L'auteur : Berty09
La course : Le Tour de la Cascade d'Ars - 13.5 km
Date : 9/6/2013
Lieu : Aulus Les Bains (Ariège)
Affichage : 1220 vues
Distance : 13.5km
Objectif : Pas d'objectif
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Après avoir bouffé du bitume pendant trois mois, me voilà de retour aux sources, ou plutôt aux cascades. En effet, ce dimanche était "le tourn de la cascade d'Ars" chez nos voisins du Couserans. Cela faisait déjà quelques années que je voulais y tremper mes pieds et c'était l'occaz après avoir passé quatre semaines à cuver mon marathon. Ces derniers jours, je venais avec délectation de retourner m'entrainer sur les chemins boueux, quel plaisir!
Manque de bol, cette année impossible de prendre le chemin qui surplombe la cascade. Des passages encore enneigés ne permettant pas de le faire en toute sécurité. Du coup, Patrice, le trop sympa organisateur, nous sort un itinéraire bis de 15 km avec 900m de d+. Ca fera l'affaire, de toutes façons ce week-end il me fallait courir, peu importe le format. Je voulais surtout du végétal, du minéral et de l'animal!
A cinq dans la Peugeot en ce dimanche matin, on embarque pour le bout du monde. Pas d'autoroute pour rejoindre ce cadre enchanteur, ça permet de rentrer petit à petit dans l'ambiance. Le temps pour moi de me rendre compte que ce n'est pas une course colline-nature qui nous attend mais bien du trail-montagne. Ca me plait mais mes jambes qu'est-ce qu'elles vont en dire? On va voir d'ici peu.
Deux parcours sont proposés. Partent à gauche, le 24 km, comptant pour le challenge des trails du Sud-Ouest. A droite de la route c'est le 15 km pour les "sprinters" comme moi. Je me place aux avant-postes avec quelques connaissances. Je repère deux gars que je connais bien et avec qui je pense croiser le fer. Je vais rester derrière eux et je verrai bien si je tiens le rythme.
L'objectif aujourd'hui, et comme toujours, n'est pas de venir ici prendre du plaisir. Détrompez-vous, je viens pour en chier. Pas pour le plaisir d'en baver, non, mais pour le plaisir de se dépouiller. Petit à petit, laisser ses forces tout au long du parcours au moment opportun, et lorsque je le déciderai. Connaitre son corps, être à l'écoute, savoir ce qu'il peut endurer pour optimiser l'utilisation de son capital initial tout au long du parcours. Voilà mon défi, je m'en réjouis mais je sais déjà qu'un fois de plus, ça va être dur.
C'est lancé. Je garde du coin de l'oeil mes deux lièvres. Ok, après 200m on lache le macadam et c'est parti pour du costaud. J'ai en tête le tracé du dénivellé: on prend 700m sur les 5 premiers km et ensuite que des petites bosses. Ils sont 7 ou 8 devant moi et je comptais suivre leur rythme mais je comprends vite qu'il n'y pas de miracle en course à pied. Je suis en forme, certes, mais je sors d'une prépa-marathon, ça n'a rien à voir avec la montagne.
Je laisse à regret partir les montagnards et prends mon mal en patience. Promis, dès que ce sera un peu plus roulant, je pourrais envoyer. Vers le 4ème kilo, je faiblis un peu et 4 ou 5 trailers me dépassent. Je ne veux pas laisser filer la course. Je m'accroche. je sais que c'est avec ces gars que les places vont se jouer. Cela fait déjà plus de 5 bornes et on monte encore. Je ne comprends pas pourquoi. M'en fout, je suis le chemin, ya pas grand chose d'autre à faire.
Ici, dans cette montagne, je sens que c'est beau. Je ne le vois pas vraiment car l'heure n'est pas à la contemplation mais je le sens. Je perçois plus que je ne vois, même si dans ma course je lève parfois la tête. Tout est très furtif, je n'ai que quelques morceaux de puzzle, suffisant tout de même pour sentir la beauté de l'endroit. Il commence à y avoir certaines portions plus roulantes mais à chaque fois ça se termine par un rampaillou.
Je reste satisfait de ma course pour le moment. Je dois être entre la 10ème et la 15ème place et j'espère faire une bonne fin de course. Ma forme du moment me permet enfin de reprendre quelques gars mais ce sont pas des débutants et chacun s'accroche et résiste avant de me laisser filer. Si je faiblis un peu plus loin, ils me reprennent aussitôt. Je ne craque pas et avance bien.
