L'auteur : bubulle
La course : Trail des Lavoirs - 44 km
Date : 21/4/2013
Lieu : Chevreuse (Yvelines)
Affichage : 3759 vues
Distance : 43.5km
Objectif : Pas d'objectif
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(photos crédit Jay)
Suite de la saison de trail bubullienne à Chevreuse. Initialement, je pensais viser mon cher Trail des Cerfs, sur le 50 kilomètres, pour caser une course entre l'Ecotrail en mars et le marathon du Mont-Blanc fin juin.
Seulement, voilà, les Cerfs ont été déplacés fin mai et je serai alors en train de visiter la Grèce (et PAS Marathon). Mais ne voilà-t-il pas qu'on annonce quasiment au même moment la renaissance du trail des Lavoirs, que je n'ai jamais fait (il faut dire qu'en 2010, je ne songeais même pas à faire 50 bornes d'un seul coup). Qui plus est, avec une formule offrant au choix 29km, 44km ou 65.
Contrairement à la plupart des kikous présents, je serai raisonnable et me contenterai quand même du 44, qui consiste en deux boucles autour de Chevreuse (une innovation, là aussi, que de repasser sur le village de départ et d'arrivée).
Comme à mon habitude, j'ai bien "reconnu" le parcours. Virtuellement, en fait, avec la carte IGN, mais précisément. Cela parce que c'est mon habitude de course que de pouvoir maîtriser où je vais et où je passe. J'ai même "reconnu" la semaine précédente la 1ère boucle, que seuls les coureurs du 65 empruntent, histoire d'être sûr de ne rien manquer de ce beau parcours.
Chevreuse c'est dans mon coin, et j'ai déjà pratiqué quelques petits morceaux de ce parcours, notamment la 3ème boucle, sur la plaine du Mesnil, Maincourt, Feucherolles et les Vaux de Cernay (3ème boucle qui sera pour nous la deuxième).
Clairement, les grosses difficultés sont sur cette 3ème boucle de 29km avec 700m de dénivelée, alors que la 2ème (donc la première pour nous...vous suivez toujours?), plus courte (14km), limitée sur la forêt de Méridon, le chateau éponyme et celui de Breteuil, n'a "que" 250m environ.
La veille, la tenue n'attend plus que le bonhomme
Bon, ça y est, tonton bubulle, t'as fini ton introduction? Tu nous la racontes ta course?
C'est parti.
Lever très tôt ce dimanche. Je veux quand même aller voir le départ du 65km, qui est à 7h et rassemble un grand nombre de kikous. Je suis donc sur zone à 6h20 et....je galère pour me garer alors que j'avais repéré la veille le "bon" parking, près de la piscine (indiqué comme fermé par les organisateurs, il ne l'était pas du tout). J'arrive, du coup, en plein briefing, qui se déroule au parc des sports. Je retrouve facilement la belle brochette de kikous participants, dont notre triplette féminine (Caro, Sab, Patricia), nos cadors inoxydables (Bikoon, Philippe quasiment à poil), nos fidèles (Lutin, Jacques), tout un tas de kikous (bon sang, faut vraiment imposer les casquettes avec pseudos, par contre) et nos spectateurs de luxe (Jérôme, qui fera plus de 200 photos, Pat qui comme moi sera sur le 44).
Fait pas chaud, Sab, Étienne?
Pat sait que Caro va cartonner
Nous montons tous en marchant avec le peloton au chateau de la Madeleine : très sympa, ce petit moment dans les rues de Chevreuse, à deviser tranquillement et à calculer les barrières horaires avec Sab (ahem).
Cherchez les deux touristes sur la photo
C'est dans la cour du chateau de la Madeleine qu'ils partent. Joli décor. La ligne de départ, c'est tout bêtement le pont-levis du chateau et je réussis tout juste à m'extirper de la masse pour aller faire des photos des 10 premiers mètres. En quelques secondes, les voilà partis....et nous redescendons tranquillement au village où sera notre départ.
Attente avec Pat et dan60
Nous avons alors deux heures d'attente pour notre propre départ. Cela permet de finir tranquillement d'alimenter le diesel bubullien à coup de banane, d'aller se préparer : le tee-shirt qui court vite, le cycliste qui court vite, les manchettes Kikourou qui déchirent leur race sur les photos, les bidules de compression qui font des gros mollets au warrior...et Bob l'Éponge accroché au sac).
