L'auteur : Miche
La course : Grand Raid Occitan
Date : 1/6/2012
Lieu : Vailhan (Hérault)
Affichage : 2060 vues
Distance : 147km
Objectif : Terminer
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Désolé, c’est mon premier 150 km et du coup cela va être un peu long
Pourquoi le GRO
Parce qu’en 2007, j’ai couru le Grand Raid du Mercantour mais les douleurs sous les pieds à partir du 70ème km m’ont refroidi pour faire plus long. Mais en 2011, je reprends confiance et un OFF de 80 km bouclé sans douleur me redonne confiance. Alors oui, essayons en 2012. Des 150 km, il n’y en a pas tant que ça en France et alentours. Pour le GRP et l’UTMB, c’est rapé. Pour l’Andorre et la Réunion, cela me paraît trop dur. Reste l’Infernal des Vosges et ce GRO. Vu ma localisation (Toulouse), va pour le GRO.
La préparation
Scientifique. Je ne veux pas refaire les erreurs de 2009 et 2010 où, avec des charges de travail qui montent trop vite, ma tendinite au tendon d’achille m’avait fait trop mal. Je monte calmement les distances et les dénivellées chaque semaine. Je m’aligue au Trail aux Etoiles pour tester les sentiers caillouteux. Et je me fais des séances en côte monstrueuses pour blinder les cuisses : jusqu’à 50 fois une côte de 30 m près de chez moi.
La dernière semaine
Je n’arrive pas à me reposer autant que j’aurai voulu mais bon je ne me plains pas. Je prépare minutieusement mon sac comme d’habitude et pour la première de ma vie, je prépare aussi un sac d’assistance pour la mi-course. Je me fais mes habituels temps de passage avec 3 vitesses prévues : 24h qui est la limite à ne pas dépasser pour ne pas être en sur-régime, surtout au début, 27h qui est la vitesse normale que je devrais atteindre vu mes résultats sur distances inférieures et 30h qui est la vitesse probable vue mon manque d’expérience sur aussi long. Je rentre aussi toutes les sections du parcours sur ma Garmin 310. Voyage vers Roquebrun avec Loic, un voisin qui a déjà terminé UTMB, GRP et GRR, et qui n’a fait que 1700 m de dénivellée depuis le début de l’année. Mais pour lui, c’est habituel… On se gare près de l’Orb et on va chercher les dossards sous une grosse chaleur, comme prévu. Ensuite 2h de bus pour rallier le départ avec la clim à fond. J’ai peur de prendre froid mais c’est vrai que cela rafraichit bien. On arrive au lac de Salagou et il nous reste encore un peu de temps à gamberger, heureusement à l’ombre. Puis les 80 partants se rangent sous l’arche peu avant 18h et Antoine nous lâche…
Salagou – Vailhan
Je pars très tranquille. Je sais qu’il me faut du temps pour chauffer la machine. On reste un peu au bord du lac puis une petite montée à l’ombre nous fait passer un col qui va vers le fameux Cirque de Moureze. Les formations rocheuses sont fabuleuses et du coup on a droit à un photographe tous les 500 m ou presque. Je fais attention à ne pas me blesser sur les rochers coupants. A la sortie du Cirque, un ravito supplémentaire fait du bien. La chaleur ne me gène pas mais je bois beaucoup quand même. On monte ensuite vers le Pic de Vissou qui nous nargue depuis un bout de temps. Le ravito est au sommet et la vue sur la plaine est magnifique. La lune est déjà levée. Je sens que la nuit va être belle. Dans la descente, quelques balises espacées font douter le coureur qui me rattrape mais la Garmin m’indique le chemin et effectivement nous retrouvons vite les balises. Le parcours continue avec une alternance de monotraces et de pistes carrossables. Je suis souvent seul pendant assez longtemps puis un ou deux coureurs sont avec moi puis on se quitte. J’avance bien. Par moments le balisage n’est pas conforme à la trace GPS. Et puis la