L'auteur : sylvain73
La course : Ultra Trail du Mont Blanc
Date : 30/8/2013
Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)
Affichage : 2613 vues
Distance : 166km
Matos : Jambes, pieds, cerveau, estomac
Objectif : Terminer
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UTMB
4 lettres qui résonnent dans ma tête depuis des années...
Enfin au début ca résonnait plus comme
Ulcère
Tachycardie
Masochisme
Barbarie
Je suis plutôt du genre à me dire qu'il n'y a pas besoin de porter un dossard pour se faire plaisir en montagne. Je n’étais même pas loin de trouver complètement débile l'idée de se suivre à la queleuleu par centaines alors qu'il y a tant de coins peinards ou on ne croise jamais un chat loin de la clinquante vallée de Chamonix! Bref je regardais la mouvance trail s'installer en montagne avec un certain scepticisme voire du dédain. Courir en montagne on faisait déjà ça y a 20 ans pour se disputer le record de la montée du Trelod avec Fabrice, on n’avait pas besoin de trucs de compression ni de camel machin ou de gilet finichieur!
Mais lorsqu'il y a 3 ans mon mur facebook est envahi de déclarations de temps de passage d'un certain Romain sur l'UTMB je me dis "Bon sang faut que tu fasses ce truc ça a l'air dément!"
Je file sur le site web pour m'inscrire et la : déception. Il faut des points acquis sur d'autres courses les années précédentes et même avec ça visiblement on n’est pas sûr de prendre le départ. Quel bazar... Mais quand on veut, on peut! En 1 an Je vais alors passer par tous les travers du trailer avide mais à vide :
- Entrainement complètement aléatoire et irrégulier ce qui amena
- Inflammation du TFL
- Acheter des Hoka en espérant sauvegarder ses genoux
- Vouloir suivre un certain Latour en entrainement (allez jeter un œil sur http://www.redbullxalps.com/athletes/profile/clement-latour.html cette course je peux vous dire que c'est autre chose que nos petite balades collégiales!) et finir complètement explose 2 jours avant le départ de sa 1ere course...
1 an plus tard me voilà au départ du Trail des Aiguilles Rouges 2011 (non sans avoir fait un tour chez Ravanel la veille pour me transformer moi aussi en vrai trailer qui brille et qui compresse!). Je prends le départ avec le beau-frère que j'ai embarque dans l'aventure mais aussi avec mon inflammation du TFL, une bombe de froid, du baume du tigre, et un torchon pour avoir quelque chose à serrer entre les dents. Inutile de vous dire que la course n'arrange rien à l'état de mes genoux... Je finis décomposé!
Après 2 mois à ronger mon frein pour que la douleur disparaisse je décide qu'une petite remise en question s'impose... même en piètre matheux je sais que 168>50.
1 an et demi plus tard, sur les bons conseils d'un récent époustouflant finisher de la Diagonale des fous (merci Jérôme!) je souscris alors à un plan d'entrainement chez Alain Roche. Finalement bien s'entrainer... ça s'apprend, surtout quand vous avez un boulot à temps plein et une autre passion éminemment chronophage!
Je file aussi chez un fabricant de semelle malgré des expériences passées peu concluantes...
2 ans plus tard, après un passage à l'Annecime qui nous déçoit un peu, nous sommes au départ du Tour des Ducs de Savoie. Conditions dantesques, neige, tout ce que j'aime, pied énorme (au sens figure mais hélas aussi au sens propre). Bon 168>112 mais je me prends a rêver... Et pis maintenant on a tous les 2 les points nécessaires : on va enfin pouvoir participer au tirage au sort, se faire recaler et être prioritaire sur l'UTMB 2014! Le timing est parfait, d'autant que la naissance de notre petit bout de chou est prévue le 30 aout, ce sera rigolo d'être au départ pile 1 an après...
