Récit de la course : La Mauritanienne Race 200 2006, par electron

L'auteur : electron

La course : La Mauritanienne Race 200

Date : 5/3/2006

Lieu : Atar (Mauritanie)

Affichage : 2420 vues

Distance : 200km

Objectif : Terminer

3 commentaires

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Le récit

Préambule.
Vous trouverez ci-après mon CR de la Mauritanienne Race.
J'espère rapidement pouvoir le mettre en ligne sur mon site (www.sportnat.com/electron/) avec les photos.

Voilà déjà de quoi vous faire une idée de ce qu'on peut vivre dans ce type de course, mais prenez votre temps car le CR est presque aussi long que la course elle même

Bonne lecture

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[Mauritanienne Race] Quelqu'un avait commandé un CR ?

Mais que fait là ce panneau publicitaire ?...

je suis en plein milieu du désert de l'Adrar, il est 3h du mat', ça fait plus de 40 heures que je n'ai pas dormi, et me voilà face à un panneau lumineux qui ne veut pas s'estomper...
J'ai beau me dire qu'il s'agit d'une hallucination due au manque de sommeil, il reste là, aussi clair que si il était réel, et même en me secouant il ne disparaît pas ! je peux pratiquement le toucher.

Ce genre de vision, je vais en avoir d'autres, bien plus impressionnantes... pas dangereuses mais qui vous secouent un peu quand même... Sauf que pour en arriver là il a fallu faire quelques kilomètres.

Dimanche 5 Mars 2006

Parti de Paris vers 6h du matin on se pose enfin sur l'aéroport d'Atar après une escale prévue à Marseille et un non prévue à Agadir.

Là commence notre rencontre avec l'afrique.
L'afrique administrative d'abord. Remplissage de formulaires (attention à ne pas oublier une case) puis c'est la scène des visas.
Imaginez 6 personnes, alignées derrière un comptoir. Chacune a un rôle bien défini, et pas question d'y déroger

- Le premier prend le passeport et y place un grand coup de tampon
- Il passe le passeport au second qui écrit les dates d’arrivée et de départ
- Le troisième colle deux timbres
- Le quatrième inscrit un N° d’ordre sur les timbres
- Le cinquième signe le visa
- Le sixième récupère les documents

Et voilà comment générer de l’emploi !

A partir de là, opération bagages. Bon le tapis roulant de l’aéroport est un peu juste… Pas grave ils mettent 50 valises, attendent qu’elles soient parties, en remettent 50 autres et ainsi de suite… pas rapide mais c’est pas grave on est pas pressés.

On monte dans les pick-up en direction d’Azougui à 8km de là. Ce sera notre camp de base pour la semaine à venir. On est hébergés à l’auberge d’azouli chez SAAD yaya… N’y voyez rien de commun avec nos petites auberges de campagne. Ici il n’y a ni eau courante, ni électricité.
Le seul bloc sanitaire (version africaine) est éclairé à l’aide de quelques ampoules reliées à une batterie et à un panneau solaire.
Quand aux douches, l’eau est montée dans une cuve sur le toit à l’aide de seaux et alimente les 3 douches (faut pas chercher un trop gros débit d’eau non plus. Ces douches représentent déjà un luxe en soi)

Je m’installe avec Yvon et on est rejoint par Pierre Mitev (qui avait fait le final Lille-Versailles du premier franchir l’horizon), Cyrille Jacquemin, Jean Claude Blum (connaissance du Chacal) et André Bleuzen. En fait on retrouve dans ce petit groupe 5 des 9 premiers de la course… mais on ne le savais pas encore.

Vers 15h premier repas sous la tente qui sert à la fois de salle à manger et de lieu de vie. Agréable avec ses longues banquettes et l’ai qui y circule sans cesse. Ce sera le lieu de regroupement permanent du groupe. On a droit à un grand plateau de crudités ainsi qu’à une sorte de couscous (graines + légumes cuits) et un (tout) petit morceau de viande (si c’est du chameau, il sera parfois bien résistant !)

L’après-midi, remise des dossards et des lots (oui déjà !).
En plus de la casquette saharienne, du TS technique, de la veste pour de baroud et de l’affiche de la course, on me remet le dossard 62 (mon année de naissance). Ils ont cherché pour chaque concurrent un n° particulier !. On nous donne aussi les étiquettes pour les “ drop bags ” c’est à dire les sacs qu’on va faire déposer aux différents CPs.

La fin de l’après midi se passe tranquillement puis pour le repas du soir on a de nouveau droit à notre crudités-couscous…

Ca permet aussi de se remettre en tête la dimension de cette course. Pour moi c'est la course de tous les records (et donc de tous les risques). Record de distance d'abord. Je n'ai jamais fait 200 km en une seule traite... Record de durée également. Avec un objectif situé entre 52 et 60 heures, je suis très au dessus des 29h30 réalisées au Mercantour. Ce sera aussi ma première course dans le désert, avec tout ce que cela comporte comme inconnues. Vais-je savoir gérer la récupération ?, le ravitaillement ?, mon équipement est-il adapté ? On verra tout ça mardi...
De toutes façons, une seule chose compte... passer la ligne d'arrivée dans le délais autorisé des 75heures. Le reste sera du bonus.

Pour le moment, gros dodo

Lundi 6 Mars 2006

Après un bon petit déj (excellent pain, beurre confiture…), la journée est normalement prévue pour toutes les formalités “ techniques ” dont le contrôle médical et le contrôle des sacs.

Pour le matériel, tout est contrôlé point par point. Rien n’est laissé au hasard.

Côté médical, Karim le responsable de l’assistance médicale demande à avoir un entretien en présence de toute son équipe avec chaque coureur. En dehors des aspects strictement médicaux, cela lui permet de se faire une opinion sur les coureurs à surveiller d’un peu plus près que les autres.

Côté médical, rien est laissé au hasard.
Pendant la course il y aura un 4x4 en fin de course avec Karim (médecin urgentiste) et Françoise ( ?? infirmière). Un second 4x4 circulera en milieu de course avec Diane (infirmière urgentiste) et Wilfrid (infirmier aux pompiers de Paris). Le dispositif est complété par XXX et YYY (infirmières) qui seront sur les PC.
En plus cette année il se trouve que Jacques (médecin) et Prune (étudiante en dernière année de médecine) qui étaient tous deux accompagnateurs se sont proposés pour renforcer ce staff. Du coup c’est 8 personnes pour 35 coureurs… presque luxueux !

Dernier point en ce lundi matin, c’est le dépôt des drop bags que nous retrouverons sur les différents PC. Les miens sont bouclés rapidement (cf la rubrique équipement) pratiquement tout ayant été défini avant le départ.

Vers midi, tout est règle alors que les organisateurs pensaient qu’on en avait pour la journée.

Du coup après le déjeuner (devinez quoi… Crudités-couscous) on se fait une petite sieste (obligatoire entre 13h et 16h30) puis son commande des taxis pour aller faire une petite visite d’Atar.

On a aussi le droit à une démo du miroir du chacal, spécial désert (avec un viseur). Il faut reconnaître qu’on s’est un peu moqué de lui au début, mais vu l’efficacité du système, on est quelques un à s’être finalement dit qu’en cas de besoins, il aurait plus de chance d’être retrouvé que nous ! Maintenant, y’a que le chacal pour se perdre de toutes façons.

Visite de la ville. Ici c’est tout sauf touristique. Du coup on découvre la "vraie" vie des locaux. La traversée du marché “ alimentaire ” va nous laisser sur le cul, aussi bien pour les morceaux de viande posés par terre et couverts de mouches que pour les morceaux de tomate séchant sur des tôles plus que douteuses.

On découvre aussi un des jeux les plus populaires de la région. C’est une sorte de jeu de dames, tracé directement dans le sable et qui utilise comme pions des crottes de chameau pour un joueur et des bâtonnets pour l’autre.

