L'auteur : Arno Le Fou
La course : Marathon de Paris
Date : 6/4/2014
Lieu : Paris 16 (Paris)
Affichage : 1566 vues
Distance : 42.195km
Objectif : Terminer
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Arno
P'tit Jiwok !
Moi, marathonien ?
Une chose inimaginable pour moi il y a encore deux ans ou je peinais encore à terminer des 20km. Encore pire il y a 8 ans puisque je ne courais pas encore.
Puis la crise de la quarantaine arrive et avec Mike, on se lance le défi de la faire. Moi, je dis oui, comme un c** !
Plus tard, Jean-Luc se joint à nous pour le défi. Ce sera pour nous trois le premier marathon.
Vu le prix de l’inscription qui fait craquer le porte monnaie, on se doit ensuite de faire une préparation digne de ce nom. Alors, je commence mon plan d’entrainement dès Janvier par une petite remise en forme après le break de l’hiver. Janvier débute donc tout doux avec juste de l'endurance sans forcer puis j'enquille mon programme composé de 30 séances. J’ai choisi de faire un plan d’entrainement Jiwok pour un coureur intermédiaire visant un objectif de 4h30 à un marathon. Facile à suivre, ce sont des séances Mp3. On écoute sa musique et quand il le faut, le coach nous parle et on essaye de faire ce qu’il dit. L’avantage pour moi est de me laisser guider, juste un oeil sur le cardio de temps en temps, et donc de ne pas m’imposer des rythmes qui ne seraient pas les miens.
Endurance fondamentale, fractionnés de divers types : longs, en série, intenses avec des sprint, … le programme est assez bien conçu mais manquant je trouve de séances longues, j'en ai rajouté quelques unes. Le Trail Glazig et le semi-marathon de Laval y seront aussi incorporés. A la fin du programme, on ne regarde presque plus son cardio, on se connait.
Petit à petit, je rentre dans ma bulle et pour respecter le plan, je me vois obligé de couper avec le groupe dans lequel je cous, celui du Trail des Fous. Ca, ça fait parti des aléas mais je n’aime pas. Si je cours, c’est aussi et surtout pour le partage en groupe.
Coureur de Trail d’habitude, je range mes Salomon pour enfourcher mes running. De la route, de la voie ferrée et du halage désormais. Au début sans plaisir et puis après, on ose même plus aller faire des séances trail, la peur de l’accident est plus forte, on pourrait gâcher tant d’efforts par une blessure.
Car des efforts il faut en faire ! Se couper des copains avec qui on sentraine d'habitude, je l’ai dit, mais aussi arriver à faire coïncider toutes ces sorties avec sa vie de famille et son travail. Cela demande quelques petits sacrifices et une bonne dose de compréhension de son entourage. Merci à eux.
Voilà, en 3 mois, j’aurais parcouru plus 415km au compteur, perdu 4kg et amélioré indéniablement mon endurance et ma vitesse, mon point faible depuis un moment déjà.
Puis vient presque le jour J alors, on se lance dans le grand bain. Départ vendredi soir pour arriver la veille et aller au plus tôt le matin au Running Expo pour aller chercher le sésame, le précieux dossard.
Là-dessus, on a du bol, on arrive vers 10h00. Une queue interminable est devant les portes mais nous, on arrive pile poil à l’ouverture. Toutes les portes s’ouvrent et nous, on rentre direct. Pas de queue à l’entrée, pas de queue au retrait dossard.
Ensuite on reste 2h00 à errer dans ce salon du running. Plein de belles choses à voir mais cela sent tout de même le business et le fric. Il y a un petit espace Trail, on y reste un peu plus longtemps, la Nature reprend le dessus. Le salon est immense et tout ce qui touche au running de près ou de loin y est exposé. Toutes les marques sont là.
Retour ensuite à l’apart ou on restera tranquille désormais. On prépare notre paquetage pour éviter les oublis, le stress et la précipitation du lendemain matin. On a fait aussi les repérages et timing des RER et métro pour ne pas rater le départ.
5h45, le réveil sonne.
Un p’tit bisou à mon voisin de canapé et on se lève tout doucement. Jean-Luc aura bien dormi et le canap’ s’en souviendra encore longtemps !
On s’habille, on se regarde (Mais qu’est ce qu’on fait là !?), on mange un peu et hop, c’est parti.
RER, puis métro, on sort ensuite aux Champs Elysées, tout près de l’Arc de Triomphe. Tout au long du trajet, d’autres sacs en plastique ambulants nous on rejoint.
Une p’tite photo devant l’Arc, pas pour l’Histoire, juste pour nous et tranquillement on gagne la porte du sas. Jean-Luc nous quitte, il a d’autres ambitions et vise 3h45. Sans le savoir il sera du même sas que mon cousin Ludo.
Avec Mike, on rentre dans le sas 4h30, c’est marqué sur notre dossard.