2 ans et demi plus tard mail reçu au fin fond de la Colombie pendant la finale de la Coupe du monde de parapente :
"Vous êtes pré-inscrit pour la course UTMB®."
Oui c'est bien cela, jusque la ca va...
"Le tirage au sort a été effectué et nous avons le plaisir de confirmer votre inscription à la course UTMB® !
Vous devez maintenant finaliser votre inscription, à partir du 18/01/2013 et avant le 28/01/2013."
Hein quoi pardon?? Mais je croyais qu’on n’avait aucune chance d'être pris la 1ere année! Caramba, moi qui coulait des jours heureux en me disant qu'il restait 1 an et demi pour se préparer et qu'on était laaaaaaarge... Alors branlebas de combat : chaque occasion est mise à profit pour la préparation. Je suis tellement motive qu'un jour particulièrement neigeux je vais au bureau a Genève en ski de fond sous les regards intrigues des citadins :
L'UTMB ca amène à faire un peu n'importe quoi des fois... Si jamais vous me croiser l'hiver prochain... venez taper la discute!
3 ans plus tard, ça y est on y est!
En plus on à la chance d'être accompagne par mon père pour l'assistance + les photos! Merci
Oh ça ne se voit pas mais on ne fait pas trop trop les malins en fait... Seb est un peu short niveau entrainement à cause du boulot et en ce qui me concerne en plus de la naissance de Timothée (en avance, ouf!!), un mollet reste longtemps douloureux après l'Airtour (http://www.airtour.fr/infos/parcours/ pour les curieux...) j'ai droit à une bonne constipation qui m'a au moins permis de découvrir les joies du lavement la veille du départ (rien ne vous sera épargné cher lecteur...) Après une dernière tentative de sieste il est temps d'aller retrouver nos 2000 petits copains et de s'offrir un bain de foule pendant que le fameux hymne retentit
Je crois qu'on est tous les 2 un peu émus d'être la sous les encouragements de la foule. Mais cela ne dure pas longtemps car bien qu'en queue de peloton, le rythme de départ est assez soutenu. On se croirait plus parti pour un entrainement VMA que pour un ultra!
Je m'attendais aux mêmes bouchons que pour la TDS l'an dernier mais non, le rythme ne faiblit que trop peu pour la montée au Prarion (drôle d'idée d'appeler le checkpoint le delevret!). On s'offre une première pause pipi en passant sous le décollage parapente de la Charme (théâtre d'un loupe mémorable d'une cinquantaine de pilotes pour aller se poser au sommet du Mont Blanc l'an dernier après ze magic day! J'en rigole encore!)
Dans la descente ça coince très légèrement sur quelques passage un peu raides, un râleur s'étonne "et ben heureusement que c'est un parcours roulant l'UTMB sinon avec des clampins pareils", je lui fait remarquer qu'en attendant les clampins sont quand même devant lui et que s'il était vraiment si fort il serait devant, ça lui plait pas et il tente un dépassement hasardeux qui manque de finir en roule boule... on s'amuse comme on peut pendant 43h!
Arrivée à Saint Gervais : j'hallucine sur l'embouteillage que l'on crée! Y a bien que pour l'UTMB qu'on empêche les nantis de SaintGer de rouler ;o)
Et hop nous voilà sur le sentier sur lequel notre reconnaissance du mois de Juillet (le fameux week end Choc a la sauce Roche) avait commencé. On profite des frontales des autres pour s'épargner un arrêt et on presse le pas pour arriver aux Contamines avant que la nuit n'ait tout engloutie.
Le ravito des Conta est une formalité, mon père nous y amène nos affaires mais à dire vrai on est encore dans l'effervescence on ne sait même pas quelles affaires emmener. Pourtant dieu sait s'il faudrait garder la tête froide à ce moment de la course. En sortant je croise un collègue parapentiste de l'Airtour bénévole : Julien qui m'a l'air bien plus décomposé que nous! Ils ont la sante ces bénévoles quand même punaise!