Retour à l’auberge, petite douche. C’est à cette heure ci que l’au est la meilleure car elle a chauffé sur le toit tout l’après midi… Par contre la douche du matin est plus… vivifiante !

J'achève la préparation de l'équipement pour le lendemain, puis dodo...

Mardi 7 Mars

Comme la nuit précédente, j'ai réussi à passer une bonne nuit.
Si je fait un petit bilan rétrospectif, il n'y a pas grand chose qui soit venu perturber ma préparation. Au fil des mois j'ai pu tout passer comme je l'avais prévu, et sur la fin j'ai réussi à gérer la récupération sans gros soucis. Même côté boulot tout s'est bien passé, avec une période sans trop de stress avant de partir.

Bref ce matin je suis bien. Oh, ce n'est probablement pas assez pour se dire que ca va aller tout seul, mais c'est quand même un signe encourageant.

De toutes façons je garde en tête qu'il y a tellement de paramètres à prendre en compte sur ce genre d'épreuve que je dois m'efforcer de gérer au mieux ceux que je peux maîtriser. Pour les autres il faudra composer avec.

Je suis persuadé au fond de moi que sauf incident (gastro, blessure ou autre), je suis capable d'aller au bout. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai cette idée en tête. Le tout est de savoir dans quelles conditions.

Petit déjeuner tranquille vers 6h30, puis j'enfile la tenue.

Quelques photos, chacun essaye de parler d'autre chose mais on a quand même tous en tête ces 200 bornes

Un peu après 8heures, Jean Pierre nous regroupe au départ.

Je me suis mis devant. Ouais, j'ai envie de faire le kéké et de partir devant. Pas longtemps, mais juste pour le plaisir. Aussi je me prépare à me faire une petite accélération pour résister aux gros bras du désert.

8h00 C'est parti.

Départ - CP1 (2h40 + 0h15 d'arrêt au CP)

Comme prévu je m'élance devant mais je me retrouve tout de suite avec 20 mètres d'avance sur tout le monde ... hhmmmmmm je suis le seul à être parti comme ça.

Je me fait quelques centaines de mètres en tête puis me laisse remonter par le peloton. A partir de là plus question de faire l'andouille. Je décide de rentrer dans MA course.

Côté stratégie, c'est assez simple. J'ai mon tableau de progression, mais je ne l'utiliserai qu'à posteriori pour voir où j'en suis. Pour l'allure je vais tout gérer aux sensations.

Le but est de ne pas m'arrêter entre les CP (20km). Toujours avancer. Les pauses aux CP, en dehors de la première qui sera courte, sont toutes entre 1 et 2 heures, mais là encore, pas de stress. Quand j'arrive à un CP je fais ce que j'ai à faire (ravito, plein d'eau, change...) et au moment de repartir je regarderai combien de temps je suis resté.

Les 10 premiers km sont parcourus dans un oued. On alterne des passages sur des grandes dalles de pierres avec d'autres dans le sable. Dès ces premiers km j'applique ma méthode à savoir courir quand le terrain le permet sans fatigue, et marcher le reste du temps. Ca permet à Yvon de me passer devant. De toutes façon avec ses objectifs, je ne le reverrai qu'à l'arrivée !

J'arrive au km 10 en 1h20, un peu rapide à mon goût, mais je vais avoir du mal à aller plus doucement.

Entre le km10 et le CP1, on continue notre progression sur le même type de terrain. On traverse des villages déserts en cette période. La température est assez agréable en raison d'une espèce de brume de chaleur qui voile le soleil (si on avait su...)

Le tronçon entre le km10 et CP1 est également parcouru en 1h20.

J'arrive a CP1 en pleine forme vers 10h40. Je rentre sous la tente, et procède à un ravitaillement rapide. Je fais juste le plein d'eau de mes 2 bidons que je n'avais pas rempli au départ et complète en maxim neutre la poche à eau. Je récupère mes cacahuètes mais elles ne me font pas envie (étrange) et je les met dans le sac. Je récupère aussi 2 gels pour remplacer ceux que j'ai consommés.

A la sortie du CP, on a le droit à un contrôle très stricte de Jacques pour vérifier si on a bien pris de l'eau. Il est 11h00 et le tronçon qui arrive va voir les premières grosses chaleurs. Il va même jusqu'à contrôler physiquement que le camel est bien rempli. Au petits soins pour nous qu'ils sont tous ! :o))

Mon arrêt à CP1 n'a duré que 15 minutes (c'était prévu) je repars à 10h55

CP1 - CP2 (3h30 + 30mn d'arrêt au CP)

A partir de là je sais que ce tronçon est piégeux. C'est là que les années passées nombre de coureurs y ont laissé des plumes. On est en forme, on force alors que les premières chaleurs arrivent et ensuite on abandonne à CP3...

Je vais appliquer la recette recommandée par les anciens. De 11h à 16h... tu marches !
Ca va payer, même si je laisse filer quelques coureurs dont Yvon que j'ai passé au ravito (je l'avais pas vu).

Dès ce tronçon le vent se lève emportant avec lui un gros nuage de sable. Par moment ça souffle assez fort, mais on ne s'imagine pas encore ce qui va nous tomber sur le coin de la figure dans quelques heures.

J'essaye d'assurer ma progression sans faire attention au vent. Je fait un peu comme dans les raids où il faut faire abstraction du temps (merci Fabien !). Je me concentre juste sur ma progression

Passage au km30 à 12h30, soit 1h35 pour les 10 km

Le passage entre le km 30 et CP2 est à peu près similaire au précédent sauf qu'on commence à rencontrer plusieurs zones sablonneuses. La progression s'en ressent. C'est dur le sable mou :o)))

A un moment un mauritanien viens vers moi et me demande si je veux de l'eau. Quand on connaît la rareté de cette denrée par ici, c'est plutôt un beau geste mais je le décline quand même. D'abord j'ai encore des réserves, et en plus je ne connais pas l'origine de son eau, et il n'est pas certain que mon estomac l'apprécie beaucoup. La règle est claire. Uniquement de l'eau en bouteille capsulée !

Au 37ème, les deux 4x4 de l'assistance médicale sont en train de s'occuper d'un coureur. Je m'arrête pour prendre des nouvelles. C'est Ely, un coureur Mauritanien qui s'est inscrit à la dernière minute. Il annonçait quand même 2h20 au marathon. On avait tous des doutes sur sa capacité à gérer l'épreuves, mais je m'étais dit qu'entre son niveau et sa connaissance de la région et du climat, il allait probablement faire au moins la moitié de la course. Une mauvaise gestion du ravitaillement solide et liquide aura eu raison de lui avant le marathon, et sa mise sous perfusion signe le premier abandon de l'épreuve.

Je passe le km40 un peu avant 14h20. le CP est un peu plus loin (on était prévenu). J'y arrive à 14h25. Ca fait 6h25 que je suis parti et l'arrivée de la chaleur (même modérée) du vent et du sable commence à tirer sur l'organisme.

Là j'ai prévu mon premier ravitaillement solide.
Je prend le temps de manger, rempli camel et bidons, renouvelle les gels et... ne touche pas au cacahuètes (toujours pas envie). J'en profite pour souffler un peu. A côté de moi Thierry, un gaillard qui me fait penser à la tortue (un grand gabarit quoi) est en train de hurler (impressionnant) les jambes percluse de crampes. Du coup je me met à y penser aussi, ce qui est idiot vu que je n'ai eu aucune alerte jusqu'ici.

Je récupère également ma frontale. Je ne savais pas trop comment j'allais avancer sur cette première partie. Si j'avais été un peu plus lent, je risquais de rencontrer la nuit avant PC3. Mais là ça devrait passer.

Allez assez reposé. J'enfile le sac, et sort au contrôle de départ. Mon arrêt a duré 30mn, il est 14h55, ce qui fait que j'ai plus de 2h d'avance sur la barrière horaire. La barrière suivante étant située au CP5 et étant très large, je ne m'inquiète pas de trop.