Et de retrouver Pat, vers 9h pour notre propre départ. En revenant vers la ligne, nous croisons d'ailleurs les premiers du 65 qui sont déjà revenus (1h40 pour les 22km de cette boucle). Le briefing est globalement inaudible comme d'habitude et nous n'écoutons guère, avec Pat (grosse erreur, on le verra) et nous nous dirigeons vers notre départ, au bout du parc des sports. Petite photo par Jay avec Anne que nous avons retrouvée. Nous sommes beaucoup moins de kikous sur le 44 : 4 ou 5 sur le kivaou, dont psyko que nous n'avons malheureusement pas vu au départ (mais de toute façon, on ne l'aurait pas vu longtemps!).
Il faut faire DEUX boucles, Pat, DEUX
C'est parti. Pat veut rester avec moi, après son Ecotrail suivi du marathon de Paris, ce trail des Lavoirs constituant sa troisième étape de son "défi CAP Alienor". Il a paraît-il les jambes lourdes. Je me méfie cependant de jambes lourdes d'un Pat...:-).
Ils sont beaux, nos dos, non?
Bon , tonton bubulle, on a déjà fait 3 pages et ta course, elle a toujours pas commencé, tu te bouges?
OK, OK, les enfants, bougez pas, tonton bubulle raconte. Prenez votre carte IGN, c'est parti.
Le mors aux dents, litéralement!
Je pars vers les 2/3 du peloton, très tranquillement. L'objectif est de rester très en dedans sur la B2 (donc la première, vous suivez toujours?) qui est très roulante, de se mettre en mode attente sur le début de la B3 et de voir à partir de Maincourt au km 23.
On sort rapidement du parc des Sports et on début la montée vers la forêt de Méridon, qui doit être progressive. Mais, surprise, au lieu d'un virage à gauche pour un single à flanc de colline....on part vers la droite sur un single à flanc. Que se passe-t-il?
Sur ce single, un peu tourmenté, la file s'allonge tranquillement. Tout le monde est raisonnable, peu de tentatives de dépassements qui serait idiots. Seule quelques coureurs nettement plus rapides passent, ce sont probablement des coureurs du 65 qui, les pauvres, tombent sur nous juste après leur première boucle (des coureurs en 2 heures pour 22 bornes, ce sont clairement, sinon les tout premiers du moins le premier tiers). En plus, il y a probablement des relayeurs dans le paquet.
Cela fait des différentiels de vitesse assez déroutants, qui le seront un peu tout le long de la course. Je sais qu'au début de cette boucle, je vais avoir l'impression de ne pas avancer, à cause de cela...et à cause du choix de partir très tranquillement.
Longue montée progressive par un single qui nous amène tout en haut du plateau en lisière de forêt. À un moment on croise les coureurs de tête du 65 à un carrefour. En fait, a posteriori, on verra que ce sont ceux....qui se sont trompés de parcours sur la toute tête du 65, ce qui perturbera le classement de cette course.
J'ai perdu Pat de vue. Sur le single, il était de peu devant moi, mais il s'est progressivement éloigné. Je le savais, il est incorrigible, il ne veut pas rester avec le 3ème âge, le gamin..:-).
Par contre, je ne reconnais RIEN de ma description de parcours. Je vois où nous sommes.....mais ce n'est pas ainsi que nous devions y arriver. Nous avons l'air de traverser la forêt près du chateau de Méridon que nous atteignons en 4km au lieu de 7-8. Plus loin, après des allées en forêt, on fait une boucle vers celui de Breteuil, là je reconnais bien, mais cette boucle devait arriver bien plus tard.
Je me fais toujours un peu dépasser, mais cela commence à se tasser. Difficile de savoir en plus si les personnes qui passent sont sur la même course que moi ou si, notamment, ce sont des relayeurs ou relayeuses. Mais, cela étant, les positions se stabilisent et je commence à repérer les coureurs autour : vers le chateau de Breteuil et dans le long faux plat descendant qui va vers Choisel, j'ai ainsi comme point de repère un couple avec une fille en rose. J'ai aussi eu Anne quelques mètres devant pendant un bon moment et l'ai passée vers le chateau de Breteuil en me disant qu'elle embrayerait peut-être derrière (malheureusement, ce ne sera pas le cas et la pauvre devra même abandonner en fin de B2 à cause d'une chute douloureuse).
