L'auteur : @lex_38
La course : Trail aux Etoiles - 57 km
Date : 3/3/2012
Lieu : Le Vigan (Gard)
Affichage : 3049 vues
Distance : 57km
Objectif : Se défoncer
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Malgré ma seconde place sur le Trail aux Etoiles 2011, je ne pensais pas revenir sur cette course cette année. Mais à la place d’un 72km nocturne, c’est un 58km de jour qui est proposé ! Cela change la donne et je me dis que je pourrais peut-être y retourner pour découvrir la région de jour. Mais finalement je n’aurai pas le choix, me voilà inscrit d’office par Yorick en guise de cadeau de Noël !
Après un plat de pâtes très matinal à Montpellier, nous nous rendons donc au Vigan. Le beau temps est de la partie et ce départ à midi nous laisse le temps de bien nous préparer. J’embarque le minimum nécessaire et obligatoire, c’est à dire de l’eau plate et quelques Mulebar pour le ravitaillement, ainsi que lampe et coupe-vent pour le matériel!
C’est au centre-ville du Vigan que le départ est donné avec quelques minutes d’avance. Après quelques foulées en ville puis le long de la rivière, la première difficulté se présente à nous. C’est parti très vite devant sous l’impulsion d’Emmanuel Ripoche qui mène un train d’enfer. Je m’efforce de suivre en compagnie de David Bianchetti et de Sébastien Talotti. On joue un peu au yoyo. Je cours à peu près tout le long, l’effort est intense, mais le premier sommet, le Puech du sabot est là. Le rythme s’accélère sur la crête et c’est encore pire dans la descente où je peine un peu à suivre vu la vitesse et la technicité du terrain qui mélange dévers, feuilles mortes et cailloux ! On dirait que le trou est fait car derrière, il n’y a personne.
Nous rejoignons alors la route à l’Arboux après environ une dizaine de kilomètres. Noémie et les parents de Yorick m’encouragent mais je ne prends pas la peine de m’arrêter. Olivier court quelques foulées avec moi pour me motiver et aussi me dire de rester prudent. C’est vrai que la course est encore longue !
Le rythme étant un peu trop rapide pour moi, je laisse un peu filer devant histoire de ne pas trop me griller. J’ai toujours le contact visuel lorsqu’il y a de la visibilité.
Une petite portion vallonnée nous amène au 1er ravitaillement où Emmanuel Ripoche et David Bianchetti ne prendront pas le temps de s’arrêter. Eric est là et me motive ! Je remplis alors rapidement un bidon et repars en compagnie de Sébastien Talotti, mais il va ralentir son rythme à partir de là à cause d’une douleur à la cuisse.
C’est donc seul que je continue mon bout de chemin en direction du col des Vieilles. Je me régale bien sur ce sentier très joueur même si je reste concentré. Je croise Daniel Bauer juste avant le col qui me montre où se trouve le sommet qui m’attend ! C’est un joli mur qui se dresse devant moi et je me rends alors compte que l’écart avec les 2 coureurs qui me précèdent s’est réduit et que c’est finalement David qui est passé devant ! Dans cette dernière ascension, je monte, en marchant forcément, à mon rythme mais je reviens sur Emmanuel Ripoche que je double après avoir échangé quelques mots. Puis me voici au contact de David que je dépasse quelques centaines de mètres avant le sommet.
1250m d’altitude, le sommet de la Toureille est là et me voici, pour la 1ère fois de ma vie, en tête d’une course ! Ce n’est que le 20e km, je bascule avec environ 2 minutes d’avance sur David et j’avoue que je me pose quelques questions. Est-ce que je suis en train de me griller ? Est-ce que je dois attendre David pour continuer avec quelqu’un ? Oh et puis zut, j’essaye, et on verra bien jusqu’où ça tient !