CP2 - CP3 (3h47 + 1h08 d'arrêt au CP)

Je suis toujours dans la période à risque. Je me relance dont tranquillement d'autant qu'on a une méga côte à se farcir maintenant . Là aussi on a été prévenu. On nous a même dit que le plus difficile est concentré sur les 71 premiers km. Si on passe ce cap, ensuite ca roule tout seul (Tout dépends ce qu'on appelle "tout seul")

Dans un village un peu après le CP je rate un embranchement (je rêvais). Un 4x4 de l'organisation fait exactement la même erreur que moi. Quand il s'en rend compte il fait demi-tour et me dit que je me suis trompé. Il fallait prendre la grande côte raide sur la gauche... Grrrr Pas envie de revenir en arrière. Alors j'opte pour un "tout droit" dans la montagne qui me fait rejoindre la piste à mi pente... Mais pµt@/n que c'est raide !!!

Je continue la montée tout doucement.. ne pas me griller maintenant, ne pas me griller maintenant...

Une fois en haut je prend le vent de plein fouet. On est sur le grand plateau, et là, ca commence à souffler sévère. Sur de longues portion je l'ai de face. Ca oblige à utiliser beaucoup plus d'énergie que prévue, mais je reste dans mon trip... Ne pas m'arrêter.

Je passe ainsi le km 50 à 16h40. (soit 1h45 pour les 10km)

Entre le km 50 et CP3 on a le droit à un long bout de plateau venteux, puis on attaque le premier vrai passage de dunes. Des dunes, des vraies. On a la chance de pas monter tout de suite dedans et de serpenter à leur pied, mais le sol alterne entre sable dur et sable mou. Et le vent est toujours aussi présent m'obligeant à ma cacher sous le cheche pour me protéger.

A 18h25, j'aperçois un groupement de 4x4. Super ce doit être le PC... En m'approchant je vois les 4x4 mais pas de tente... En fait c'est Yvon, il est allongé entouré d'une dizaine de personnes de l'organisation. Je m'arrête pour prendre des nouvelles. Il est plutôt mal en point. Il est allongé sur le dos, la tête sur les genoux de Jacques, J'ai l'impression qu'il a pris 15 ans de plus tellement il est marqué (déjà qu'il est pas tout jeune au départ !). Je prend de ses nouvelles et l'assistance m'explique ce qu'il s'est passé. Il s'est complètement vidé, puis ensuite, il a été incapable de se remettre debout. Son état de santé va demander pas mal de repos mais ne semble pas inquiéter l'équipe médicale au delà de ça ! D'ailleurs, ils n'ont pas sorti la perfusion comme pour Eli tout à l'heure.

A ce moment là je n'imagine pas qu'il puisse repartir. Avec la préparation qu'il avait faite et les objectifs qu'il s'était fixé, c'est dommage que sa course s'arrête aussi vite.

Au bout d'un petit moment, voyant qu'il n'y a pas grand chose à faire et que la situation est sous contrôle, je reprend la route, mais je dois avouer que de le voir comme ça, ça m'a un peu perturbé, à tel point que je n'ai même pas l'idée de faire une petite photo de la scène... C'est vrai que sur le coup ça aurait peut-être surpris, mais aujourd'hui, on en rigolerais bien.

Le CP3 n'était pas loin 7-800m. J'y arrive à 18h42. Il m'a fallu 2h02 pour faire ces 10km en comptant l'arrêt auprès de Yvon. Ca fait plus de 10h40 que je suis parti. J'avais planifié 2 fois 2h00 donc je suis dans mes marques.

Côté ravitaillement le même programme que précédemment va se renouveler. Un peu de repos, préparation du plat lyophilisé, mise à niveau du camel avec le maxim neutre et remplissage des bidons à l'eau claire.
Je renouvelle aussi mes gels même si en début de CP, c'est vrai qu'ils ont eu un peu de mal à passer en raison de la chaleur (essayer d'avaler des gels à 40° avec un peu d'eau à la même température pour les faire passer !)
Côté solide, je me contente du hachis. Le gâteau de semoule ne me dis rien, alors je préfère ne pas prendre de risques. Encore une fois je ne touche pas aux cacahuètes. Elle ne me font toujours pas envie. Par contre je mangerais bien des tucs. Mais j'en ai pas pris !

J'essaye de soigner moi même mes ampoules. J'ai tout le matos et je me lance dans une séance de pompage puis d'injection d'éosine. C'est là que ça se gâte... Mes aiguilles ne sont pas des aiguilles pour injecter mais des aiguilles pour les prélèvements sanguins. La particularité de ces aiguilles est non seulement d'âtre plus grosses, mais surtout d'avoir une pointe avec une ouverture en biseau assez longue. Et ce qui devait arriver arriva 2 fois . Pour injecter l'éosine, je ne rentre pas l'aiguille assez profondément dans l'ampoule et zou, la moitié de la dose gicle partout sur mes affaire et sur mes mains... Une fois, deux fois... Grrrrrrrrr Il y a bien un médecin à ce PC mais il est occupé avec des personnes en bien pire état que moi alors je décide de ne pas l'embêter.... Ce sera ma seule tentative. J'ai pris la décision de gérer les ampoules comme d'habitude, c'est à dire me concentrer pour transformer la douleur en gène et de ne les faire soigner qu'à l'arrivée. C'est dit !

C'est bien beau tout ça mais c'est que soigner les petits bobos ça rend du temps. Ca me renforce dans l'idée de minimiser ces interventions en course.

Je me remet en tenue, je met dans mon sac mon coupe vent mais je décide de laisser le collant au PC. La nuit ne devrait pas être trop froide (j'avais pas pensé au vent et au sable qui vous lacère les mollets !),
j'attache le bâton lumineux au sac pour la nuit (qui est tombée pendant que je me ravitaillais) je met la frontale en place en espérant ne pas avoir à l'allumer... merci la lune et c'est après un arrêt de 1h08 que je quitte le PC3. Il est 19h50

CP3 - CP4 (3h40 + 0h40 d'arrêt au CP)

Ca y est je pars pour ma première nuit dans le désert. Je me suis débrouillé pour partir seul. D'ailleurs c'est en solo que j'avance depuis le début de la course. Un choix que j'assume plutôt bien. J'ai trop envie de profiter de tout ça pour "m'aliéner" la course d'un ou d'une autre.
Je dois gérer ma course avec mes temps forts et mes passages difficiles. Peut-être que par la suite je ferai u bout de chemin avec quelqu'un d'autre, mais ce sera le fruit du hasard, et en aucun cas quelque chose de prémédité.

Comme me le disait Michèle Merchat (la première féminine) après l'arrivée : "sur ce genre d'épreuve, il faut savoir être égoïste pour faire sa course".

Maintenant ça n'empêche pas les moments de partage aux CP ou lorsqu'on se double (si on se croise c'est plutôt mauvais signe ;-)

Je repars donc sur une piste bien marquée mais sur un terrain toujours difficile. Normalement il me reste juste une dizaine de km difficiles.

Le redémarrage est un peu chaotique et avec le vent et le sable je n'avance pas très vite. Par contre la demi lune, même voilée par le vent de sable m'offre assez de lumière pour me permettre de progresser sans la frontale. Je suis enfin là où je voulais aller. Dans le désert, tout seul (pas de frontale en vue devant ni derrière) avec juste le sable, la nuit , le vent et la lune. C'est top !!!

Bien que longs à parcourir en raison des conditions, ce tronçon ne me posera pas de gros problèmes. Une fois ou deux je vais allumer la frontale à l'approche d'un 4x4 de l'organisation qui patrouille (pas trop envie de me faire écraser) mais c'est tout.

C'est vraiment un tronçon pendant lequel je me fait terriblement plaisir !

