L'auteur : Aurélie84
La course : Saintélyon
Date : 2/12/2012
Lieu : St étienne (Loire)
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Distance : 19km
Objectif : Se défoncer
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Récit du parcours Sainte Catherine / Soucieux
Mon relais est le relais N°2 (3ème parcours) qui rallie Ste Catherine à Soucieux : 19km composés essentiellement de chemin environ 85/90%. Il parait que c’est ça la Sainté Lyon, du chemin, de la boue et du froid, je devrais être servie c'est moi qui est motivée les autres à monter une équipe.
Avant même le départ 2 difficultés se profilent : le bois d’Arfeuil et le Bois de la Dame jugés dangereux et techniques il va falloir être prudente et surtout s’économiser pour un premier 19km, de nuit dans les bois par -5°C, objectif N°1 ne pas se blesser, objectif N°2 : terminer la course, objectif N°3 : la boucler en moins de 2h30. Ca parrait rien par rapport aux exploits des solos mais pour moi qui ai commencé la course à pied sérieusement et un peu de trail il y a un an c'est déjà pas mal.
Après avoir pu suivre le départ de l’ensemble des concurrents à Saint Etienne, où tous étaient très motivés et ou une chaude ambiance régnait malgré le froid piquant, nous avons pris le bus pour nous rendre à Sainte Catherine.Arrivés au départ, nous avons constaté qu’il y avait vraiment beaucoup de monde, les tentes étaient pleines et certains coureurs patientaient dehors, nous avons donc opté pour attendre à l’intérieur du bus. J’avais normalement une bonne heure trente d’attente avant l’arrivée de ma relayeuse. A l’intérieur du bus nous échangeons avec les autres coureurs et déjà les premiers coureurs débaroulent à toute vitesse dans la neige, impressionnants!!! Ca nous laisse pantois, ils courent à une vitesse folle dans cette neige.
A 1h15, premières nouvelles de l’équipe, David est arrivé en bouclant son parcours en 1h11 (objectif atteint et même dépassé), son temps est super je suis contente et reboostée pour faire une bonne perf. Il nous fait un beau cadeau avec cette avance.
Sur les coups des 2h30 je me rends sur la ligne d'arrivée Chloé devrait arriver. Il y a énormément de monde au relais de Ste Catherine on perd quelques minutes (environ 4) à se retrouver. Je lui jette mes vêtements, récupère la puce et part à toute berlingue après m’être fait houspiller (à juste titre…).
Ca y’est enfin c’est à moi, des mois que j’y pense et que je me prépare et des années que cette course était dans mon viseur mais tellementloin. Je ne pensais pas qu’un jour j’en serai capable.
Bon, j’ai merdé au départ, il faut que je me rattrape, je parts avec quelques personnes j’essaie de ne pas me retrouver seule pour ne pas me perdre. Je sais que j’attaque par une montée au niveau de Ste Catherine, je fais attention à ne pas me cramer et la première montée passe sans problème pas vraiment raide un peu de route, un peu de chemin et les premières boues. Je me fais doubler à multiples reprises mais ce n’est pas grave, ne surtout pas tenter de s’accrocher. Je dois être prudente tout est verglacé David m’a bien prévenu.
On amorce ensuite la première descente technique du bois d’Arfeuille, celle que tout le monde craint objet de nombreuses mises en garde du staff technique tout au long de la soirée. Je commence doucement il ne faut surtout pas se faire mal, tâter le terrain mais je garde en tête que c’est mon point fort et que je vais gagner du temps sur ces parties là. Petit à petit je me familiarise avec ce chemin semé de cailloux, de feuilles et de quelques racines. C’est boueux, gelé mais ça passe. J’ai des appuis relativement stables : mes chaussures elles sont d’enfer. Je dépasse quelques personnes, nous sommes limités car le chemin est étroit il ne faut pas non plus gêner les autres coureurs. A un passage, le staff technique est là il y a eu un blessé et ils nous demandent de contourner le chemin afin d’éviter un passage particulièrement dangereux.