nuit approche. Il va falloir sortir la frontale avant Vailhan. Surtout que je suis en forêt. Je m’arrête donc et je suis agréablement surpris par la puissance de ma nouvelle Petzl. La fin sur Vailhan passe vite et me voilà au premier gros ravito et contrôle. On m’annonce 12ème et je suis en 4h06 soit à peine moins vite que mes estimations pour finir en 24h. Merde je suis parti vite. Je prends le temps de me ravitailler. Je me colle un compeed sur le dessus de l’orteil droit. Géraldine arrive et se ravitaille rapidement. J’ai envie de discuter un peu avec elle alors je me dépêche pour repartir avec elle
Vailhan – Faugères
On fait un bout de chemin ensemble et elle me raconte ses déboires de 2011 : abandon à la Ronda del Cims pour cause de gastro, puis abandon au Tor des Géants à 50 km de l’arrivée suite à un vol plané mal réceptionné. Elle a enchainé avec une fracture de fatigue du bassin qui l’a arrêtée complètement plus de 3 mois. Alors du coup cette nuit, elle savoure de pouvoir courir, surtout qu’elle se sent en pleine forme.Elle est de nouveau inscrite à la Ronda del Cims 5 semaines plus tard. Je pense à Ginette, rencontrée au Mercantour puis aux Citadelles et au GRP qui a trop mal sans explications des médecins depuis 3 ans pour pouvoir courir. Je pense à Valérie, quadruple finisheuse du GRP, qui est aussi blessée depuis octobre. C’est sûr qu’on a de la chance d’être là. Géraldine va trop vite pour moi. En plus, j’ai un coup de moins bien, je prends du sel mais j’ai l’impression que c’est encore pire. J’ai aussi un peu sommeil et je commence à me demander s’il ne faudrait pas que je dorme un peu. D’habitude, c’est plutôt vers 4-6h que j’ai sommeil alors je suis surpris. Heureusement que cette section n’est pas trop longue. En plus avec le GPS, je sais combien il me reste de km jusqu’à la fin de chaque section et c’est vraiment appréciable. Le ravito de Faugères est dans une salle et j’en profite pour me requinquer, surtout que la section suivante est la plus longue en km. Géraldine est déjà repartie quand j’arrive.
Faugères-Lamalou
J’appréhende vraiment cette section, surtout après mon coup de barre précédent et le fait que c’est le plus mauvais moment de la nuit. Et finalement elle se passe très bien. Le parcours alterne encore monotraces et pistes carrossbles. Le GPS m’aide une ou deux fois à ne pas tergiverser trop longtemps quand le balisage se fait plus léger. A 2h15, les quatre premiers de la 6666 me double en courant dans un faux plat montant. Les quatres suivants ne me doublent qu’à 2h55. Les écarts sont déjà conséquents ! Je me sens en forme maintenant, je relance bien et je n’ai plus du tout sommeil. Juste un souci vers 4h avec la frontale qui a une forte baisse d’intensité. Mais j’ai la flemme de changer de piles. La dernière descente sur Lamalou est sur route et je suis content de pouvoir dérouiller les jambes. Le ravito de Lamalou est un gros ravito et je suis pris en charge complètement par une bénévole. Quel plaisir et réconfort de rester assis à se faire servir. Je change de chaussettes aussi, on est déjà au 50ème km. On va attaquer la première vrai montée. Je range la frontale et je prends quelques tranches de saucisse et de fromage dans mon sac, ainsi qu’un peu de pain. Je remplis aussi une mini-gourde de 250 ml avec du cola. Je vais répéter ça à tous les ravito et cela me conviendra bien. Les arrêts vont durer à chaque fois entre 20 et 30 minutes. C’est long mais mon seul objectif est de terminer et j’ai de la marge avec les barrières horaires. J’ai juste envie de ne pas terminer trop tard la deuxième nuit parce que le sommeil pourrait quand même me tomber dessus.