Par contre je vais rencontrer mes deux premiers phénomènes étranges.

Tout d'abord les ombres. Avec la frontale, les buissons prennent des formes étranges. Ce ne sont pas des hallucinations, mais juste l'imagination qui joue des tours, transformant des buissons tantôt en personnage inquiétant, tantôt en animal voir en maison !!! Quand on s'approche évidemment ça disparaît, mais le réalisme de ces ombres est parfois saisissant. Qu'est-ce qu'on va pas s'imaginer .

L'autre trouble est un trouble auditif. Très vite je vais entendre des gens parler, rire, un peu comme si de l'autre côté de la petite dune qui borde la piste, des gens faisaient une barbecue party ! Plusieurs fois au début je vais me retourner, chercher, mais bien sur il n'y aura rien ni personne sur des km. Et ces accompagnateurs de la nuit vont rester très longtemps avec moi à un point tel que je vais m'habituer à eux !

J'arrive à la borne du km 70 à 21h48 (13h48 de course). 1h58 pour faire ce 10km, mais c'est normal vu le terrain.

Le terrain entre le km 70 et CP4 va s'améliorer un peu bien qu'ayant passé le km 71 annoncé comme la fin de la section difficile, je n'y ai pas perçu de gros changement (peut être à cause de la nuit).

Je vais continuer de faire ma trace sans frontale comme prévu. A un moment je tombe sur le mat d'une tente et de la toile. J'apprendrais plus tard qu'un 4x4 parti installer une tente en urgence à perdu une partie de son chargement !!!

Le vent est toujours présent. Saad m'avait dit qu'avec la nuit le vent tombait... ben là il a tout faux !!!

J'arrive quand même à reprendre une progression correcte. La machine fonctionne bien mais la nuit a tendance à fausser un peu les repères.

J'arrive au PC4 sans trop de soucis. Il est 23h30 et il ne m'a fallu que 1h42 pour boucler ces 10km.

L'arrêt à PC4 ne sera pas trop long. Après les traditionnelles phases de ravitaillement en eau, je mange mon plat lyo, ne touche toujours pas aux cacahuètes, et renouvelle mes gels.
J'en profite pour changer de chaussettes (sans trop m'attarder sur les ampoules) et je récupère aussi le MP3 en cas de besoin pour la fin de la nuit (petit souvenir des 24h...)

A peine 40mn d'arrêt et me voilà à nouveau prêt à repartir. Il 00h10, et ca fait maintenant plus de 16h que je suis parti de l'auberge

CP4 - CP5 (3h55 + 0h35 d'arrêt au CP)

C'est sur cette section que je vais avoir mon premier coup de barre. Pas trop de souvenirs du terrain, mais je me souviens m'être concentré uniquement sur ma progression. Avancer, toujours avancer et surtout ne pas s'arrêter entre les CP.

J'arrive au km 90 pile à 2h00 du mat (1h50 pour les 10km)

La suite du tronçon est assez pénible, pour ne pas dire difficile. On a le vent de face presque en permanence et mon coup de bambou ne s'arrange pas.
Je continue à avancer, lentement (bien que je ne me sois pas rendu compte du ralentissement). J'essaye de mettre le MP3 (c'est beaucoup de rock qui "arrache" que j'avais pris) mais le vent souffle trop fort aux oreilles et mélangé à la musique ça en devient agaçant.

Pierre Mitev me dira qu'en arrivant à un CP il a eu l'expression "Oh ce vent qu'est-ce qu'il me saoule". En entendant ça une personne de l'assistance lui montrera sa main en lui demandant (j'ai combien de doigts)... Eh oui, le vent peut réellement saouler... pratiquement au sens propre !

Toujours pas de souvenirs de cette seconde partie de parcours.

Finalement je vais être content d'arriver à CP5. Il est 4h05, j'ai mis 2h05 pour ces dix derniers km, avec un vent qui souffle terriblement fort maintenant.

Au ravito je fait exactement comme sur les ravitos précédents sauf que je suis mieux organisé maintenant et que je perd beaucoup moins de temps à rentrer et sortir mes affaires de mon sac !!! l'expérience ...

J'ai également droit à mon joker... il va faire rire pas mal de monde mais il me sera d'un grande d'aide à savoir que je récupère ici mes bâtons de rando... Je ne savais pas trop où les placer, alors je me suis dit que la mi-parcours devait être une bonne idée... Maintenant, si je les avait eu au PC précédent, je crois que ça aurait été pas mal non plus.

Paradoxalement à mon état lors de l'arrivée au CP, je ne vais rester ici que 35mn. J'ai prévu un gros arrêt et 1h30 de sommeil au CP6, alors pas question de m'éterniser ici.

Je quitte le PC à 4h40, avec plus de 20h00 de course dans les pattes.

CP5 - CP6 (4h35 + 2h15 d'arrêt au CP)

Au moment où je sors de la tente je me rend compte que quelque chose ne va pas. Le vent à redoubler, et la visibilité s'est fortement réduite. J'ignore à ce moment là que je vais rentrer droit dans un belle tempête de sable, celle là même qui va manquer de faire stopper l'épreuve.

En fait un petit peu plus tard, au plus fort de la tempête, les premiers sont entre CP8 et CP9. Ils sont tous les deux accompagnés par un 4x4, le balisage n’étant plus visible. Et même le 4x4 est tout juste suffisant. Dès qu’il s’éloigne de quelques dizaines de mètres, on ne le voit plus et sa trace disparaît presque immédiatement.

A ce moment là, Lucien (le pisteur) appelle la direction de course et demande ce qu’il doit faire. Cet appel est vécu comme un appel à l’aide par Jean-Pierre Delhotal Qui doit rapidement prendre une décision.
Difficile pour lui en tant que coureur de se résoudre à arrêter la course, mais que faire si la sécurité des participants est mise en jeu ! Comment continuer en minimisant les risques ?

La réponse va venir des coureurs !

Lucien : “ Qu’est-ce qu’on fait ? On voit plus rien. On arrête ? ”
Jean-Pierre : “ Et Jean-Claude (en tête de la course) qu’est-ce qu’il dit ? ”
Lucien : “ Il dit rien… il continue d’avancer ”
Jean-Pierre : “ Alors on continue ”

C’est globalement l’attitude des coureurs, qui malgré les conditions ne se sont pas plaint, qui va permettre à l’épreuve de continuer.

Pour ma part, j'essaye d'avancer plus que péniblement dans un sable qui me lacère les jambes, avec parfois une visibilité d'à peine quelques mètres.

C'est lent, très lent, essayant d'assurer la trace, ne restant jamais longtemps sans voir un bâton lumineux ou une rubalise. Difficile mais je reste concentré sur mon objectif unique... continuer d'avancer.

A un moment ça souffle de trop. Je décide de m'éloigner un petit peu de la piste pour me protéger derrière un arbuste (c'est pas grand chose mais c'est toujours ça. Je m'assois le dos au vent recroquevillé le temps de prendre un peu mes repères. J'en profite pour changer les piles de ma frontale (j'aurais du le faire au CP) en me disant qu'avec les piles neuves j'y verrai mieux... Penses-tu !

A ce moment j'hésites. Je me pose la question de m'arrêter là, de sortir la couverture de survie et d'attendre à la fois que la tempête se calme et que le jour se lève... Je ne suis pas décidé à le faire mais je me pose la question.

La réponse ne se fera pas trop attendre. Deux coureurs de l'équipe CPCU traversent la même tourmente que moi? Je décide de rejoindre la piste et de continuer derrière eux. Pas question pour moi de les accrocher ils vont trop vite pour moi (je ne sais pas comment ils font) mais ça suffit pour relancer la machine.

Je trouve le km110 à 6h50. Il m'a fallu 2h10 pour faire ces 10 km ce qui avec les conditions est finalement pas si mal que ça. Le jour n'est pas loin de se lever. Le vent a à peine faible et j'accuse un peu le coup.