Je me sens bien sur ces chemins car ils ressemblent à chez mes parents en Hte Savoie et je connais ce type de sentier, c’est mon kif, il faut surtout être très concentrée mais des appuis surs c'est le secret de la réussite.
Par la suite, nous sortons du bois et nous remontons vers St Genoux par un sentier en goudron, je prends 30 secondes pour regarder derrières moi et profiter un peu du spectacle, une file de lucioles derrière moi, cette fois ça y’est la voilà la « vraie Sainté Lyon », je suis contente, je poursuis en me disant que je la voulais je l’ai eu, je suis contente d’être sur cette portion du parcours, je me sens bien on en est à environ 45 min mon pic de forme. Je commence à m’inquiéter car je ne vois toujours pas ce fichu ravito qui doit être au kilomètre 7, je sens que la descente m’a fatiguée mentalement et que j’ai besoin d’un peu de sucre. J’attrape 2 abricots secs et 10 minutes après enfin le ravito de Chausson : km 35. Je regarde ma montre 1h06, aïe, plus d’une heure pour faire 7km à priori ça fait pas lourd, j’hésite à appeler mes coéquipiers pour leur dire que je risque de mettre 3h plutôt que 2h30, j’ai l’impression d’être une tortue mais je ne comprends pas pourquoi j’ai perdu tout ce temps…
Ce n’est pas grave, je prends un Coca et un pain d’épice que je m’empresse d’avaler, pas question de perdre du temps au ravito. Grrr la reprise est difficile, ça me glace les os. J’essaie de prendre un bon rythme et de me réchauffer.
Ensuite le parcours déroule, du bois, du chemin du faux plat … j’avance sans trop me poser de question. 1h30 de course ça y’est j’ai jamais couru autant, ça commence à être difficile il me reste au minimum 1h de course, ne plus réfléchir s’économiser et avancer.
On attaque ensuite une nouvelle descente technique je ne sais plus vraiment ou nous en sommes sur mon parcours, je sais que ça ne va pas être facile et je ne pense pas encore être au bois des Dames. Ca commence à être difficile j’ai l’impression que ma lampe perd un peu de sa puissance et ma vue se brouille un peu il va falloir être vigilante et rester concentrée pour ne pas chuter. Je m’hydrate bien ça doit être la fatigue qui commence à se faire sentir.
En bas de la descente virage séré pleine gauche et là un mur se dresse. Je ne peux m’empêcher de m’exprimer à haute voix et me demander s’ils veulent nous tuer… je prends mon mal en patience et j’attaque le raidard en marchant de toute façon il faut arriver en haut et ensuite il y aura forcément une nouvelle descente pour se refaire la cerise… Je n'ai pas pu m'empêcher de rire à multiples reprises en me disant qu'on était bien malin là tous ensemble à "pacoter" et à galérer dans la boue et dans la glace.
La suite c’est le flou artistique, montée descente, montée descente c’est à peu près tout ce dont je me souviens. Je marche dans les montées et récupère en accélérant le rythme dans les descentes. Au final j’arrive à maintenir un rythme moyen puisqu’il me semble courir avec le même flot de coureurs depuis quelques kilomètres. Autour de moi, essentiellement des hommes qui j’ai l’impression qu’ils gèrent leur course et que pour eux aussi c'est long, ca doit être des solos.
On s’entraide, on se prévient des passages délicats. J’aide un coureur à se relever, il s’est pris une bonne gamelle et il semble avoir du mal à se remettre en piste. C’est aussi ça la SaintéLyon, l’entraide et le partage. Quant à moi je chute sur une pierre : en montée… fallait le faire, je commence à fatiguer. Je me fais un peu mal mais ça n’émeut personne tout le monde est dans le rouge et avance, pas le temps de se poser des questions et de se plaindre je me relève et termine cette ascension aussi vite que possible.