La montée vers la Croix du bonhomme est une formalité, on double un peu quand c'est possible mais sans se cramer. Bref on est bien, content d'être là où on est tous les 2. La descente sur les Chapieux permet de mettre à profit les nombreuses séances de casse de fibre qu'Alain le tortionnaire m'a fait subir. Jusque-là tout va bien mais Seb commence à avoir les quadris un peu entames.
Je passe sous silence la partie goudronnée de la ville des Glaciers mais finalement celle-là on n’est pas mécontents de la faire de nuit.
Avant d'attaquer le col de la Seigne un rapide coup d'œil au chalet des Mottets, lieu de notre halte nocturne pendant la reco. Pas fâché non plus de ne pas avoir à subir les désaccords d'accordéon + chants traditionnels savoyards des tenanciers (oh je suis vache la quand même mais bon pour 40 euros la nuit dans une étable cerne par des japonais ronfleurs hein...)
Au col de la Seigne Seb m'annonce qu'il est cuit. Je commençais à m'en douter un peu mais hélas l'ultra trail est impitoyable. Je me suis fait cette representation de notre sport : c'est un peu comme un ballon de baudruche contenant notre énergie vitale. Un certain nombre de paramètres (les kilomètres qui défilent, les chocs des descentes, les difficultés digestives, l'absence de sommeil) percent des petits trous dans ce ballon au fur et à mesure qu'on avance. Lorsqu'on est un gloglo comme nous l'objectif est simplement d'être arrive avant que le ballon ne se soit vide complètement.
On a heureusement des outils pour reremplir un peu le ballon pendant la course : bonne hydratation, pauses aux ravitos, encouragements, infirmerie...
Mais il y a surtout 2 paramètres pour éviter que la vidange ne se fasse avant la ligne : l'entrainement et la force mentale. L'un pouvant compenser l'autre dans une certaine mesure mais il ne pourra jamais le remplacer complètement malheureusement. Et quand je zappe trop souvent l'entrainement je fais des cauchemars de ballons qui explosent!
Seb j'espère qu'on aura l'occasion de refaire de nombreuses courses tous les 2 car "a 2 c'est mieux"©
La descente sur Courmayeur est toujours aussi pénible surtout que le bal des Japonais fonceurs commence. Je vais halluciner sur leur capacité à descendre à une vitesse supersonique pendant tout le reste de la course. Mais je me demande ce qu'ils foutent aux ravitos car à chaque fois ce sont les mêmes qui nous doublent! Pendant que le soleil refait surface mon envie de chanter réapparait : "Chacun sa route, chacun son chemin, passe le message a ton voisin." Bizarrement cela fait plutôt le vide des voisins autour de moi...
J'hésite à sortir le téléphone a Courmayeur pour faire un petit coucou a la petite famille mais non, cette course est une bonne occasion de se desintoxifier des nouvelles technologies. Back to basics et sur ces belles paroles j'entame la longue remontée vers Bertone. Quel plaisir de la faire cette fois sous une température clémente et sans avoir à se battre avec une barrière horaire!
Arnuva, (95 < 168) on nous annonce de prendre beaucoup d'eau car la Fully est loin. Je n'y prête pas spécialement attention mais remplis quand même les 1L du sac de chameau et les 50cl de ma gourde agrémente d'un soupçon de pisse de chameau gout citron. On est jamais trop prudent...
J'avance désormais en terrain totalement inconnue sauf par la voie des airs mais ce n'est pas tout à fait la même!