Un 4x4 de l'organisation me rattrape. Il me demande si tout va bien. Je lui explique ce que je vioens de traverser et il me répond
"- je sais on a voulu partir de CP5 un peu plus tôt et on a été obligé de faire demi-tour. On a demandé au coureurs d'éviter de partir de CP5 dans le plus fort de la tempête"
En fait, j'ai été un des derniers à quitter CP5 avant que ça ne souffle trop fort...

Le jour me laisse apparaître un long plateau sans rien. Plat et rien à l'horizon en dehors des nuages de sable qui volent !

La fatigue, l'arrivée du petit matin, l'énergie dépensée dans la tempête de nuit ont fortement fait réduire mon allure. Je décide de ne pas forcer le rythme sachant que j'aurais une bonne pause ensuite. Ce n'est pas le moment de prendre de risques pour gagner 10mn. J'en suis à peine au delà de la mi-course.

La recherche de CP6 est éprouvante à la fois physiquement à cause du vent, mais aussi mentalement en raison du fait qu'on ne voit pas le CP apparaître. Plus j'avance et plus les heures passent, et plus je me dit qu'entre deux bourrasques je devrais voir le CP... Mais non rien à l'horizon. j'en viens à espérer le découvrir au dernier moment, installé dans une cuvette à l'abris du vent et des regards. Rien n'y fait...
Je sais que je dois y aller, alors je ne m'occupe plus de la montre ni de mon allure théorique. J'avance simplement.

9h03 je trouve le km 120 mais pas de PC !.. Grrrrrrrrrrrrrr où l'ont-il mis. Je ne vois rien au loin !!!

Je vais faire encore plus d'un km avant de voir la tente, montée juste devant une sorte de cabane montée en plein milieu du désert. Il s'agit en fait d'un point d'eau avec une sorte de magasin où sont stockés du riz et quelques autres produits. Il est alors 9h17, et j'ai mis près de 2h30 pour faire les 11 ou 12 derniers malheureux kilomètres.

Là je commence à accuser un peu le coup.
Je rentre dans la tente, je bois un peu puis je décide d'aller dormir 1h30 pour me refaire une santé. A peine installé, la tente manque de se casser la figure à cause des rafales de vent encore très violentes. Après une demi-heure à essayer de me reposer sans pouvoir y arriver, voilà qu'en urgence on nous demande de déménager dans le magasin juste derrière (ils viennent d'avoir les clés). C'est du dur et on sera en sécurité. 5mn plus tard la tente est par terre...

J'apprend que le PC a été installée dans un premier temps à l’emplacement prévu, mais la tempête va l’arracher.

Cela va donner un moment fort et tout à fait à l’image de la course. Jean-Yves EVEN (3ème de la course) est en train de dormir à ce moment là. Lorsque la tente s’arrache. plutôt que de le réveiller, Nicolas, le responsable du PC va rester debout pendant près de 1h30 à porter la tente sur ses épaules afin de laisser jean-Yves se reposer.

Après le départ de Jean Yves, le PC va être déplacé dans cette zone qui devait être un peu plus protégée mais la tente ne tiendra pas bien longtemps.

Dans la cabane j'essaye à nouveau de dormir mais là encore je n'y arrive pas. C'est tout petit, on est un peu les uns sur les autres, bref, rien d'idéal !

Tant pis pour le sommeil. Je devrais faire sans. Je me lance alors dans mes opérations de ravitaillement, lentement pour ne rien brusquer . Même scénario que sur les PC précédents sauf une petite surprise. J'avais prévu de boire un peu de vin rouge en plein désert. C'est le moment où jamais. Je me lance alors dans la reconstitution d'un sachet de vin... lyophilisé !.

Je respecte le protocole, mélange, repos, ... et arrive le moment de la dégustation. Ok ça fait un peu l'attraction au PC, mais on ne se refait pas... Je goûte et ... Beeuurrkkkkkkkkk... Même dans les fins fond des restes de vins issus de mélanges de la communauté européenne, je ne crois pas avoir goûté quelque chose d'aussi infecte...

C'est un peu comme un très mauvais vin, coupé à l'eau et avec de l'alcool à brûler. La bouteille fait le tour du PC (autant les rendre tous malade tout de suite ;-), et malgré cela elle ne sera pas bue entièrement. C'est franchement sans regrets que je décide de l'abandonner lâchement sur place... pour permettre à ceux qui sont derrière d'y goûter aussi !

Je me ré-équipe, change de tee-shirt et me prépare à repartir. Ça fait presque 2h15 que je suis ici dont 1h30 a essayer de dormir en vain. Ce sera aussi mon arrêt le plus long.

11h30 du matin je sors de la cabane. Le vent s'est un peu calmé, mais surtout il parait que 500m plus loin ça va beaucoup mieux. J'espère. ça fait 27h30 que je suis parti d'Azougui

CP6 - CP7 (4h10 + 0h50 d'arrêt au CP)

Sur les 20km qui vont suivre j'ai un gros trou de mémoire...

Au départ de CP6, assez rapidement je me retrouve dans une zone où le vent a terriblement faibli et se transforme même en une petite brise agréable. Après quelques kilomètres je me retrouve même dans une zone sans un poil de vent... ça fait tout drôle !

Là je commence à me dire que finalement un peu de vent c'est pas si mal que ça. Il est pas loin de 13h et ça tape franchement dur... Chaud et sans vent, je commence à deviner ce à quoi on a évité !

Mais ce tronçon ne va durer que quelques kilomètres. Rapidement le vent va revenir. Faible au début, il va progressivement reprendre du poil de la bête pour se remettre à souffler sans pour autant atteindre ce que j'ai connu entre CP5 et CP6

Je me souviens de long passages dans le sable (mais pas dans des dunes, juste des zones de sable mou), mais pas beaucoup d'autres souvenirs de cette section.

J'arrive à CP7 à 15h40 après 4h10 de progression. Ca fait maintenant plus de 31h que je suis sur la route !
Je profite de ce CP pour tester une nouvelle technique de gestion de mes arrêts (je suis aussi là pour apprendre).

Lorsque j'arrive, je pose mon sac et je vais m'allonger 15mn, sans dormir mais juste pour me décontracter en profondeur. Une fois ces 15mn passées, je m'attaque à mon ravitaillement classique (plat lyo, plein d'eau...). Ca se passe plutôt bien. Ces 15mn me semblent assez bénéfiques et je suis très décontracté pour me ravitailler. Je referai pareil à CP8

Par contre je n'enlève plus mes chaussures. Trop difficile à enfiler avec les ampoules. La douleur pendant les tronçons se gère bien mais remettre les chaussures sur les pieds qui ont refroidis, non merci !

Côté gels énergétiques, ils passent mal avec la chaleur. Entre deux CP, je me contente de maxim neutre, d'eau et d'un seul gel à mi chemin. Ca semble passer car à aucun moment je n'ai eu l'impression de faire d'hypo, et je n'ai jamais eu faim non plus.

16h30, je suis prêt à reprendre la route.

CP7 - CP8 (4h05 + 0h55 d'arrêt au CP)

Au moment de repartir du PC, Cyrille (qui partageait mon hébergement) me propose de faire un bout de chemin avec lui. Je sais qu'il est plus rapide que moi, alors je pars un peu avant lui.

On apprend aussi à ce moment là que Yvon est passé à CP6 !!! Non seulement il est reparti (alors que jusqu'ici à chaque fois que j'avais posé la question les nouvelles étaient plutôt négatives) mais il a remonte la moitié du peloton ! ça fait plaisir de savoir qu'il est reparti

CP8 est important moralement pour moi. C'est le dernier gros objectif à atteindre. Une fois à CP8, je me suis mis en tête que je n'aurais qu'à gérer le tronçon CP8-CP9, les vingt derniers km après CP9 ne comptant pas... Donc CP8 est mon point à atteindre pour réussir ma course... facile quoi !

