Plus le jour de ces interrégionaux arrivait, plus je sentais que ma préparation limitée en kilométrage et en intensité s’avérerait insuffisante vu le niveau de la concurrence. J’espérais juste être en milieu de peloton.

J-1 : Pour couronner cette préparation, il fait un grand ciel bleu et je cède à la tentation trop forte de faire une bonne petite sortie de ski de rando à La Pierre-Saint-Martin vers le Soum-Couy,  et je complète cela par plusieurs descente à skis en famille à la station.

Jour J : Le départ pour les vétérans est à 15h45 et j’en profite pour manger chez ma maman. Elle connaît la diététique du crossman autant que moi, la grande cuisine…Mais je me réfrène comme je peux.

Il a  plu cette nuit mais je me dis que le froid et le sec de ces derniers jours a rendu le terrain assez dur. je débarque, et là, j’entends les premiers commentaires. « Qu’est-ce que c’était dur !, j’ai jamais vu autant de boue sur un cross etc etc…, »

En effet, autour des tentes, des zones de restauration, c’est la gadoue complète !

La course des filles (espoirs, seniors, vétérans) se déroule pendant que je commence à m’échauffer, à discuter, à m’échauffer, à discuter …puis c’est la course junior avec un duo super impressionnant qui avale les difficultés sans sourciller. Arrive la course des seniors où là aussi, le niveau est très relevé. Tous les vétérans ou presque s’échauffent en tournant autour d’un terrain en synthétique. Inutile de se fatiguer et de s’embourber avant l’heure !

ça y est, à nous de jouer ! je me place plutôt derrière, de peur de me faire entraîner par la vitesse du départ et de me retrouver langue pendante et souffle court un peu plus tard.

J’ai quand même l’impression de partir assez vite. je jette un coup d’œil derrière, il y a beaucoup moins de monde que devant !! Aïe aïe aïe…

De la boue, du sable, des virages à angle droit, certains déversants, tous bien glissants. Tout le monde cherche la trajectoire la moins boueuse, on fait les bordures. Je regarde la longue file de coureurs devant moi, certains sont déjà très loin devant…et il reste 3 grandes boucles !

Guy, juste devant moi

C’est parti pour le bois, montée, descente glissante, remontée, redescente puis un virage à bien négocier puisque c’est une véritable mare d’eau boueuse et évidemment remontée. C’est long, ça pèse dans les jambes, dans les chaussures, j’entends les encouragements.
première grande boucle : j’entends 98^ème…Objectif : ne pas finir au-delà de la 100^ème place…ça va être dur !

Je suis toujours avec Guy, un copain du Pays Basque Athlétisme, avec qui je guerroie depuis de nombreuses années. On n’est jamais loin l’un de l’autre. J’aurais encore une fois sa respiration très bruyante (on dirait Nadal !) dans les oreilles toute la course. Un coup, je suis devant, un coup, c’est lui ! Dernier tour, au talus qui amène au niveau du terrain de foot, je craque un peu et  Guy me décroche d’une dizaine de mètres. Je me force à ne rien lâcher, à revenir doucement sur lui. J’y arrive peu à peu. Il doit rester 400m, je suis à nouveau derrière lui, je sens que je peux le doubler mais je préfère attendre les 2 dernières lignes droites.

Je le passe, je le sens qui s’accroche, l’effort est énorme.

Jean-Claude et Didier, qui ont préféré cette année, ne pas faire les cross semblent avoir mal pour moi !

Dernière ligne droite toujours dans la boue, il est toujours là, je fonce tant que je peux ! Je ne me retourne pas. C’est seulement à 5m de la ligne que je sais que je finirai devant lui. On est tous les deux, comme deux cons, complètement occis, accrochés aux barrières. résultat final : 91^ème sur 170 arrivants, 8,8km en 39’05. Thierry Breuil, le vainqueur, met 31’46 avec 1’50 d’avance sur le 2^ème.

Thierry Breuil, à l'aise !

Breuil a l'air content de sa course et ben, finalement, moi aussi !

je me suis accroché jusqu’au bout et ça a été une belle bagarre tout du long. Et puis, dans les nés en 1963 et avant, je dois être dans les 10 !…Ouah ! quelle belle journée !

Oui le cross, c'est dur, mais je vous jure, c'est super, l'effort, l'ambiance, tout ça ! Venez-y !

L’année prochaine, pour mon entrée en V2, faut que je m’entraîne encore mieux, que je me calme sur le chocolat, les biscuits avec le café...etc etc ...Bon, j'y arriverai pas, c'est sûr !