L'auteur : yves_cool_runner
La course : La Transjurassienne 76
Date : 12/2/2012
Lieu : Lamoura (Jura)
Affichage : 2004 vues
Distance : 76km
Objectif : Pas d'objectif
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12 Février 2012, 21ème Transjurassienne
(en gras, celles faites sur le parcours complet)
1984 (76 km)
1985 (63 km)
1988 (76 km)
1989 (66 km)
1991 (76 km)
1992 (76 km)
1994 (76 km)
1995 (57 km)
1997 (55 km)
1998 (76 km)
1999 (76 km)
2000 (73 km)
2002 (54 km)
2003 (76 km)
2004 (76 km)
2005 (76 km)
2006 (76 km)
2008 (50 km)
2009 (76 km)
2010 (76 km)
2012 (68 km)
Lajoux, dimanche 12 février, 3H00. Je suis réveillé par la bise qui souffle et mon regard inquiet se fixe sur le velux qui me sépare de l’enfer glacial qui sévit dehors… Bon, certes, la digestion des pontsec, des mont d’or délicieusement fondus au four, des patates, de la charcuterie et des gouleyants blancs du Jura, peut aussi expliquer ce réveil (très) matinal , mais il aurait été tout à fait malvenu de ne pas faire honneur à la table de mes amis jurassiens qui m’hébergent à chaque Transju. Je me cache sous la couette : la bise devait tomber qu’ils disaient à la météo, oui, c’est sur qu’elle va nous tomber dessus. Hier soir, il faisait -17° vers 22h30. Je n’ose imaginer le ressenti ...
Lajoux, 5h00. Debout, c’est parti pour une 21ème Transju, après avoir manqué celle de 2010 pour une cote bêtement félêe... Mais ce n’en était pas vraiment une comme dirait le Kéké : la plus courte de l’histoire, tout juste 42 km. Rituel habituel de préparation, en évitant de trop regarder ce qui se passe dehors. Toujours -17 / -18° et cette jolie petite bise qui chante. Début de l’acclimatation avec le dégivrage de la voiture et en route pour rejoindre le départ à quelques kilomètres de là.
Lamoura, Combe du Lac, 7h00. Je me gare sur le parking du VVL. Je vais récupérer mon dossard et il n’y a pas encore grand monde : les bénévoles n’ont même pas fini leur mise en place. En un mot, CA PELE ! Dossard 2078 en main, l’ambassadeur aux multiples participations se réfugie courageusement dans sa voiture. J’attendrai le dernier moment pour aller sur la ligne de départ. Malheureusement, mon portable ne passe pas, ni à Lajoux, ni à Lamoura, et je n’arrive pas à contacter les MG. Yann et moi avions prévu de nous retrouver en 2ème ligne pour faire un bout de chemin ensemble. Julie fait le 54 km et part des Rousses avec l’élite à 9h15.
Lamoura, Combe du Lac, 8h15. Je rentre tardivement dans le stade de départ. Elites et 1ère ligne partent à 8h30, 2ème ligne à 8h35. L’organisation vient de nous annoncer que la boucle Bois d’Amont / Pré Rodet (Brassus) / Bois d’Amont est supprimée du fait de la bise noire qui souffle plein pot. Et ce n’est pas très rassurant : en 2003, dans des conditions de bise et de froid terribles, le parcours intégral avait été conservé… Là, ça doit être l’enfer entre Les Rousses et Bois d’Amont ! Petit doute sur la distance, le speaker parle de 72 km, alors que la portion supprimée en totalise 8 (entre le 29ème et le 37ème), il devrait donc en rester 68. On verra bien !
Lamoura, Combe du Lac, 8h35. Ca y est, nous sommes libérés. Départ prudent, j’ai pris mes bâtons tout carbone One Way Diamond 9. Vu la neige extrêmement froide et peu glissante, il faudra avoir du rendement au niveau des bras, d’où ce choix. Je suis classiquement équipé en « 3 couches », sous-vêtements Odlo Warm, surchaud haut + bas Craft, blouson softshell Salomon. Pour les accessoires, gants Roeckl windstopper, bonnet North-Face gore windstopper couvrant les oreilles, masque large Julbo Sniper et buff sur le bas du visage. Pour les pieds rien de particulier, en ski de fond, ils n’ont jamais le temps de prendre froid ! Une fois encore, j’ai mes skis fétiches Salomon Equipe 10 de 2007 (4ème Transju pour eux). Ce sont des « warm », pas très adaptés en théorie aux neiges froides, mais dans ces conditions, rien n’est adapté ! Pour le fartage, première couche graphite pour bien recharger la semelle et ensuite vert Swix LF + bleu Swix LF pour essayer de couvrir une large gamme de température avec un possible « réchauffement » en fin de course (c'est-à-dire remonter vers -7 / -8°).