On amorce enfin ce qui doit être le bois des dames, descente un peu moins difficile que celle du bois d’Arfeuille à mon sens. Néanmoins ça semble un peu plus gelé, elle passe relativement vite et sans grande difficulté. Je n’ai pas l’impression d’aller vite ni doucement non plus, je déroule et j’avance. Par moment j’appuie un peu pour essayer de gratter quelques minutes.
Je sais qu’ensuite nous attaquerons la dernière montée, 1km de montée soutenue. Je commence à vraiment être fatiguée bientôt 2h de course c’est rude d’autant que je sais être partie trop vite puisque mon cardio indiquait 179 après quelques minutes de course, je craints de commencer à payer ce départ trop rapide. J’ingurgite encore 2 abricots secs pour cette dernière montée, un peu de sucre : un peu de courage et c’est parti pour une marche soutenue. Cette montée semble longue et interminable, je voudrais courir mais je sens que la route est encore longue et que je risque de griller mes dernières cartouches. Je m’efforce donc de marcher aussi vite que possible.
Autour de moi tout le monde marche et commence à en avoir plein les baskets, j’échange quelques « râles » avec les autres coureurs et poursuit mon chemin. Cette dernière montée est interminable, heureusement je sais (je crois savoir …) que c’est la dernière difficulté de mon parcours ensuite s’annonce un grande descente sans difficulté sur Soucieux.
Nous commençons notre descente puis nous arrivons sur du bitume, le coureur devant moi à juste le temps de me crier attention ça … et rip par terre pour la deuxième fois, j’ai fais une jolie chute à la judokate (ces 20 ans de pratique m'auront servies), pas de bobo pas de douleur je me relève et fais très attention la chaussée est vraiment une patinoire. .Après quelques minutes de courses je regarde ma montre 2h05 je demande à un coureur combien de km il reste, il m’annonce 1km : ça me motive à ce stade j’en ai besoin. Je devrais boucler ma course en moins de 2h20.
J’accélère un peu et constate rapidement que le km est largement dépassé, il m’a raconté des cracs mais où en sommes nous bon sang de bon sang? Je n’en peux plus de cette route, pas de bruit, pas l’ombre d’une lumière à l’horizon, l’arrivée à Soucieux semble encore loin. Mon moral en prend un coup et je sens que mon corps commence à souffrir. Comme quoi quand le mental flanche le corp suit.
Je vois un signaleur sur le bord de la route et lui demande s’il y en a encore pour loin, il m’annonce 1 km cette fois ci ça doit être la bonne. J’ai tellement envie de marcher de ralentir pour me reposer mais ça serait trop con il n’y a plus aucune difficulté il faut juste avancer. Je cours donc à allure modérée mais je maintien la course. Je suis frustrée car je sais que cette partie aurait du aller beaucoup plus vite.
Je dois commencer à grimacer sévère car les gens redouble d’encouragements sur le bord de la route. On m’annonce 500 mètres restants, il faut tenir même si je sens que ma contracture au mollet revient en force et que mes jambes n’en peuvent plus, les crampes me narguent. Je suis tellement dans le jus que je ne vois plus personne.
Enfin j’aperçois David sur le bord du chemin, je suis contente, comme d’hab je me plaints de ma traditionnelle rengaine «Je suis cuite, j’en peux plus ». Il court à mes côtés me soutient, plus que quelques mètres, les gens m’encouragent de part et d’autre. Je retrouve Eddy du 1er coup il m’attend, il me couvre de son manteau et je lui transmets la puce. Allez la team c’est à toi… Ma montre annonce 2h28 : j’ai tenu mon objectif, je suis contente pour une première fois je suis dans mes temps c'est ce que je voulais.
Je retrouve David au ravito, ça fait du bien qu’il soit là c’était difficile : « surtout la prochaine fois, quand je te dirais que je veux courir plus de 19km sur la SaintéLyon, empêche moi »…
Au final un souvenir mémorable, une course en équipe avec son chéri et ses meilleurs potes, une ambiance de fou avec 12000 personnes dans la même galère par des conditions extrêmes, le sentiment du dépassement de soi et du partage avec d’autre d’une expérience mémorable. Obligé, je vais la refaire, pour un relais de plus de 19 km …
Nouvel objectif dans le viseur : la faire en solo un jour ... : va falloir carburer sur la prépa.