La première partie de ce poste à poste est assez roulante (enfin, aussi roulant que ça peut l'être après 140km de course). Mais du coup je profite du train de Cyrille (que je freine un peu) pour avancer d'une allure régulière. Je vais même du coup attraper deux nouvelles ampoules, mais même pas mal !

On discute tous les deux par moment, puis c'est suivi de long moments silencieux où on profite. Le vent s'est un peu calmé, et du coup le tronçon se passe de façon convenable.

On passe le km 150 à 18h30, soit après 2h de progression.

La section suivante va se corser un peu puisqu'on attaque une zone de dunes. On a aussi le droit à l'arrivée de notre seconde nuit. Et franchement, même avec la fatigue et dans le vent, un coucher de soleil dans les dunes c'est plutôt sympathique !

L'allure faiblit un peu mais on se sort des dunes sans trop de difficultés, certains passages présentant un sol capable de supporter notre poids. Il y a une sorte de croûte de sable, mais une fois qu'un coureur est passé, le suivant n'a qu'à se trouver un autre passage !

On arrive donc à CP8 à 20h35. il a fallu 2h05 pour ces 10km de dunes... En fait il n'y avait que 8km (le PC est au km 158) mais on ne le savait pas encore.

Au CP je refait la même technique qu'au PC précédent. 15mn de repos et ensuite le ravitaillement.
Comme on attaque un tronçon de nuit je me déleste de mes deux bidons et ne ravitaille qu'en maxim. C'est toujours 1 kg de gagné !

En fin de ravitaillement on a la surprise de voir arriver Yvon !!! On discute quelques minutes, trop content de le revoir. Cyrille repart aussitôt en me disant qu'on se retrouvera un peu plus loin et je prend sa trace une petite dizaine de minutes plus tard. Yvon est encore en train de se ravitailler.

21h30, je quitte PC8... ça commence à sentir bon. Encore un tronçon et je serai à CP9, le dernier CP avant l'arrivée. Pour la première fois je commence à y penser. Jusqu'ici j'y croyais mais maintenant j'y crois et j'y pense !

CP8 - CP9 (5h45 + 0h35 d'arrêt au CP)

J'attaque ma seconde nuit. Ce premier tronçon n'en finit pas, j'ai beau avancé, j'ai l'impression que le temps n'avance pas. Avec la fatigue je loupe un point clé... la borne du km 160. Je suis toujours persuadé que le km 160 était au PC8, et du coup je vais trouver le temps très très long pour aller au km 170.

La fatigue me fait vaguement perdre la piste une fois ou deux et je suis obligé de me faire violence pour me réveiller, d'autant que le vent est revenu, et qu'il est de plus en plus difficile à gérer.

Je suis incapable d'évaluer mon allure sur ce tronçon. J'ai l'impression d'avancer mais lorsque je vois le km 170, il est 00h26, et ça fait pratiquement 3heures que j'ai quitté PC8... 3h pour ce que je pense être 10km (qui en sont 12) ça me mine le moral... heureusement que j'ai en tête la ligne d'arrivée parce que sinon, le redémarrage aurait été dur !

C'est maintenant que je vais attaque la section la plus difficile à gérer pour moi mais aussi la plus étrange.

A partir de maintenant ce que je vais vous exposer est ce que j'ai vécu à ce moment là... Vous comprendrez après la course ce que je veux dire !

En attaquant ce tronçon, j'ignore que la tempête est passée un peu avant et qu'elle a causé pas mal de dégâts. Je n'arrive pas à trouver la rubalise ni les cailloux peints en blanc. Et les bâtons lumineux sont posés au sol (donc peu visibles) et assez clairsemés.

Là je commence à me poser des questions. Je perd la trace à plusieurs reprises, Je suis régulièrement obligé de revenir en arrière pour retrouver un morceau de rubalise ou un repère, j'ai l'impression de tourner en rond.

Je regarde autour de moi mais rien. Aucune frontale en vue, aucun phare de 4x4... Et pourtant c'est maintenant que j'aimerai bien avoir de l'aide...

J'avance au ralenti, j'essaye d'assurer ma progression mais avec la fatigue la concentration est difficile.

Après un très long moment je devine un gros dénivelé au loi avec en haut des phares et un gyrophare orange.

Un 4x4 de l'organisation. Je lâche ma piste et je vais droit sur lui. Je fais des appels avec ma frontale et j'ai l'impression que de leur hauteur ils m'ont vu...

Plus j'avance plus j'ai l'impression de enfin me sortir de cette immense zone de galère que je viens de traverser...

Je vois clairement le 4x4 descendre le raide dénivelé, et après un moment j'arrive enfin à le rejoindre.

C'est Martine qui est dedans. Je lui explique ce qu'il vient de m'arriver, et je lui dit qu'on risque de perdre beaucoup de monde sur ce tronçon. Elle m'explique que la zone é été "nettoyée" par la tempête un peu avant et que Jean Pierre a re-baliser en urgence en lançant des bâtons lumineux depuis le 4x4 et qu'elle part sur la piste pour retracer et attacher les bâtons dans les arbustes pour les rendre plus visibles.

Elle me dit que pour aller à CP9, le tracé est refait et que je n'ai qu'à aller de bâton lumineux en bâton lumineux. En tous cas le moral remonte un peu... je m'en suis sorti.

Le 4x4 part de son côté et moi je m'attaque à une pµt@/n de montée pour rejoindre CP9

Cette montée n'en finit pas, je grimpe sans arrêt, face au vent, trop content d'avoir mes bâtons de rando. Sur ma gauche je vois des phares. Visiblement il y a une sorte de cratère avec une ligne de crête et le second 4x4 a du faire le tour pour avoir une vue dégagée sur la plaine plus bas où le balisage était à refaire. Il finit par me rejoindre pendant que je continue mon ascension.

Cette fois c'est jean pierre. Il m'encourage, on discute quelques minutes puis il me dit que j'ai encore une centaine de mètres avant d'attaquer une descente de 1 km pour aller à CP9... encore 1 km !

Il part prêter main forte à Martine, et moi je continue ma montée.

A ce moment je vois un grand panneau publicitaire ! en plein désert !!!
C'est marrant car il fait nuit, mais lui je le vois comme en plein jour... net, clair, par contre je suis incapable de me souvenir de ce qu'il y a d'écrit dessus.
Je réalise qu'il s'agit d'une hallucination. J'en ai déjà entendu parler, mais je ne savais pas comment ça se manifestait.
Le plus étrange, c'est que même quand je m'arrête, que je me secoue, que je ferme les yeux en me disant "c'est une hallucination", quand j'ouvre à nouveau les yeux, le panneau est toujours là ! il va m'accompagner plusieurs minutes avant de disparaître de lui même. Rien à voir avec les jeux d'ombres des arbustes de la première nuit. Là c'est proche, net et en couleurs !!!

Allez encore 100, 200, 500m je monte toujours et point de descente en vue. J'arrive à voir deux frontales au loin, mais encore plus haut. Je continue de grimper, toujours en triant sur mes bâtons et après quelque chose que j'estime à 500m de D+ j'arrive enfin à CP9... 1 km de descente, mais il est complètement fou Jean Pierre... il l'a vu où sa descente ?

J'arrive enfin à CP9. Il est 03h15, et j'ai mis 5h45 pour faire ces 22km !!! j'ai perdu beaucoup de temps dans la zone où je me suis perdu au pied de la côte et la montée était bien ardue aussi.

Je fais la remarque à Pascal et à Jacques qui s'occupent du PC. Il n'y a que moi ici. Pas d'autres coureurs... Je ne sais pas où j'en suis et c'est pas grave? Je sais que maintenant c'est gagné...
Je prend le temps de me ravitailler, un plat de pâtes (c'est pas le moment de me louper) je refais le plein du camel et c'est après un arrêt de 35mn que je décide de repartir pour la dernière section. Je suis crevé, mais j'ai terriblement envie d'en finir !