Lamalou-Colombières
La montée en forêt est vraiment facile et se passe sans souci. Avec les coureurs de la 6666 y compris les relayeurs, il y a maintenant du monde autour de moi. La section est courte et je suis impatient de retrouver mes affaires de rechange. La descente est sur un chemin en pierres dallées très agréable. Du coup je descends assez vite et me voilà à Colombières, « début de la course » nous a dit Antoine au briefing. Je me change complètement. Je reprends 8 barres Overstims (j’en mange une moitié toutes les 40 minutes sauf ravito). Je me nettoie les pieds et je change de chaussures. Je remplis le camel à bloc pour cette fameuse montée du Caroux. Je m’étends aussi 10 minutes sur un lit pour me relaxer. Je prends aussi mon chargeur externe pour le GPS. J’ai merdé dans la programmation des sections du parcours : j’aurai du couper en deux la prochaine section qui va jusqu’à Olargues alors qu’il y a un ravito à Mons au milieu. Il y a 3 filles de la 6666 dans le ravito en même temps que moi. Je suis surpris qu’il y ait aussi peu d’écart entre elles. La bagarre va être rude.
Colombières – Mons
La montée est tout de suite très raide mais heureusement elle se passe en forêt. Il commence à faire un peu chaud. Je monte avec une des filles. Nous sommes juste au-dessus d’une rivière à fort débit. Nous traversons aussi quelques ruisseaux où je trempe ma casquette pour refroidir la machine. Vers le haut nous nous rapprochons de la rivière qui est en fait une succession de vasques et de petites cascades. C’est magnifique. Cela commence à ressembler à de la montagne et j’aime bien. Le chargeur du GPS a déjà rechargé près de 40% mais maintenant, il se bloque et met en veille le GPS. J’ai déjà eu ça et cela signifie que je n’ai plus assez de puissance dans les piles. Merde, cela veut dire que je n’ai pas assez de charge dans le GPS pour aller au bout. Nous débouchons sur les plateaux sommitaux et il n’y a plus de végétation pour s’abriter du soleil. La vue est magnifique. C’est une succession de légères montées et descentes qui cassent bien les jambes. J’y vais calmement. Déjà plus de 80 km dans les pattes tout de même. Début de la descente sur le sentier des gardes. C’est très raide avec des cailloux partout. Je déteste ça. Je n’avance pas : moins de 3 km/h alors que j’étais à plus de 3 dans la montée. Je m’arrête un moment dans la descente pour téléphoner à la maison et donner des nouvelles de ma progression. Déjà 100 km. Ne reste plus que 50 km me dit ma femme… C’est surtout une excuse pour s’arrêter. La descente ne finit jamais et est vraiment très technique. Je m’aide des bâtons pour soulager mes cuisses. Après un temps infini on arrive enfin à une route goudronnée qui nous emmène tranquillement à Mons. Le ravito est tout petit et il fait une chaleur importante à l’intérieur. En plus il n’y a pas d’air. Pas possible de dormir ici. De toute façon je n’ai pas sommeil. La prochaine section est aussi très difficile mais il y a un ravito en haut au sommet. Je retrouve Alain que j’avais croisé sur l’Andorre 2010. Il est sur la 6666. Il croit au début que je suis en relais mais comprends ensuite qu’en fait je suis sur le GRO et me félicite. Je lui dis que ce n’est pas fini ! Je repars à 14h pile sous une chaleur écrasante. J’ai arrêté le GPS pour garder de la batterie pour la prochaine nuit.