Je suis un peu paumé dans la gestion de ma course. Le tracé que j'avais en tête ne correspond pas à ce qu'on réalise. On arrive vers le 14ème kilo et ce devrait être les portes d'Aulus-les-bains mais on est encore à crapahuter dans la pampa. M'en fout, s'il faut faire 20 bornes au lieu de 15, on les fera. Je croise Jéjé à l'avant-dernier ravito:"Allez, encore une petite montée et tu plonges vers Aulus". De toutes façons maintenant je ne crois plus que ce que je vois. Ca fait 16 bornes qu'on est parti et on n'a pas amorcé la descente!
Dernier ravito:"vous y êtes les gars, encore trois bornes et vous arrivez" Franchement, heureusement que j'avais encore des jambes, sinon j'aurais fait la gueule. Et elles vont me servir les jambes car c'est money-time maintenant! Il y a un gars devant qui pourrait bien être V1 comme moi et j'irais bien me le chercher. C'est au contraire un type qui revient de l'arrière dans la descente et ça me chauffe. Ma course se joue maintenant: je perds mes duels et je finis déçus ou je l'emporte et je finis en beauté.
Le mec qui vient de me rattrapper m'en sors une bonne! Il me double en me disant qu'il va voir un peu plus loin si le mec de devant est à portée de nos guiboles. Il est marrant c'ui-là! Il va surement pas venir me donner la réponse. J'ai compris: toi, mon gars je reste pas loin de toi, je dirais même plus, je te file le train. Effectivement le mec de devant n'est pas si loin mais je ne vais pas les laisser s'expliquer sans moi. D'ailleurs, je lui file tellement le train à mon coco qu'au détour d'un virage je le retrouve quelques mètres plus bas. Il vient de glisser dans le dévers. C'est cuit pour lui. Le temps qu'il remonte les 3 mètres dans la pente, j'ai filé à la poursuite du gars de devant.
J'ai les jambes, c'est l'éclate. Il reste un ou deux km et ça va chauffer avec le gus. Je reviens sur lui et le double. Mais c'est un bon descendeur et dès que la pente augmente il fond sur moi et me dépose. Allez, lache pas Berty. Il est aussi crevé que toi, même s'il descend mieux, rien n'est joué. Il veut me lâcher et n'hésite pas à couper les virages. J'aime pas ça mais je vais pas le laisser m'enrhumer de la sorte. Il va vite mais se prend deux gamelles dans les derniers lacets, ce qui me permet de pas le perdre.
On arrive à Aulus, on sort de la forêt et il reste 300m sur du plat. J'enclenche la foulée marathon pour combler les 20 mètres qui me séparent du gars. Il a compris, me tape la main et abdique, il est cuit. Je continue d'accélérer. J'ai deux gars en vue mais il sera trop tard pour les reprendre. Pas grave, j'ai fait ma course. 2h10 de course et plus de 19 km au compteur suite à un débalisage sauvage. Pas grave le plaisir était là. Bien dépouillé, je peux enfin me restaurer et échanger avec tous ces valeureux trailers. Ceux qui étaient devant moi et ceux de derrière...tout ça n'a déjà plus d'importance.
4 commentaires
Commentaire de Francis31 posté le 11-06-2013 à 06:58:15
Toujours à fond ! Il y a des coureurs qui ne peuvent profiter du paysage à cause du mauvais temps, mais toi tu ne vois pas le paysage car tu cours après le temps....Bravo encore pour cette belle perf !
Commentaire de Arclusaz posté le 11-06-2013 à 15:45:42
tu es mon exact contraire : tu es un compétiteur, tu ne regardes pas le paysage, tu vas très très vite, ...
Pourtant, j'ai pris énormément de plaisir à lire ton CR comme si je débarquais sur une planète inconnue.
Bravo !
Commentaire de Jean-Phi posté le 12-06-2013 à 13:18:41
pffiiiuuuu, j'en suis tout essoufflé de t''avoir lu ! Ca va drôlement vite dis donc ! Belle perf ! Et au final, le classement donne quoi ??
Commentaire de Berty09 posté le 12-06-2013 à 23:15:46
Ouais ça avance bien mais tant qu'ya du monde devant, ya des raisons de se bouger. Au final, 10ème de cette course et 2ème V1. Un peu plus je repartais avec un fromage du coin! Bonnes courses à toi aussi.
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