Récit de la course : Trail Ubaye Salomon - 42 km 2013, par Papillon

L'auteur : Papillon

La course : Trail Ubaye Salomon - 42 km

Date : 11/8/2013

Lieu : Barcelonnette (Alpes-de-Haute-Provence)

Affichage : 1690 vues

Distance : 42km

Objectif : Pas d'objectif

15 commentaires

Partager :

L' Ubaye, ma vengeance dans de somptueux paysages!

Je me suis inscrite sur l’Ubaye trail salomon pour deux raisons : par une volonté de vengeance terrible… ayant dû laisser tomber le tour des fiz pour une vilaine déshydratation, je ne voulais pas rester sur cet échec. 

Quitte à rempiler, j’ai choisi une course qui me faisait rêver depuis longtemps pour ses paysages : l’Ubaye…

42km, 2380m de dénivelé positive… bref, une course à l’échelle de notre entraînement, ça devrait passer correctement.

 

Nous sommes en vacances dans le coin, c’est parfait.

 

Oui, mais voilà, nous sommes crevés. Début des vacances sous d’énormes orages qui transforment notre emplacement de camping ainsi que la tente en piscine… YES ! Heureusement, le beau temps revient, permettant à tout cela de sécher assez rapidement. Le camping est pas mal, mais nous sommes loin de tout : loin des courses à faire, nous n’avons pas de glacière. Loin aussi des randonnées sympas. Nous trouvons une petite boucle à faire derrière le camping, un peu moins de 7km. De toutes façons, lacourse est dimanche, nous sommes arrivés mercredi, il ne reste pas beaucoup d’entraînements à effectuer.

 

Gros avantage, je dors comme un bébé : la fraîcheur de la nuit, l’obligation de se coucher tôt… économie de bouteille de gaz.

 

Jusqu’à ce samedi où le mobil home au-dessus de la tente change d’occupants… dés leur arrivée, ils hurlent, ameutent tout le camping… pas de bol, en fait ils sont nombreux, ils ont les deux mobil homes voisins, et surtout le même état d’esprit. « Seuls au monde !!!!! »

 

Le soir arrive, ils ne se sont toujours pas calmés, les bouteilles s’ouvrent… nous nous couchons, nous suivons toutes les conversations comme si nous étions au milieu de leur table… le pied… les accouchements des dames, l’éducation des enfants, les tapis de sol des 206 peugeot (et oui… je ne pensais pas que cela pouvait faire un sujet de conversation)… je fulmine, j’enrage, pas moyen de fermer l’œil… je pense à ma course demain matin, au réveil qui sonne à 6h… pas de chance !!!!

 

A 22h45, je tente une première envolée lyrique : je termine leurs phrases, je donne mon avis en gueulant, histoire de leur faire remarquer qu’en camping, les murs ont des oreilles… rien y fait. Mieux, on se fout de ma tronche, « Qu’est-ce qu’elle a… elle a un problème… elle gueule de sa tente », et ça rigole…

 

23h05, je me lève, histoire de montrer quelle tronche a « elle ». Je râle, on me répond qu’  « On est en vacances, que l’on peut tout de même parler comme on veut », ben voyons… je leur réplique que ce n’est plus l’heure, que tout est calme autour, que les gens se sont couchés qu’ils sont les seuls. « Un des gars me dit « C’est bon… » GRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRR !!!! On ne me parle pas comme ça… « On » commence franchement à m’emmerder !!! Bref, je leur signale que je vais chercher le vigile pour qu’il leur fasse un petit rappel du règlement intérieur du camping. Il est 23h45 quand j’arrive avec ce qui aurait dû être mon sauveur…s’en suit une conversation où le garant de la fermeté se met à ménager la chèvre et le chou… je ne sais pas ce que je suis dans l’affaire, la chèvre, ou le chou ???