Descente vers Choisel, donc. Ça déroule bien, le chemin est facile mais très sec, donc ça tape pas mal. Je fais donc attention à ne pas m'emballer, grisé par la facilité. Donc, je dépasse un peu (notamment le couple "mi-rose") mais je me laisse aussi un peu passer. Arrivés à Choisel, je sais qu'on est, d'après la carte du site, censés remonter assez sèchement vers le plateau, sur une cinquantaine de mètres. Donc, j'ai décidé à l'avance que ce serait ma première "côte à saucisson" du parcours et je déballe tranquillement le premier paquet de 8-10 rondelles. Vous connaissez les saucissons bubulliens, non? Une boîte de Justin Bridou achetés chez Auchan la veille de course et emballés soigneusement en petits paquets de 8 à 10 dans du film plastique. Le principe des côtes à saucisson est alors qu'une côte suffisamment longue et dure où on marche, on s'enfile quelques rondelles, et hop.
(bon, là, normalement, Arclu va râler parce que j'utilise du sauciflard en plastique de chez Auchan au lieu de choisir un bon saucisson lyonnais authentique, accompagné de Tomme des Bauges. Mais c'est exprès pour le faire râler et, en plus, les meilleurs saucissons, ils sont immatriculés 42, d'abord)
Dis voir, tonton bubulle, si tu arrêtais de divaguer et que tu revenais au parcours et à ta carte IGN?
Justement.....
...comme mes prédécesseurs....et suiveurs, je loupe une bifurcation ! En fait, en plein bois, le parcours de la B2 part sur la gauche, à flanc de colline, alors que celui de la B3 monte tout droit. Et nous montons tous tout droit! Je n'ai d'autant pas de doutes que les traces que j'avais repérées ne me montraient pas de bifurcation ici : on était censés passer sur la même côte dans les deux boucles. Les parcours devaient se séparer en haut.
Et moi, je suis en mode saucisson, donc je fais pas attention. Erreur funeste. À l'appel du saucisson tu résisteras et ton attention tout au long du parcours maintiendras.
Et c'est en fait en haut de la côte qu'on entend des rappels venant d'en bas. Il me faut quelques minutes pour être convaincu que nous nous étions trompés, d'autant plus qu'il y a bel et bien un balisage. Mais celui-ci est fait avec de la rubalise "Route des 4 Chateaux" au lieu de "Crédit Mutuel". Il paraît que ça a été dit au briefing : "Crédit Mutuel" pour la B2 et "Route des 4 Chateaux" pour la B3. Sauf que...nous n'avons pas écouté.
Finalement, voyant les coureurs qui nous suivaient tous bifurquer, mon saucisson ne fait qu'on tour et je fini par me résoudre avec les autres à redecendre, traverser et rejoindre le parcours. Nous avons facilement perdu 5 minutes dans l'affaire mais, honnêtement, ce n'est pas grand chose par rapport à d'autres qui ont carrément suivi tout le parcours de la B3 sur cette B2 ce qui la raccourcissait totalement....et les empêchait de valider un auto-contrôle obligatoire. Bref, un balisage un peu léger...mais aussi pas mal de légèreté de notre part, donc nous ne nous plaindrons pas!
C'est donc un peu le mors aux dents (ainsi que quelques reste de gras) que je repars dans le parcours et je dois me faire violence pour ne pas accélérer et tenter inconsciemment de reprendre le terrain perdu! Un peu de ravito pris en vol dans le sac aide à se remettre les idées en place (il ne pense vraiment qu'à manger, celui-là). Pendant ce temps, nous sommes peu ou prou revenus sur le plateau et, détail amusant, nous croisons sur 200 ou 300 mètres le début de cette boucle où nous trouvons en fait le milieu du peloton du 65. Quelqu'un m'a d'ailleurs reconnu à cet endroit, mais je ne sais plus qui. J'ai appris plus tard que j'avais manqué Sabine de quelques minutes car elle a croisé Pat qui n'est pas bien loin devant moi (vous suivez toujours, là?).