CP9 - Arrivée (4h43)

3h50, c'est parti pour le dernier tronçon. Pascal m'a dit que devant moi il n'y avait que 9 coureurs de passés ! Il m'a fallu un peu de temps pour comprendre, mais moi qui pensait être au delà de la moitié des coureurs, je me retrouve dans le "top ten". C'est pas encore complètement gagné. Les heures qui arrivent peuvent permettre à certains de me rattraper, mais quoi qu'il arrive, finir dans la première moitié me semble possible.

En quittant le PC9, on doit atteindre une passe qui va nous amener sur une zone de 10km de dunes. Comme des coureurs se sont perdu à cause de trace de 4x4 fraîche qui ne correspondent pas à la course, Pascal m'accompagne pour me mettre sur le droit chemin. Il part devant avec un 4x4 et je n'ai qu'à le suivre tranquillement.

C'est reparti en montée, toujours dans la nuit et dans le vent. Ca continue de monter sévère... Je me dis qu'avec tout ce que j'ai grimpé, si la descente équivalente est dans les dunes je vais bien m'amuser.

Pendant la montée on tombe sur deux coureurs qui arrivent à contre sens ! C'est Yvon et Cyrille.

"- ben qu'est-ce que vous faites là ?"
"- On s'est perdu en quittant PC9. Ca fait 2 heures qu'on tourne en rond, alors on revient au PC pour qu'ils nous disent où passer."

Ca tombe bien que je sois là alors ;-))) petite explication avec pascal et on continue la montée tous ensemble. Un peu plus loin on retrouve Samia. Elle était avec Yvon et Cyrille et a préféré attendre plus loin que les garçons reviennent avec de l'aide. Elle est frigorifiée et a un peu de mal à repartir. Je lui donne le blouson que j'avais dans le sac, et je repars à côté d'elle.

Le 4x4 est parti devant, suivi de Yvon et Cyrille dont le rythme est trop rapide pour nous. Du coup je reste avec Samia.

La progression dans ces dunes va être longue, très longue, et surtout la fatigue va continuer à nous perturber. L'un comme l'autre on est parfois sujet à des petits endormissements. Pas dangereux en soi, mais le plus difficile est de rester sur la piste. Si on la perd on est mal !

Quelques petites hallucinations vont faire leur retour. Moins prononcées que celle de tout à l'heure mais toujours aussi surprenantes.

Les dunes s'enchaînent les unes après les autres, mais toujours point de grande descente. Je m'imagine sur une piste de ski de fond au milieu des chalets (d'où sort cette impression que dans le noir autour de moi il y a des chalets ??? j'en sais rien). C'est long, toujours long. J'attends régulièrement Samia qui a des problèmes de pieds, mais le fait d'être à deux aide quand même pas mal.

Finalement, avec une allure plus que réduite, on arrive à faire notre chemin sans nous perdre. On hésite parfois entre deux traces dans le sable, mais on retrouve toujours un bout de rubalise pour nous sécuriser.

Alors qu'on continue d'avancer sans trop nous poser de questions, on tombe sur une sorte de piste défoncée mais large. Pour moi ça fait tilt. Pascal nous a dit de suivre la piste dans les dunes jusqu'à une grande route. Il a ensuite précisé : "une grande route, version mauritanienne". Et ça y ressemble sacrement. Ça voudrait dire que la zone de dunes est terminée ?

Samia regarde devant et voit un morceau de rubalise de l'autre côté. Elle ne croit pas que ce soit la route et m'indique la rubalise en disant " non il faut traverser et continuer en face"

On va voir et dans le sable il n'y a aucunes traces de pas qui partent dans le désert. Même après la tempête, on devrait au moins avoir celles de Yvon et Cyrille. Je suis certain que c'est la route. Alors la décision est simple. Environ 200m plus loin on doit trouver le km 190. On va voir et si on ne trouve rien, et bien on fait demi tour.

6h45.. Le km 190 est là... on a mis 2h55 pour ce tronçon dans les dunes ! On vient d'éteindre les frontales, le jour se lève, le sommeil disparaît, et l'arrivée n'a jamais été si proche.

10 km... 10 km d'une large piste roulante. On sait que lorsqu'on verra un camion "gordini" on sera à l'entrée du village, mais il restera encore 6 km à faire pour rejoindre l'arrivée.

On se booste l'un l'autre et on part sur ce dernier tronçon. Marche lente qu'on accélère progressivement. Samia ne peut pas courir à cause de ses pieds. Moi je fais un petit essais et ça à l'air de fonctionner même si les mollets tirent un peu. Mais à quoi bon partir devant. Gagner quelques minutes ? ça ne présente pas de gros intérêt. Autant rester ensemble. J'ai repris du poil de la bête.

On commence à avancer quand on est rejoint par pascal (qui assure aussi le reportage photos. Clic-clac. Il nous fait poser dans le sable (comme si on avait que ça à faire :o) et nous dit que Samia est deuxième féminine et que la troisième est plus loin derrière. Le 4x4 repart et on Samia commence à se dire qu'elle n'a pas envie de laisser filer sa seconde place si près de l'arrivée. On accélère la cadence, et je surveille derrière une éventuelle remontée.

10km de piste au final... J'avais peur que ce soit long, mais je suis surpris de la vitesse à laquelle ça passe. On croise un autre 4x4 avec Martine, puis on relance sans cesse la machine.

L'arrivée sur le fameux camion gordini me surprend... Déjà 4 km de faits ! On ne se relache pas et on continue. 10, 20, 30 fois je regarde sur la ,piste derrière nous, autant pour la seconde place de Samia que pour moi... Jusqu'à PC9 le classement m'importait peu, mais là, à quelques km de l'arrivée, je n'ai pas envie de me faire doubler non plus.

On ne baisse pas la cadence, dès que ça ralenti un peu je rebooste Samia. On fait un petit bout de chemin avec quelques enfants qui vont à l'école. une jeune fille récite à haute voix, mais on arrive pas à savoir si ce sont des poèmes ou des prières !

A trois km de l'arrivée, quelques graffitis en l'honneur de samia... Je ne savais pas qu'elle était connue à ce point !

Sur la fin je reconnais la piste. On est venu se promener ici lundi. Je sais qu'on y arrive, un coup d'œil derrière, Toujours personnes, c'est gagné... on termine la piste, on voit l'auberge, on ne baisse pas le rythme, on longe la clôture, on rentre dans l'auberge et on passe enfin sous la banderole d'arrivée... ensemble !

Il est 8h33. Ca fait 48h33 qu'on a quitté cette auberge et on y est.
J'ai un peu de mal à atterrir. Je sais que j'ai explosé toutes mes prévisions, mais je ne percute pas encore sur ce que cela représente. Pour le moment je suis juste content. Content et libéré d'avoir réussi ce défi.

Jeudi 9 Mars 2006

On se dirige vers la tente commune où sont les quelques coureurs déjà arrivés. On a le droit - luxe suprême - à un coca bien frais, et là je peux vous dire que même les non amateurs de coca n'ont pas fait la fine bouche... Surtout après deux jours d'eau chaude !

En plus on arrive juste à l'heure du petit déjeuner... du pain frais avec du beurre et de la confiture. Ca change des plats lyo !

A partir de maintenant je vais commencer à savourer. Je me restaure tranquillement, lentement. Je profites. J'ai été rejoint par Yvon qui me raconte sa dernière mésaventure. Alors qu'il était devant Cyrille sur la piste, il est passé devant l'auberge et l'arrivée sans s'arrêter. Il a bien vu le gros rocher marque R200 Arrivée, mais il a cru que c'était arrivée à 200m ! Du coup il a fait un km de plus, et le temps de revenir, Cyrille était déjà arrivé !