 

Mon cher et tendre arrive, je sens qu’il est à bout, ça risque de dégénérer… il n’est pas méchant, mais il ne faut pas qu’on le chauffe de trop, ni que l’on me chauffe de trop… Bref, je me prends dans la tronche que c’est moi qui aie réveillé le camping avec mon intervention… j’apprécie… Que décathlon aurait dû prévoir des tentes insonorisées et que si l’on n’est pas capable de supporter le bruit, on ne fait pas de camping… j’adore… et bien sûr, la chute : Au prix où l’on paye, on a bien le droit de faire ce que l’on veut… visez moi un peu la logique : moi qui suis en tente, je paye moins cher, je fais partie des manants, je dois donc me soumettre au bon plaisir de ces messieurs dames…

Bref, à minuit et quart, ils remballent leur chaises en les tapant bien les unes contre les autres en pouffant de la bonne blague qu’ils me font… 2h du matin, je sors prendre l’air, histoire de me calmer… 

 

6h, le réveil sonne. Je ne suis pas trop mal pour mes 3h de sommeil…

 

Ayrton m’emmène à barcelonnette. C’est joli comme tout, ça y est, j’ai envie de décoller.

 

Le parcours commence pourtant par quelque chose que je n’aime pas vraiment : une longue ligne droite, plate… son avantage, elle est déjà sur sentier, ce n’est pas du bitume, elle longe la rivière qui nous sépare de la route. Ayrton est là, en voiture, il me klaxonne et disparaît. A bientôt mon chéri !

 

Nous bifurquons enfin à gauche vers la montagne, cela monte doucettement, nous courons toujours. Je fais bien attention de ne pas me laisser embarquer. J’ai repris du poids, quelle idiote, bêtement. Je déteste préparer les bagages, ça me stresse, toujours peur d’oublier quelque chose… alors je mange pour combler le trou que ça me fait dans le ventre. GRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRR !!!!!

 

Les kilomètres s’enchaînent, sans montées vraiment franches. Et d’un seul coup, c’est parti, ça grimpe, et ça grimpe fort… en fait, c’est ce que cette course a de bizarre… elle alterne le roulant, voir même très roulant, avec des coups de cul incroyables !!! Les paysages sont magnifiques, c’est exactement ce que j’attendais.

 

Je mange correctement, je bois, tout va bien…

 

Soudain, un grand fracas nous fait tous lever la tête, nous sommes dans la forêt, au-dessus de nous, des petits sapins en rangs serrés. Il fait assez sombre, je scrute les hauteurs pour tenter de voir ce qui fait tant de bruit… je crois voir un énorme rocher nous déboulant dessus… je commence à calculer par où prendre la fuite, et sens que tout autour de moi, les gens font de même.

 

D’un seul coup, nous réalisons que ce qui nous tombe dessus, n’est pas du tout un rocher, mais un chamois qui fond sur nous, tout schuss… arrivé à 3 mètres, il tombe dos à la pente dans les sapins, les casse, dégringole les 4 pattes en l’air sur le chemin au milieu de nous, effaré. Il est juste devant moi, Il se remet sur ses pattes, nous nous regardons  ¼ de seconde, et il reprend sa course folle dans la descente.

 

Nous sommes tous stupéfaits… je n’ai jamais vu un chamois d’aussi près ! Des bouquetins, oui, mais pas un chamois !

 

Très rapidement après, nous arrivons au premier col, celui de Baume-Longe, je suis bien. La descente est facile, le chamois a créé des liens, nous discutons et plaisantons.