Ha ben tiens d'ailleurs j'en profite pour varier un peu : sur cette photo amusez-vous à trouver les 2 parapentes qui m'accompagnaient sur la transition devant le Mont Dolent juste avant le Col Ferret lors d'un vol mythique du tour du Mont Blanc (à contre sens!) en 2011
J'y pense de plus en plus à ce vol car là le Col Ferret faut le grimper avec les guiboles et c'est pas la même. Qu'on ne vienne pas me parler de paysages, je suis concentre sur les 50cm devant mes pieds pour rester au contact de mon petit groupe. Les 1ere interrogations sur le style du "mais qu'est ce que je fous la" commencent à poindre... Elle finissent de commencer lorsqu'au moment de basculer (hop hop hop, on bascule!) : BIM la bonne grosse douleur sur le releveur de la cheville gauche. Quel con : j'ai oublié de desserrer ma chaussure de gauche au ravito d'Arnuva et la languette appuyait à bloc sur la cheville. Rien vu venir... Mais d'un coup, quel choc (sans mauvais jeu de mot...)
Je sais qu'a Champex mon père m'attend avec de la pommade refroidissante, je me raccroche a ca et descend clopin clopan en épargnant mon releveur. Après 10 minutes de ce petit jeu Re-BIM, quasi instantanément mes 2 protubérances du tendon rotulien s'inflamment! Pas grave me dis-je, grâce au ski de fond, il me reste de la force dans les bras! Et alors que le moral baisse plus vite que l'altimètre, j'ai l'impression de m'éteindre petit à petit au fur et à mesure que mes tendons eux s'inflamment sur cette foutue descente sur la Fouly... Lorsque mon coude droit commence à donner aussi des signes de fatigue, je suis au fond du trou et il était temps car c'est là aussi que ce trouve ce foutu ravito! Bonne surprise mon père m'y attend. Je suis un peu grognon car je sais que maintenant diminue et boiteux cela va être très très complique pour moi : il reste 60km et 1 nuit! Cela parait impossible avec une seule cheville, j'évoque la possibilité d'abandonner à mon père pour éviter de ne m'abimer la carcasse.
Un petit tour à l'infirmerie me permet de cogiter un peu sur ma situation. J'ai quand même de la marge sur les barrières horaires et je n'ai encore jamais abandonne de ma vie. Ce serait idiot de commencer ici. Mon père est motivé pour m'attendre à Champex ou Clément m'a dit qu'il y aurait des masseuses en string (euh peut être qu'il avait pas dit pour le string), ce serait dommage de rater ca même si c'est surtout de ma femme dont j'aurais le plus besoin a l'instant t!
Je me trouve un bon compagnon de route pour atteindre Champex, en plus il a bien reconnu le parcours donc je m'accroche psychologiquement à toutes les infos qu'il peut me donner, notamment sur cette dernière montée interminable ou nous sommes pourtant bien soutenus par les spectateurs présents
Une fois au ravito j'applique la stratégie Latour : avant tout manger, pour avoir le temps de digérer pendant qu'on fait le reste.
Puis direction l'infirmerie
On se croirait à un dispensaire de l'armée en pleine guerre, cela finit de me rendre le sourire!
Finalement tout cela est tellement dérisoire, au diable le chrono et les tendinites, il faut que le plaisir d'être la reprenne le dessus, la positive attitude! Je ne sais pas si c'est un effet secondaire de ces espèces de petites bandelettes noires ridicules que le kiné m'a posé sur la jambe en me promettant que dans 2 heures tout irait mieux mais j'ai retrouvé une pèche d'enfer!
C'est par la Bovine?
L'effet placebo dure le temps de la montée a Bovine ou je tire un groupe d'une quinzaine d'éclopés (dont quelques japonais qui n'osent pas traverser un enclot avec des vaches et attendent donc que notre groupe leur ouvre la voie (HAHA LES TAFS ils ont peur des vaches!!! ceux qui me connaissent comprendront...)