Mons-Olargues
On commence par un peu de route surchauffée. Puis on attaque la montée dans une forêt et on perd tout de suite le balisage. On est une petite dizaine de coureurs. L’énervement arrive vite dans le groupe, vu le nombre de km déjà parcourus, la fatigue et la chaleur. Pendant que l’un d’entre nous appelle l’organisation, je redémarre le GPS et je comprends notre erreur. Nous avons raté une intersection 100 m auparavant. Je remets le groupe sur le bon chemin et nous repartons dans la montée. Les vitesses entre coureurs de la 6666 et du GRO sont maintenant équivalentes. Il n’y a que les relayeurs qui nous doublent encore quand ils sont en début de section. C’est une montée vraiement tranquille en sous-bois. Un régal. Puis une descente facile jusqu’à un tuyau d’arrosage bienvenu. J’entends deux coureurs dire qu’il nous reste 40 km et que cela devrait faire 10 h max encore. Je préfère ne pas y penser et je continue ma stratégie de ne penser qu’à la section courante. Le seul souci, c’est que sans GPS, je ne sais pas quand elle sera finie. Puis une descente un peu technique pour rejoindre un lac avant d’aborder la deuxième montée de la section, longue de plus de 6 km pour 550 m de déniv. Encore une section assez minérale avec quand même des forêts par-ci par-là pour éviter les rayons du soleil. Soleil qui commence d’ailleurs à se voiler comme prévu. Peu avant d’arriver au ravito du sommet, je m’arrête près d’un ruisseau pour me laver les pieds et changer encore de chaussettes. En fait après le ravito, il y a encore un raidillon très dur. La fille est complètement scotchée dans la pente. Je débouche au sommet et comme annoncé, nous rejoignons un bon sentier pour VTT qui descend très doucement. Je me remets à courir pour la première fois depuis longtemps. Par moments il y a trop de cailloux et je me remets à marcher. Cela descend très lentement. Nous rejoignons une piste carrossable mais les traceurs ont préféré nous faire emprunter un mauvais sentier caillouteux en dévers juste en dessous. C’est long. J’allume le GPS pour savoir combien il reste de km mais je n’arrive pas à le synchroniser sur le tracé. Je l’éteins. Nous arrivons à une route bétonnée, nous franchissons une rivière sur des planches branlantes puis une dernière montée courte mais raide nous amène au sommet du village d’Olargues près d’une très belle église. Nous redescendons dans le village pour rejoindre ce ravito tant espéré. Je sais qu’il ne reste que 27 km. J’ai mal aux pieds mais je commence à croire que je vais terminer. J’apprends que je suis 20ème et que nous ne serions plus que 40 en course. Je mange tant et plus. Je regarde mes pieds et je m’aperçois qu’une ampoule sous mon talon droit a percé. Je me fais soigner chez les podologues qui sont très sollicités. J’ai une ampoule aussi sur le côté du talon gauche et je vais donc repartir avec un gros pansements sur chacun des pieds. Le compeed a à peu près tenu et ne m’a pas du tout géné depuis Vailhan. Je ne vais pas me plaindre. Je retrouve Alain qui part avant moi. Il y a au ravito un certain Eric qui est accompagné de tout son fan club. Je m’arrête au total 45 mn. Eric repart juste après moi.