Encore toutes mes félicitations aux finishers, je vous admire.
Classement final de l'équipe : 7h40. 34/247 en équipe mixte.
11 commentaires
Commentaire de n_i_c_o posté le 04-12-2012 à 12:54:54
Joli course, bravo. J'ai fait le même relais en 2h27 (à ma montre). J'ai pas ressenti autant de facilité dans les descentes mais je reconnais bien le côté "je râle en chœurs avec les autres" et le côté "je le referais pas, mais en fait si et même en plus long".
En tout cas je me souviendrais de cette partie qu'on m'avait vendu comme facile...et en plus avec 20,8 km au GPS, d'où certainement une fin interminable. :)
Commentaire de Jean-Phi posté le 04-12-2012 à 13:30:53
Bravo ! Beau relais ! Est-ce que ce serait toi à qui j'ai dit que le ravito était derrière le rond point à l'entrée de Soucieu ? Je me souviens d'une coureuse disant à son compagnon qu'elle n'avait pas arrêté d'être doublée et qu'elle n'en voyait pas la fin...
Commentaire de Aurélie84 posté le 04-12-2012 à 14:03:46
Jean Phi c'est possible je me souviens vaguement de quelqu'un qui m'a dit que le ravito était au rond point. C'est vrai que j'étais plus trop lucide à ce moment là... Il était environ 5h10.
J'ai rejoint mon chéri à la toute fin il était habillé et a couru avec moi les 200 derniers mètres pour m'encourager...Peut être était ce toi ce coureur qui m'a aidé à boucler...
Commentaire de Jean-Phi posté le 04-12-2012 à 17:55:06
Ah ben ça correspond à peu près à cette heure là. J'entre dans le gymnase à 5h05...
Effectivement, ce "garçon" est venu en trottinant vers la coureuse et est reparti avec elle, peu avant le rond point. C'était probablement bien vous deux !
Commentaire de Aurélie84 posté le 05-12-2012 à 07:53:57
Et bien ça c'est fort quand même qu'on se retrouve sur Internet ... parmis les milliers de coureurs qu'il y avait ...
Commentaire de Arclusaz posté le 08-12-2012 à 00:21:37
nan, c'est normal, Jean Phin c'est une star, tout le monde le connait et il connait tout le monde !
Bravo pour ce premier défi STL relevé brillamment :l'avantage, c'est que tu peux monter progressivement. le relais à 3 l'année prochaine, la Saintexpress celle d'après et en 2015 le grand parcours.
Commentaire de Aurélie84 posté le 10-12-2012 à 07:53:49
Je ne savais pas que Jean Phi était une star... Je suis toute nouvelle inscrite sur Kikourou. C'est un joli programme que tu me dessine pour les 3 prochaines années, en espérant y parvenir ...
Commentaire de Bateau01 posté le 04-12-2012 à 21:38:36
Un jour tu vas faire la totale en solo : c'est écrit. Ca se lis entre les lignes. Et ce jour là, prévois les mouchoirs car à l'arrivée tu vas "transpirer des yeux". Bravo pour ce 19km?
Commentaire de Aurélie84 posté le 05-12-2012 à 07:55:13
Merci c'est gentil, j'espère poursuivre la course à pied et un jour atteindre ce bel objectif ...
Commentaire de Mamanpat posté le 10-12-2012 à 11:20:02
Bien sûr que tu la feras en solo et peut-être dès l'année prochaine ! Apprends surtout une chose : ne jamais demander combien il reste... sauf éventuellement à une montre GPS !
Bravo à toi
Commentaire de Aurélie84 posté le 10-12-2012 à 11:32:20
Merci du conseil j'essaierai de ne pas l'oublier à l'avenir ...
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