Il nous aura tout fait sur cette course ! tout !

Je retrouve tous les coureurs arrivés. On discute de notre course, on échange nos impression, et je découvre comment certains ont galéré dans la tempête. Ca m'explique également pourquoi certaines zones était débalisées.

Les explications détaillées nous seront fournies plus tard par Jean Pierre. Côté organisation, ils ont eu très peur eux aussi !

La journée du Jeudi va être des plus calmes. Je vais me changer, prendre une douche. Et là même le petit filet d'eau sera agréable...

Ensuite ce sera une opération de soins des pieds...

Ca me fait alors penser qu'en dehors des mollets un peu raide, je n'ai rien... pas de blessure, pas de tendinite, pas de crampes... rien !

Opération bain de pieds dans l'eau froide mélangée à la bétadine... Ca fait du bien.

Pendant toute la journée on va glandouiller, se reposer et se lever à chaque fois pour accueillir les coureurs qui en terminent.

Surprise aussi un peu après 18h lorsque arrive Joseph. En forme il termine en 58h51.. Il faut juste savoir qu'il est né en 1932... Il a 74 ans !

Les arrivées sont normalement prévues jusqu'au vendredi matin 11h (c'est à dire encore toute une journée), mais cette édition sera un bon cru, et c'est un peu après 21h30 ce Jeudi que le dernier groupe de 4 va arriver. 61h32 ! On a tous été trop vite .

Sur les 35 coureurs au départ il n'y aura cette année que 6 abandons ! Un bon millésime.

Repas, papotage sous la tente, puis dodo.
Ca tombe bien j'ai maintenant plus de 60heures de sommeil à rattraper.

Ma première nuit sera bonne. Courte mais bonne. Je ne vais dormir que 7h (je m'attendais à m'écrouler pour 2 jours)... par contre ce sera un sommeil très calme.

Vendredi 10 Mars 2006

En fin de matinée, on se rend à l'école du village.
Comme chaque année, on apporte des fournitures. Il faut dire que là bas, ils manquent de tout.
Une école de l'Essonne a fait des gâteaux, les a vendu et a récolté près de 200 euros pour l'achats de fournitures, et Yvon a quand à lui vendu ses km rapportant ainsi 400 euros. Heureusement qu'il n'a pas arrêté !

C'est la fête à l'école. Chants poèmes, musique... on va passer un bon moment avec eux.

L'après-midi l'organisation nous propose d'aller faire en 4x4 les deux derniers CP (CP8, CP9 et l'arrivée). Comme c'est la section que j'ai faite de nuit et où j'ai galéré, je profite de cette occasion pour aller découvrir ce paysage de jour d'autant que la tempête s'est bien clamée !

On fait tout un tour pour rejoindre PC8, balade dans les dunes, du tourisme quoi.

On arrive à PC8. Les marquages sont encore visibles. Du sable à perte de vue. C'est pour cela que c'était dur !

Avec le vent la piste a disparu, mais grâce au marquage des cailloux blancs, bien visibles de jour, on arrive à refaire le parcours sans difficultés. Ce n'était pas pareil pendant la nuit.

On découvre le fameux km 160 environ 2km après PC6 (c'est pour cela que le km 170 m'avait paru si long), puis le km 170, marqué avec plein de petites pierres blanches et que dans la nuit Cyrille a pris pour une tarentule géante. Je ne suis pas le seul à avoir eu des hallucinations.

On continue notre route vers PC9 et je suis assez surpris. Je ne vois pas la grosse colline que j'ai grimpé et où j'ai rencontré les 4x4.
Toute la zone est plate... du sable certes, mais plat. Pas de dénivelé, pas de crête, pas de cratère, rien... On arrive comme ça à CP9... Rien ! Toute cette montée, c'est dans ma tête qu'elle a existé.. Nulle part ailleurs ! J'ai presque envie de demander une bonification sur mon temps de course pour être le seul à avoir fait 500m de D+ !

J'ai tout imaginé. Aussi incroyable que ça puisse paraître. Un mélange de fatigue, de vent de face, de perception perturbée par la nuit et de probablement quelques autres paramètres m'ont fait imaginer tout cela... Incroyable.

Après PC9, il y a bien une petite montée mais rien à voir avec ce que j'ai imaginé non plus. Alors bien sur, si il n'y a pas eu de montée, il est normal que je n'ai jamais trouvé... la descente :o)

On refait tout le passage dans les dunes. C'est beau, je suis content de le refaire de jour, mais je me dit que traverser cela de jour sous le soleil, ça ne doit pas être facile non plus.

La nuit sera encore plus courte que la précédente. On s'est mis à discuter avec Jean Pierre (enfin libéré de la pression de la course) et une fois parti, impossible de trouver le bouton OFF. Il est encore pire que moi. Ca va durer jusqu'à plus de une heure du matin... Après ça, petit dodo, toujours calme, mais court !

Samedi 11 Mars 2006

Journée touristique. Pour moi ce sera direction Chinguetti. Une ville plusieurs fois ensablée et à chaque fois reconstruite quelques kilomètres plus loin. La bibliothèque, plus que vétuste, renfermes des ouvrages exceptionnels... Mais par manque de moyens (des livres vieux de plusieurs siècles sont justes enfermés dans des boites en carton) l'érosion et les termites sont en train de tout détruire ! Quel gâchis

On va dans les dunes. De là on se rend bien compte de l'avancée du désert. Et contre ça, il n'y a rien à faire...

Déjeuner dans une auberge locale... On sent quand même le manque d'activité touristique !

Petit détour par une zone de Canyons sur la route du retour.

On passe également à Fort Sagane. Là où a été tourné le film.

Retour à l'auberge après une journée quand même un peu fatiguante

Dimanche 12 Mars 2006

Retour sur Paris.
Les formalités se passent sans trop de problèmes. A l'allure africaine, mais sans trop de soucis.
On profite de la méga boutique de souvenir de l'aéroport d'ATAR...

Puis c'est parti pour quelques heures de vol, sans escale à Agadir cette fois, et pendant laquelle certains vont se laisser aller :o))

Voilà. Fin du périple. C'était grand, très grand, prenant.

Au final je suis 9ème ex quo avec Samia en 48h33. C'est un résultat qui fait plaisir, et qui vient compléter l'atteinte des objectifs que je m'étais définis.

Maintenant je profite, je savoure enfin. Avec le recul je me dis que c'est quand même un truc de fou ! mais qu'est-ce c'est bon d'être fou parfois.

Ah oui j'oubliais... Dans le désert il fait trop chaud... Les démons n'y vont pas !
(reportez vous à mon CR du Mercantour 2005 pour comprendre)

L'electron

3 commentaires

Commentaire de akunamatata posté le 21-03-2006 à 14:05:00

Hum... entre CP8-CP9, c'etait biblique n'est ce pas? Tu ne sais pas lire l'hébreu? magnifique CR . "Plus il fait chaud et plus l'electron monte de niveaux d'energie"
Akuna

Commentaire de gdraid posté le 20-11-2006 à 18:22:00

Re bravo electron !
je t'ai lu et relu,
te lire, c'est pourtant très long !
Mais excellent ! Très instructif !
Conclusion, j'emmène mes bâtons pour la prochaine édition.
Saad a cependant raison : le vent se lève avec le soleil, et se couche avec le soleil, donc il n'y aura pas de tempête de sable de nuit, en mars 2007. Parôle de Normand, c'est Odin qui me l'a promis.
Quant au soleil implacable, je suis passé à travers ses rayons brûlants en mars 2004 en moins de 58h. Alors ...
On peut rêver.
Et rêver, ça j'sais faire. :)

Commentaire de titifb posté le 02-03-2007 à 21:02:00

Magnifique récit !!!!!!!!!
J'susi crevée rien que de l'avoir lu...Quel courage. Tous. Bravo !

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