 

Nous entamons alors le gros morceau côté montée. Je me suis trouvée un compagnon de route, nous nous racontons le vélo qu’il a pas mal pratiqué. Là, pour le coup, ça grimpe bien au milieu des plantes, des fleurs… pour arriver à une belle descente dans la montée !!!!!! Là, je me dis, on va le payer cash !!! Je ne me trompe pas, la grimpette jusqu’au chapeau de Gendarme vaut son pesant de cacahuètes !!!! Mon compagnon me double, je faiblis un peu. Escalade dans la barre rocheuse, c’est beau, c’est vraiment chouette ! Arrivée en haut, je n’ai plus de cuisses, d’ailleurs, je suis loin d’être la seule, les coureurs s’empilent, s’allongent, s’assoient… moi, je ne m’éternise pas… je sais trop bien que les pauses se payent aussi par un rallongement du chrono et par un engourdissement des pattounes… 

 

 

 


 

 

 

C’est donc en marchant tranquillement que j’aborde la descente, histoire de retrouver un peu de jambe.  C’est un peu du style mouisique… de la caillasse qui glisse dés que l’on pose un pied. J’ai repris le trot, je fais gaffe, il ne faut pas qu’un faux mouvement me déclenche une brusque contraction du mollet qui ne me le pardonnerai pas. Je porte mes manchons, et je n’ai aucun doute quand à leur utilité dans mon cas. Je rejoints mon compagnon, je le double, il est encore moins à l’aise que moi dans les descentes…

 

Je garde du jus, je sais qu’il y a encore 2 grimpettes dans la descente. La première ne se fait pas attendre, j’avance encore pas trop mal… tout va bien. Malgré tout mon copain de course est à nouveau près de moi, ça m’aide. Encore une alternance de roulant vallonné qui use bien, puis la deuxième montée… ouh la la… celle-là est bien raide, elle fait des morts : je rattrape pas mal de monde déjà vu, parti trop vite, et pourtant, je sens que la fatigue commence à se faire très présente… le cycliste me passe à nouveau devant et je le rattraperai dans la descente.

 

Nous finissons par arriver à la Rente… normalement, le profil indique un faux plat montant de 6km… ça va faire mal… oui, mais voilà, le profil est absolument nul depuis le début. Nous nous retrouvons très rapidement dans une vraie, mais alors vraie côte qui nous scie les pattes et le moral avec… je n’ai plus rien dans les jambes… Je suis à 2 à l’heure, ce n’est pas bon… arrive ensuite une succession de faux plats montants et descendants, plutôt montants que descendants… ça aurait pu être roulant, mais voilà, je n’avance plus, mais alors plus du tout… pas bon… je perds un temps fou dans cette partie qui n’en finit pas. J’essaie de garder le gars devant moi en ligne de mire histoire de ne pas trop ralentir tout de même. J’ai perdu mon compagnon de route depuis quelques temps déjà. Je paye mon manque de fraîcheur dû à ma course 15 jours avant… il ne faut pas rêver, nous ne sommes pas des machines.

 

Les paysages sont toujours aussi beaux, je suis sur une ligne de crête d’un mont en érosion fine typique de cet endroit. Je suis morte, mais les yeux sont émerveillés ! J’ai doublé le gars.

 

Une bénévole m’annonce que l’arrivée est dans 1,5 km, je n’en reviens pas… ça n’en finissait tellement pas, que maintenant, ça me parait tellement proche. Enfin une vraie descente, je retrouve un peu d’énergie.

 

En bas, mon ayrton, il m’encourage, me rassure sur la distance qui encore à faire, m’explique les virages… rien y fait, plus de jambes du tout…

 

J'alterne course/marche, les enfants sont là… je recours, je ne vais tout de même pas passer l’arche en marchant, non mais ça va pas ?????

 

 


 

 

 J’ai fait pas mal de zig-zag avant d’arriver à mon tee-shirt de finisheuse…

 

 


 

 

 

Le regard hagard,  j’ai fini assise sous un arbre où j’ai pu retrouver mes esprits entourée de ma smala…

 

 


 

 

6h48, pas terrible du tout, mais ça n’a aucune importance…

 

15 commentaires

Commentaire de regneriebambip posté le 20-08-2013 à 16:03:43

merci pour ton compte rendu
6h48 c tres bien et l'important c de finir et d'aller au bout
bravo
ce n'était pas un trail facile !!!