Prémanon, 9h30. Ces premiers km sont plutôt durs à gérer : je n’y vois rien ! Avec la crève que j’ai eue toute la semaine, j’ai le nez bouché et je dois respirer par la bouche, donc pour éviter de me cramer avec l’air trop froid, je respire à travers le buff. Résultat, j’embue copieusement le masque et ladite buée gèle. Je relève de temps en temps le masque, mais pas trop longtemps, car le risque est grand de gelure de la cornée (ce qui m’est arrivé en 2003). Arriva ce qui devait arriver avec ma vision limitée, j’ai un ski qui accroche le bourrelet et je me plante dans une descente avant Prémanon. Ouf, pas de casse ! Heureusement, le soleil fait son apparition au dessus des sapins et à défaut de réellement réchauffer l’atmosphère, il contribue au moins à réchauffer un peu le moral !
Les Rousses, montée de l’Opticien, 10h10. Sorti de Prémanon, les premiers passages à découvert laissent augurer de ce qui nous attend… Mais nous ne découvrirons le pire qu’une fois passé les Rousses. A la ferveur du public dans la montée de l’Opticien, succède une bise terrible dans la longue combe découverte qui nous mène à Bois d’Amont. Un véritable blizzard qui semble s’empirer au fur et à mesure que l’on avance. Vision surréaliste de la neige balayée qui masque parfois les coureurs situés quelque dizaines de mètres en avant. Ceux qui étaient là comprendront, les autres penseront que j’exagère ! Bien évidemment, avec le manque de glisse, je sors des Rousses pour percuter en plein le peloton des 54 km parti depuis peu. Soudain, je repère devant moi le dossard 2459, celui de MG1, Yann. On a quand même fini par se retrouver. Le muscardin est un peu scotché dans ces conditions polaires. Je le passe, me cale devant lui et lui dit de suivre jusqu’à Bois d’Amont. Me tordant le nez et le visage dans tous les sens pour ne pas geler, je mets le cerveau en position « off » et je me focalise sur le prochain ravito avec la vision idyllique du Risoux bien abrité qui nous attend. Du coin de l’œil, il m’a semblé que Yann prenait ma roue.
Bois d’Amont, ravitaillement, 11h10. Ouf, on va tourner le dos au vent pour aller attaquer les premières pentes du Risoux. Pas de Yann derrière moi, je décide de l’attendre et de faire un ravitaillement sérieux. Je pose les skis pour m’approcher des tables, et un bénévole pense aussitôt que j’arrête, je le rassure, ce n’est pas encore cette année que je connaîtrais mon premier abandon ! Le temps passe, toujours pas de Yann. Il est sans doute passé et je ne l'ai pas vu. Après 10’ d’arrêt, je me décide à repartir, les doigts gelés (en fait, désirant profiter au maximum des réjouissances de sa 1ère Transju, MG1 s’est arrêté faire un p’tit casse-croute en pleine bise avant le ravito, au bord de la piste). Mon bénévole prévenant insiste absolument pour m’aider à remettre les skis et m’indique que ça souffle moins fort de l’autre côté, sur Bellefontaine et Chapelle. Je préfère le croire…
Risoux, Chalet des Ministres, 12h15. « Qui a vu les Ministres, verra Mouthe ». Depuis Bois d’Amont, je me suis mis en mode « rando » et non plus course. Avec le temps perdu au ravito de Bois d’Amont, les conditions, le parcours raccourci, le chrono ne constituera pas une référence. Cette montée du Risoux sera un vrai bonheur. J’ai même maintenant trop chaud, à l’abri des sapins, et je n’ai plus de problème de buée avec le masque, pouvant baisser le buff. Globalement, je double beaucoup de monde, bien en rythme. Les Combettes, le Chalet Gaillard… Je prends plaisir à être une fois encore sur ce parcours mythique, plein de souvenirs. Même si je ne le sais pas encore, la 2ème moitié de cette Transju sera beaucoup moins dure. Arrêt express au ravito des Ministres. Malgré le revêtement isotherme du tuyau et les chaufferettes à l’intérieur, tout est gelé dans le camelback et j’ai décidé de plus sauter aucun ravito : boissons chaudes systématiques (j’alterne soupes salées et boissons glucosées).