Puis vient l’attente interminable. Il faudra attendre 1h00 après le départ officiel des champions pour que l’on parte. On avance petit à petit, sas par sas. Il faut faire attention ou on met les pieds, y'a de tout par terre. On passe l’arche, chrono en route et c’est parti.
200m plus loin, arrêt garage ! Sympa cette boisson d’attente du pack marathon Overstim mais à force de boire, l’arrêt est nécessaire, j'étais point bin à mon aise ! Je rejoins Mike et à peine à coté de lui, j’entends sur ma droite « Bonjour les Fous ». Deux gentils « Laval Court Cool » sont à coté de nous. On se souhaite bonne course.
On démarre sur un rythme tranquille en respectant un des conseils majeurs : ne pas se laisser entrainer par la foule. Au cinquième kilomètre on se fait dépasser par le meneur d’allure 4h30. Pour ma part, je cours donc déjà trop vite, mon objectif étant moins de 5h00.
Avec Mike, nous resterons ensemble jusqu’au 12eme kilomètre environ puis il prendra les devant car je veux ralentir un peu la cadence pour tenir, la peur de l'inconnu. 5eme km passé en 32min puis les 10km en 1h05.
Ca y’est, je suis tout seul maintenant, comme un grand. La foule des coureurs est encore dense autour de moi. Je me régale pour l’instant. Tout se passe bien, pas de bobo. Les animations nous donnent de petits coups de fouet bien sympathiques.
15eme km en 1h40 et tout ira bien jusqu’au 17eme km ou tout d’un coup, sous l’effet du soleil qui nous cogne, j’ai un petit coup de mou. Et me voilà à marcher déjà sur une centaine de mètres, le temps de bien boire et de manger. J'en suis honteux ! Non, pas maintenant, pas déjà !
J’arrive à repartir et au 19eme km, je verrais Marco et Virginie pour les encouragements. Mike serait dans les 5min devant moi.
20eme km en 2h19 puis semi-Marathon officiel en 2h28. Je suis encore dans mon chrono et cela va bien même si j’ai déjà ralenti.
Le parcours est assez plat mais surtout très sympathique. Toujours du monde autour, des animations qui nous mettent en joie, des ravitaillement simples : bananes, oranges, fruits secs, sucre et eau mais largement suffisants avec des bénévoles à nos petits soins. Très bon point de l’organisation déjà bien rodée par 38 éditions. Par contre, à chaque ravito, les tonnes de déchets par terre obligent à faire attention, ça glisse au pays des merveilles !
Je passerais ensuite le 25eme km en 3h01 et là commencera ma longue descente aux enfers. La cadence devient de moins en moins rapide. Sur tous les coureurs autour de moi je dirais que sur 10, 2 seulement trottinent, les autres marchent. Je me laisse aller moi aussi à la facilité et je marche, je marche, je marche.
Le meneur d’allure des 5h00 me dépassera à la sortie d’un tunnel. Mon rêve s’effondre et je passe en mode idées noires avant d’avoir un sursaut et de chausser les écouteurs pour aller divaguer avec ma musique dans des pensées plus positives.
Physiquement, j’ai mal, bien sur mais à cet instant, je n’arrive pas à me dire que c’est normal, que je pourrais avancer en trottinant, que ça ne sert à rien de marcher. Pourtant, pas de décharges annonciatrices de crampes, une première pour moi sur des longues distances. Pas de petits bobos non plus à part une irritation que je commence à sentir entre les cuissots.
J’avais peur de l’impact répété mais je n’ai pas mal aux pieds non plus.
30eme km en 3h45 et je me dis que Jean-Luc est surement sur le point d’en finir (en fait, le soir, je réaliserais que parti avant, dans un autre sas devant, il avait déjà fini !). Je m’arrête aussi pour bien m’étirer. Je ne fais jamais ça d’habitude mais d’autres le font, alors je copie. Et effectivement, ça fait du bien. A chaque fois, j’arrive à courir un peu après ces étirements mais la marche revient au bout de quelques centaines de mètres. Je fais du fractionné lent en passant de mode tortue à mode tortue rapide.
35eme en 4h31. J’ai dépassé la plus grande distance que je n’ai jamais faite en course officielle. M’en reste 7. La fatigue m’a envahi mais je sais que c’est jouable. Autour de moi, il commence à y avoir des zombies, mais moi, je n’ai pas l’impression d’être comme eux.
Là je verrais aussi le meneur d’allure des 5h30 me dépasser. Cela m’assommera au lieu de me donner un coup de fouet et me faire repartir de plus belle.
40eme km en 5h17. Je sais déjà que pour moi, ce sera plus de 5h30. Il y a bien longtemps que j’ai dépassé la plus longue distance que j’ai jamais parcourue en entrainement. C’est déjà une petite victoire. Mouech !
Tout à coup, derrière moi, un mec qui doit être sous amphèt' arrive en criant « Allez, plus que 2, c’est maintenant. On a pas fait tout ça pour se faire doubler désormais ! Allez en avant ! ». D’abord surpris, je vois qu’un petit groupe d’une dizaine de coureurs emboitent son pas. Allez, j’arrive à me réveiller et je suis ce groupe.