Commentaire de BOUK honte-du-sport posté le 20-08-2013 à 16:06:45

Wahou que d'aventures entre le camping et la course !
Bravo en tout cas, et comme tu le dis, on s'en fout du chrono, ce qu'on retiens reste les somptueux paysages alentours !

Commentaire de Papillon posté le 20-08-2013 à 16:08:05

Surtout 15 jours après m'être lancée à tord, sur le tour des Fiz!!!! Arrêtée par le monsieur de la montagne au bout de 46km et 3200m de D+ pour déshydratation... j'étais dans les barrières horaires, bref, dégoûtée mais obéissante.

Commentaire de LouPradou posté le 20-08-2013 à 18:58:55

Bravo Papillon, sacrément raide cette montée au chapeau de gendarme.
J'ai dû louper l'épisode du chamois de peu (je finis en 6h45) dommage.

Commentaire de jack91290 posté le 20-08-2013 à 19:08:53

Encore un joli cr cecile, une tres belle course et un chrono pas mal du tout.

Commentaire de JLW posté le 20-08-2013 à 22:04:26

Ayant passé mes vacances dans le coin il y a 2 ans, je connais un peu le parcours qui me paraissait tres tres raide. C'est un trail difficile mais absolument magnifique et j'aimerai ben y participer un jour. Bravo à toi et quelle experience ton chamois !

Commentaire de jepipote posté le 21-08-2013 à 06:49:37

c'est ta gamine qui te regarde assise contre l'arbre?? tu dois lui faire un peu peur des fois,non?? :)

Commentaire de BM607 posté le 21-08-2013 à 12:18:39

Beau CR pap'.
Tu as l'air d'avoir un peu morflé quand on voit les dernières photos, qui donnent des envies de compète !!(personnellement j'aime bien les minutes qui succèdent à cet état de délabrement moral et physique, pendant lesquelles on a hâte d'en refaire un le plus vite possible).
En passant j'ai noté le coup des manchons pour les contractures, faudrait que j'essaye car curieusement j'ai des soucis de ce côté en ce moment.

Commentaire de Papillon posté le 21-08-2013 à 13:04:02

Et oui, j'ai morflé... vive la chaleur que décidément je ne supporte pas...
Pour les manchons, ça marche à condition qu'ils soient à la bonne taille... à essayer obligatoirement! Les miens sont des BV sport.

Commentaire de Benman posté le 21-08-2013 à 22:25:07

sympa ce récit. j'aurais été toi, un petit coup de klaxon pour tes charmants voisins à 6h leur aurait peut-être remis les idées en place... Bravo pour ta course. Je vois que le lancer de chamois est une coutume locale! Merci de nous l'avoir fait partager.

Commentaire de Papillon posté le 22-08-2013 à 09:33:08

J'adore le coup du lancer de chamois...

Commentaire de Lucien posté le 25-08-2013 à 12:04:26

Continue de te régaler Papillon. Bravo pour ta perf !

Commentaire de Papillon posté le 25-08-2013 à 12:23:59

Perf qui n'en est pas une... mais merci Lucien... et puis tu as vu, à la fin, j'ai vu la vierge... on va bientôt m'appeler Bernadette!!!

Commentaire de XBo posté le 05-11-2013 à 10:11:37

Je lis ton CR avec retard.
Bravo pour ta course.
La performance se lit sur ton visage un poil blanc sur les 2 dernières photos.
Sinon, le dossard 206, c'est un clin d'oeil à tes charmants voisins de camping et à leur discussion philosophique sur les tapis de sol de...206 ?

Commentaire de Papillon posté le 05-11-2013 à 22:36:29

Waouuuuuuuuuuuuuuuh!!! Je n'avais même pas fait gaffe!!!! :-)

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Accueil - Haut de page - Version grand écran