Olargues – Vieussan
Le début monte doucement. Je me fais doubler très vite par Eric qui avance comme une fusée. Puis Erwan me rejoint. Il est toulousain comme moi et on a beaucoup de connaissances de son boulot en commun. Il est sur la 6666 et, après un super départ, il a malheureusement été stoppé par la chaleur qui lui a bloqué l’estomac. Il recommence tout juste à revivre à la faveur de la fin de cette journée. Il est torse nu et ne porte son sac que sur une épaule pour ne pas trop transpirer. Il a fait la 6666 en 2010 et connaît donc la fin du parcours. Après une première montée, on a une descente sur piste et Erwan me montre la crête au loin qui mène à notre prochain sommet. Mais quand nous arrivons à la dite crête, il faut en fait continuer à flanc sur la piste pour rejoindre la prochaine crête ! Heureusement c’est roulant et je peux donc courir par moment. Les pieds me font toujours souffrir malgré les soins mais je me dis que ce serait peut-être pire sans les soins que j’ai eus. Quand on arrive à la crête, je passe devant et j’imprime un rythme que je trouve correct. Je suppose que cela va être court mais en fait non. En plus Erwan en rajoute en m’annoncant une arrivée sur le sommet encore plus raide. Je me mets à plaindre les derniers qui vont passer là de nuit et qui n’auront plus de cuisses pour monter. Par moments je maudis aussi les traceurs de nous envoyer dans une montée aussi raide alors qu’on a déjà autant de km. Erwan me motive bien, essaie de me changer les idées en me parlant beaucoup et du coup cela passe presque bien. Nous arrivons enfin au sommet où se trouvent quelques bénévoles et pompiers. Le début de la descente est très raide mais sans trop de cailloux. Du coup, les pieds restent à plat et je ne souffre pas trop. Quand l’un des pieds ne se pose pas à plat, je pousse un gros juron pour évacuer la douleur. Erwan me montre au loin le château de Vieussan qui domine le village. La descente se calme puis nous rejoignons une piste. Et il faut que je sorte la frontale pour continuer. J’ai changé les piles à Colombières et elle éclaire donc de nouveau super bien. Un petit pont et nous voilà au ravito de Vieussan. Pascal est au ravito avec quelques autres bénévoles. Je n’en reviens pas que ce soit le dernier avant l’arrivée. Pascal nous dit 16 km encore, je lui dit 14… L’ambiance est bonne, on rigole encore. Je suis maintenant 18ème (sans avoir doublé et été doublé, donc ce doit être des abandons) mais Eric qui est là est maintenant moins fringant. Je soulage mes pieds quelques minutes pendant le ravito. Je me fais complètement servir, reprend un peu d’eau, de coca, de saucisson, fromage et pain pour cette dernière section. Finalement nous nous arrêtons assez peu avec Erwan, je veux dire « seulement » 20 minutes peut-être.
Vieussan- Roquebrun
J’allume le GPS pour cette dernière section. Je n’ai vraiment plus envie de me perdre. Le GPS m’annonce 15 km pour l’arrivée ! Cela monte assez raide, mais j’ai toujours les jambes alors je passe devant. Et j’avance dans la nuit. C’est un peu frustant de ne pas savoir où on en est, quand est-ce que la montée sera finie, etc… Surtout que la lune est bien cachée par les nuages. J’ai par moments des coups de moins bien, j’ai envie de m’arrêter au bord du chemin mais je prends une gorgée de coca ou un peu de saucisson ou un peu de pain et cela va mieux. Je continue aussi règulièrement à manger ma demi-barre overstims. Nous rejoignons une piste sur laquelle j’arrive à courir un peu. Puis de nouveau un sentier qui tourne dans tous les sens au milieu de ces collines. Erwan parle moins, il en a marre aussi. Après avoir bu un peu d’eau, il la vomit. Il n’a rien pu ingurgiter depuis un bon bout de temps et commence aussi à avoir la plante des pieds bien échauffée. Il est minuit passé et il est toujours torse nu. Nous rattrapons un groupe avec des coureurs de la 6666 mais ils n’avancent pas et nous les doublons rapidement. Je me sens un peu honteux de les laisser mais bon, ils sont 4 ou 5 et je suppose qu’ils vont rester ensemble. Les km défilent très lentement mais sûrement et confirment que nous devrions arriver avant 3h du matin. Par moments, je ferme les yeux quelques secondes pour me reposer. Nous faisons des tours dans tous les sens, je ne comprends pas la logique globale. Je sais juste que nous sommes sur le parcours puisque nous n’avons pas perdu le balisage et que le GPS ne me dit rien. L’orage se rapproche et nous avons droit à quelques gouttes vers 2h. Je mets le téléphone à l’abri et sors la goretex. Je la mets parce que je ne veux pas prendre froid. Mais la pluie s’arrête vite et du coup je l’enlève. La dernière descente arrive, le GPS m’annonce que les batteries sont presque vides. Dans un virage, Erwan me montre Roquebrun. Je descends relativement vite, je n’ai plus besoin de soulager mes pieds pour une future descente. Je me souviens de la descente du Colorado que j’avais faite comme une fusée en 2010 alors que sur le chemin des Anglais quelques heures avant, je souffrais le martyr. Le GPS s’éteint définitivement à moins de 1 km de l’arrivée. Nous quittons le sentier et ses cailloux pour arriver sur le goudron. Quel plaisir ! Je courre, nous croisons une route sécurisée par des bénévoles, une piste puis la route qui suit l’Orb et où j’ai garée la voiture. Nous courrons jusqu’à l’arrivée, Erwan remet son tee-shirt, je le remercie de m’avoir attendu. Loic est couché sur un banc juste avant la ligne. Il se réveille quand j’arrive et je comprends qu’il a du abandonner dans la journée. Pascal et Antoine sont sous l’arche pour nous féliciter. Il est 2h55, je suis 17ème sur 30 arrivants (je l’apprendrais le lendemain). J’ai donc mis 32h55.