Bref, nous revoici sur ce plateau et là, je réalise enfin que j'avais repéré le parcours de cette boucle *à l'envers* et que nous allons revenir par ce que je croyais être le début. Du coup, cela remet les choses en place et je sais à nouveau désormais ce qui nous attend sur la B2 : plus grand chose et essentiellement du single en traversée globalement descendant sur 4km. Cool.
Au bout de cette boucle vers l'Est, nous rencontrons enfin la fameuse balide de CO à valider. Amusant, il y a la queue. On dirait que nous attendons tous à une sanisette publique installée dans les bois. Ce que j'indique à mes voisins dans une grande envolée de gaudriole (ahah quel déconneur, celui-là).
Le retour sur Chevreuse est sans histoires. On fait une grande boucle dans le parc des Sports et le long de l'Yvette et du Séchoir à Peaux (très joli endroit, propice aux photos). Au bout de la promenade de l'Yvette, il y a d'ailleurs Jay qui mitraille les kikous qui passent. Évidemment, je fais le guignol, pas moyen de résister.
Nous voilà de retour sur le village de départ. Je fais un petit stop au ravito pour enfiler vite fait un verre de coca et quelques fruits secs et saucisson (évidemment : en plus le leur est meilleur que le mien). pas de remplissage de poche à eau : je suis parti avec 2,5l et je sens qu'il reste de quoi faire la B3 même si j'ai bien bu régulièrement.
Je repars donc assez rapidement....et n'ai absolument personne devant, loin devant...et pas grand monde derrière. Cette boucle sera-t-elle largement solitaire?
Le début, dans Chevreuse, semble me donner raison. Un coureur assez rapide me dépasse, mais je suppose que c'est un coureur du premier quart du 65. Nous en avons vu quelques-uns nous passer dans la B2 et ça devrait continuer encore un peu jusqu'à ce que les niveaux se stabilisent.
La première côte de cette B3 est assez longue car sur une toute petite route. Globalement, je l'aborde d'un bon pas mais suis assez surpris de voir d'autres coureurs passer...en courant ce qui me semble bien ambitieux (surtout que leur allure générale ne me les fait pas classer d'emblée dans la catégorie "cador qui joue pas dans la même cour que moi"). Mais, du coup, c'est un peu déprimant de me voir dépassé et de ne pas dépasser. J'ai l'impression de me traîner.
En fait, mais il me faudra du temps pour m'en rendre compte, c'est une partie des relais qui passent, donc il est logique que ces coureurs là, qui sont à leur début de boucle, aillent plus vite (en fait trop vite, mais je vais les laisser l'apprendre à leurs dépens). Je me rassure donc en regardant les numéros de dossards qui me passent : soit des numéros supérieurs à 1000 (les relais), soit quelques numéros inférieurs à 200 (des "cadors" du 65). En fait, peu de coureurs de la même course que moi, quoi.
Bon, cette côte se termine enfin et je me rassure encore en relançant bien avant la fin. Un peu de plat et c'est une descente assez vertigineuse vers la route de Dampierre qu'on emprunte sur 300-400m pour remonter aussitôt quasiment droit dans la pente. La voilà, cette fameuse B3 : on change clairement de catégorie. Si certains se sont fait abuser par la B2, il va y avoir des surprises, niark!
Un grand single avant la traversée de la route des 7 Tournants, très fréquentée par les cyclistes en ce beau dimanche et on repart dans un superbe single sur le coteau qui monte/descend/monte/descend/tourne et retourne. Super ludique. Progressivement, ce single nous amène en bas du vallon de l'Yvette, sur le GR11. Petit coup dur à ce moment : une coureuse du relais est à terre après une luxation de l'épaule, probablement dans la descente. Il y a déjà des secouristes sur place, elle est très bien prise en charge. Malgré cela tout le monde prend le temps de s'arrêter et lui passer quelques mots de (pseudo-)réconfort. On ne peut guère faire mieux, malheureusement. Je repars avec un coureur qui la connaît et s'inquiète beaucoup de la difficulté de son rapatriement. Je tente de lui expliquer qu'il y a une route à 300-400m, mais le pauvre est un peu obnubilé par ça et continuera à se faire du souci pendant toute la boucle vers Maincourt.