La descente est un vrai bonheur, il fait nuit j'ai désormais mal à la hanche qui soulage mes genoux qui soulagent mon releveur qui soulage... mon vague à l'âme
D'un coup je reconnais le col de la Forclaz, quel bonheur de retrouver un coin familier. Lorsqu'en arrivant sur Trient je m'aperçois que j'ai toujours plus de 5h d'avance sur la barrière horaire je me dis que franchement il n'y a plus grand chose qui pourra m'empêcher de voir Chamonix. Le tout étant de réussir a gérer la douleur et pour ça je tiens à dire que j'ai fait la demande en mairie pour un permis de construire me permettant de construire une statue au sommet du Salève a la gloire des médecins/infirmier/kinés de l'infirmerie de Trient! 139 < 168
En un temps record ils me construisent un strap digne de ce nom qui m'immobilise complètement la cheville qui a déjà sérieusement enflée. Là c'est du sérieux : plus question de courir mais je n'ai plus mal! En plus une charmante jeune fille me dessine un message sur la bande, HA ca ils savent recevoir les clients a Trient! par contre consigne de mon nouveau Dieu : si tu t'arrêtes pour dormir, vu comme c'est enfle, si ça refroidit tu pourras pas repartir
C'est note et je repars du ravito en chantant un peu de Bob Marley :
We're the survivors, yes: the Black survivors!
I tell you what: some people got everything;
Some people got nothing;
Some people got hopes and dreams;
Some people got ways and means.
http://www.youtube.com/watch?v=QWZRBC04lW0
Je connais que ça de la chanson mais pendant les 4 heures nécessaires pour rejoindre Vallorcine je vais faire tourner ce refrain en boucle dans ma tête en alternance avec I will survive (mais là je connais que cette phrase des paroles donc je suis plus limite et les nananananana ca va un moment quoi)
Pendant la descente sur Vallorcine the fun begins : un type s'enroule dans sa couverture de survie, un autre réussi encore à vomir(!) les japonais ont arrêté de nous doubler en descente comme des avions (soit leurs quadris sont en bouillie soit ils sont devants!). Un Italien est complètement à l'ouest, il croit que la ville qu'on voit en dessous c'est Cham!! J'essaye de lui expliquer que non c'est Vallorcine (look, the train station, it has to be Vallorcine mate!) mais il est dubitatif et il est surtout complètement dans le cirage. Quand il demande à un courageux accompagnant combien de kilomètres il reste et que celui-ci lui dit "one or two" le pauvre gugusse comprend pas que c'est pour atteindre Vallorcine et il part en sprint en pensant que c'est fini! J'avoue ça m'a bien fait marrer et j'aurai donne cher pour voir sa tête en arrivant au ravito!
149 < 168, reste 20!
Je prends 10 minutes pour reremplir une enieme fois ce camelback et je pique une barre overtsims salée, c'est l'occasion de découvrir la gastronomie et faire des expériences culinaires les ultras... ha non? ha bon... Bon promis coach je le ferais plus...
Et aaaaaaallllllooooooooors maaaaaaaiiiiinnnntnaaaaaaaaaaant en rouuuuuuuute pour'l'coooooooooooooooooooooooool des Mooooooonteeeeeeeeeeeeeeeeeeets
Je ne sais pas si c'est l'effet Suisse mais d'un coup je me transforme en zombie. J'avance plus et tout le monde me double alors qu'on est sur un faux plat montant ou ma cheville n'est pas un handicap normalement. J'ai juste putain de sommeil! Vite il faut que je dorme, j'ai le temps sur les barrières donc faut pas prendre de risque. Ha ben oui mais non le médecin a dit pas dodo. Dodo? pas dodo? La dodo l'est pas la! Ok ok on m'avait dit qu'en fin de 2eme nuit on pouvait avoir des hallucinations mais là je vois des bouteilles de bière Réunionnaise (la fameuse Dodo pour les non connaisseurs) me passer devant les yeux quand même. Peut-être était-ce prémonitoire pour la Diagonale des fous???