Après l’arrivée.
Je suis heureux, je parle beaucoup, remercie nos deux organisateurs de cet énorme morceau qu’ils nous ont proposé. Erwan me trouve une bière. Je récupère une superbe polaire de finisher du Grand Raid Occitan. Je n’ai plus envie de dormir. Eric arrive un quart d’heure plus tard et son fan club est encore là. Entre temps, Christophe, un voisin du Gers, est arrivé, tout sourire lui aussi. Ca discute toujours, et nous décidons d’aller honorer le repas d’après course. Alain est arrivé 1h avant nous et vient aussi au repas après avoir pris une douche. En fait je n’ai pas faim et je me rends compte que j’ai surtout sommeil. A 4h30 je m’étends dans ma voiture tandis que Loic se couche dehors. Je mets du temps à trouver une bonne position même si je n’ai pas trop mal aux jambes. Je finis par m’endormir. A 6h il se met à pleuvoir de folie et Loic me rejoint dans la voiture. A 7h30, je me réveille. Nous rentrons à Toulouse sans attendre la remise des récompenses. Arrivé chez moi, je peux enfin me laver et ne plus sentir la couche de transpiration séchée. Je me recouche et dors dans un bon lit sans cailloux.4 jours ont maintenant passé et je me demande quel sera le prochain plus de 150 km. Un seul critère : pas de cailloux.
4 commentaires
Commentaire de laulau posté le 10-06-2012 à 21:39:20
Tu as un ultra dans les Pyrénées fin août "avec pas trop de cailloux", si ça te dit! ;)
Merci Michel pour ce récit que je relirai régulièrement avant l'ultra du GRP pour me dire que c'est possible malgré la fatigue et les ampoules ! (Je lis régulièrement ceux sur le GRP bien sûr)
Commentaire de the dude posté le 11-06-2012 à 15:15:02
Un grand bravo à toi: non seulement tu termines mais tu termines bien!!!
Quand on sait qu'il n'y a que 30 arrivants sur 83 engagés ça en dit long.
Tu as géré ta préparation et ta course avec beaucoup de minutie et ça a payé.
Bon courage pour le prochain ultra!
Commentaire de Cantalou posté le 11-06-2012 à 21:35:20
Bravo Michel et quelle mémoire pour rédiger un récit avec tous ces détails. Maintenant que tu as réussi ton premier ultra de ce format tu vas y prendre gout. Pour ces distances et sans trop de de cailloux (du moins je pense), tu as le Raid du Golf du Morbihan et le Grand Trail du Nord.
Jean-Pierre
Commentaire de grumlie posté le 11-07-2012 à 20:31:58
Bravo pour être aller au bout de cette belle aventure et merci pour le récit si détaillé. Sympa comme 1ère expérience sur du si long. A bientôt à vielle aure ou un autre genre d'ultra t'attend.
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