Je quitte donc ce promontoire qui m’offrait une vue sur toutes les Cévennes et c’est une très longue descente que j’attaque, plutôt avec le sourire ! Au milieu de la piste forestière je croise Noémie et les parents de Yo qui monte vers le sommet. Ils sont très surpris de me voir là mais m’encouragent à fond ! Je fais un bref arrêt au petit ravitaillement de Cap de Côte pour remplir les bidons, mais je ne prends pas le temps de traîner bien longtemps et je continue ma descente vers Aulas. Cette longue descente est pour moi la partie la moins sympa du parcours car il s’agit la plupart du temps de larges pistes, parfois entrecoupées de quelques portions plus techniques. Mais finalement cela permet de bien dérouler la foulée et de se laisser un peu aller !
Enfin le ravitaillement d’Aulas est là et je rentre dans la salle en compagnie d’Eric. Noémie m’aide à remplir mes bidons pendant que je jette un œil à la suite du programme. L’arrêt est bref et je repars du ravitaillement en même temps que David y arrive. J’ai donc environ 2 minutes d’avance à ce moment là. Je n’ai rien perdu, mais je n’ai rien gagné non plus et cela ne fait que 3 heures de course. Il en reste…
Une petite bosse me sépare du village de Mars. Si je marche un peu dans la montée, je relance bien dans la descente. Mais la longue descente précédente m’a un peu brassé. Une petite pause technique et je repars comme neuf en direction du col de Mouzoules par un petit chemin très sympathique. Je reconnais l’endroit où j’avais un peu jardiné l’an dernier mais cette fois ci pas de de débalisage sauvage ! Malheureusement, les crampes dans les quadris commencent mais j’essaye de ne pas laisser aller et je continue d’avancer. Je rattrape alors Olivier Demko qui rebalise cette portion et m’indique les maisons qui sont au niveau du col comme prochain objectif.
Arrivé au col, on m’annonce que j’aurai 3 minutes d’avance sur mon suivant. Je ne sais pas trop ce que je dois croire ou pas, ce que je dois faire ou pas. Finalement je fais ce que je fais depuis le début : je continue !
Me voici à la Fageole, je crois que je suis au sommet mais en fait pas du tout. Il y a comme une crête à parcourir puis l’ascension d’un pic. Sur cette crête je fais fuir quelques chevaux, je crains un peu de leur faire peur mais finalement ils partent sur le côté. Pas de soucis. La montée se passe bien, je pointe et je commence la descente. Le début est plutôt difficile puisque j’ai comme des crampes aux abdos. Mais au fur et à mesure, les soucis s’estompent et j’arrive à me lâcher normalement.
Quelques kilomètres et 500m de d- plus loin, j’entends mes supporters qui m’encouragent depuis un pont, puis Eric m’accompagne jusqu’au ravitaillement de Bez et Esparon. Laurence me remplit mes bidons pendant que je me laisse aller à une compote. A nouveau l’arrêt est bref et je repars plus motivé que jamais.
Si rien n’est acquis avant la fin, il ne me reste qu’une dizaine de kilomètres avant l’arrivée. Et j’avoue que je commence à y croire. La sensation est bizarre d’ailleurs, l’envie d’y croire mais en même temps se forcer à bien se dire que rien n’est joué ! Faut pas vendre la peau de l’ours…
C’est parti pour la dernière montée en direction d’Esparon, 300m de d+. Je marche aussi vite que je peux sur ce chemin, mais les jambes se font parfois un peu dures. Le mental prend le relais dans ces moments là. On rejoint alors la route pour 2 épingles et je me force à courir sur cette portion, histoire de relancer un peu et de remettre du rythme.
Enfin me voici sur la crête, le dernier sommet ! Le sentier est magnifique, on passe entre quelques rochers sur un sentier qui donne vraiment envie de courir. Mais après 5h de course, je ne suis plus aussi joueur qu’au début ! A nouveau je rattrape un organisateur qui vérifie le balisage et m’encourage en espérant qu’il n’y ait pas de soucis sur la suite ! Puis je descends alors sur un bon rythme en direction de Molières. Petite remontée dans le village duquel des bénévoles m’encouragent, surpris de me voir. « Dossard 38 ? On n’avait pas parié sur vous ! » Moi non plus d’ailleurs :-D. Quelques gamins s’amusent à me courir après en rigolant et me font sourire !