On pourrait croire que ça va mal mais en fait non, j'adore! J'étais aussi venu pour expérimenter ca justement, une manière de découvrir son corps sous un angle diffèrent. Je vois des cabanes de contrôle a la place des troncs d'arbres et peu après alors que mes yeux sont ouverts impossible de distinguer les pierres du chemin. Je ne vois qu'un cercle jaune matérialisé par la lumière de ma frontale. et je suis heureux! Car je sais que rien ne vas pouvoir m'empêcher d'atteindre Chamonix! Je me rappelle ces 4 jours passes dans la tempête dans un igloo au Mont Rosset à attendre les secours : la même conviction m'habitait. L'être humain est vraiment une machine incroyable et même si nous n'en avons plus l'habitude : trouver ses limites n'est pas chose si facile!
Au col j'espérais retrouver mon père pour qu'on fasse la fin ensemble mais il est encore un peu tôt. J'aurais du le prévenir a Vallorcine mais sortir le téléphone aurait été un calvaire (il est plus question de vouloir se desintoxifier de la technologie hein...)
La montée j'avoue que je me souviens plus bien mais le retour du jour m'aide bien. J'étais derrière un italien qui comatait autant que moi, soufflait comme un bœuf et on se faisait doubler par des tombereaux de coureur mais honnêtement ca m'en touchait une sans faire bouger l'autre. La fin est une vraie galère en tout cas c'est tout plat dans des pierriers, rien ne nous est épargné. Oui, sauf qu'en arrivant sur la crête sommitale (Vous enflammez pas hein c'est tout arrondi et ça ressemble à rien. D'ailleurs vous pouvez demander à n'importe quel chamoniard qui ne suit pas l'UTMB : la tête au vent ils connaissent pas!) d'un seul coup : LE SOLEIL! ALWAYS, ALWAYS Alwayyys theee suuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuun (le clip vaut le detour : http://www.youtube.com/watch?v=cy9-epdDw9E)
je me pose 5 minutes pour me laisser envahir par ses rayons. Vraiment un instant de grande plénitude comme j'en ai rarement. Heureusement vous allez me dire vu l'état dans lequel il faut que je me mette pour y parvenir! Je pense au principal défi qui va m'attendre au retour dans la vallée avec ma toute nouvelle paternité et je conclue cette courte introspection à voix haute "Bah bah ça va bien se passer! Allez en route"
Mon père vient à ma rencontre depuis la Flegere et c'est un vrai bonheur de le retrouver au détour d'un virage :
Il a l'air aussi heureux que moi! Cela fait plaisir et heureusement que j'en ai par ce biais la du plaisir car la dernière descente sur Chamonix est infernale!
Enfin ceci dit quand je vois comment ce concurrent a fini sa course, je me dis qu'il y a pire :
Je savoure la fin de ma course le long de l'Arve, laissant les énervés du chrono encore valides me doubler a toute blinde (si je pouvais je ferais comme eux hein!)
L'arrivée à Cham est sensationnelle. C'est là qu'on mesure combien l'UTMB est une course unique. On peut comme les sympathiques UltraSiestes la critiquer pour son gigantisme et on peut trouver dommage d'amener tant de monde dans ces montagnes magnifiques donnant l'impression d'une foire. Mais celui qui a vu cette arche apparaitre après 168km non vraiment je ne vois pas comment il pourrait ne pas l'aimer cette course...
Les autres peuvent bien critiquer ils ne savent pas et ne comprendront pas!
168=168 cette fois mon compte est bon!
Pour le coach : graphe cardio de gestion de course :
Temps de passage :
Preparation depuis le 1er Janvier : 96 sorties 1100km a pied (ca use ca use...) 350 en ski de fond 61 100m de D+
De retour à la maison, j'ai enfin trouve une utilité a ces polaires sans manches ridicules (mais tant désirées!)
Le passage de flambeau peut commencer...
11 commentaires
Commentaire de Caro74 posté le 04-09-2013 à 19:28:38
Super chouette récit. Bravo pour ton UTMB... Et pour ton pitchouń aussi, qui est tout mignon, cela me rend nostalgique!