Lac des Mortes, sortie de Bellefontaine, 12h40. 44 km, un peu plus d'un marathon de fait. Descente sans problème depuis le chalet des Ministres : avec le manque de glisse, il n’y avait guère de risque de prendre trop de vitesse. Les « survivants » redressent le buste et assurent un peu de spectacle dans le coup de cul qui précède le ravito de Bellefontaine avant de prendre la direction de Chapelle des Bois. Sur ces passages découverts, même si la bise souffle encore fort, c’est beaucoup plus supportable que de l’autre côté du Risoux et il fait quand même nettement moins froid que les – 23° ressentis au départ. Je me fais la réflexion que cela relève maintenant de la b(r)ise printanière !
Montée de la Célestine, 13h40. J’ai bien digéré l’interminable Combe des Cives, et c’est le signe que je vais bien finir. Dés le début de cette combe, je me suis retrouvé dans un groupe où une fille faisait tout le boulot devant. Bon, Papy est galant et a relayé rapidement jusqu’au pied de la Célestine. Et là, démonstration de ciseau glissé : quand je me retourne, tout le monde est décroché, piochant en pas de deux. Papy arrive en haut tout frais et bascule plein pot sur le Pré Poncet. Encore une douzaine de km et fin de l’aventure.
Chaux-Neuve, 14h10. C’est le bonheur, j’envoie tout ce je peux depuis le Pré Poncet et comme prévu, les skis ont repris un peu de glisse avec l’humidité qui remonte sous l’action d’un beau soleil. Ski plaisir. Dans la descente en goulet sur Chaux-Neuve, j’ai vu des coureurs déchausser en haut, sans doute trop fatigués pour prendre le risque d’une chute aussi près de l’arrivée. Pour moi, technique habituelle : virage du haut bien anticipé et négocié prudemment, et après, tout droit dans la pente, avec le ski droit qui passe dans la neige molle s’il faut ralentir un peu pour doubler. A partir de Chaux-Neuve, on se sent voler. La fatigue s’estompe. Que du plaisir, je vous le redis.
Mouthe, 14h45. C’est fini. Une belle petite variante à l’arrivée qui nous renvoie dans les bois après Petite-Chaux. Les dernières centaines de mètres où on se tire la bourre pour le fun. Et finalement, une Transju commencée très difficilement, pour se terminer beaucoup mieux. 68 km sur le Garmin, 1245ème en 6h10’05’’ (et j’ai pris mon temps aux ravitos !), rien de bien extraordinaire, mais ce n’était pas le jour des chronos.
Félicitations :
à tous les finishers (à Julie et Yann en particulier) qui pourront porter fièrement le bonnet noir de la Transju 2012,
à tous les bénévoles pour une organisation sans faille et une bonne humeur inoxydable,
à tous les spectateurs, qui m’épateront toujours par leur présence, quelles que soient les conditions, dans les endroits les plus exposés.
Rendez-vous en 2013 avec une glisse de rêve !
5 commentaires
Commentaire de les machine-gônes posté le 28-02-2012 à 07:38:15
Et tout ce que papy a trouvé à dire au muscardin à peine décongelé le lendemain de la course, c'est que c'était une transju "sympa" !!! Après ça, il ne faudra pas s'étonner si le local à farter de l'auteur du récit abrite aussi un donjon avec des chaînes, des pinces et des fouets pour se décontracter entre deux raclage-brossages.
Ceci-dit pour avoir glissé et ramé avec une telle obstination, on n'a qu'un mot à te dire "Bonnet bas, grand champion !"
Commentaire de marcus 39 posté le 28-02-2012 à 07:39:45
En effet, rendez-vous en 2013...
Commentaire de Gibus posté le 01-03-2012 à 16:05:49
Bravo Yves.
Une seule photo ds ton récit, mais quelle photo !
Commentaire de LtBlueb posté le 01-03-2012 à 23:28:33
bravo pour la collection de bonnets et sympa le récit . ca pourrait me servir un jour, enfin j'espère...
Commentaire de maï74 posté le 17-03-2012 à 22:44:20
Y a des bonnets collectors dans le tas !!! Belle course dont je lis tardivement le récit, t'as vraiment fini avec la patate, bravo ! Régale-toi bien aux Glières demain, biz.
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