Me voici enfin en bas. Il ne reste que quelques kilomètres qui me séparent de la ligne d’arrivée. Daniel et Olivier me félicite, mais moi j’ai peur ! Finalement je suis de plus en plus proche de la fin et en même temps j’ai de plus en plus peur de me faire reprendre. Si proche du but…
Je continue. J’y mets toutes mes forces. A nouveau Daniel m’attend à une traversée de route. « T’as course gagnée ! Tu as 5 minutes d’avance. Te crame pas et gère ». Ok ! Alors je… relance ! Bah oui, finalement, je n’ai pas vraiment envie de gérer.
Il ne reste que du plat, le long de la rivière. Finalement j’ai les jambes. Et le sourire qui s’accentue. Daniel est alors venu à pied à ma rencontre et m’accompagne sur le dernier kilomètre. Je reconnais la fin, c’est la même que l’an dernier. Les premiers applaudissements dans le village, puis la halle des sports. Cette fois j’y suis. Je savoure ! J’aurais même aimé que cette dernière ligne droite soit plus longue pour en profiter encore plus. Je lève les mains au ciel en franchissant la ligne d’arrivée !
Je n’en reviens pas ! Je viens de gagner ! Avec un tel plateau au départ, je n’osais même pas imaginer pouvoir refaire un podium ici. 6h05 pour avaler les 58km et 2800m de d+ de ce parcours très exigeant, mais très sympa. Je me suis régalé !
Merci à Marc, Dominique, Laurence, Olivier, Eric et les autres pour les encouragements sur le parcours. Merci à Yorick pour ce cadeau et aussi Bravo pour ta course. Bravo à toute l’équipe de PVEN d’avoir proposé une très belle course, aussi bien pour le parcours que pour l’ambiance. Un modèle d’organisation à suivre. Et surtout merci à Noémie pour les photos, l’assistance, les massages et tout le reste !
A bientôt pour de nouvelles aventures, toujours à la recherche du plaisir sur de beaux parcours !
7 commentaires
Commentaire de raidboul posté le 07-03-2012 à 10:05:16
Excellent !
C'est sympa la façon dont tu décris la première victoire, le doute sur la stratégie à suivre, la peur de se faire reprendre au plus mauvais moment, etc.
Chapeau.
Commentaire de laulau posté le 07-03-2012 à 14:29:30
Bravo pour cette superbe victoire sur un trail renommé. Le fait d'être en tête t'a fait te poser pas mal de questions mais t'a aussi sûrement boosté comme jamais !
La suite de la saison promet bien !
Commentaire de Arno_SMAG posté le 07-03-2012 à 21:05:32
C'est magnifique ce trail aux étoiles ! Bravo pour ta jolie victoire !!
Commentaire de Mustang posté le 07-03-2012 à 23:34:00
Très émouvant de lire le récit d'un vainqueur. Oui, dans ce cas, on aimerait que la ligne d'arrivée soit plus longue afin de profiter de ce si bel instant, instant d'éternité! Bravo!
Commentaire de heidi posté le 08-03-2012 à 10:53:58
Joli trophée!!! J'ai reconnu les baskets je crois. Récit et photos très sympas et encore une fois bravo!
Commentaire de BOB MORANE posté le 08-03-2012 à 15:41:13
Bravo Alexis, superbe course sur un trail trés exigeant avec un chrono impressionnant et un beau plateau de prétendants. Tu avais quand même tiré le bon numéro de dossard... Le fait de ressentir toutes ces émotions si particuliéres juste avant l'arrivée donne envie d'y regouter n'est ce pas, donc une victoire qui en appellera certainement d'autres...
Commentaire de totoro posté le 09-03-2012 à 12:24:32
En voilà un trail qui te réussit !!! Félicitations pour cette belle première et merci de nous avoir fait profiter de ce grand moment :-)
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