J'avais "enregistré" une grande montée progressive à flanc vers le plateau du Mesnil, mais en fait une montée plutôt rectiligne entre des rochers a été rajoutée, bien sévère, suivi d'une redescente tout aussi rapide. Et ce n'est qu'ensuite qu'on remonte vers le plateau à nouveau. Bon, déjà, ce début de boucle est bien cassant : en 6 kilomètres, on a fait autant de dénivelée qu'en 14 précédemment...
On finit par redescendre sur le GR11 qu'on reprend en direction de Dampierre. Je fais toute cette partie là avec l'ami de la coureuse blessée. Il continue à se faire un sang d'encre bien qu'elle soit visiblement en de bonnes mains avec les secouristes et que son mari qui, selon lui, nous suivait se soit probablement arrêté vers elle. Bon, je pense que c'est difficile de faire autrement et ne pas culpabiliser de continuer sa course. Du coup, je fais l'effort que nous restions un peu ensemble.
Tout cela nous amène à Maincourt sur Yvette où on remonte dans le village pour aborder enfin l'autre côté de la vallée et nous diriger vers les Vaux de Cernay. Ne voilà-t-il pas que je me fais héler de l'arrière : "Hé mais ne serait-ce pas bubulle?". C'est ejouvin, qui est sur le 65. Comme il me le confirmera par la suite, ma casquette rouge ainsi que le Bob l'Éponge accroché au sac, aident à me repérer. Il avance bien même s'il imaginait initialement arriver à nous rattraper avant notre départ.
On tape un peu la discute au début de la côte du GR, que je connais assez bien : elle est bien régulière mais assez longue, donc je ne pense pas me mettre dans le dur tout de suite, alors que nous attend une belle partie de manivelles du côté des Rochers des Vaux de Cernay. Étienne se sent de relancer à mi-côte...pas moi, donc je le laisse partir. Par contre, je commence à allonger le pas. On est au km 23-24 environ, je me sens très bien, il nous reste une dizaine de bornes pas très faciles avec beaucoup de relances et de côtes courtes mais dures...puis 8-9 plus faciles pour terminer après les Vaux.
Donc, on va commencer à allonger le rythme, la course du bubulle commence. Et, en fait, c'est pas compliqué : UN coureur me passera jusqu'à l'arrivée....provisoirement (je l'ai repris plus loin, niark). Comme au Josas, le diesel passe en mode turbon, progressivement, bien entendu alimenté par de la bonne cochonnaille, sacrebleu.
Le GR11 nous ramène sur le plateau, on démarre une traversée rapide et on dévale sur Feucherolles. Descente piégeuse que j'ai déjà pratiquée 1 ou 2 fois, avec des rochers un peu hauts, quelques racines, etc. Prudence. C'est là que le seul coureur à (provisoirement) me passer me dépassera.
À partir de Feucherolles, décision est prise de courir les côtes pas trop brutales. Cela va limiter un peu l'alimentation en route (j'ai jusqu'ici utilisé à peu près chaque côte pour grignoter quelque chose, alternant entre mes rondelles de saucisson pour le salé et des pommes séchées pour le sucré, c'est désormais mon mode d'alimentation en course et les 2-3 gels pris "au cas où" restent en général dans le sac)...mais je me sens bien.
Jusqu'aux Vaux de Cernay, on alterne côtes et descentes mais en fait de façon moins violente que j'imaginais : on descend rarement sur le bas de la vallée comme le faisait le trail d'Auffargis, on passe plutôt des creux à flanc de colline pour remonter illico, etc. Au milieu de tout cela, une longue ligne droite d'environ un kilomètre plutôt plate me permet de tester que je peux sans problèmes revenir sur du 11km/h. Les voyants sont au vert et les statoréacteurs commencent à gronder sous les pieds de SpongeBob.
Nous voici rapidement au bout de cette boucle : descente très rapide sur les Vaux de Cernay qui me permet de commencer à rattraper la queue de "peloton" du 29km, dépassements qui deviendront de plus en plus réguliers sur la fin, bien sûr.
Aux Vaux de Cernay, ça sent le barbecue, mais moi je me dis que ça sent l'écurie. Il reste certes encore environ 10 bornes, mais rien ne peut arriver. Je jette un oeil à la montre: 3H40. Les 4h45 semblent donc possibles, moi qui imaginais faire 5h, que rêver de mieux?
