L'auteur : trailaulongcours
La course : Grand Trail du Limousin - 68 km
Date : 19/5/2013
Lieu : Ambazac (Haute-Vienne)
Affichage : 2325 vues
Distance : 68km
Matos : Idem fred2866 (voir son récit de course)
Objectif : Pas d'objectif
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Je n’avais pas vraiment prévu de rédiger un CR pour les Gendarmes et les Voleurs. Pourtant, la course était vraiment à la hauteur de mes attentes, je voudrais en faire profiter les Kikous que ça intéresse.
Arrivée sous une pluie continue samedi soir à Limoges après quelques heures de route. Dîner dans une jolie brasserie du centre ville, dodo à 21h30.
Lever à 6h, petit-déjeuner. Il pleut. Derniers contrôles du sac, et nous prenons la route avec la famille qui m’accompagne à 7h. Arrivée à Ambazac à 7h30. Il pleut, le thermomètre affiche 8°C.
Je me rends compte en entrant sur la partie gazonneuse du domaine du Muret qu’en fait il n’y a que de la gadoue. Je me dirige vers la zone de départ en tchatchant avec quelques coureurs. Tout le monde est full patate ! Le départ est donné à 8h précises.
La longue file de traileurs fait un tour complet du domaine avant de prendre le large. Au bout de 800 mètres, un gars devant moi s’enfonce dans la boue jusqu’à la cheville et y perd sa chaussure. Le ton de la course est donné. Ce sera donc boueux. J’ai oublié de préciser, s’il en est nécessaire, qu’il pleut toujours.
Les 10 premiers km se passent tranquillement. On arrive à Cloud, premier point d’eau en moins d’une heure. Je passe à côté du point d’eau sans le voir et repars donc avec une maigre quantité jusqu’au ravito suivant vers le km20. Je crains de manquer d’eau. Je suis un gros buveur, généralement un litre par heure. Finalement ça se passera bien. Et puis il pleut toujours, en cas de disette, suffit d’ouvrir la bouche.
Quelques km avant le deuxième ravito, le parcours se corse, avec la fameuse montée à la corde notamment. J’entends quelques coureurs qui se plaignent déjà du froid, deux songent à abandonner, d’autres se marrent. Allez, on est venu pour ça, enfin on avait espéré un peu de soleil quand même. Je me dis qu’il va y avoir de la casse. Arrivée au deuxième ravito, c’est un peu le bordel. Les tables sont détrempées, les aliments également. Je vois un gars assis sur le côté, recouvert d’une couverture de survie et qui n’a pas l’air bien du tout. Je mange bien et repars.
De là, je perds un peu le fil des choses et des kilomètres qui passent. J’étais ravi de faire cette course car je connais le coin et je sais que les paysages sont magnifiques. En réalité, je n’en profiterais que très peu, mes yeux sont rivés en permanence sur le sol. L’intégralité du parcours est un enchaînement de montées et de descentes agrémentées d’une boue profonde, grasse, parfois dangereuse car elle cache de grosses racines et des rochers. Dans une descente, je ne sais plus à quel kilomètre, le chemin se transforme en ruisseau. J’essai de passer sur le côté en vain. Je finis par descendre dans l’eau par endroits jusqu’aux chevilles. En arrivant en bas, je vois que la montée en face est identique, à savoir un chemin transformé en ruisseau. Le grand avantage, c’est qu’on en sort avec les S-Lab comme neuves. L’inconvénient, c’est que 100 mètres après elles sont à nouveau crades.
J’ai mon iPhone dans la poche mais dans la précipitation du matin, j’ai perdu le ziplock en plastique dans lequel je le mets d’habitude. Je profite d’un petit arrêt en bordure de chemin pour filmer un peu. Ce sera la dernière fois qu’il marchera, puisqu’il prendra l’eau peu de temps après. Vous l’aurez compris, la pluie tombe toujours. Il est en convalescence depuis, j’espère qu’il sera réparable.
Je retrouve ma famille aux différents ravitos suivants. Ca fait du bien de savoir que l’on est attendu. J’entends un bénévole dire que là haut, où nous venons de passer, il fait 4°C. On est en mai, c’est dingue. J’avais prévu mes manches longues Odlo, heureusement. A partir du km 45, je me rends compte que j’en chie vraiment pas mal. Je suis venu pour ça, mais bon, quand on est en plein dedans, on n’a pas le temps de penser. Je me force à sourire quand je vois le gars devant moi vaciller, tituber, s’enfoncer, glisser, chuter. Je ne fais pas mieux, on est tous à la même enseigne.
Je discute avec quelques traileurs sympas, de Bretagne et des Deux-Sèvres je crois. L’un d’entre eux court en T-shirt sans manches. Je lui demande s’il n’a pas froid, il me dit que tout va bien ! Avec mes trois, couches, je suis obligé de garder un certain rythme pour ne pas avoir froid, et lui est en T-shirt. Décidément, on n’est pas tous faits pareil ! On finit par faire une quinzaine de km plus ou moins ensemble. Tantôt je relance, tantôt lui. Il a plus la patate que moi et finit par prendre le large à 8/9 km de l’arrivée.
Je suis cuit. Et il pleut toujours. Les bénévoles et les jalonneurs sont là, tout le long du parcours à grelotter. Bravo pour eux, franchement, ils ont dû souffrir du froid et de la pluie.