Commentaire de idec59 posté le 04-09-2013 à 21:12:52
Bravo et merci pour ton CR
Commentaire de Arclusaz posté le 04-09-2013 à 22:42:40
un bien chouette récit de cette petite coursede préparation à la vrai grande épreuve : l'amélioration du record de la montée au Trélod. Il est à combien le record ? et c'est en passant par Pleuven ou pas ?
merci, j'ai bien ri. Bravo pour la perf.
Commentaire de sylvain73 posté le 05-09-2013 à 09:48:08
Ecoute ca fait un paquet d'annees, je ne connais plus les temps exact! C'etait autour de 1h depuis le parking du cul du bois (on avait 12 ans, interdit de passer par Pleuven car c'etait "trop dangereux" ;)
Des que je peux remettre un pied devant l'autre je retourne y faire un tour!
Un peu plus tard on aimait bien faire la traversee Pecloz Armen Arces Arlicot Grand Para mais on a jamais ose pousser jusqu'a... l'Arclusaz! Y parait qu'elle craint la fin de l'arete!
Commentaire de Arclusaz posté le 05-09-2013 à 10:19:28
Entre le Grand Parra et le Chapeau de Napoléon (juste avant le Col d'Arclusaz), à priori ça ne passe pas (dixit un guide du coin). Par contre la Dent d'Arclusaz est facile depuis le Col.
C'est vrai que la traversée dont tu parles est géniale (pour ma part, je n'ai jamais dépassé les Arlicots) mais aérienne : faut pas craindre le vertige !
Commentaire de chanthy posté le 05-09-2013 à 09:06:58
merci pour ce récit génial.
j'ai bien rit.Respect pour avoir fini cette course.
ça donne encore plus envie :)
au plaisir
Commentaire de illifun posté le 05-09-2013 à 13:19:37
Bravo pour ce récit et surtout pour avoir fini cette course.
Nous nous étions rencontrés il y a juste un an sur les pentes de pic de Bure, quelques jours avant ta TDS, et je suis impressionné par tes courses depuis, avec l'enchainement TDS 2012 dans le froid, et l'UTMB l'année suivante.
Bravo et merci pour ton CR.
Commentaire de sylvain73 posté le 06-09-2013 à 09:08:17
Hello Flo07
Je me rappelle tres bien de ce week end et de cette sortie qui d'ailleurs ne s'etait pas tout a fait deroule dans les regles de l'art en terme de prepa!!
Je vois que depuis l'Ardechois t'as ete prolifique en courses, belle perf les 7h a Faverges! Bon c'est quand qu'on s'organise un KV au Trelod avec tous ces locaux qui trainent par ici?
Commentaire de gj4807 posté le 06-09-2013 à 20:05:27
Bravo Sylvain, super récit. J'ai bien rigolé sur les airs d'accordéon et l'Etoile des Neiges aux Mottets! Soit on y est passés le même soir (sous la pluie fin juin), soit c'est une habitude! Bonne récup
Commentaire de sylvain73 posté le 07-09-2013 à 19:36:32
Et bien cela doit être une (mauvaise!) habitude alors puisqu'on y était mi juillet sous la canicule! Enfin bon ça avait l'air de beaucoup amuser les japonais a notre table... Nous beaucoup moins mais comme toi cela ne nous avait pas empêche de dormir! À refaire je troquerais volontiers un peu de folklore suranné contre un esprit un peu plus montagne en reservant en avance au refuge Elisabetha!
Commentaire de Pieromarseille posté le 28-08-2014 à 11:06:00
En attendant les récits du cru 2014, je relis quelques récits d'anciens combattants ! Vraiment chouette le tien - avec une belle positive attitude inévitablement colorée d'humour dans ce genre de circonstances.
Un an après, encore bravo !
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