De Cernay à Choisel, ce n'est pas compliqué, je cours tout. Là, ce n'est plus du pacman, c'est du ramassage scolaire, il me faudrait un bus pour ramener tout le monde. Et il n'y a plus seulement des concurrents du 29km, je récupère même du 44, du relais et un peu de 65. Enfin, en tout cas, au moins un. Salut, Étienne, tu, euh, va, euh, biennnnnn?
Le dépassement d'Étienne me booste un peu d'ailleurs. Joueur, je veux rester devant. Donc, je me force à ne pas regarder et à me faire violence pour avancer, avancer, avancer.
Choisel, j'avais oublié, c'est le petit "gag" de la course. L'orga n'a pas eu l'autorisation de faire traverser la D906, donc on traverse par une buse d'un ruisseau, sous la route. 1m à 1m50 de haut....et totalement gadouilleuse surtout à l'entrée. J'adore (vous vous rappelez que j'adore la boue?). Ensuite, un peu de bitume pour se retester encore (quand on est mal, le bitume, ça fait mal). Tout roule, je continue à courir sur le faux plat montant, avant de retrouver le désormais fameux endroit où les B2 et B3 se séparaient.
Là, plus d'hésitation, il faut bien monter dans le tout droit. Ce sera quand même une pause, un engloutissement des dernières rondelles du Justin Bridou et en haut, relance immédiate, on ne respire pas et c'est parti pour la longue allée où on croisait la course sur la B2, puis une interminable traversée de champs en plein cagnard, toute en faux plat montant. 11 à l'heure systématique désormais, je sens les ailes qui poussent.
À partir de là, si j'ai bien repéré, ce n'est plus que descente et plat, donc on lâche tout. A fond dans la descente : "à gauche", "merci!", "à droite", "merci", "à gauche", "merci, merci", etc.
On retrouve le rigolo single qu'on avait abordé au début. Là, plus question de suivre la procession, y'en a plus, juste quelques isolés ça et là, et il n'y a plus qu'à foncer en ciblant le brave monde devant pour se forcer à accélérer encore. J'adore vraiment finir une course comme ça, décidément..:-)
Hop sortie de la forêt, descente sur le chemin agricole qui revient à Chevreuse. Celui-là, je le descend comme un malade. L'avant dernier kilomètre se fait en 4'30", on croirait que je termine un semi (oui, bon, ça descend un peu, ok....). Le bénévole qui signalait sur la route a fait au moins quatre tours sur lui-même dans un grand flash vert, rôti par les bubulloréacteurs. Le parc des sports est traversé par une trainée rouge (la casquette du BGV) et Bob l'Éponge est devenu Bip-Bip poursuivi par le coyote.
Sprint final, vavavoum. Tic, la montre. Toc, 4h40. Youpi. Au final , quasiment encore un negative split, à 2 minutes près, cela avec 1,5 fois plus de dénivelée sur la deuxième partie de la course. Cool.
Et ainsi s'achève ma 3ème course longue en 5 semaines, toujours sur cette note ultra-positive qui me laisse penser que j'ai encore un peu de marge. Et surtout que je peux me faire ultra plaisir sans me détruire physiquement : n'est-ce pas ce que l'on cherche dans nos courses?
Je retrouve assez rapidement philippeg94 et bikoon qui ont super cartonné sur le 65 (4ème, finalement reclassé 3ème pour Philippe et 8ème pour bikoon). Étienne arrive aussi très peu après moi (ah, je savais bien qu'il ne fallait pas que je m'endorme trop et que le bougre n'allait pas lâcher le morceau comme ça). Je recherche...et retrouve finalement Pat, que je n'ai finalement jamais rattrapé après son envolée du début. Mais, en fait, ça devait être à très peu car il termine 3 ou 5 minutes devant moi. Pas mal, l'un et l'autre, dans notre enchaînement un peu foufou de courses depuis le mois de février.
On profite un peu tous du beau soleil et de l'ambiance de la zone d'arrivée et je m'apprête finalement à me dire qu'il va falloir y aller pour ne pas rentrer trop tard à la maison, quand j'ai soudain une illumination : et que devient notre Sab?
Ni une ni deux, je sors le téléphone. Dilemne : lequel des deux numéros de téléphone? Normalement, il faut appeler le "téléphone de maman", celui avec lequel Sab rassure sa famille lors de ses épopées. A-t-elle passé les barrières horaires ? Hahaha, pas un de nous ne croit qu'elle n'y arriverait pas.