En arrivant sur une petite route goudronnée à 7/8km de l’arrivée, je me dirige vers la gauche, monte la côté pour me retrouver dans un petit hameau et là, plus de balisage. Je me retourne, et je vois un traileur passer tout droit. Je me suis planté de chemin. Demi tour, je redescends, et je me rends compte que je suis passé devant deux panneaux de signalisation sans les voir. Je suis bien cuit.
Les derniers kilomètres sont boueux à l’image de toute la course ? Evidemment, il pleut toujours. On ne nous épargne rien, jusqu’à 400m de l’arrivée environ. Je me retrouve avec quelques coureurs du 10k. On papote avec certains et certaines. Finalement, le chemin s’éclaircit, j’entends les hauts-parleurs de l’arrivée. Ca sent bon l’arrivée. J’entends également les cris des spectateurs au niveau des marches. Ca donne envie. J’accélère un peu. J’y arrive avec un petit groupe de coureurs du 10k, mais j’entends hurler 68, 68, 68 ! Mince alors, c’est pour moi ça. Aller, j’essaie d’arracher mes jambes et de courir dans les escaliers mais je n’ai plus de forces. Dernière ligne droit avant l’arrivée. Je me fais doubler par un traileur du 68 que je ne reconnais qu’à l’épaisse couche de boue qu’il arbore jusqu’au dessus des genoux. Il est à fond. Allez, j’y vais, je fonce. Je le rattrape, on doit être à 14/15 km/h. On finit ensemble me dit-il. Chiche, main dans la main, je lui réponds. Je ne le connais pas, rencontre furtive dans un moment de forte émotion. La ligne d’arrivée est franchie en 9h24. Il pleut toujours.
Merci aux nombreux bénévoles, merci aux organisateurs, merci au public, nombreux par endroits malgré le temps exécrable. Merci à ma famille, surtout à ma fille d’avoir grelotté de longues heures au bord du chemin. Merci aux traileurs et aux traileuses et vive l’esprit du trail qui nous anime !
7 commentaires
Commentaire de Jean-Phi posté le 22-05-2013 à 15:15:38
Joli CR, bravo pour ta perf.
Il a plu un peu partout je crois et toutes les courses ont été copieusement boueuses et arrosées.
Bonne récup
Commentaire de fred2866 posté le 22-05-2013 à 15:18:09
Ah tiens toi aussi on t'avait dit que le Limousin en Aout c'est comme les Bahamas !!! Ca fait 3 nuits que je rêve de boue et de pluie battante..... Je vois que beaucoup on ressentit les même sensations : intense, froid, dur, humide, usant etc etc. Quoiqu'encore assez novice, j'ai du puiser plus profondément dans mes ressources mentales que pendant la CCC cet été ! Ca restera un beau souvenir.
Commentaire de fred2866 posté le 22-05-2013 à 15:20:32
Ah tiens toi aussi on t'avait dit que le Limousin en Aout c'est comme les Bahamas !!! Ca fait 3 nuits que je rêve de boue et de pluie battante..... Je vois que beaucoup ont ressenti les même sensations : intense, froid, dur, humide, usant etc etc. Quoiqu'encore assez novice, j'ai du puiser plus profondément dans mes ressources mentales que pendant la CCC cet été ! Ca restera un beau souvenir.
Commentaire de richard192 posté le 22-05-2013 à 15:57:34
Merci pour ce CR qui résume bien la météo en France en ce mois de mai et pas seulement celle du Limousin.
Ayant fait ce trail l'an dernier sous le soleil et la chaleur (j'en avais souffert), j'ai peine à imaginer dans quel état de fatigue je l'aurais terminé dans ces conditions.
Bravo à toi et à tous les finishers qui ont eu le courage et la patience d'aller jusqu'au bout!
Commentaire de richard192 posté le 22-05-2013 à 16:29:04
Merci pour ce CR qui résume bien la météo en France en ce mois de mai et pas seulement celle du Limousin.
Ayant fait ce trail l'an dernier sous le soleil et la chaleur (j'en avais souffert), j'ai peine à imaginer dans quel état de fatigue je l'aurais terminé dans ces conditions.
Bravo à toi et à tous les finishers qui ont eu le courage et la patience d'aller jusqu'au bout!
Commentaire de olivelot posté le 22-05-2013 à 20:47:03
Super CR, j'avais l'impression d'y être !! Mais je n'étais sûrement pas loin vu que j'ai fini en 9h21.
De mon côté , c'est l'iPod qui a rendu l'âme . Tant pis , je vais devoir me faire offrir le nouveau...
J'espère te recroiser l'an prochain sur ce formidable trail.
L'an prochain, Pentecôte est en juin, et il paraît que c'est moins pluvieux...
Commentaire de Hockeyeur posté le 02-04-2014 à 10:02:29
Merci pour ton CR vraiment sympatoche.
Je n'en ai pas fait pour cette course (pas encore kikoureur à ce moment là).
Edition très difficile j'ai trouvé (bon ok ce n'était que mon 2ème trail de plus de 60 km mais quand-même ...). Le temps et la boue avaient vraiment de quoi user son homme ...
J'espère te rencontrer sur une prochaine course ;-)
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