dans St Nicolas de Véroce pour boucler cette course en 27hr46 et malgré tout en 55ème position.

Bilan de cette belle expérience :

Bonne gestion de l’hydratation et de l’alimentation, mais ça c’est habituel maintenant, depuis que je prépare toutes mes boissons, mes gels et mes barres.

Mauvaise gestion du matériel : pourquoi pas de deuxième frontale comme d’habitude.

Les pires 10 premières heures de course  avec 4 heures de léthargie et un réveil inattendu.

Les meilleures quinze dernières heures de course depuis plus de dix ans que je fais de l’ultra. Je ne l’explique pas encore mais j’ai quelque pistes, comme un début de saison à faire des courses rapides et des entrainements avec mes athlètes pour leur faire prendre de la vitesse, l’adrénaline créée par le simple fait d’être en compétition avec d’autres et qui permet de se dépasser. Il faut dire que mes ultras étaient toujours pris en mode cool, sans envie de classement mais juste découvrir un joli coin.

… à confirmer

Très belle course, très engagée au niveau des pourcentages de pente, surtout les descentes dans l’herbe où on ne peut pas être décontracté. Des paysages somptueux, une organisation sans faille et des bénévoles au top…

A refaire ou pas, les circonstances décideront bien pour moi…

Pour vous qui lirez ce CR, si vous n’avez  pas encore testé vos limites à la Montagn’hard, il est grand temps d’y songer, vous ne serez pas déçu…par la difficulté.

10 commentaires

Commentaire de ejouvin posté le 09-07-2014 à 21:54:48

Comme quoi, ça peut mal commencer et en insistant un petit peu...
Bravo et soigne bien ta blessure. C'est dur d'être touché si près du but, mais tu es allé au bout.

D'ailleurs je me demande si nous n'avons pas échangé quelques mots à ton arrivée... j'étais en train de me relaxer dans l'eau et un concurrent est venu plonger ses pieds. Il souffrait terriblement d'un releveur justement.

Commentaire de LtBlueb posté le 09-07-2014 à 23:16:07

Joli CR ! Et encore bravo !

Commentaire de caro.s91 posté le 10-07-2014 à 10:20:40

Remets toi vite de ta blessure. Un releveur, ca sert aussi !!! :) Bravo d'avoir trouvé les ressources mentales pour courir au bout de 10h et d'avoir su finir malgré la blessure !!!

Commentaire de samontetro posté le 10-07-2014 à 11:03:07

Bien vu "grand machin"! Bon va falloir t'y faire à la catégorie V++, les vieilles mécaniques ça met du temps à chauffer! Mais après ça envoi du lourd! Hé! Hé!
Bravo!

Commentaire de millénium posté le 10-07-2014 à 11:31:49

belle analyse d'une non moins belle course ! Bravo (et content de t'avoir croisé)

Commentaire de nicou2000 posté le 10-07-2014 à 11:45:06

Bravo... une belle gestion de course! J'espère que tu te remettras rapidement de cette blessure...

Commentaire de mightygnou posté le 10-07-2014 à 17:04:56

bravo!
Belle course, et tu as eu raison de ne pas lâcher!
Par contre....le flippe après avoir fracassé ta lampe...J'aurai pas voulu être à ta place!

Commentaire de Françoise 84 posté le 11-07-2014 à 11:19:19

Encore bravo, tu as fait une belle course, même si le diesel a été un peu long à chauffer! J'imagine la tête des gars que tu avais dans le colimateur quand ils t'ont entendu arriver avec tes grandes jambes!!! Bisous!

Commentaire de philkikou posté le 12-07-2014 à 21:30:02

Bravo Ptijean le druide, avec sa potion magique !!!! Bien géré cette petit coursette de 110 bornes en 27h et qqs minutes !!!
Toujours un régal de lire tes récits,...bonne récup à toi et à ton releveur ;-)

Commentaire de martinev posté le 13-07-2014 à 14:15:15

Bravo. Tu as un sacré mental car courir 10 h sans envie, tu n'as rien lâché et tu as super bien terminé. Chapeau

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