Oui, mais bon. Ce à quoi on ne s'attendait pas, c'est : 1) qu'elle réponde (je ne me suis pas trompé de téléphone) 2) qu'elle nous dise qu'elle est environ à 4 kilomètres.
Là, il n'y a pas à hésiter. Avec Pat, on va aller escorter Sabine sur la fin : elle est en train de nous claquer une perf mémorable, il faut vivre ça avec elle. Pat accepte avec enthousiasme et nous voilà partis en remontant le parcours. Je m'attends à en refaire un bon bout lorsque, à peine 400 mètres au dessus de la route, notre lutin bleu apparaît, en pleine forme.
Et c'est escortée de deux vaillants paladins que Sab entre dans le parc des sports, traverse les allées sous les vivats de la foule en délire (certes un peu aidée, la foule, par la harangue bubullienne qui explique haut et fort que c'est "la dame" qu'il faut encourager).
Et elle nous tape une dernière ligne droite avec un sprint Boltien pour finir de démolir l'arche d'arrivée que j'avais déjà quasiment arrachée de ses amarres 40 minutes plus tôt.
Et apprendre qu'elle fait podium. Là, il faut la voir pour la croire, l'incompréhension....et la joie de notre Wonder Woman. Heureusement qu'on a les photos pour le prouver. Premier podium et, j'ose le dire, pas le dernier.
Va franchement que je m'accroche sérieux, moi, au marathon du Mont-Blanc, quand même.
Après tout cela, on resterait bien tous à profiter de ce beau soleil, de l'arrivée qui s'échelonne des coureurs du 65km (nous raterons Caro d'assez peu). Mais chacun et chacune doit rentrer retrouver nos chères petites familles (oui, les saints, là, qui subissent notre passion pour cette satanée course à pied qui mange nos loisirs....mais fait briller nos yeux quand tout se passe aussi bien qu'aujourdhui). Et je vous garantis que des yeux qui brillaient, il y en avait dimanche, à Chevreuse.
Pour terminer, un petit mot sur l'organisation. Oui, je dis tellement souvent que c'est sympa et que j'ai apprécié que ça va finir par sonner un peu "bateau", mais je recommence. Ce trail des Lavoirs, c'est une nouvelle équipe qui l'organisait. Ils et elles sont sûrement appris énormément, ils savent sûrement déjà ce qu'ils doivent améliorer (bien sûr, ces satanés problèmes de balisage qui ont gâché la course de certains....aussi un peu les manques du ravito final, surtout pour les derniers arrivants). Mais l'enthousiasme était là, le terrain est superbe, le tracé était très inventif (même si un peu trop compliqué) et on ne peut que souhaiter à toute cette équipe de nous faire à nouveau partager ce trail des Lavoirs l'an prochain. Il sera difficile de résister à se lancer sur la plus longue distance pour moi..:-)
13 commentaires
Commentaire de francois 91410 posté le 23-04-2013 à 23:08:16
J'ai l'impression que tu mets plus de temps à écrire ton cr qu'à faire la course tellement tu cours vite et que - par ailleurs - ton cr est long et pointu !!
Tu devrais prendre qq photos en cours de route pour illustrer un poil ;-)))
Merci de ton analyse et de tes commentaires tout au long du parcours, ça peut servir pour plus tard ! D'ac avec toi sur l'orga : pour une première c'est remarquable même si, à mon avis, ils se sont compliqué la vie au niveau des tracés et des multiples épreuves en parallèle... surtout pour une première
Commentaire de sabzaina posté le 24-04-2013 à 06:59:19
Palpitant et ultra précis ce CR, comme d'habitude!
Quand je me suis plantée sur la B2, j'ai beaucoup pensé à toi en me disant : "Bubulle, ça ne risque pas de lui arriver!" C'était sans compter l'effet Bridou ;)
Tu n'as aucun souci à te faire pour le MMB, tu fais presque un negative split alors que la seconde partie du parcours était bien plus difficile, quel talent!
Je le redis ici: j'ai vraiment de la chance de vous connaître, le finish avec toi et Pat est inoubliable, un souvenir de plus à accrocher à mes pensées positives lors des moments de moins bien.
Bravo et merci
Commentaire de freethunder posté le 24-04-2013 à 10:44:06
un CR aussi pointu que les reco. Impressionnant Bubulle.