Les allées forestières laissent place aux pavés. On n’est pas loin. Le mec continue à gueuler mais moins de personnes le suivent. Moi si ! Encore un dernier sursaut, j’entends le speaker. Je dépasse le « hurleur » et lui dit merci intérieurement. Maintenant, c’est à moi de jouer. Sensation très bizarre. On oublie tout et on court, on court, on s’envole. Je vois le portique, une boule serre ma gorge, j’en ai même du mal à trouver ma respiration.
Et c’est la ligne d’arrivée ! 5h36, temps pourri mais je chiale comme une madeleine, seul parmis les autres ! Je m’assois, me laisse aller, il faut que ça sorte. Je reprends mes esprits un peu plus tard et rejoint la sortie. Je vois au loin derrière les grilles Marco, Virginie et mes deux compagnons. Ils ont réussi aussi.
Ravitaillement, t-shirt finisher, et la médaille tant attendue.
I’m a marathoner. Jamais je n’aurais cru faire ça dans ma vie, c’est incroyable.
Je me souviens au tout début ou je m’étais mis à courir, de mon grand-père qui me disait en rigolant « tu fais du marathon ? ». Mimile, elle est pour toi celle là, si tu me lis de là haut.
Le soir, je n’en voudrais plus. Terminé la course à pied. Trop mal, trop long, trop nul.
Physiquement, je ne vais pas trop mal les jours suivant. De légères courbatures, j'ai connu bien pire, et une grosse irritation mais c’est tout. Ce qui me fait dire que c’est bien mentalement que j’ai craqué, pas physiquement. Encore un gout d’inachevé. Le physique a donc tenu. Est-ce par la cure Overstim du pack Marathon, par une prépa que je juge bien réalisée, aucune idée. De là viennent surtout mes regrets sur ce mental qui me fait défaut.
Tout le monde me dit "Mais c'est bien Arno, tu l'as fait. Y'en a qui en sont incapables". Moi je dis oui, mais quitte à le faire, s'entrainer pour le finir, autant le faire bien. Alors, je considère ça encore comme un échec pour moi, même si l'expérience a été très enrichissante. Un marathon fait beaucup apprendre sur soi.
Merci aux copains pour leurs messages d'encouragements (Que hélas, je n'ai pu lire qu'après à cause d'un coup d'puk de mon téléphone). Merci à Mike de m'avoir entrainé dans ce défi. Merci à Virgéou d'avoir géré la logistique. Merci à Jean-Luc d'avoir partagé ''son'' canap'. Merci à Marco de m'avoir accompagné et servi de chauffeur pour le retour. Et MERCI à Estelle et mes enfants pour m'avoir libéré de plein de choses pour que mon entrainement se fasse correctement.
Quatre nuits qui portent conseil plus tard, je crois que dans ma tête, j’ai déjà ressigné.
2016 -> 42ans, je serais plus dans le thème. Et en plus, ce sera la quarantième édition !
6 commentaires
Commentaire de Benman posté le 10-04-2014 à 20:57:48
un seul mot: bravo; tu es marathonien, et cela vaut toutes les victoires.
Commentaire de Galopaïre posté le 10-04-2014 à 21:19:02
Un gros bravo.
Un défi joliment réalisé.
Commentaire de LongJohnSilver posté le 10-04-2014 à 21:24:32
Le fractionné mode tortue à tortue rapide, je prends! Peut-être un nouveau type de séance à inclure dans les entraînements? ;)
Merci pour ton récit!
Commentaire de yoshi posté le 11-04-2014 à 08:59:46
Bravo aussi d'être finisher, on sait tous ici et même les plus costaud (dont je ne fais pas parti avec un modeste 3h44 comme meilleur perf marathon au bout du 4eme marathon) ont souffert sur leur premier marathon , même békélé à son niveau en a bavé. Je pense que tu as une grosse marge de progression, cela me rappelle ma galère de mon premier MDP en 4h47, j'en voyais pas le bout. Pour moi ce sera l'année prochaine pour la 40eme edition pour essayer de battre mon record personnel, en attendant c'est la prepa TDS (120km +7700mD+) qui est mon actualité.
Commentaire de Montana posté le 11-04-2014 à 13:48:10
Super récit!! Que d'émotion sur la fin de course. C'est déjà super de s'être accroché comme ça et d'avoir terminé. Il y en a beaucoup qui auraient abandonné. C'est vrai que c'est dur un premier marathon et à la fin on dit tous "plus jamais" mais "malheureusement" pour toi, tu as choppé le virus!!! Bonne récup et bon courage pour la suite!
Commentaire de RayaRun posté le 12-04-2014 à 01:47:06
Finir ! Tu as fini et ça c est bien ! Tu as le temps pour faire un temps ! Le premier marathon, la première course de plus de 4h30, c est la plus dure surtout quand on s y prend sur le tard ! Donc, c est un beau succès et le début du bonheur en course longue ! Bravo.
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