Merci pour ce récit et aussi pour la reco :)
A bientôt j’espère sur une course ;)
Commentaire de Olivier d Elancourt posté le 24-04-2013 à 13:19:09
Quelle belle course (la tienne ainsi que le tracé) et quel CR ! Continue à accorder une grande place à l'avant-course car elle fait partie intégrante de la matinée sportive. Le récit de ton périple m'aura au moins permis de vivre par procuration une course à laquelle j'aurais dû participer si une vilaine tendinite du moyen fessier ne n'avait pas contraint de passer mon tour :(
Je constate en tout cas que les problèmes de balisage n'ont pas été vécus de la même manière par les différents participants !
Commentaire de PhilippeG-641 posté le 24-04-2013 à 13:23:40
Génial ce récit bubulle, marrant comme tout !
J'ai vraiment appris beaucoup de lieux grâce à toi, mis des mots sur des détails, bravo pour te rappeler ainsi de presque tout...
Pas mal ta course finalement, ça paye ton négative-split.
Bonne récup et préparation du Mont-Blanc.
Commentaire de Tonton Traileur posté le 24-04-2013 à 16:45:23
aaaaaaah mon cher Christian, ça fait plaisir de te lire et ton récit de ces lavoirs respire le bonheur ...
Bon, je te pardonne pour l'utilisation du "Tonton", qui je te le rappelle est un terme déposé ! non mais, sans blague !
Je constate avec soulagement que Sponge-Bob carbure au Bridou. Ca lui sera d'une grande utilité pour ses prochaines balades en altitude ...
En tous cas, bravo ! Tu es mûr pour le 65 en 2014 ;-)
Commentaire de caro.s91 posté le 24-04-2013 à 17:21:04
Christian, Tu dois avoir quelques gènes Suisses vu la précision de ton récit. ;-) Super sympa, toujours avec plein d'humour, ca se lit facilement.
De plus je suis très contente de ton résultat, le negative split, il n'y a que ca. Le 65 l'année prochaine, les doigts dans le nez !
A bientôt sur une course quand je viendrai pour courir (dans 2 ans) !!! ;-)
Commentaire de a_nne posté le 24-04-2013 à 21:03:04
Très sympa ce récit !
Merci pour la petite pensée :-) (Ma jambe va mieux aujourd'hui, je vais reprendre en douceur ce week-end).
A bientôt sur les chemins !
Commentaire de patfinisher posté le 24-04-2013 à 21:06:58
Extra, le Dexter du CR, découpage précis....., avec contrairement à lui, plus de sentiments et de sensations pleines d'allant et de coeur !
Bravo pour la reco ! le roadbook, ta bonne humeur, et ton récit. A très bientôt nos terres sont magnifiques ! vive les prochains off ! ;-)
Commentaire de Arclusaz posté le 24-04-2013 à 22:32:51
Sur la première photo où tu es allongé sur le lit, c'est dingue comme tu as maigri ! fais gaffe quand même, essaie de manger plus gras, par exemple en trempant du saucifflard dans ton café le matin...
Bon, sinon comme d'hab, de plus en plus vite (le rythme de course), de plus en plus long (le CR !)
Commentaire de Nini posté le 25-04-2013 à 08:55:41
Sympa le CR !
La côte saucisson, j'adore !!!
Bravo à toi ;-) et au plaisir de te croiser un jour !
Commentaire de Jean-Phi posté le 26-04-2013 à 10:58:37
Et bé quelle épopée que ce CR, il fait plus de 44 kms non ?? C'est un ultra CR !
En tout cas, bravo pour t'être levé plus tôt histoire d'avoir froid. J'vois pas pour quoi d'autre sinon tu serais venu !
Blague à part, ça me fait plaisir de voir quelques têtes connues sur tes photos, le bonheur que vous avez tous pris sur la course et qui me donne bien envie de venir y faire un coucou l'an prochain si tout va bien !
PS : MMB = les doigts dans le nez !
Commentaire de Benman posté le 27-04-2013 à 22:21:18
"Là, ce n'est plus du pacman, c'est du ramassage scolaire, il me faudrait un bus pour ramener tout le monde" On dirait du Audiard! J'adore. J'espère qu'on se croisera au MMB.
Bravo pour ce trail à saucisson.
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